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J'ai dix jours pour lire dix livres de grammaire profonds et plats. Solution ? N'en lire aucun. Comment voulez-vous travailler sur une maîtrise si je n'arrive même pas à étudier le partiel d'un cours ? Je ne pense même pas au suicide, je m'en fous complètement.
Ouah, ça sent le ti-père Nouël à plein nez, 1er décembre, mes copines at Ottawa U assistent à leur dernier cours de l'année et s'inquiètent à cause des examens. C'est à peu près la même chose pour moi, mon examen partiel est samedi de la semaine prochaine et c'est pire que n'importe lequel examen final que j'ai eu à passer at Ottawa U. Boosté comme je le suis, finalement, j'ai l'impression d'y jouer ma vie. Demain est une journée consacrée entièrement à la lecture du livre le plus plat de la planète, L'Enonciation en linguistique française. Il faut croire, la planète est pleine de ces livres tellement plats qu'ils fournissent de bonnes raisons aux gens de mettre fin à leurs jours. Ecrit par Maingueneau, Dominique. Si je rencontre cette femme à Paris, je la tue et ensuite je lui explique que c'est parce que j'ai quatre de ses briques à me payer en quatre jours. Allons voir dans quelle université de Paris elle enseigne... c'est non seulement un homme, mais il a de la chance en plus, il enseigne à l'université d'Amiens. J'ignore où c'est. Moi, en France, la seule ville dont je connaisse l'existence, c'est Paris. Et ce n'est pas une ville française, c'est une ville internationale. La preuve, c'est que je ne suis jamais allé à Paris par un autre chemin qu'en passant par le pôle Nord, ou du moins par le Groenland.
Aujourd'hui ça m'a fait chier, Franklin me prend pour un cave. Ah, oui, pas besoin d'aller au cours, RM y va. Or, moi aussi j'avais l'intention de le prendre pour un cave aujourd'hui et j'avais décidé de ne pas y aller. Je l'appelle pour lui dire qu'il faut qu'il y aille, il me dit qu'il n'y va pas, et ce, même si je n'y vais pas. Mais il me signale que si je commence à ne pas aller à mes cours, c'est une mauvaise habitude que je vais prendre et qu'après je vais abandonner. En plus il ajoute que si je n'ai pas commencé à étudier, je suis déjà foutu. Paniqué ben raide je suis allé à l'école, j'ai sorti mes briques de Maingueneau et mes grammaires. Et lui ? Pendant ce temps j'ignore ce qu'il faisait, mais il réussit très bien à me faire marcher. Ce n'est pas mêlant, je suis téléguidable à distance. Il me semble l'entendre dire à Edrin combien je suis un petit con qui court d'un bord et de l'autre, naïf, qui fait tout ce qu'on lui dit de faire.
Il y a de si belles filles en France et des gars si laids que je vais me mettre à courtiser les filles. De toute façon ça ne donne rien de courtiser les hommes à la Maison des étudiants canadiens, là on ne peut pas faire plus straight. Parfois j'ai tendance à oublier qu'ils existent encore ceux-là. Steve, le gars à côté qui se vante d'être un homme rose, a un petit garçon de huit ans et a apprécié le livre Being at home with Claude de René-Daniel Dubois. Que penser d'un tel paradoxe ? Est-il gay ou est-il vraiment ce nouveau spécimen d'homme différent qui vient de naître avec la génération X ? Le gars d'en face aussi a aimé le livre, ils en discutaient tous les deux, se le vantant l'un l'autre. Peut-on être sensible, aimer les pièces de théâtre gaies, regarder les autres gars sans avoir l'impression d'être menacé, tout ça en étant hétéro ? C'est mes deux grands-pères qui doivent se retourner dans leur tombe, eux qui n'ont jamais osé changer une couche ou cuisiner quoi que ce soit. Demain avec eux (avec les gens de la MEC) je vais voir, en famille, une pièce de théâtre de Robert Lepage, le génie québécois en action.
carole cadotte <138194788@archambault.ca>