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Je n'ose pas écrire le reste de ma soirée d'hier. Je viens d'avoir un de ces rêves qui fait que je veux repartir tout de suite pour Jonquière. Un cri désespéré qui m'appelle là pour une raison que j'ignore. J'ai fait deux fois ce genre de rêve dans ma vie, qui me fait songer que parfois je m'ennuie plus inconsciemment de chez moi que je ne le crois. La première fois j'étais dans l'ouest canadien et je voulais tellement être à la maison que je me suis retrouvé à l'intérieur de ma chambre avant, constatant que mes meubles avaient changé de place, ce qui s'est avéré vrai lors de mon retour. Ainsi, ce rêve prémonitoire m'annonçait que l'on avait viré ma chambre de bord. J'avais même palpé des disques cette première fois. Selon le décalage horaire, il faisait effectivement clair à Jonquière, il était cinq heures du matin en Alberta. Cette fois-ci je voyais la vue de par ma chambre arrière, c'était tellement beau que le cœur me battait. Je touchais le rebord de la fenêtre tant que je pouvais, même que j'ai essayé d'arracher la petite fenêtre. J'y serais arrivé, mais je ne voulais pas la briser. J'y étais tellement, je me suis réveillé de mon demi-sommeil tout étourdi. Le seul hic, c'est que tout était vert et que les arbres avaient des feuilles. Or je sais que là-bas il y a de la neige depuis trois bonnes semaines. Je vois que c'est vrai que j'ai un blocage, c'est le chum de ma mère qui m'empêche l'entrée de la maison et le stupide chien auquel je suis allergique. Peut-on espérer qu'ils crèvent tous les deux ? Mais alors ma mère serait malheureuse. En plus il y a un pensionnaire, un deuxième bientôt qui fera que ma mère pourra en vivre, mais que moi je ne pourrai même plus penser y coucher un soir, même si Amédée disparaissait dans la nature. Peut-être ma mère se trouvera un autre homme ? Ils me semblent tellement liés par l'argent que ce me semble une possibilité impensable. Il me faut maintenant aller à mon cours de latin avant d'aller changer la date de mon billet d'avion. Je ne crois pas avoir beaucoup dormi, je ne suis pourtant pas fatigué.

carole cadotte <138194788@archambault.ca>