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Je ne sais plus comment décrire mes sentiments, ils se définissent à mes regards vers l'infini, vers le néant. Je pense à Edward, je passe ma main sur mon visage non rasé d'une semaine, soudainement je suis transporté dans son univers, passé à New York. Il va à un bal des finissants cette semaine, il a invité une fille, il dit que cela va finir dans le lit. Je suis jaloux, pas l'ombre d'un doute. Qu'il s'agisse d'une fille me dérange davantage. Appartiendrait-il à un autre univers que le mien ? Lui qui semble si amoureux de moi, qui me téléphone deux fois en deux jours, dit qu'il se regarde dans le miroir et que son sourire va lui faire éclater le visage, qu'il sera illuminé pour le reste de la journée. Le problème, c'est que ses paroles agissent sur moi comme une séduction. Je lis L'Avalée des avalés de Réjean Ducharme, pouvez-vous croire que lorsque Bérénice à New York crie à son frère qu'elle l'aime alors qu'il est à Montréal, je me transpose à elle et vois Edward comme mon frère ? J'ai l'impression que moi et Sébastien, ça achève. Cela m'achève. Dans les lettres qu'Ed a détruites, il dévoilait à sa grande honte ses sentiments pour un homme. Chose qu'il récusera en disant que je ne suis pas un homme en général, que ce n'est pas la même chose. Moi, je suis cute, un petit écureuil, une chose loveable. De toute façon j'ai une certaine misère à me définir tel un homme, je me vois encore comme un enfant. La société m'a convaincu à ce propos.

carole cadotte <138194788@archambault.ca>