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C'est la fin de l'année, mon dernier travail long est enfin remis, je ne travaille plus au télémarketing, je n'en pouvais plus. Je respire déjà mieux. Je commence à pardonner à mes professeurs leur vacheté qui fait qu'ils me donnent un C plutôt qu'un B quand j'aurais peut-être dû avoir un A. Juste parce qu'ils doivent se déplacer jusqu'au secrétariat pour changer ma note. Deux semaines de retard, je me retrouve à la queue de la classe, en arrière de travaux comme ceux du gars et de la fille que j'ai justement lus dans le cours de Mme Bourdon. C'est-à-dire une erreur à toutes les lignes, aucune structure, aucune réflexion avant l'écrit, à côté de la plaque comme ce n'est pas possible. Résultat ? Ils ont eu B+ que Murielle m'a dit. Pas de problème. Ils entreraient en maîtrise à ma place ? Je m'en fous. Mon calvaire est fini, le leur aussi semble-t-il. Paris ! me voilà !

C'est drôle, je n'ai pas eu de tendances suicidaires depuis longtemps. A réfléchir sur le sens que je peux donner à l'existence, en admettant que le sens est facultatif, je me demandais quel objectif valait encore la peine d'être suivi, laquelle chose importait suffisamment qu'il faille que je reste en vie. Il est certainement normal que je me sente entre ciel et terre, l'Université d'Ottawa est incapable de prendre une décision sur mon cas et je n'ai aucune nouvelle des universités de Paris. Ils sont tellement cons ; Paris VII et Paris III m'ont renvoyé ma lettre pour la deuxième fois, dans ces conditions j'abandonne. Un pays capable de se perdre dans sa bureaucratie au point de me retourner deux fois une demande d'admission via l'océan, ça fait peur et c'est certainement pire que le Canada question formalités. Je refuse de lutter contre la bureaucratie, surtout s'il s'agit de mesures de découragement. Je me suis inscrit en génie, échec lamentable en littérature, je vais devenir ingénieur. Voilà où j'en suis, sans trop savoir où je serai dans quatre mois, sans même avoir de travail à l'heure actuelle, avec l'impression nette de perdre mon temps.

carole cadotte <138194788@archambault.ca>