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J'ai cuit toute la sainte journée, pas un client entre 14h et 18h. La vie est plate, je n'ai plus d'énergie, amorphe, je suis une grosse boule de chair en décomposition. J'ai bu quatre jus et un pichet d'eau dans la seule première heure. Je n'ai pas envie de pisser. Je n'ai pas fait 3 $ de pourboire, je me fais exploiter. A la radio ce matin ils parlaient de nouveaux records de température, journées plus chaudes jamais vues depuis trente ans pour les quatre jours où je travaille. Comme par hasard. Il mouillera lundi et mardi, mes jours de congés, pour qu'il fasse beau ensuite. Je suis trop mort pour être découragé, trop inconscient par la fatigue, je ne suis plus capable d'écrire. Hier, en passant au-dessus du pont sur Main Street, j'ai passé près de me tirer en bas. Le problème, c'est que je n'en serais pas mort. J'ai pris l'autobus ce matin, l'idée de prendre la bicyclette comme d'habitude est impossible vu ma fatigue généralisée et la chaleur. En dépit de ce que j'ai dit, je suis un homme d'hiver, vive l'hiver ! Les justes milieux, cela existe-t-il ? Les emplois qui sont endurables, cela existe-t-il ? La vie me semble être un cauchemar dont l'on ne se réveillera pas, quelqu'un a déjà dit ça, je crois. Je me demande s'il a souffert plus que moi. Il y a quelques gars qui s'exhibent le bedon, ils sont beaux, ça ne compense pas pour la température. Exigerions-nous de quelqu'un qu'il se mette à vendre des chocolats chauds à l'extérieur avec 35o C sous zéro ? (J'allais dire non, mais c'est mal connaître la société.) Alors, pourquoi exiger que je vende des liqueurs à des clients inexistants par 35o C ? Quel cliché, je travaille à Ottawa sur la terrasse du Musée des beaux-arts et mon horloge personnelle est celle du Parlement. Je suis juste à côté. Quelle belle carte postale. Môman, je suis à Paris, je travaille à l'Arc de Triomphe avec vue sur la Tour Eiffel !

L'Eglise catholique a annoncé dans le journal qu'elle reconnaîtrait sous peu son antisémitisme marqué, donc son racisme et ses crimes de guerre, plus particulièrement durant la deuxième guerre mondiale. Elle a beaucoup aidé à faire tuer les six millions de Juifs et les 220 000 à 1 000 000 d'homos. Que le pape reconnaisse l'immoralité de son institution dans le passé est un bel effort, mais qu'il ne veuille reconnaître son immoralité actuelle, ça, ça me dégueule. Les gens sont cons. Ils sont tant embarqués que de vendre des Juifs dans le temps et vendre des gays aujourd'hui, cela ne fait aucune différence. Quand l'Eglise reconnaît ses torts, personne n'en prend la responsabilité, pas même le pape. Pire, personne ne fait de parallèle entre l'Histoire et les événements d'aujourd'hui, personne n'en tire de leçon pour l'avenir. Allez-y, monsieur le pape ! On va vite les oublier vos excuses, on ne les a même pas entendues vos excuses ! Mais on en souffre encore de vos erreurs, on en souffrira encore. Pourquoi l'Eglise reconnaît-elle enfin quelques-uns de ses torts ? Pour ses seuls intérêts, surtout pas par respect ou remords. En religion, on ne se sent jamais coupable d'agir, parce qu'on a toujours des excuses irréfutables. On ne peut effectivement pas réfuter Dieu, on ne peut même pas prouver son existence.

carole cadotte <138194788@archambault.ca>