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J'ai enfin posté toutes mes demandes d'université, en particulier celles de Paris. Mais je suis trop fatigué pour l'apprécier et découragé de savoir qu'il est peut-être trop tard. Edward m'a téléphoné hier soir. Sébastien était en dépression, alors Ed a rappelé un peu plus tard. On s'est masturbé au téléphone. Je ne suis pas venu, c'est-à-dire que je n'ai pas éjaculé. Edward semblait déçu. Il interprète peut-être cela comme s'il ne me faisait pas d'effet, cela m'affecte. Mais je suis tant fatigué ces temps-ci. Le temps passe vite, c'est indéniable, il reste moins d'un mois d'école. Le physique en prend pour son rhume. Bientôt les rhumatismes, je le sens. C'est la première fois de ma vie que je ne désire pas finir l'année scolaire. Je n'ai rien à attendre de l'été, plutôt le désert et l'insécurité. Vais-je travailler ? M'ennuyer ? Repartir vers Jonquière ? Demeurer ici pour Sébastien ? Comment irait notre relation alors ? Puis Ed dans tout cela ? La prochaine fois, je serai en monde connu, j'en ferai davantage, le sucer entre autres. Je bande à y penser. Le problème, c'est aussi que j'ai de la misère à l'imaginer. Même son visage, je dois faire un effort pour m'en souvenir dans ses moindres traits. Il m'a dit avoir fait un rêve la semaine passée, très réel. J'étais nu dans ses bras, il sentait mes jambes contre les siennes, il s'est réveillé en sursaut avec un oreiller dans les bras. Est-ce possible ? Maybe he's becoming new-yorkais crazy? Mais j'y crois et je peux apercevoir jusqu'à quel point j'ai laissé ma marque sur ce jeune homme. Comme il est bien de se flatter ainsi, un jour je ne le pourrai plus, profitons-en. Peu importe, je parlais d'Edward, le beau jeune homme qui n'a plus aucun intérêt pour Catherine sa copine. Il l'a rencontrée avant-hier, il lui a fait comprendre que c'était fini. Il insiste auprès de moi qu'il ne voudrait jamais que par sa faute moi et Sébastien nous nous laissions. Mais pour moi, il a enfin compris qu'une femme dans sa vie, ce n'est pas le paradis. C'est triste d'ailleurs, mais ça en prendrait beaucoup pour m'en convaincre définitivement. Je regarde tous ces couples hétérosexuels, dieu qu'ils semblent avoir une vie plate. Encore que ma définition de ce qu'est une vie plate prend des proportions inquiétantes. Paris me réveillera-t-il ? Même psychologiquement ? Et si Paris était plat ? Si je m'écoutais, je prendrais une virée sur la drogue, dure en l'occurrence. On attend tellement de choses de la vie, pourquoi ne nous a-t-on pas dit qu'il n'y avait rien de plus au programme que notre quotidien actuel et plat ? Même le sexe ne contente pas.

Monsieur Vanvinburène sera dans mes rêves cette nuit. Mais il ne sera pas nu avec sa chose entre mes jambes, il sera devant son ordinateur à me réclamer trois mois de travaux hebdomadaires en retard. Je me déshabillerai alors, lui caresserai le crâne dégarni et le bedon trop gros, il me suggérera d'oublier les futilités du cours. A Dieu monsieur Vanvinburène. Je suis Eugène de Rastignac, je m'en vais me confronter à Paris tout entier. Je me vois déjà le porte-parole des Québécois en France. Leur rappelant qu'il existe tout de même huit millions de francophones au Canada, et que ce chiffre, ils ne pourront plus l'ignorer trop longtemps.

carole cadotte <138194788@archambault.ca>