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Chez Sébastien ça ne va pas mieux. Sébastien en a par-dessus la tête d'être obligé d'aider son père avec la serre, les fenêtres, finir le toit sur la serre et puis quoi encore. Les enfants sont-ils des esclaves ? En plus, il paye 150 $ par mois aux parents, ça ne les contente pas. Son père il chiale, il chiale après Sébastien sans cesse. C'est le temps qu'il parte et ça tombe bien, on s'en va. Ses parents l'ignorent encore. Ils provoquent la fuite sans le savoir, ils vont bientôt se retrouver complètement seuls, et là, ils vont paniquer parce qu'ils sont vraiment dépendants de leurs enfants et semblent parfois l'ignorer. L'année prochaine Sara se marie et déménage avec son copain. Quand Sébastien a été mis dehors ou obligé à partir par sa famille voilà quatre ans, parce qu'il était gay, peu longtemps après la famille regrettait amèrement et voulait qu'il revienne. On dirait que les parents finissent par ne plus voir clair. Ils finissent par s'encroûter et à sans cesse exiger des choses. Souvent les enfants ne peuvent plus vivre avec leurs parents et ce n'est pas toujours la faute aux enfants, c'est les parents qui sont incapables de s'adapter aux réalités, quand les enfants ne sont plus des enfants en fait. Peut-être aussi que les enfants ne veulent pas accepter qu'ils ne sont plus des enfants, mais le problème c'est autant les parents. Dans l'autobus j'ai vraiment compris toute l'indépendance que j'avais acquise. Maintenant je n'ai plus à attendre après mes parents pour vivre. Maintenant je n'ai plus à aller à l'école si je ne veux pas. Maintenant je peux partir pour n'importe où sans avoir de comptes à rendre, m'installer pour aussi longtemps que je veux ou peux selon les lois, recommencer une vie du jour au lendemain. Sentir la liberté, même si elle n'existe pas. A force d'être cynique, on devient lucide.

Sébastien m'appelle et me dit que son père pleure. Sa mère vient juste de lui dire : « J'espère que tu n'auras jamais d'enfants ! » Toc, la guillotine vient de tomber, celle que j'attendais, mais je ne croyais pas qu'elle frapperait si fort. Au début, je pensais que son père pleurait à cause de ses mauvais souvenirs de guerre, les Allemands qui sont venus tuer tout le monde, je ne sais pas, moi, je sais qu'il vivait durant la guerre. Mais voilà que c'est parce que Sébastien vient juste de leur annoncer qu'il veut partir pour New York. Quoi ? On veut partir pour trois ou quatre mois, six à la limite, et ses parents se mettent à pleurer ? Comme c'est attendrissant, c'est le moment où l'on apprend que nos parents nous aiment. Après avoir eu l'impression qu'ils faisaient tout pour nous décourager et se débarrasser de nous. Il ne faudrait vivre qu'en fonction d'eux ? Eh bien, s'il me faut me battre avec eux, je le ferai, mais je ne gagnerai pas. C'est terminé, les pleurs font toujours leur effet, Sébastien ne voudra jamais partir. Sébas me disait que maintenant qu'il ne serait jamais ingénieur, ses parents ne voudront jamais l'aider pour son hypothèque, c'est trop risqué. Jamais on ne pourra partir, son père s'est mis à pleurer ! Et mon père qui encore cette semaine me disait qu'un homme ça ne pleure pas. Cela désarme complètement. On a envie de leur offrir le monde après ça, tout leur donner ce qu'on peut, devenir ingénieur s'il le faut. Est-ce possible que les parents reposent autant d'espoirs sur leurs enfants ? S'ils tiennent tant à nous, pourquoi leurs actions vont dans le sens contraire ? Pourquoi leur aide doit-elle être conditionnelle ? Dieu qu'ils ne se mêlent pas de leurs affaires ! Ils sont toujours là à essayer de contrôler nos vies. La paix ! Vous l'avez vécue votre vie ? Laissez-nous vivre la nôtre ! Il n'y a pas de si grand sacrifice que vous faites qui mériterait que l'on vous offre le monde. Et s'ils font un quelconque sacrifice pour nous, là, c'est fini, nous leur devons tout ensuite. Il faudrait leur en remettre dix fois le montant, en argent ou en fierté. Se peut-il qu'ils se targuent sans cesse à qui peut l'entendre qu'ils ont les meilleurs enfants du monde, qu'ils étudient ou étudieront en génie, qu'ils seront des avocats, et quand arrive le temps de contredire le tout à qui a entendu ces histoires, c'est là que la dépression commence ? Sébastien n'est pas accepté en génie. Personne ne l'a su, sauf sa famille immédiate. Moi, pas de complexe, lorsque j'ai été refusé en maîtrise parce que je suis trop poche, tout le monde l'a su, je l'ai crié partout sans exception. Même à la cousine Marie-pier, ce qui veut dire qu'à l'heure actuelle tout le monde est au courant : je suis cruche ! Quelle douleur pour mes pauvres parents qui n'achèvent plus de s'illusionner sur mon avenir. Je me demande quelle phase ils traversent quand c'est accompli et que ma sœur est effectivement ingénieure. On se retourne vers moi pour me dire, watch out, tu nous as joué dans le passé, mais maintenant tu vas faire ce que l'on te dira. La mère de Sébastien a dit qu'il fallait que Sébastien remplisse les formulaires de chaque université du Canada pour qu'il entre en génie l'an prochain, à n'importe quel prix. My God! He's 26 now! Let him enjoy life a bit! He has done five or six years of university, it's enough!

Ah, je n'en peux plus, changeons de sujet. Dans le Citizen du 31 juillet, en première page, on voit une gang de jeunes lavés du cerveau qui s'amusent à se rencontrer en des congrès pour convaincre leur génération de demeurer vierge jusqu'au mariage. S'ils n'ont pas été brainwashés par leurs parents ou la religion, eux, je me demande bien de quelle planète ils débarquent. Naturellement, le mot God revient à toutes leurs phrases. Tous ces vierges sont là pour nous expliquer tous les problèmes qu'implique le sexe avant le mariage sans même l'avoir expérimenté. Ils vont jusqu'à dire qu'il ne faut même pas donner un petit bec ou se tenir la main. Pourquoi manger et respirer alors ? Qui sont-ils eux pour venir nous dire de nous abstenir avant le mariage ? Ce n'est pas pour rien qu'ils parlent de God's plan all the time. Go back home, have sex, and come back after to tell me if it was better! Moi, je dis qu'un jeune qui est rendu là pour parler de virginité, c'est un jeune obsédé par l'idée d'avoir du sexe et qui a un problème psychologique profond. Surtout quand ils commencent à voir ça comme une maladie, ces jeunes-là ne seront pas normaux en mariage, ils vont avoir le sexe en horreur, comme les femmes dans le temps qui ne jouissaient pas en faisant l'amour parce que leur curé leur disait que c'était péché. Une folle s'avance pour dire qu'après cinq ans de vie commune avec son copain, elle est redevenue vierge par un reborn et que l'on peut recommencer à zéro parce que Dieu nous pardonne. Eh bien, si c'est vrai, let's have sex, God will forgive you anyway. Tu auras juste à te confesser cinq minutes avant le mariage. Il y en a des estis de fuckés, j'te jure...

carole cadotte <138194788@archambault.ca>