Catalogue commercial Grands Magasins
du Louvre, Paris, Jupon taffetas, été 1906.

 

 

Le deuil

Autrefois, le deuil du roi et les deuils de cour étaient portés par toute la nation qui, pendant six mois, ne portait ni vêtements de couleur, ni bijoux. Juste avant la Révolution, les grands deuils, ceux dont on porte pour père, mère, mari et femme, frère et sœur, cousin et cousine, durent au moins six mois et se partagent en trois temps : la laine, la soie et le petit deuil. Les autres deuils se partagent en deux temps : le noir et le blanc. Le deuil de mari est le plus long, il dure un an et six semaines : « Les veuves, pendant les six premiers mois, portent le raz de Saint-Maur de laine, la robe à grande queue, retroussée par une ganse attachée au jupon sur le côté et qu’on fait ressortir par la poche, les plis de la robe arrêtés par-devant et par-derrière, les deux devants joints par des agrafes ou des rubans ; point de compères, les manches en pagode, la coiffure de batiste à grands ourlets, le fichu de batiste, une ceinture de crêpe noir agrafée par-devant, les deux bouts pendant jusqu’au bas de la robe, une écharpe de crêpe plissée par-derrière, la grande coiffe de crêpe noir, les gants, les souliers et les boucles bronzés, le manchon revêtu de raz de Saint-Maur sans garniture ou l’éventail de crêpe. Pendant les six autres mois, elles portent la soie noire, les manches et les garnitures de crêpe blanc et les pierres noires si elles veulent. Les six dernières semaines sont celles du noir et du blanc uni, de la coiffure et des manches de gaze brochée, avec les agréments ou tout noirs ou tout blancs.[34] »

A partir des années 50, les codifications vestimentaires concernant le deuil s’assouplissent considérablement. On recommande toutefois d’enlever les bijoux et de porter du noir lorsqu’on assiste à un enterrement. Le bandeau blanc, signe distinctif des veuves, ne se porte plus. En effet, au cours du XXe siècle, les rites funéraires suivent la même évolution que le mariage. En comparaison avec le XIXe siècle, le temps de la peine se rétrécit et, surtout, ne fait plus sujet d’une réglementation quasi-officielle ; on respecte plutôt la liberté de chacun de vivre son deuil de la manière qui lui semble bon. Les signes extérieurs de deuil disparaissent, les maisons ne sont plus tendues de noir, et l’on n’en porte plus obligatoirement le jour des obsèques. Le cérémonial est souvent réduit à un recueillement silencieux autour de la tombe.

 

La constitution du trousseau et son reflet social

Dans son livre richement illustré, Les Trousseaux du Temps Jadis, Olga Veschoor évoque l’origine du trousseau. Dérivé du verbe « trousser », il signifie en ancien français « mettre en paquet ». Ainsi, le trousseau, confectionné à l’origine par la jeune fille elle-même, sera l’ensemble d’éléments qui lui serviront dans sa future vie d’épouse et mère de famille. Si l’on en fait déjà mention au XIIIe siècle, le trousseau connaîtra surtout sa période de gloire au XIXe et au début du XXe siècle. Il sera associé à tous les moments importants de la vie : naissance, départ en pension, l’entrée en religion et, bien sûr, le mariage.

C’est le XIXe siècle triomphant qui relègue la femme à la sphère de l’intime et du foyer, consacrant la constitution du trousseau à la fois comme rituel de l’apprentissage de la féminité et faire valoir de la position sociale et donc financière du foyer familial.

Les ouvrages des dames

Dans l’éducation des jeunes filles, la bonne tenue de leur futur ménage tient une place prépondérante. L’initiation à la confection du trousseau, une activité uniquement féminine, démarre dès le plus jeune âge, vers quatre ou cinq ans, par le maniement des outils de la couturière et brodeuse. L’enfant apprend d’abord les points, s’exerçant sur les « marquoirs », morceaux de tissu réservés à l’exécution d’exercices de couture. Ces derniers montrent des exemples de différents points de couture et de broderie, les raccommodages, les plis, boutonnières, jours, fronces et même l’exécution de dentelles à l’aiguille et aux fuseaux.[35] Pendant toute leur enfance et leur adolescence, ces filles confectionnent leur futur linge de ménage et linge personnel qu’elles garderont toute leur vie, d’où l’importance accordée au raccommodage.