Je ne veux toutefois pas me contenter de souligner ce qui ne va pas. J’aimerais parler aussi de la facilité avec laquelle nous pouvons transformer les choses avec un simple changement de conscience collective.
Ce sera vraiment facile. Remarquablement facile.
Cependant, vous ne pouvez pas « transformer les choses » si vous ne savez pas ce que vous voulez changer. Ainsi, il peut être fort utile de discuter de ce qui ne va pas : cela permettrait à l’humanité de savoir où elle souhaiterait apporter des améliorations.
C’est particulièrement vrai pour les personnes qui « ne voient rien de mal, n’entendent rien de mal, ne disent rien de mal » et qui, en raison de cette tournure d’esprit, ne s’intéressent généralement pas à ce genre de choses.
Oui. Mais j’imagine des apologistes rétorquer en disant : « Attendez une minute ! Nous avons fait d’énormes avancées ! » Ils diront que nous devons considérer les grands progrès accomplis par l’humanité. Et ils auront raison d’affirmer que les choses ne vont pas aussi mal qu’auparavant.
Alors, que leur dirais-tu ?
Je leur dirais : « Oui, mais est-ce bien tout ? Est-ce tout ce que nous pouvons dire à propos de notre expérience globale ? Les choses ne vont pas aussi mal qu’auparavant ! Ne pouvons-nous pas au moins dire aussi que notre espèce est enfin civilisée ? »
Puis, je les inviterais à être juges. Et je soulignerais des choses que fort peu de gens savent – ou auxquelles fort peu de gens pensent, ou veulent penser.
Comme quoi ?
Comme le fait que plus de 1,5 milliard de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité en ce 21e siècle. Comme le fait qu’un nombre encore plus important, soit plus de 1,6 milliard de personnes, n’ont même pas accès à l’eau potable. Ou comme le fait qu’un nombre encore beaucoup plus élevé, soit plus de 2,5 milliards de personnes, n’ont pas de toilettes.
Or, certaines de ces choses peuvent sembler n’être que de simples inconvénients, mais ces conditions ont d’énormes répercussions. Sur cette planète plus de 19 000 enfants meurent chaque jour de problèmes de santé évitables, tels que le paludisme, la diarrhée et la pneumonie.
Et puis, il y a le problème suivant que nous pourrions résoudre pratiquement du jour au lendemain si nous le voulions vraiment : chaque heure, plus de 650 enfants meurent de faim en ce monde.
Entre-temps, les 85 personnes les plus riches du monde détiennent plus de richesses que 3,5 milliards d’humains… soit la moitié de la population mondiale.
Beaucoup de gens insistent sur le fait qu’il n’y a rien de mal à cela et que cette dernière statistique n’a rien à voir avec les précédentes.
« Alors, dirais-je à ces apologistes, qu’en pensez-vous ? Sommes-nous vraiment une espèce civilisée ? »
Et quelle serait leur réponse selon toi ?
Eh bien, j’ai déjà eu ce genre de discussion, et beaucoup de gens se tiennent alors sur la défensive. Surtout s’ils font partie du très petit pourcentage de la population mondiale qui détiennent ou contrôlent la majeure partie des richesses et des ressources mondiales.
Ils disent que les riches font de leur mieux pour aider les pauvres. Et beaucoup d’entre eux, sinon la plupart, le font. Le problème, ce ne sont pas les individus, mais les institutions sociales, la façon dont le « système » est conçu, les structures économiques.
Votre espèce est jeune et cherche encore sa voie.
À cause de cela, de nombreuses personnes croient que notre espèce est « civilisée », même si nous continuons à construire des armes de destruction massive et à menacer de les utiliser dans le monde, ayant estimé qu’il est impossible de nous entendre, tout simplement. Et je continue à me demander si c’est cela, être civilisé.
Beaucoup nous disent « civilisés », alors que nous persistons à tuer des êtres humains afin d’enseigner aux autres qu’il est inacceptable de tuer intentionnellement un humain – et nous n’y voyons aucune contradiction. Et je continue à me demander si c’est logique.
Beaucoup décrivent notre espèce comme étant « civilisée », même si nous prétendons toujours qu’un Dieu aimant ne veut pas que les gens du même sexe qui s’aiment se marient – ou même s’ils sont de races, de religions, de tribus ou de cultures différentes. Et je continue à me demander si c’est là notre définition de l’amour.
Beaucoup prétendent que nous sommes « civilisés », même si nous continuons à tuer brutalement d’autres créatures vivantes et à manger leur chair, en nous faisant croire qu’elles ne sont pas assez conscientes pour éprouver de la « souffrance » concernant leurs conditions d’élevage et la manière dont elles sont abattues – ou qu’il est sans importance que ces animaux souffrent, parce qu’ils sont sous la domination des humains et que nous pouvons faire d’eux ce que nous voulons, quand nous le voulons. Et je continue à me demander si c’est là la définition d’une espèce « humaine ».
Beaucoup sont persuadés que nous sommes « civilisés » même si nombre d’entre nous fument encore et ingèrent des carcinogènes connus en fermant les yeux sur le fait que beaucoup de gens souffrent de ce qu’ils se font à eux-mêmes, et même si beaucoup abusent encore de l’alcool et des drogues en faisant comme si c’étaient des substances qu’ils peuvent supporter – tout en ne les supportant pas du tout, mais en voyant bien qu’elles changent leur personnalité, la racine même de leur être. Et je continue à me demander si c’est là une mesure de notre intelligence.
Ces conditions qui se présentent à vous d’une manière aussi manifestement visible et spectaculaire font en sorte que c’est vraiment le Moment idéal pour l’Avancement.
Il y a cinquante ans, voire vingt ans, avant la vaste expansion d’Internet et la portée explosive mondiale des médias sociaux, ces conditions existaient déjà, mais beaucoup moins de gens s’en rendaient compte.
Je comprends ce que tu veux dire. Le moment est venu pour l’humanité de vraiment faire quelque chose à propos de tout cela, car désormais tout le monde est au courant, tout le monde – et non plus seulement quelques personnes ici et là dans des groupes d’activistes, des établissements universitaires ou des agences gouvernementales – peut être conscient de ces problèmes et de leur ampleur sans précédent.
Peut-on imaginer que 1,6 milliard de personnes n’aient même pas accès à l’eau potable, dans le premier quart du 21e siècle, sur une planète dont les habitants se considèrent comme évolués ?
Tu vois bien que vous ne pouvez donc pas résoudre des problèmes dont vous n’avez pas conscience – et que le fait de les connaître et d’en parler de plus en plus est une chose à accomplir, car cela crée le climat parfait dans lequel enfin aborder ces problèmes et trouver des solutions.
Exactement ! Ou pour dire cela autrement, la nécessité est la mère de l’invention.
J’ai vraiment bon espoir que le projet humain deviendra l’une des expressions les plus réussies et les plus joyeuses de la vie dans le cosmos. Je suis persuadé qu’il nous suffit de le Décider pour créer cela.
Et quelle est cette Décision ?