tout est là sans doute mais qui sait
traverser justement le là pour voir plus
que le visible l’apparence est une peau d’air
qu’un peu de lumière durcit le peintre
la dispose comme Poucet jette des pierres
blanches et c’est un chemin qu’on ne voit pas
une trace petite où reste pris un peu de sens
tu verses à pleins seaux du regard
la terre sous ce flot se retire en elle-même
des pigments de mémoire colorent sa surface
ils sont le suintement de ce dessous
qui n’existe jamais autant qu’où il paraît
n’être pas la lumière fait son lit
partout pour y coucher la ressemblance
notre solitude s’allonge à côté
la vie s’en va ainsi dans l’illusion
d’une bonne compagnie
et voilà le monde sans images où
qu’est-ce que l’espace enfin démeublé
des formes qui le cachent on voit rouge
ou vert ou bleu peu importe
la couleur est le révélateur
qui nous souffle au visage la crudité
de notre propre respiration la même
qui dans nos yeux pénètre jusqu’au fond
cependant qu’ils plongent en elle
notre côté est l’endroit d’un envers
qui parfois vient s’y radiographier
il est rare qu’un tableau sache placer là
une surface qui est le fond dérobé de la vue