Statue de Montouemhat,
fin 25e-début 26e dynastie, fin du VIIe siècle
av. J.-C. Granite gris, h : 137 cm.
Musée égyptien, Le Caire.
La sculpture grecque était constituée principalement de bronze ou de pierre, même si, dans les années ultérieures, le bronze fut considérablement plus utilisé que le marbre. Au départ, les Grecs avaient probablement davantage travaillé la pierre, et peut-être, avant cela, le bois. Le climat grec, plus rude que celui des Egyptiens, n’a pas permis de conserver une seule sculpture de bois. Sur le continent grec et surtout à Athènes, les artistes ont utilisé des pierres locales souples, “le tuf” ou “poros,” qui se taillaient facilement et offraient peu d’obstacles aux mains peu expérimentées. Plus tard, une pierre plus dure, le marbre, a été couramment utilisée. Le marbre de Paros et de Naxos bénéficiait d’une grande popularité générale, avant d’être, au Ve siècle, largement supplanté, au moins à Athènes, par le marbre pentélique. Dans le voisinage d’Athènes, le mont Hymette, offrait un autre marbre très acceptable, mais quelque peu bleuâtre. En ce qui concerne la blancheur des pierres, aucun marbre grec n’est comparable au superbe marbre de Carrare, qui ne fut pas connu de l’Antiquité avant l’époque des empereurs romains.
Les sculpteurs grecs primitifs ont probablement traité directement les blocs de marbre, sans tailler de modèles grandeur nature. On peut même se demander, en fait, s’ils n’ont jamais fait un seul modèle. Ultérieurement, des modèles d’argile et de plâtre ont peut-être été utilisés. L’inscription d’Epidauros, datant du IVe siècle avant J.-C., constitue sans doute la preuve que Timothéos avait reçu une certaine somme d’argent pour ses modèles qui devaient ensuite être exploités par des artistes mineurs dans la composition du fronton du temple. Au cours du Ier siècle avant J.-C., de grands sculpteurs gagnaient beaucoup d’argent grâce à la vente de leurs modèles. Cependant, même durant les meilleures époques, le travail du marbre n’a certainement pas été confié aux ouvriers, restant toujours l’apanage des artistes eux-mêmes. La pratique de la découpe du marbre était connue et considérablement développée à une date très ancienne.
Une statue en bronze exige l’achèvement préparatoire d’un modèle précis. Aujourd’hui de tels modèles sont composés de plusieurs pièces, qui sont toutes fondues séparément et finalement jointes ensemble. Au contraire, les artistes de l’Antiquité semblaient préférer élaborer leurs figures avec le minimum de pièces possible. Le bronze est un alliage de divers métaux. Le cuivre, le zinc, et l’étain composent la statuaire moderne de bronze ; dans les temps anciens, il semble qu’il contenait une faible quantité de plomb. Ce métal a le désavantage de rendre la masse en fusion moins régulière, et de ce fait est rarement utilisé aujourd’hui ; toutefois, il rend l’alliage plus doux et moins fragile, et permet ainsi à l’artiste d’ajouter quelques touches finales sur la statue après l’avoir coulée. Le grand avantage de ce procédé est que certains façonnages délicats peuvent échapper au moulage et être introduits par la suite directement sur la statue.
Le bronze poli, selon Pline, est lustré en surface avec du bitume, probablement pour donner aux trois ou quatre pièces coulées séparément, un brillant uniforme, sans pour autant trop changer leurs couleurs naturelles. De nos jours, les bronzes sont souvent traités avec des acides qui leur donnent une patine artificielle. Ceci est fait pour éviter le long temps d’attente nécessaire à l’oxydation du bronze, qui, sous l’influence de l’air, prend cette teinte verte, particulièrement agréable, que l’on retrouve sur les statues antiques, mais aussi, parce que, pour des raisons techniques, les fondeurs modernes sont moins prudents dans le mélange exact de l’alliage qui permettra d’atteindre une apparence parfaite. De plus, on a retrouvé sur quelques statues modernes, dont l’oxydation s’était faite uniquement à l’air libre, une déplaisante patine noire. Bien que la cause exacte de ce constat soit inconnue, il y a fort à parier que la poussière et la pollution des grandes villes y soient pour quelque chose. La patine bleuâtre trouvée sur les bronzes découverts à Pompéi, tout comme l’aspect verdâtre présent sur ceux d’Herculanum, sont probablement dues aux minéraux présents dans le sol, aux cendres ou à la lave, où les statues ont été enterrées durant presque dix-huit siècles. Les anciens ont utilisé plusieurs genres d’alliage différents – celui de Délos, d’Argive et celui d’Egine –, mais on ne connaît ni leur degré de divergence, ni leurs avantages respectifs.
L’or et l’argent ont été aussi utilisés pour les statues commémoratives, mais ces matériaux n’étaient pas adaptés à la sculpture, car leur valeur intrinsèque et leur brillance éloignaient l’attention du spectateur de ce qui fait l’attraction première d’une statue. Si l’or était un matériau inadéquat pour fondre des statues entières, il était par contre très adapté à la décoration et à l’ornement des drapés présents dans les grandes représentations des temples. Beaucoup de ces reproductions en or et en ivoire, appelées « chryséléphantine », étaient développées autour d’une âme de bois, plaqué d’ivoire pour représenter la chair et d’or pour les draperies. Cela était surtout fréquent à l’époque de Périclès : Phidias a emprunté ce style pour réaliser son gigantesque Zeus d’Olympie, ainsi que son Athéna située au Parthénon à Athènes. Quand les ressources se firent plus rares, le marbre poli remplaça l’ivoire, et le bois doré prit la place de l’or ; l’effet produit par ces statues acrolithes était probablement le même que celui procuré par des matériaux plus coûteux.