Couros, temple de Poséidon, cap Sounion,
vers 600 av. J.-C. Marbre, h : 165 cm.
Musée archéologique national, Athènes.
Compte tenu de la valeur des matériaux sur le marché, il n’est pas étonnant qu’aucune statue chryséléphantine, sauf celle recouverte d’or, n’ait été conservée jusqu’à nos jours. Etonnamment, de toute la richesse statuaire de bronze et de pierre grecque, moins d’une œuvre sur cent, est parvenue jusqu’à nous. Parmi les pièces originales, une seule d’entre elles est attribuable à un sculpteur connu. Plusieurs facteurs expliquent cet état de fait. Le passage du temps, bien sûr, s’est révélé terriblement destructeur. Abandonnées à elles-mêmes, peu de statues de marbre ou de bois ont supporté les changements climatiques et les fréquents tremblements de terre que la Grèce a enduré, ceux-ci ayant dévasté la majorité des temples grecs. Les Romains ont aussi spolié le pays de ses nombreuses statues. Pour sa part, Sylla a emporté plusieurs centaines de statues de Delphes, et Caligula a même essayé de transporter le colossal Zeus de l’Olympe jusqu’à Rome. Quand les statues étaient déplacées d’un seul tenant, elles étaient séparées de leur socle sur lequel le nom de l’artiste était gravé, et quand les navires étaient déchargés en Italie, tout moyen d’identification était définitivement perdu, à l’exception de quelques pièces. Les Romains nourrissaient une passion pour les statues, sans pour autant être désireux de les fabriquer eux-mêmes en grand nombre. Les milliers de statues grecques acheminées par bateaux ne répondaient pas à la demande croissante et les Romains ont commencé à copier leurs œuvres favorites.
En Italie, le marbre, comme la main-d’œuvre, était bon marché. Les copies des Romains ont remplacé les statues modernes en plâtre qui servaient à la décoration des bibliothèques, des halls, des villas, des jardins et tous les lieux du même genre. Les œuvres originales importées de Grèce, laissées à l’abandon, ont progressivement disparu. Il ne fait aucun doute que certaines d’entre elles, ont été de nouveau déplacées pour orner la nouvelle capitale, à l’époque où l’empereur divisa son royaume en deux, une partie occidentale et l’autre orientale ; les autres statues furent brisées pendant les périodes tumultueuses qui ont suivi l’invasion nordique de 375 après J.-C. Certaines statues ont été ensevelies sous les ruines des palais par leurs propriétaires aimants qui, désireux de les préserver de l’ennemi, n’ont pas eu l’occasion de les déterrer. De toutes les statues restées en Grèce, certaines ont été gratuitement détruites par les Goths et d’autres envahisseurs. Mais très peu d’entre elles ont été détruites par le zèle vulgaire des premiers chrétiens qui malgré leur haine envers les dieux de l’Antiquité, n’ont pas été jusqu’à briser les statues qui embellissaient leurs lieux saints.