La Statue de Zeus à Olympie par Phidias,

monnaie grecque. Museo Archeologico, Florence.

 

 

Réalisation des idées les plus nobles : le caractère divin de la nature humaine

L’équivalent du mot « âme » fut d’abord utilisé en Grèce au milieu du Ve siècle avant J.-C. par le philosophe Anaxagore pour qui l’âme était loin d’un esprit contrôlant le corps humain et ses activités.

L’harmonie et l’unité étaient respectivement les mots-clés des deux grandes écoles philosophiques de l’Asie Mineure et de l’Italie du Sud. En s’efforçant de réaliser ces idéaux, les hommes avaient dominé la dualité humaine. Les gens semblaient naître anges, démons, Grecs ou bêtes comme les Centaures. Si les sculpteurs avaient bien saisi la coexistence d’une dimension idéale et d’une dimension matérialiste de l’homme, ils ne l’avaient jusque-là jamais représentée. En fait, cela leur semblait si peu naturel qu’on ne pouvait aboutir qu’à une déformation, tant ces deux éléments, juxtaposés, détruisaient l’unité harmonieuse de la composition. L’existence de cette dualité est cependant une réalité. Et même s’il ne la comprend pas, le sculpteur ne peut l’ignorer. Il se doit, cependant, d’être suffisamment habile pour atteindre cette liberté d’exécution. Ce fut le cas en Grèce, au milieu du Ve siècle. Les artistes se trouvèrent confrontés au problème du choix entre l’aspect idéal et l’aspect matérialiste de la nature humaine. Là où la coexistence légitime des deux aspects était niée ou du moins mal évaluée, l’un devait primer sur l’autre. Or, le choix reposait sur une démarche inconsciente. Il déboucha donc sur des créations tardives très différentes. Les artistes s’efforcèrent soit de supprimer l’aspect idéal, soit l’aspect matérialiste de la nature humaine. Les statues de Phidias, qui n’étaient jamais sculptées à partir de modèles, étaient autant l’expression de ses représentations que les premiers « Apollon » incarnaient les images mémorielles de ses prédécesseurs.

Les conceptions particulières que les Grecs avaient de leurs dieux favorisaient ce mode d’expression. Pour le comprendre, il faut oublier les vulgaires légendes des mythologies populaires, qui attribuaient injustement aux dieux de nombreux actes de violence et de dépravation, car la fragile nature humaine est toujours prête à imaginer de tels méfaits de la part de ceux qui mènent une existence plus heureuse et plus libre. Le danger de telles histoires fut réalisé par les grands hommes de l’Antiquité. Platon, dans sa tentative de supprimer ces légendes, voulait même détruire la totalité des poèmes homériques, car ils en contenaient quelques-unes. Les vrais dieux grecs étaient bien au-dessus de ces viles imputations ; ils étaient nobles et ne connaissaient aucune des limites imposées aux êtres humains. Dans l’accomplissement de leurs devoirs divins, ils pouvaient revêtir toutes les formes, mais pour apparaître aux mortels, ils devaient prendre une forme humaine, que les humains pouvaient appréhender. Les Grecs n’étaient pas idolâtres au point de croire en la présence réelle d’une divinité dans leurs statues. Loin s’en faut ! La statue d’Athéna à Athènes révélait en fait la forme que la déesse prendrait si elle daignait se montrer à des yeux de mortels.

Eriger une statue en l’honneur d’une divinité signifiait donc non seulement avoir une parfaite compréhension de ses attributs, mais également concevoir un corps humain capable d’exprimer sa personnalité et de la révéler au monde. Les hommes, chargés du travail de ces lignes, rencontrèrent évidemment quelques difficultés à percevoir l’aspect idéal du corps humain, et optèrent pour une représentation différente à chaque fois, plutôt que de s’arrêter à la reproduction de formes incapables d’accueillir une divinité.