Une femme prend sa maison de campagne en horreur. Quand le ciel se couvre, l’incidence de la lumière est telle, certains jours, que les pièces se voient plongées dans une pénombre verdâtre. C’est plus particulièrement vrai en milieu de matinée, ou l’après-midi, quand le soleil n’est pas encore au zénith ou qu’il décline. La baie vitrée du salon se transforme du même coup en trompe-l’œil reflétant les nuages ainsi que les hautes branches de la forêt toute proche.

Aux beaux jours, les mésanges sont les plus nombreuses à venir se fracasser contre la vitre : jusqu’à trois oiseaux, certains jours. Moineaux et martinets ne sont pas épargnés non plus. Quand un orage menace, on voit fréquemment l’un d’eux, rendu ivre par la profusion d’insectes, s’engager dans une spirale de plus en plus frénétique, de plus en plus serrée aussi au ras des murs où tourbillonnent des colonies de moucherons drossés là par le vent. C’est au moment où l’oiseau s’élance de toutes ses forces vers les nuages qu’il s’écrase contre la vitre.

Ce que ne supporte plus la femme, c’est la chaleur de l’oiseau mort au creux de sa main, de devoir l’envelopper dans du papier journal avant de le jeter aux ordures pour le soustraire à ses chats et, en cas d’échec, d’avoir à caresser des animaux qu’elle a vus errer, quelques instants plus tôt, avec des plumes dans la gueule.

La femme ne veut plus être l’arbitre de tout ce qui, chez elle, se trame d’obscur à son insu.