Notes concernant l’élevage du porc :

Gestation de la truie : trois mois, trois semaines et trois jours. Première portée : trois porcelets. Une moyenne de vingt et un porcelets dès la troisième portée avec des naissances oscillant entre dix-neuf et vingt-quatre petits. Durée de l’allaitement : trois mois, après quoi les inséminations reprennent aux premières chaleurs. Les truies sont abattues après la huitième portée, ce qui représente six années de service. Passé ce temps, l’animal nécessiterait beaucoup plus de soins qu’il ne rapporterait.

La truie a douze mamelles, et très souvent quatorze. Poids d’une truie : environ deux cents kilos. Allongée pour allaiter, il est courant qu’elle écrase sous elle un certain nombre de porcelets. Ceux qu’elle tue sont fréquemment les plus robustes puisque ce sont ceux qui viennent le plus vite à la mamelle. Ce sont aussi les plus goulus. Si l’on considère une portée de dix-sept porcelets, trois sont, en moyenne, tués par la mère. Quant aux plus chétifs, trois ou quatre autres environ sont tués par l’éleveur faute de présenter des garanties suffisantes de développement ultérieur. De toute façon, étant donné le nombre de mamelles, la truie est dans l’impossibilité de nourrir équitablement l’ensemble de la portée.

Le moyen le plus rapide, et le plus économique, pour tuer un porcelet : l’attraper par la queue et lui fracasser la nuque contre une barre métallique. Si l’on considère les survivants, une dizaine vient théoriquement à maturité. Ce n’est pas de gaieté de cœur que l’éleveur tue des porcelets normalement constitués. Cependant, la logique économique ne lui permet pas de nourrir un animal dont le poids resterait inférieur à la moyenne du marché.

Dans les élevages, l’espace est volontairement très restreint : une moyenne de cent cinquante porcs sur une surface de vingt-cinq à trente mètres carrés. La surface permettant aux animaux de se déplacer ne représente guère plus de deux ou trois mètres carrés : trop de mobilité se traduirait par une augmentation de la masse musculaire, ce qui nécessiterait une nourriture plus abondante et équivaudrait donc à un prix de revient plus élevé.

En raison du confinement, le comportement des animaux est tout à fait anormal : rendus fous, ils se dévorent entre eux. L’ablation de la queue, puisque c’est l’appendice qu’ils attaquent en premier lieu chez leurs congénères, devient indispensable. De même, il est impératif de leur briser les dents pour qu’ils ne dévorent pas aussi les oreilles de leurs voisins. On casse généralement les dents des porcelets dans la semaine qui suit la naissance et juste avant, ou juste après, la castration au scalpel : avec la maturité sexuelle, la viande s’imprègne d’odeurs indésirables et, passé le délai d’une semaine, la réglementation impose que l’ablation des testicules soit pratiquée par un vétérinaire opérant sous anesthésie. D’où un prix de revient prohibitif.

Appeler un vétérinaire pour soigner deux ou trois truies présentant des symptômes inquiétants entraînerait des frais importants. On ne le déplace qu’en cas de mort suspecte d’au moins une trentaine de porcelets et de plusieurs reproductrices. Le rôle du vétérinaire consiste donc, et presque essentiellement, à surveiller la conformité de l’élevage aux normes sanitaires en vigueur. Il n’effectue guère plus d’une visite chaque année.

Une sélection très stricte s’opère aujourd’hui dans les élevages afin de ne retenir que les truies les plus apathiques. Soit que l’instinct maternel la pousse à éliminer les porcelets les plus robustes, mais dont la voracité est un danger pour le plus grand nombre, soit pure maladresse de sa part, il serait hautement souhaitable que la truie n’interfère pas dans le choix des porcelets appelés à survivre. Il est en effet impossible de surveiller des dizaines de truies mettant bas le même jour, parfois à quelques heures, voire à quelques minutes, d’intervalle.