Dans le taxi qui le ramène chez lui après trois semaines d’absence, un homme s’interroge sur son étrange sentiment de faillite :
Ce qu’il avait attendu de son voyage n’a-t-il pas eu lieu comme prévu ? Il faut donc qu’il ait espéré au-delà du raisonnable. Ce qui lui pèse, est-ce le sentiment d’achèvement ou le changement d’allure ? L’image d’une barque, ralentissant brusquement tout en raclant le fond de sable, lui vient à l’esprit. Est-ce le fait de devoir parler au passé quand les paysages, le soleil, les visages restent à ce point présents ?
Et, de même, comment oublierait-il que les embrassades de ses amis, à l’aéroport, dissimulaient mal une petite part de soulagement. En le chargeant de cadeaux de dernière minute, ne tentaient-ils pas de masquer leur mauvaise conscience ? La plus vive amitié est-elle condamnée à exiger aussi sa part d’éloignement ?