Pour les besoins de ses affaires, un homme se rend chaque mois en train dans une grande ville étrangère. Il a depuis longtemps compris que le plaisir qu’il prend à ces voyages excède le bien-fondé de ses déplacements. S’il le souhaitait, il y aurait bien d’autres façons de régler ses affaires.
Et voici que l’homme comprend ce jour-là que la petite brise du large qu’il savoure si bien lorsqu’il s’installe dans son wagon n’est jamais qu’une demi-mesure : rien ne lui interdirait, sans prévenir quiconque, de descendre un jour du train dans une ville inconnue où il n’aurait rien à faire, ne connaîtrait personne et irait au hasard. C’est alors seulement que soufflerait l’authentique vent du large.
Le voyageur doit bien convenir que cette découverte lui fait un peu peur. Elle ternit donc, d’un seul coup, le plaisir qu’il avait éprouvé, quelques minutes plus tôt, lorsque le train s’était mis en mouvement.