Professeur Robert Barbault
Beaucoup de choses se sont passées depuis que, en 1965, Jean Dorst publiait son fameux Avant que nature meure, analyse vivante et prémonitoire de la crise d’érosion de la biodiversité aujourd’hui avérée. Et appel à l’action, à la mobilisation : pour que l’homme se réconcilie avec cette nature à laquelle il appartient et dont il dépend.
Beaucoup de choses se sont passées qui, toutes, donnent raison à l’analyse documentée et réfléchie de Jean Dorst. Qui, toutes, ont besoin de la profondeur de ce récit, de son ampleur tant naturaliste qu’historique et géographique, pour être pleinement comprises.
Des progrès ont été accomplis, certes, et des avancées réelles obtenues sur plusieurs plans : celui des connaissances ; celui de la prise de conscience ; celui de la mobilisation et de l’action.
Mais la biodiversité continue de se déchirer, comme Jean Dorst le redoutait. Pourquoi ? Que faire ? D’abord, le relire – car Avant que nature meure a conservé toute son actualité, toute sa pertinence… et toute sa saveur.
Ensuite, s’appuyer sur une synthèse de ce qui s’est passé depuis 1965, sur les développements en matière de connaissance et de protection de la biodiversité, sur les obstacles qui persistent – bref, sur un prolongement actualisé de la pensée de Jean Dorst qui nous rapproche de son vœu – cette réconciliation de l’homme avec sa nature !
Cette synthèse, qui prolonge le récit écologique de Jean Dorst en s’appuyant tant sur des faits nouveaux que sur ses analyses d’une étonnante clairvoyance, se développera en trois temps.
D’abord, je ne pourrai que confirmer la réalité de la crise d’extinction annoncée et son interprétation : le tissu vivant de la planète se déchire, symptôme aigu de ce que Jean Dorst appelait « le déséquilibre du monde moderne ». Le réchauffement climatique, nouveau venu sur la scène depuis 1965, ne fait qu’aggraver la situation.
Ensuite, façon d’entretenir un espoir justifié, j’évoquerai l’ampleur de la mobilisation qui a commencé à se déployer à partir des années 1970, attestant d’une certaine manière que l’appel de Jean Dorst avait fini par être entendu.