42. Simon-Georges de Cornwall,
vers 1536-1537.
Pierre noire et craie de couleur, plume et
pinceau en noir, pointe de métal sur papier
à fond rose, 279 x 191 cm. Prêt de sa Majesté
la Reine Elisabeth II, Collections royales,
Château de Windsor, Windsor.
Ainsi, l’anamorphose des Ambassadeurs comme le renversement de l’Utopie remplissent une même fonction : susciter l’envie de conversion, éveiller l’aspiration à l’au-delà - ce qui implique la distanciation de l’observateur ou du lecteur par rapport à son propre monde.
Le prénom (Hans, ici la Mort) et le nom de famille (Holbein, littéralement « os creux ») charrient l’idée de la mort. En ce sens, on peut estimer que ces vers de Sebastian Brant résument en quelque sorte le programme des Images de la Mort.
Le cycle des gravures sur bois de Holbein fut imprimé à Lyon en 1538 par Melchior et Gaspard Trechsel, accompagné d’un texte de Jean de Vauzelles, Les Simulachres et Historiées faces de la mort, autant élégamment pourtraites que artificiellement imaginées, dédié à Jehanne de Touszele, abbesse du cloître Saint-Pierre de Lyon. Le livre comporte également quarante-et-un quatrains de Gilles Corrozet, tous illustrés par des gravures de Holbein (réalisées par Hans Lützelberger). Cependant, le nom de Holbein n’est pas mentionné dans cette édition.
Dans le Rhin Supérieur, deux célèbres représentations sur fresque de danses macabres étaient visibles : dans le grand Bâle, sur le mur du cimetière du cloître dominicain (vers 1445) et dans le petit Bâle, sur le chemin du couvent Klingenthal (deuxième moitié du XVe siècle).
Ces figures macabres apparaissent d’abord dans les cimetières. De par leurs dimensions (grandeur nature) elles sont impressionnantes autant qu’effrayantes. Elles montrent, par ailleurs, que dans le cortège de la mort, les différences sociales s’estompent. Cependant, dans les représentations du XIVe siècle, la mort quitte l’espace sacré, désormais trop étroit, pour s’aventurer dans le monde des vivants. Morts et vivants sont mis en scène en plein dialogue.
Les images de la mort exhortent alors à méditer sur le trépas pour mieux se repentir et accéder au salut.
Toutefois, le cycle d’images de Holbein va beaucoup plus loin. En effet, il embrasse l’évolution de l’humanité depuis l’Eden jusqu’au Jugement dernier ; les images de la mort se situent, à cet égard, dans une étape intermédiaire.
L’idée de la mort est omniprésente dans l’œuvre de Holbein. Un des exemples les plus célèbres en est fourni par le Christ au tombeau. « Ce tableau est aussi large qu’un tombeau : il est long de 2 mètres, haut de 30,5 centimètres, pas plus haut que la cage thoracique d’un homme ; le cadavre, en plongée, est vu depuis la gauche ».