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57. Portrait de Robert Cheseman
 (1485-1547), 1543.

Panneau de bois, 58,8 x 62,8 cm.

Mauritshuis, La Haye.

 

 

Cette projection masquée fut interprétée comme un autoportrait in malo (coupable) mais on peut aussi y voir le repentir de l’artiste conscient de sa mortalité : « Vivo al peccato, a me morendo vivo » (« je vis dans le péché et je vis en mourant »). Cette métaphore de la peau symbolise le caractère éphémère du monde sensible dont parle Erasme.

Le portrait devient l’ombre de l’homme qui prend conscience de l’illusion de son apparence. La mort s’est donc interposée entre l’image et le modèle.

Or cette époque voit l’émergence du génie proprement artistique, dont l’inspiration n’est plus placée directement sous la protection divine. Holbein, pourtant, condamne l’orgueil de celui qui prétend rivaliser avec la vie en signant son œuvre du sceau de la mort. La vie est semblable à une anamorphose dont le sens apparaît seulement dans l’expérience de la mort et la vision du Jugement dernier.