Chapitre 10

 

 

 

Le soir suivant, après une journée où Délila a peu fermé l’œil – à cause des travaux au second étage, mais aussi de son inquiétude –, elle réessaye de joindre Bastian. Sans succès. Cet autre échec lui mine le moral. Elle choisit donc de tenter le tout pour le tout ; il faut qu’elle lui parle.

La journaliste envoie alors un SMS au vampire :

J’ai peur de sortir, mais j’ai besoin de te parler.

Elle n’obtient aucune réponse.

Elle décide alors de lui accorder un peu de temps, va prendre une douche dont elle ignore la température de l’eau, puis se coiffe sans se regarder dans le miroir. Bien qu’elle ne puisse pas s’observer, elle est capable de voir la pointe de ses cheveux, et elle les trouve magnifiques, même si elle aimait être blonde. Ils ont foncé ; elle se demande s’ils garderont cette couleur ou s’ils vont encore foncer jusqu’à devenir noirs. À la réflexion, tous les vampires n’ont pas les cheveux foncés, Bastian est blond. Elle soupire en pensant à lui, persuadée qu’elle n’aura pas la possibilité de lui parler de nouveau. Elle s’imagine déjà coincée ici toute la nuit, avec Sulli, parce qu’elle a bien trop peur de mettre un pied dehors.

Humaine, elle craignait les chasseurs ; vampire, elle craint ses congénères !

De retour dans la chambre, elle regarde directement le cadran de son téléphone tactile : elle a un message de Bastian. Elle laisse échapper un sourire de ravissement avant de le lire :

Je t’attendrai au coin de la rue vers 20 h.

Son sourire s’élargit. Elle n’y croyait plus.

Un rapide coup d’œil à sa montre l’informe qu’il est dix-neuf heures quarante. Ne tenant pas en place, elle sort alors de la pièce et croise Sullivan dans le couloir.

–    Tu es toujours fâchée ? demande-t-il.

–    Oui.

–    Je suis désolé, vraiment.

–    Je n’ai pas envie d’en parler.

–    Tu as raison, moi non plus. J’ai quelque chose à te montrer.

–    Quoi ? questionne-t-elle, curieuse.

–    Le second étage est terminé.

–    Ce qui signifie que demain je pourrais dormir.

–    Pas tout à fait, mais viens voir.

Il lui attrape la main sans lui demander son avis et l’attire au second étage. La plupart des pièces ont été refaites, il ne restait que la chambre de Sulli et les deux pièces voisines.

Le vampire ouvre la porte de ce qui était sa chambre et annonce à Délila :

–    Voici mes quartiers.

Il l’invite à entrer.

Ébahie, elle ne trouve rien à dire. Le mur entre ce qui était sa chambre et une pièce vide a été détruit pour agrandir la pièce et y installer une cheminée devant laquelle trône une peau de bête et deux fauteuils. De l’autre côté est installé le lit, l’armoire, la commode et les tables de chevet… tout ce qu’elle avait choisi avec lui sur le catalogue quand ils projetaient de s’installer ensemble, ici.

Délila garde le silence en faisant quelques pas dans la pièce, spacieuse et joliment décorée.

–    Regarde par là, j’ai fait installer une salle de bain.

Une nouvelle porte est disposée, elle donne accès à une salle de bain. Grande, belle, agréable… Une douche, une baignoire, un long miroir – qui ne sert à rien – au-dessus de deux lavabos… Là encore, ce sont les meubles et la plomberie qu’ils avaient choisis ensemble.

–    Comment trouves-tu mon nouveau chez moi ?

–    C’est très joli.

Mais aussi très dur, parce que cela lui fait réaliser que tout n’était qu’un rêve… Ils voulaient une vie ensemble, elle le désirait sincèrement à l’époque… mais cela n’aboutira jamais. Il a tout brisé en elle, même ses rêves. Ce rêve.

–    Viens t’installer avec moi, dans cette chambre, dans notre chambre, demande-t-il en lui prenant la main. J’ai fait beaucoup de conneries avec toi et rien ne pourra les effacer, mais… je vais me rattraper et te donner tout ce que tu désires, j’en fais le serment. Je t’aime Délila Nagar.

La jeune femme en a les larmes aux yeux. C’est si rare qu’il prononce ces mots qu’elle aimait entendre… Malheureusement pour eux, c’est bien trop tard. Il a commis l’irréparable.

–    Je suis désolée, articule-t-elle difficilement en essuyant ses larmes, c’est trop tard.

Elle retire sa main de celle du vampire et quitte la pièce où elle aurait pu être très heureuse avec lui s’il n’avait pas franchi la limite.

Sulli se laisse tomber à genoux sur le parquet, incapable de se remettre de la douleur qui lui brûle les entrailles. Rejeté par la femme qu’il aime, sa compagne, son âme sœur, il n’a plus envie de se battre. Il se sent vide, impuissant face aux évènements qu’il ne contrôle pas, mais qu’il a malgré tout engendrés.

Comment se faire aimer de nouveau d’elle ?

N’y a-t-il vraiment plus le moindre espoir ?

 

S’évertuant à oublier ce qu’il vient de se passer dans la chambre de Sullivan, Délila fonce tête baissée à l’endroit du rendez-vous. Comment aurait-elle pu accepter sa proposition alors qu’elle ne voudra jamais lui pardonner, qu’aucun avenir n’est possible entre eux, même s’ils ont l’éternité. Elle doit penser à elle, à ses désirs… et ce soir, elle a envie de passer du temps avec Bastian, de lui expliquer les choses et de se faire pardonner pour son mensonge.

Il fait nuit, et même si elle n’a que quelques mètres encore à parcourir, elle est effrayée. Bien qu’elle ait reçu un cours théorique de défense, elle sait pertinemment qu’elle ne parviendra pas à l’appliquer.

Au coin de la rue, elle aperçoit Bastian, les mains dans les poches, camouflé dans une veste dont il n’a pas besoin. Il a les yeux rivés sur elle comme s’il l’avait sentie arriver. Puis, elle se souvient de la veille, lorsque Sulli a perçu la présence des vampires, alors pourquoi n’y arrive-t-elle pas ?

Délila s’approche de son amant, hésitant entre se blottir contre lui et s’excuser, mais finalement elle n’a le temps de faire ni l’un ni l’autre. Bastian tourne les talons dès qu’elle est à sa hauteur en lui intimant de le suivre.

Charmant ! Ça commence bien…

Comme elle le supposait, ils se rendent à son appartement. Le vampire s’adosse au mur de la cuisine et la fixe sans un mot.

Ce n’est pas du tout le genre de scène que Délila s’imaginait et la froideur que dégage Bastian ne l’aide pas à se sentir mieux.

–    Je suis désolée pour hier, bafouille-t-elle.

–    Il va falloir faire mieux que ça.

–    J’étais terrifiée quand les trois vampires nous sont tombés dessus…

–    Que fichais-tu avec lui ? s’écrie-t-il. Tu ne répondais pas à mon appel et après tu m’as demandé de l’aide ! Tu as de la chance que je sois un gentleman, sinon je vous aurai laissés vous faire tuer ! rétorque-t-il.

–    Merci d’être venu, murmure-t-elle.

Il balaye ses excuses d’un revers de la main, croise ses bras sur sa poitrine et la fixe à nouveau.

Délila ignore quoi dire, ce qu’il attend d’elle, ce qu’il veut réellement, elle se sent juste perdue.

–    Hier soir, j’avais prévu de voir Anaïs, explique-t-elle après quelques minutes. Je ne sais pas pourquoi, Sulli a voulu m’accompagner… En fait, je crois qu’il se pose des questions sur nous…

–    Continue.

–    Si je n’ai pas répondu à ton appel, c’est parce qu’il aurait entendu que c’était toi, et je… je ne veux pas qu’il te punisse d’avoir enfreint une de vos lois.

–    Nos lois, la reprend-il, tu es l’une des nôtres, ne l’oublie pas.

Oh, ça, elle ne risque pas, même si elle en aurait bien envie.

–    Je n’ai pas eu le temps d’arriver chez Anaïs, les trois autres nous sont tombés dessus. Et si tu veux savoir, je suis bien contente de ne pas y être allée seule finalement.

–    Que vous voulaient-ils ?

–    La brune parlait de Lilith… Je crois que c’est ma mort que veut cette démone, qui n’apprécie pas le fait que Sulli soit avec moi.

Bastian se rembrunit à ces derniers mots.

–    Je suis désolée, je veux dire… qu’elle croit qu’on est ensemble. Elle sait que je suis comme vous.

–    Après la mort de Jose, il y aura des représailles.

–    Sans doute, c’est pour ça que j’ai peur de quitter le château.

–    Parce que tu te crois en sécurité à l’intérieur ? La demeure appartient à un vampire, donc n’importe lequel d’entre nous peut y entrer sans avoir été invité.

Il a raison. Elle ne sera plus jamais en sécurité nulle part.

–    Bastian, je suis désolée.

–    Pourquoi ?

–    Pour ne pas t’avoir dit que Sulli s’était nourri de moi, et moi de lui… J’avais peur que tu m’en veuilles.

–    Tu me connais donc si peu ? Je sais que tu as besoin de te nourrir, et je sais aussi que seul Sulli peut le faire, même si je ne suis pas enchanté par cela.

–    Je crois que j’ai gardé mes réactions d’humaines…

–    Et elles m’ont toujours énervé, alors arrête de te demander le pourquoi du comment et agis. Sois franche. Je ne t’en demande pas plus.

Elle esquisse un sourire en voyant que son visage se décrispe et tente une approche. Elle s’avance vers lui jusqu’à se retrouver près de son corps qu’elle réclame et caresse son visage.

–    Je ne recommencerai plus, assure-t-elle.

Bastian saisit sa main et dépose un baiser sur sa paume avant de parcourir son avant-bras de ses lèvres.

–    Tu m’as manqué, susurre-t-il en même temps qu’il la serre contre lui et la conduit à sa chambre.

Ces mots se confirment par sa rapidité à la déshabiller, à l’allonger sur le lit et à prendre possession de son corps. Le vampire ne s’encombre pas avec des préliminaires, bien trop avide d’elle… de celle dont il est en train de tomber amoureux malgré les risques. Il sait que leur relation est interdite, car elle est liée à un autre vampire, mais il n’arrive pas à lui résister, faible face à l’amour.

Il va et vient en elle pendant qu’il embrasse sa gorge, ses lèvres, faisant glisser sa langue sur chaque parcelle de sa peau accessible. Il alterne lenteur et rapidité, douceur et rudesse, la menant aux portes de l’orgasme avec empressement.

Délila s’abandonne complètement au vampire et à la jouissance qu’il lui procure, gémissant inlassablement, enfonçant ses ongles dans sa chair… Elle sait que c’est mal et ignore où cela la mènera… les mènera… mais pour le moment, elle n’a envie que de lui, que d’être avec lui.

Bastian n’a pas brisé ses rêves et quelque part, le fait d’être avec lui l’empêche de penser, de réfléchir, à ce que lui a pris Sulli. Elle n’a ainsi pas le loisir de prendre une décision en se confrontant à la réalité. Elle veut être une humaine dans les bras d’un vampire et quelque part, c’est ce qu’elle est dans son esprit.

Après une première étreinte, le jeune homme lui annonce qu’elle en aura pour toute la nuit, mais cette fois, il prend son temps, n’étant plus dans l’urgence de l’envie. Il caresse sa peau de ses mains, la parcourt de ses lèvres, l’effleure de sa langue jusqu’à la rendre complètement folle de désir. Là, seulement, il emprisonne l’un de ses tétons entre ses dents, le mordillant alors que sa main droite glisse entre ses cuisses, ne faisant qu’effleurer son intimité. Il prend soin de son autre téton ensuite alors que l’un de ses doigts glisse en elle, apaisant quelque peu le désir qui la consume.

–    Viens en moi, le supplie-t-elle.

–    Sois patiente, mon cœur, on a toute la nuit et je vais te donner une multitude d’orgasmes !

–    Prétentieux, s’amuse-t-elle en sentant son doigt aller et venir dans son intimité.

Bastian sourit, dévoilant ses canines sorties à cause du désir enflammant son être.

–    M’autorises-tu à te mordre ?

Il est en train de réclamer de boire son sang. Délila n’hésite pourtant pas une seconde et accepte sa requête. C’est alors qu’en enfonçant son membre en érection dans son corps, il plante ses crocs dans sa gorge, l’entendant jouir de plaisir, aspire le liquide qui coule dans ses veines, se nourrit d’elle qui lui ouvre son esprit pour lui faire partager ce qu’elle ressent en cet instant.

Ils sont en parfaite communion et partagent un plaisir immense toute la nuit durant.

Une heure avant le lever du soleil, le réveil programmé par Bastian sonne. Il le coupe avant de déposer un baiser sur la poitrine de la jeune femme qui se réveille.

–    Debout, mon cœur. Il est l’heure de prendre une douche et de rentrer.

Seulement, elle n’a aucune envie de quitter le lit, bien trop à son aise dans les bras tendres de son amant.

–    Je veux dormir, baragouine-t-elle en se blottissant contre lui.

Il effleure son dos de sa main en embrassant son front.

–    Tu reviendras ce soir, je t’attendrai au même endroit qu’hier.

Aucune réponse, la tête de mule fatiguée refuse de se lever.

–    J’ai faim, murmure-t-elle.

Ça fait à peine une heure qu’ils ont mis fin à leur nuit de folie, et Délila, bien qu’affamée, s’est endormie, mais maintenant elle doit se nourrir rapidement.

–    Alors, lève-toi et rentre.

Elle se redresse pour le surplomber et le contempler. Elle a faim, c’est vrai, son corps lui fait même mal à certains moments, elle est consciente que c’est dû au manque de sang, ou alors au sexe qui lui a donné envie de boire. Quoi qu'il en soit, elle n’a aucune envie de quitter le lit témoin de leurs ébats sexuels, désirant se prélasser dans les bras de Bastian toute la journée.

D’ailleurs, elle le pourrait, personne ne viendrait la chercher.

Délila s’abaisse jusqu’à ce que ses lèvres rencontrent celles du vampire, puis échange un baiser avec lui. Un baiser profond pendant lequel leurs langues dansent l’une contre l’autre. C’est à cet instant que le désir renaît dans son bas ventre et qu’elle ne pense pas réussir à s’en aller. Pas avant un long… très long moment. Elle se met alors à califourchon sur le vampire, son intimité frottant contre son érection.

–    Tu n’en as pas eu assez, s’amuse-t-elle en constatant qu’il est prêt à remettre ça, sentant ses mains sur ses fesses.

–    Jamais avec toi, répond-il avant de l’embrasser à nouveau. Mais tu dois rentrer avant le jour, alors on n’a pas le temps, décide-t-il en essayant de la repousser, mais sans y parvenir.

–    On va le prendre.

Comme s’il était ensorcelé par la nouvelle-née, il se laisse guider en elle, prêt à la combler une nouvelle fois.

Alors que leurs corps sont unis, Délila lui ouvre à nouveau son esprit pour qu’il profite du bien-être qu’il lui procure. Désirant être aussi proche qu’ils l’ont été la nuit passée, il en fait autant, partageant avec elle les sensations qu’elle lui donne.

La jeune femme ressent à nouveau la faim qui la tenaille, davantage encore quand elle embrasse la gorge de son amant. Le fait que les vampires puissent se nourrir sur les leurs est un véritable mystère pour elle, puisque leur cœur ne bat plus. Toutefois, elle n’ignore pas que leur corps est rempli de sang, l’ultime condition pour ne pas perdre la vie. Elle ne perçoit pas le pouls de Bastian, mais sait que sous sa peau coule son sang. Elle peut presque en sentir l’odeur et le goût sur sa langue. Affamée, ses canines sortent et elle les fait glisser sur la peau de son amant, qu’elle entend gémir à ce contact.

Voulant tout de lui, tout partager avec lui, désirant le rendre plus important encore pour oublier la douleur qui l’habite depuis sa transformation et la colère qu’elle ressent pour son agresseur, elle est prête à tout, et même à souffrir le martyre.

Bastian perçoit distinctement sa pensée, son désir, mais le plaisir qui l’habite ne lui donne pas la force d’empêcher la femme qu’il affectionne de commettre cette énorme bêtise. Ainsi, quelques secondes plus tard, il sent ses crocs se planter dans sa chair, son sang quitter son corps pour emplir celui de Délila.

Cette dernière s’attendait à ressentir une douleur dès la première goutte, mais rien ne lui brûle les entrailles, alors elle en boit encore et encore, sans ressentir le moindre mal.

Bastian inverse la position quand elle retire ses crocs de sa gorge, pour se retrouver sur elle. Toujours en bougeant dans son corps, il la regarde avec stupéfaction.

–    Tu n’as pas mal ?

–    Non.

Ils atteignent rapidement l’orgasme, puis Bastian s’assoit à côté d’elle, complètement désorienté.

–    Qu’est-ce que tu as ? s’inquiète-t-elle.

–    Tu n’aurais pas dû pouvoir boire sur moi sans souffrir.

–    Je n’ai pas envie d’y penser, et… je reste ici aujourd’hui.

–    Si tu veux, mais moi, j’aimerais comprendre.

Délila se sent si bien et repue qu’elle ne se pose aucune question sur ce qui vient de se passer. Alors que Bastian ne fait que réfléchir.

À peine quelques minutes après que le soleil se soit levé, le téléphone de Délila se met à sonner. Elle n’effectue aucun mouvement. Le vampire regarde alors qui est l’appelant : Sulli. Il imagine qu’il s’inquiète pour elle.

–    Décroche et rassure ton créateur, intime-t-il en lui tendant son portable.

Elle obéit.

–    Quoi ? peste-t-elle en guise de « allo ».

Bastian sourit en l’entendant.

–    Je m’inquiète pour toi, figure-toi ! aboie Sulli à l’autre bout du fil.

–    C’est inutile, je vais bien !

–    Où es-tu ?

–    Euh… je passe la journée chez Anaïs.

–    Tu me prends vraiment pour un con !

–    Bonne journée à toi aussi, termine-t-elle avant de raccrocher.

Elle éteint son téléphone pour ne plus être dérangée avant de le tendre à Bastian.

–    Il ne t’a pas cru, dit-il en le saisissant.

–    Je m’en fiche.

Il pose le mobile sur la table de chevet avant de la prendre dans ses bras. Il embrasse son épaule puis souffle dans son cou.

–    Je veux dormir…

–    J’ai compris ce qui se passe pour toi, mon cœur.

Elle se retourne pour le regarder, comme si ces mots lui avaient coupé son besoin de sommeil.

–    Quand tu étais humaine, tu étais liée à Sulli. Mais tu es morte, et cela a dû briser cette union entre vous.

–    Que me racontes-tu ?

–    Je pense… non, je suis sûr, que tu n’es plus liée à lui, sinon tu n’aurais pas pu boire de mon sang. Ta renaissance en tant qu’immortelle a effacé votre lien.

–    Donc… je ne suis plus sa compagne aux yeux des vampires ?

–    Tu n’es plus sa compagne. Elle était humaine et elle est morte. Tu es libre aux yeux de nos lois, ce qui signifie que nous ne faisons rien de mal.

Délila ignore comment réagir. Elle devrait être soulagée, mais elle ne l’est pas.

–    Mais il hurlera quand même s’il l’apprend, lâche-t-elle.

–    Je te le confirme. Dors maintenant.

Il embrasse ses lèvres un court instant, baiser qu’elle ne lui rend pas, étant encore sous l’emprise du choc que lui procure cette révélation.

Alors que Bastian s’allonge pour sa journée de sommeil, Délila n’est soudain plus aussi pressée de s’endormir. Tout vient d’être remis en question.

Comment gérer cette nouvelle liberté ?

Elle se voyait liée à Sulli pour l’éternité, et même si cela l’énervait au plus haut point, quelque chose les rattachait. Maintenant, c’est terminé.

Elle n’a plus besoin de lui pour se nourrir, et inversement, il n’a plus besoin d’elle. Ils n’ont plus rien à faire ensemble dans le château.

Elle se surprend à se demander : que vais-je devenir ?

 

 

 

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