Chapitre 13

 

 

 

Cette fois, c’est sans encombre que Délila se rend chez Anaïs, accompagnée par Bastian qui fait office de protecteur. La jeune femme soupire de ravissement en se retrouvant devant la porte de son amie, elle pensait qu’elle n’y arriverait jamais tant les évènements des derniers soirs jouent contre elle.

Bastian frappe deux coups à la porte en chêne avant que cette dernière s’ouvre, dévoilant Anaïs souriante.

–    Je me demandais si tu allais venir ou si tu aurais un empêchement, lâche-t-elle à son amie.

–    Moi aussi, confie Délila.

–    Entre !

Anaïs se pousse pour qu’elle entre, mais avant, Délila se tourne vers Bastian, le remercie de l’avoir accompagnée et l’embrasse chastement du bout des lèvres.

–    Appelle-moi quand tu veux que je vienne te chercher, dit-il avant de l’embrasser à nouveau.

Elle acquiesce, puis le vampire s’en va, alors elle pénètre chez son amie.

–    Tout va bien avec lui, constate Anaïs en refermant la porte.

–    Oui. D’ailleurs, on a discuté hier et il compte m’aider à me sentir mieux. Il m’a même suggéré quelque chose pour le travail.

–    Eh bien, allons en parler, décide-t-elle en lui indiquant la salle à manger où Claude les attend.

–    Bonsoir Claude, commence Délila en restant en retrait, craignant sa réaction.

–    Nagar, quel plaisir ! Entre donc et assieds-toi.

Elle obéit, s’installant à la droite de Claude qui est en bout de table et face à Anaïs.

–    Anaïs dit que tu souhaites reprendre le travail.

–    Oui, et j’ai d’ailleurs une idée à ce propos.

–    Je t’écoute.

Délila lui parle alors de la suggestion de Bastian : raconter sa propre histoire qui paraîtrait toutes les semaines dans le Journal, sous la forme d’une fiction.

Claude y réfléchit alors qu’Anaïs est emballée par l’idée. Elle donne déjà son opinion à Délila sur la façon dont elle pourrait commencer.

La jeune femme en profite pour lui confier que cela serait pour elle un moyen d’aider à clarifier les choses, mais aussi de les accepter.

–    Une sorte de thérapie, comprend Anaïs.

–    S’il vous plaît ! les calme Claude. L’idée est bonne et on n’a pas d’histoire dans nos parutions, mais avant d’en informer le chef, il faut que tu m’assures de pouvoir nous donner un chapitre par semaine.

–    Aucun problème, promet Délila.

–    Tu comptes vivre où ? la questionne Anaïs.

–    Je n’en sais rien encore, je pense devoir parler à Sulli avant de prendre ma décision.

–    Tout ça semble très intéressant, les coupe Claude, mais il me faudrait du concret pour convaincre le chef, poursuit-il à l’attention de Délila.

–    Je peux écrire un chapitre et vous le donner pour que vous puissiez le lui montrer.

–    Voilà qui me convient. Tu es très douée dans ton domaine, mais là, c’est quelque peu différent et je veux savoir de quoi tu es capable.

–    Je suis sûre qu’elle sera parfaite ! s’enthousiasme Anaïs. J’ai d’ailleurs hâte de te lire.

Et Délila de l’écrire. Devant l’engouement de son amie, elle est maintenant certaine que l’idée est judicieuse, Bastian est de bons conseils.

–    Bien. Donc dès que tu as quelque chose à me faire lire, tu me contactes, ou Anaïs, et j’irai voir le chef pour lui suggérer ton idée.

–    Merci.

Délila se sent bien, vraiment bien. C’est comme si sa vie prenait un autre tournant et que toutes les mauvaises choses étaient derrière elle.

–    Excusez-moi, mesdames, mais j’ai quelques papiers à signer, dit Claude en se levant. À bientôt, Nagar.

–    Tu ne peux pas l’appeler par son prénom ! C’est ma demoiselle d’h… Oh non ! Comment on va faire pour le mariage ? s’exclame Anaïs.

Délila regarde son amie d’un air désolé, elle l’avait choisie pour être sa demoiselle d’honneur, mais il est clair que cela ne pourra pas se réaliser, le mariage ayant lieu en pleine journée.

–    Tu en trouveras une autre, assure Délila.

–    Non ! Je vais tuer Sulli moi-même ! peste-t-elle.

–    Cela ne changerait rien à la situation, assure son amie en lui prenant la main.

–    Claude ? demande sa fiancée en le regardant avec tristesse.

–    Je suis désolée, chérie.

Il s’approche d’elle pour déposer un baiser sur son crâne.

–    Je ne crois pas qu’on trouve une solution à ça, ajoute-t-il.

Anaïs y réfléchit néanmoins. Elle doit absolument trouver un moyen pour que Délila soit présente.

–    On va gérer, lance-t-elle à son fiancé.

Ce dernier quitte la pièce, allant vaquer à ses occupations.

–    Tu crains vraiment le soleil ?

Les yeux de Délila s’écarquillent, évidemment qu’elle le craint ! D’ailleurs, Anaïs a eu un aperçu de ce qu’il est capable de lui faire.

–    Tu ne te souviens pas chez Sulli ?

–    Si, soupire Anaïs. Il n’y a vraiment pas de solution ?

–    Je pourrais toujours demander à Bastian, mais je crois que non.

Anaïs se résigne, il semblerait qu’elle n’aura pas sa meilleure amie à ses côtés le jour le plus important de sa vie.

Devant sa mine triste, Délila lui assure qu’elle fera son possible pour trouver un moyen.

Anaïs retrouve alors le sourire.

–    Parle-moi de ton roman… C’est génial comme idée !

–    C’est Bastian qui l’a eue. Et je pense que ça m’aidera.

–    Je veux être la première à le lire.

–    Promis.

Les deux amies discutent un long moment de ce que Délila racontera, et surtout à partir de quand elle compte le commencer.

Deux bonnes heures plus tard, la nouvelle-née informe sa meilleure amie de son intention d’aller voir Sulli pour savoir où il en est et de mettre les choses à plat avec lui.

–    Tu es sûre ? Je croyais que tu voulais lui laisser du temps.

–    Je veux aussi avancer.

Anaïs ne peut que la comprendre, même si elle craint que cette entrevue fasse plus de mal que de bien à la jeune femme. Le vampire trahi sera sans doute monstrueux et blessant, et elle, fragile comme elle est, ne surmontera pas cette épreuve avec facilité.

–    Je vais t’y conduire, décide Anaïs, à moins que Bastian ne le fasse.

–    Il ignore mes projets.

Anaïs lui fait alors une moue boudeuse pour lui montrer son désaccord.

–    Arrête de lui faire des cachoteries !

–    Je lui dirai quand je rentrerai, ne t’inquiète pas.

–    Suis-moi.

La jeune femme va rapidement prévenir son fiancé qu’elle reconduit Délila chez elle, lui non plus n’a pas à connaître les détails de la vie privée de la jeune femme, surtout si Bastian décide de venir frapper à leur porte en son absence et que Claude lui raconte où est Délila.

Rapidement, les deux femmes prennent la voiture et Anaïs conduit jusqu’à la propriété du Duc Lancaster.

Quand elle stationne devant la grande grille noire, elle demande à son amie d’être prudente.

–    Rassure-toi, ça ira.

–    Oui, je n’en doute pas un instant ! se moque-t-elle. Je te rappelle qu’il t’a transformée en vampire.

–    Je ne pense pas qu’il puisse me faire plus de mal, dit-elle avec tristesse.

–    Fais attention, je ne… je ne l’aime plus.

Délila esquisse un sourire.

–    Quoi ? Ce vampire me met hors de moi ! Choisis Bastian ! Non, laisse, ne m’écoute pas. Suis ton cœur.

–    Il ne bat plus, soupire Délila avant de plaquer une bise sur sa joue. À très vite.

–    Oui. Fais attention ! crie-t-elle encore alors que son amie referme déjà la portière.

Délila a l’impression que cela fait une éternité qu’elle n’est pas venue ici, alors qu’il n’en est rien. Elle pousse la grille en fer avant de pénétrer dans la propriété, voyant comme s’ils étaient en plein jour.

Elle entend la voiture d’Anaïs s’en aller quand elle referme la porte du château, appréhendant les prochains évènements comme jamais. Elle ignore ce qu’il va se passer, ce qu’il se dira, et ressortira de tout cela… Mais une chose est sûre : elle est terrifiée.

 

 

 

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