– Dès demain, nous rentrerons en Transylvanie, annonce Lilith à Sulli.
Pour le vampire, c’est totalement hors de question, mais il ne peut pas lui opposer son refus, si bien qu’il garde le silence.
– Père sera ravi de t’avoir de nouveau chez nous, se réjouit-elle.
– Pendant combien de temps ?
– Quoi donc ? s’étonne-t-elle.
– Combien de temps avant que tu me fiches dehors comme une merde ? C’est bien ce que tu fais habituellement.
La démone lui octroie un regard de glace, faisant regretter ses mots à Sulli. Mais il refuse de partir et de demeurer son pantin pour une durée indéterminée. S’il veut pouvoir rester ici et vivre sa vie, alors il va devoir trouver un plan d’action rapidement.
– Je ne te permets pas ! D’ailleurs, je ne compte pas te rendre ta liberté. Tu m’appartiens ! Et si un jour je me lasse de toi, je te tuerai. À toi de faire en sorte que cela n’arrive jamais.
Ou arrive au plus vite pour que je sois enfin débarrassé de toi !
– J’ai contacté une connaissance dans l’immobilier, elle viendra d’ici une heure.
– Pourquoi ? Tu veux qu’on achète en Transylvanie ?
– Non. On vivra au château. Mais toi, tu vas vendre celui-ci.
Il ne répond rien. Il l’a fait rénover pour Délila, parce qu’elle était humaine et avait des besoins. Maintenant, tout cela n’a plus la moindre importance. D’ailleurs, même s’il arrive à se débarrasser de Lilith et y survivre, jamais il ne pourra rester ici, pas après toutes les atrocités qu’elle lui a fait subir, et les viols auxquels elle s’adonne sur sa personne jour après jour, parce qu’il n’est pas consentant. Même s’il est obligé de donner le change, il ressent réellement ces actes sexuels comme des abus.
– Si tu veux.
Lilith le regarde avec étonnement, elle pensait devoir convaincre son compagnon pour qu’il accepte la vente.
– Je te préviens que c’est immédiat. On n’attend pas qu’un acheteur se manifeste avant d’avoir l’argent. C’est l’agence qui achète le château.
– Ça me va très bien.
– Dans ce cas, c’est parfait. On va rassembler les affaires que tu gardes dans le hall.
– Je ne veux que mes vêtements, répond-il.
Le reste n’a aucune importance, aucun sens… autant s’en détacher.
Lilith l’aide alors à faire ses valises. Sulli se force à ne rien éprouver, préférant se faciliter la tâche.
Quand l’amie de la démone – Brézhia – arrive, elle visite les lieux, enchantée et emballée par la transaction, d’autant que Lilith n’a pas exagéré sur le prix de vente. En fait, elle a même été plutôt juste.
Sulli ne fait pas réellement attention à la grande rousse aux yeux verts qui discute avec son ennemie lors de la visite, ayant bien compris qu’il s’agissait d’une femelle de son espèce. Il souhaite trouver un moyen de s’échapper des griffes de celle qu’il qualifie de folle et il vient de trouver la solution.
Après la visite, les trois vampires s’installent autour de la table de la salle à manger pour conclure la transaction, et Sulli se voit remettre un joli paquet d’argent. Il sait déjà ce qu’il en fera, il s’achètera un appartement en ville, au dernier étage d’une tour prestigieuse, avec accès à une terrasse où il fera installer un jacuzzi. Il n’écoute rien de ce qu’il se dit, entend juste que Brézhia accepte qu’ils ne quittent les lieux que la nuit prochaine.
– Je suis comblée par cette transaction, confie la superbe rousse en serrant la main du vampire.
– Moi de même.
Lilith raccompagne la jeune femme à la porte alors que le vampire décide de mettre son plan à exécution. Tout va dans son sens, il quittera le château demain, mais seul.
– Tu es sûre que ça te convient ? s’intéresse la démone après le départ de sa connaissance.
– Oui. Cet endroit ne me servira plus à rien. Autant qu’il me rapporte de l’argent.
– C’est aussi ce que je pense.
Elle se blottit contre le vampire qui l’enlace, avant de lui murmurer qu’elle lui a ouvert les yeux.
– À propos de quoi ?
– Je ne sais pas si c’est le fait de voir que tu prends les choses en main pour notre retour en Transylvanie, mais je me sens soulagé, comme si plus rien ne pesait sur mes épaules.
– On sera heureux, Sulli. Je te demande juste de me laisser une chance, de repenser aux moments incroyables qu’on a passés ensemble.
Il acquiesce, sachant pertinemment qu’elle n’est pas sincère. Elle le manipule encore une fois pour obtenir ses faveurs, pour arriver à ses fins. Il a appris à la connaître depuis le temps !
– Qu’as-tu envie de faire ? se renseigne-t-il.
– Je ne sais pas. On a conclu la transaction, on a fait tes valises… hum… on pourrait s’occuper agréablement avant de dormir une journée entière puis de voler vers notre nouvelle vie.
Sulli n’en a aucune envie, mais il doit feindre d’être intéressé s’il veut la convaincre un minimum et lui faire baisser sa garde, même quelques secondes. Mais elle est rusée, alors il doute que ce puisse être si simple, il doute que cette seule nuit suffise. Il s’en veut de ne pas avoir eu cette idée plus tôt, il aurait ainsi eu plus de temps pour se métamorphoser. Changer radicalement en quelques minutes, jamais la démone n’y croira !
Pourtant, il doit tenter sa chance…
– Je n’aime pas le sexe, répond-il pour rester fidèle à lui-même.
– Eh bien, tu apprendras ! Montons.
Il obéit, la suivant jusque dans sa chambre, celle qui ne représente plus rien pour lui, celle qui a en quelque sorte été bafouée par les actes de la démone.
– Chez nous, on pimentera les choses, l'informe-t-elle en retirant la longue robe qu’elle porte.
– Comment ça ? demande-t-il en restant immobile.
– On invitera des servantes à nous rejoindre, et peut-être même des mâles vampires. Qu’en dis-tu ?
Il en dit que jamais il n’aura cette occasion parce que jamais il ne la suivra, mais il acquiesce, taisant sa véritable pensée.
– Tu aimeras le sexe avec plusieurs femmes, tu verras, lui assure-t-elle, taquine, en retirant ses sous-vêtements.
De nouveau, il se retrouve avec Lilith complètement nue sous ses yeux, elle a un corps parfait, une peau qui appelle les caresses, mais comme à chaque fois, il n’arrive pas à éprouver le moindre désir. C’est comme si cette femelle vampire l’avait complètement dégoûté du sexe.
– Approche…
Il obéit en s’obligeant à penser à une autre femme, à une avec laquelle il éprouverait du désir, mais quand il pose ses yeux sur Lilith, il n’y parvient plus.
La démone le déshabille lentement, effleurant sa peau et ses parties intimes, sans que cela n’excite le vampire. Lorsqu’il est nu, la femme qu’il déteste en face de lui, il a une idée pour parvenir à satisfaire les exigences de celle-ci. Il la fait pivoter pour ainsi ne plus voir que ses cheveux blonds, et la plaque contre son torse, s’imaginant revenir dans le passé. Dans un passé à la fois proche et lointain, celui où Délila était humaine et à lui. Il imagine tenir cette femme dans ses bras – sa compagne –, ferme les yeux jusqu’à sentir son parfum… Alors seulement, il arrive à caresser sa peau, à embrasser son cou, à sentir son corps s’exciter, éprouver du désir pour elle. Il la plaque fortement contre lui pour ne pas qu’elle lui échappe, embrasse ses lèvres quand elle tourne la tête pour les lui présenter, caresse sa poitrine, sans toutefois la regarder.
Rapidement, il pénètre en elle sans changer de position, la laisse passer ses mains dans ses cheveux, gémir pour lui… Il pourrait presque y croire. Mais elle finit par se retourner pour se retrouver face à lui, et là, il n’y arrive plus… Il ne peut plus faire semblant, alors il met son plan à exécution, prêt à subir les foudres de son ennemie s’il échoue.
Il entoure son doux visage qu’il a appris à haïr de ses mains et l’embrasse avec toute la tendresse qui lui est possible. Ensuite, il fait glisser ses lèvres sur sa figure, son cou, alors qu’elle caresse son membre dressé fièrement. Sulli fait descendre ses mains le long du cou de la jeune femme, tourne autour d’elle pour qu’elle lâche son sexe et se retrouve derrière elle, le sentant totalement à lui, abandonnée comme si elle lui faisait pleinement confiance. C’est alors que, sans réfléchir, il se gonfle de la force dont il a besoin pour la détruire et lui brise la nuque, d’un coup sec. Il la laisse tomber, telle une poupée de chiffon désarticuler.
Sans perdre un instant, il s’empare d’un morceau de bois façonné en pieu et le lui enfonce dans le cœur.
Ignorant si tout est fini ou s’il faut faire autre chose, il enfile son caleçon et son pantalon avant d’appeler Bastian.
Ce dernier est très étonné en décrochant.
– Sulli ? Je pensais ne plus jamais t’entendre.
– J’ai besoin d’aide. Après je disparais.
– Que veux-tu ?
– J’ai réglé mon problème, mais je veux m’assurer que jamais plus elle ne revienne.
– Lilith ?
– Viens, s’il te plaît, je suis chez moi.
– C’est comme si j’y étais.
Sulli pensait avoir besoin de plus d’arguments pour convaincre Bastian, mais il imagine que ce dernier aime la nouvelle, étant quelque peu en sursis. Lilith ne l’a peut-être pas tué pour avoir retiré la vie à Jose, mais elle l’aurait fait tôt ou tard.
Son ancien ami ne tarde pas à arriver. Sulli a eu le temps de remettre son pull.
– Ouah ! s’exclame seulement Bastian en regardant le corps inerte de Lilith que Sulli a rhabillé et saucissonné avec de la corde.
– Le pieu dans le cœur pour son côté vampire, la nuque brisée pour l’humain, je ne sais pas si c’est suffisant.
– Elle est vieille, il faut lui couper la tête et la brûler.
– Je ne peux pas faire ça ici.
– Tu as une hache ?
– Dans la cave.
– Alors, prends cette chose et on se retrouve à l’arrière du château. On ira dans les montagnes. Prévois un briquet, je prends de l’essence.
Sulli acquiesce et met un briquet dans sa poche alors que Bastian se rend à la cave.
À peine quelques minutes après, les deux vampires se rendent dans les montagnes isolées. Sulli dépose le corps inerte sur le sol, se faisant une joie de lui couper la tête avec la hache que lui tend Bastian. Il l’asperge ensuite d’essence et la fait brûler sans éprouver la moindre douleur.
– Tu veux en parler ? questionne Bastian en regardant la femme se décomposer sous l’effet des flammes.
– Non.
Les deux vampires gardent le silence, observant la désintégration de la démone avec satisfaction, mais pas pour les mêmes raisons.
Sulli se sent enfin libéré d’elle.
Bastian est rassuré de savoir qu’elle ne corrompra pas Délila en lui offrant son sang ensorcelé.
– Qu’as-tu dit à Délila ? questionne Sulli quand il ne reste presque plus rien de la démone.
– Elle n’était pas là quand tu as appelé. Elle a passé la journée avec Anaïs à faire les boutiques…
– Mais, elle ne peut pas !
– Si… Lilith lui avait donné un moyen. Elle lui aurait bousillé la vie avec ses conneries.
Il crache sur le corps de la morte, content qu’elle ne puisse plus nuire à autrui.
– Garde ça pour toi, réclame Sulli. Elle est repartie en Transylvanie.
Bastian acquiesce.
Lorsque le feu est éteint et que le corps n’est plus que poussière, les deux hommes enterrent les cendres, puis chacun retourne chez soi.
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