Chapitre 23

 

 

 

Quelques jours plus tard, la veille du mariage d’Anaïs et de Claude, Délila reçoit un bien étrange paquet. Plus aucun livreur ne frappe à sa porte ces derniers temps, et encore moins après le coucher du soleil – elle ne commande plus rien. C’est d’ailleurs ce qui l’inquiète quand elle fixe le colis qu’elle a reçu, posé sur le plan de travail. Si on a spécifié à ce qu’il soit livré en soirée c’est bien que son expéditeur connaît sa nature. Cela l’effraye. Que va-t-elle trouver ?

–    Qui était-ce ? résonne la voix de Bastian depuis la salle de bain.

–    Un livreur.

Le vampire ne semble pas trouver cela étrange et poursuit sa toilette.

Prenant son courage à deux mains, Délila ouvre le carton. La première chose qui lui saute aux yeux, hormis le papier de soie, c’est la lettre. Elle la prend et la lit :

 

Je ne pourrai jamais réparer le mal que je t’ai fait, mais je peux te rendre ton reflet.

Sulli.

 

Elle est étonnée, mais cela confirme bien son intuition, la personne qui lui a envoyé ce colis connaît sa nature.

La jeune femme pose la lettre sur le plan de travail et dégage précautionneusement le papier de soie pour apercevoir un grand miroir ovale dans lequel elle se voit. Elle en pleurerait presque de joie, elle qui pensait ne plus jamais pouvoir se regarder ! Elle se trouve très belle, sa nature l’a sublimée. Bien qu’elle ignorait qu’un tel miroir existe, elle est plus qu’heureuse d’en posséder un. Cela va lui changer la vie. Maintenant, elle pourra se regarder quand elle se coiffera ou passera de l’eau sur son visage… Elle sera parfaite le jour des noces de sa meilleure amie.

–    C’est quoi ? s’enquiert Bastian en enlaçant sa taille. Un magic reflet. Ouah ! Je ne savais pas que tu en avais commandé un, ce truc vaut une fortune.

–    Tu savais que ça existait ?

–    Oui. J’en ai déjà vu chez de riches vampires. Où l’as-tu acheté ?

–    On me l’a offert.

Instantanément, les sens du vampire se mettent en alertent. Qui aurait eu intérêt à lui faire un tel cadeau ?

–    C’est Sulli, l’informe-t-elle en lui tendant le mot glissé dans le colis.

Bastian le lit sans y prêter une grande attention, trouvant ce geste un peu trop noble de la part de celui qui est devenu son rival.

–    Tu comptes le remercier ? questionne-t-il en essayant de masquer sa jalousie.

–    J’ignore où il vit.

Et c’est tant mieux, selon le vampire. Il sait que sa petite amie est allée rendre une visite à Sulli au château il y a quelques jours. Il sait aussi que ce n’est pas lui précisément qu’elle allait voir, mais Lilith. Délila lui a raconté l’entrevue qu’elle a eue avec le vampire, ce qu’il lui a dit – à savoir le retour de la démone dans son pays – et son déménagement.

La jeune femme a menti à Bastian, mais il l’ignore.

–    Et comme il n’a plus son téléphone, tu ne peux pas le joindre non plus, enchérit-il, bienheureux que Sulli ait eu la décence de s’effacer ainsi.

Il a apporté trop de souffrance dans la vie de la jeune femme et Bastian aimerait qu’il ne réapparaisse jamais.

–    Où comptes-tu accrocher cette merveille ?

Délila ne répond pas, y réfléchissant activement, alors que Bastian s’admire – cela faisait longtemps qu’il n’avait pas eu la possibilité de se regarder.

–    Je suis quand même super canon ! s’exclame-t-il.

–    Je confirme, admet-elle en souriant.

À cet instant, il a de nouveau envie de lui faire part de ses sentiments pour elle, mais il a toujours cette crainte qu’elle ne les partage pas ou s’enfuit, s’éloigne de lui… Il préfère attendre qu’elle fasse le premier pas, si tant est qu’elle le fasse un jour ! Alors, il la prend dans ses bras et dépose un baiser sur son front.

–    Il serait bien dans la salle de bain, ajoute-t-elle finalement.

–    Choix judicieux, acquiesce Bastian. Que veux-tu qu’on fasse cette nuit ?

Elle pivote pour se retrouver face à lui, sans briser l’étreinte, et passe ses bras autour de son cou.

–    Dormir, sourit-elle. Demain, nous avons une journée chargée.

–    C’est vrai, acquiesce-t-il avant d’emprisonner ses lèvres.

Il a accepté de l’accompagner au mariage d’Anaïs et espère ne pas avoir à le regretter, que tout se passera bien. Deux vampires parmi les humains, cela peut faire désordre, surtout que, pour un meilleur fonctionnement de l’élixir préparé par Lilith, ils ne doivent pas se nourrir avant de le prendre. Cela revient donc à libérer deux vampires non nourris au milieu d’une horde d’humains qui deviendront sans le moindre doute appétissants.

Bastian peut contrôler sa soif, c’est un vieux vampire, mais il se questionne sur Délila. Elle lui a déjà prouvé qu’elle a beaucoup de contrôle sur elle-même et dans tous les domaines, mais qu’adviendra-t-il si la soif s’empare d’elle ? Il ne peut pas non plus ignorer que la lune noire sera présente dans le ciel la nuit prochaine, lors de la réception, et que la nouvelle-née pourrait ne pas résister à l’appel des morsures nocturnes.

Il se promet de veiller sur elle et de ne pas la quitter d’une semelle, quitte à paraître pour un petit ami jaloux et possessif.

Leur baiser prend rapidement de l’ampleur à laquelle Bastian donne libre cours, désirant la jeune femme à chaque seconde de son existence. Il en est souvent à se demander ce qu’il ferait s’il devait la perdre. Elle a pris tellement d’importance.

–    On va faire comme t’as dit, on va aller dormir, souffle-t-il contre ses lèvres, mais avant, j’ai envie de toi, mon cœur.

Il la sent glisser ses mains sous son pull pour caresser sa peau, puis entre ses cuisses pour constater qu’il est plus que prêt à l’honorer, c’est alors qu’elle s’écarte de lui, l’invitant à le suivre.

Bastian la regarde avec envie, la désire comme à chaque fois qu’il est proche d’elle ; il émet un grognement de satisfaction en la regardant retirer son pull, puis un autre quand elle le laisse tomber sur le sol.

Délila lui fait signe de la suivre et se rend avec lenteur dans la chambre, retirant son jean, pour se retrouver en sous-vêtement dans la pièce qui abrite leurs moments les plus intimes.

Bastian retire son pull en suivant la jeune femme, puis son pantalon, pour se retrouver lui aussi seulement en caleçon devant celle qu’il contemple en train de s’allonger sur le lit encore défait, témoin de leurs ébats de la journée.

–    Tu es belle, la complimente-t-il.

–    Toi aussi, t’es craquant dans ton genre.

Il s’approche d’elle avec lenteur, s’assoit sur le bord du lit pour ensuite faire courir ses doigts le long de ses jambes.

–    J’aimerais que tu fasses quelque chose pour moi, mon cœur, sollicite-t-il en montant de plus en plus haut, jusqu’à frôler le tissu de son sous-vêtement.

–    Dis-moi, murmure-t-elle, excitée par ses caresses.

Le vampire ne répond pas tout de suite, s’approchant encore un peu pour poser ses lèvres sur ses cuisses, puis faire glisser sa langue jusqu’à sa féminité, sans jamais l’effleurer.

–    Laisse-toi aller, réclame-t-il. Je veux que tu laisses ta nature prédatrice prendre le dessus, juste pour cette fois.

Il lui demande bien de faire taire sa part d’humanité pour laquelle elle se bat depuis qu’elle est ce qu’elle déteste. Le peut-elle ? Peut-elle lui accorder cette faveur ? Se libérer du peu d’humanité qu’il lui reste ? Pour Bastian ? Pourra-t-elle la retrouver ensuite ou sera-t-il trop tard ?

Tant de questions se bousculent dans sa tête, pourtant le moment est très mal choisi pour les poser. Elle sent les doigts du vampire passer sous le tissu de sa culotte et caresser ses lèvres. Elle gémit de plaisir, incapable de réfléchir à la requête qu’il a formulée.

–    Donne-toi à moi… complètement… susurre-t-il en retirant délicatement son sous-vêtement gênant, effleurant chaque parcelle de sa peau pour augmenter l’excitation.

Il glisse ensuite ses doigts le long de ses jambes, les écartant doucement, plongeant en elle avec une grande tendresse, l’écoutant gémir de plaisir pour lui. Bastian veut tout d’elle, comme il veut tout lui donner. Mais de façon vampirique. Il désire sincèrement qu’elle arrête de se croire humaine et qu’elle accepte enfin ce qu’elle est, même s’il connaît ses réticences à ce sujet. Il pense pouvoir l’y aider, mais le veut-elle seulement ?

Le vampire remplace rapidement ses doigts par sa langue, qui se veut experte et coquine, faisant se cambrer sa partenaire qui atteint l’orgasme rapidement.

Bastian s’allonge sur sa compagne, lui retirant rapidement le dernier bout de tissu sur son corps, avant de glisser en elle avec lenteur, décuplant le plaisir qu’il lui donne et ressent.

Il souhaite plus que tout qu’elle se libère, mais ne compte pas la brusquer pour autant, elle pourrait se braquer et le rejeter, ce dont il n’a pas la moindre envie. Alors il garde le silence en lui faisant l’amour, espérant secrètement qu’elle se lâche, mais encore une fois, elle se maîtrise bien trop, s’attachant à sa part d’humanité comme à une bouée de sauvetage… comme si sa survie en dépendait.

 

 

 

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