Délila se laisse glisser le long du mur attenant à l’appartement de Sulli, incapable de retenir ses larmes. Elle s’assoit sur le sol habillé d’une moquette bleu nuit et pleure.
C’est la goutte d’eau qui fait déborder la vase… Sulli refuse de l’aider. Qu’espérait-elle ? Elle se le demande encore ! C’est à lui qu’elle doit son état, pourquoi l’aurait-il aidée à redevenir normale ? Il n’est qu’un monstre sans cœur, un vampire ne peut pas aimer !
La jeune femme se laisse aller à son chagrin, persuadée que sa vie est fichue. Rien ne pourra jamais plus la faire sourire maintenant, et surtout pas Bastian, qui n’est en fait qu’un menteur. Elle lui faisait confiance et il n’a pas hésité à lui raconter des mensonges, la laissant croire qu’il avait posé les questions qu’elle considère comme les plus importantes à la sorcière. Jamais elle ne lui accordera son pardon.
Elle espère qu’il existe un autre moyen pour qu’elle retrouve sa vie… parce que, décidément, elle ne peut pas compter sur Sulli.
– Viens à l’intérieur, je te laisserai tranquille. Mais ne reste pas là, l’immeuble est truffé de vampires, souffle Sulli.
En réalité, il appartient à un vampire. Et bien que les habitants ne représentent aucun danger pour Délila, l’une des leurs, Sullivan préfère qu’elle soit à l’abri, sachant qu’elle dénigre sa nouvelle nature.
La jeune femme se relève – durant quelques secondes le propriétaire de l’étage craint qu’elle s’en aille – et pénètre à nouveau dans le spacieux appartement. Elle s’adosse au mur et se laisse glisser jusqu’au sol, silencieuse.
Sullivan l’imite, s’asseyant à côté d’elle.
Tout d’abord, personne ne parle, mais après de longues minutes, Sulli rompt le silence.
– Je suis désolé que tu ne comprennes pas mon point de vue.
Elle ne répond rien, ayant décidé de ne pas l’écouter et encore moins de lui parler. Juste de l’ignorer.
Face à son mutisme, le vampire décide de tenter de lui faire comprendre sa façon de voir les choses, avec prudence néanmoins, n’ignorant pas à quel point ce sujet est sensible.
– Je doute de la sincérité de la sorcière et de celle de ton ami Drew.
Délila lève ses yeux embués de larmes vers lui, le foudroyant du regard.
– Tu ne pourras jamais revenir en arrière, alors que gagnent-ils à te le faire croire ?
Rien. Voilà le premier mot qui se fraye un chemin dans son esprit. Ils n’y gagnent rien. Drew le fait par amitié et la sorcière parce que… elle l’ignore. Mais est-ce vraiment important ? Elle peut redevenir comme avant, pourquoi devrait-elle réfléchir davantage ?
– Est-ce que ton ami sait que je suis responsable de la mort de sa fiancée ? demande-t-il avec prudence.
Délila le fixe toujours. Drew le sait-il ? Il n’en a aucune possibilité. C’est d’ailleurs pour cela qu’il a recours à la sorcière.
– Non.
– En es-tu sûre ? insiste-t-il en esquissant un merveilleux sourire.
Délila y réfléchit à nouveau. Drew n’a pas fait allusion au fait que son créateur soit le meurtrier de Peggy, donc il ne doit pas le savoir. Il est vrai qu’il aurait très bien pu le lui cacher et que cela pourrait fortement expliquer le fait qu’il souhaite l’aider à retrouver son humanité, chose totalement impossible selon Sulli. Mais le vampire n’est pas une sorcière, et si Bradie dit que c’est possible dans son cas, alors cela doit l’être. Drew ne lui tendrait pas de piège pour atteindre Sulli. Il n’a pas besoin d’elle puisqu’il a Bradie. Donc non, elle n’y croit pas.
– J’en suis certaine, affirme-t-elle. Il ignore tout.
Sullivan acquiesce, voulant bien la croire mais pas sans réserve. Il ne fait pas confiance à la sorcière et encore moins à son soi-disant ami bienveillant.
– D’accord.
Le silence règne de nouveau durant de longues minutes avant que Sulli ne soupire, décidé à adoucir la jeune femme envers lui, et peu importe les conséquences. Il est prêt à prendre le risque qu’elle lui en veuille. De toute façon, cela ne peut pas être pire, si ?
– Je t’aiderai. Si la sorcière peut vraiment inverser le processus, je t’aiderai.
Ces mots, à eux seuls, ont réussi à faire naître un magnifique sourire sur le visage de la belle blonde.
Le vampire préfère nettement la voir ainsi. Il approche doucement sa main de son visage pour ensuite essuyer ses larmes avec délicatesse.
Délila n’y émet aucune opposition, savourant le contact de ses doigts sur sa peau. Elle ferme même les yeux quelques secondes pour l’apprécier davantage. Quand elle les ouvre, le visage du vampire est proche du sien.
Sulli frôle les lèvres de la jeune femme avant de l’embrasser. D’abord doucement, avec prudence, puis en caressant sa langue de la sienne. Il se rapproche de son corps qu’il réclame avidement pour l’enlacer, ne rencontrant aucune opposition, ce qui l’encourage à poursuivre. Elle lui manque tellement qu’il n’arrive plus à vivre sans elle, il pensait qu’il y parviendrait en s’éloignant, mais il n’a même pas réussi à quitter la ville. Il n’a jamais ressenti un tel manque en étant loin d’une femme, et il sait pourquoi. Qu’elle soit humaine ou vampire, il l’aime plus que tout, elle est son âme sœur dans la vie comme dans la mort.
Rapidement, il se redresse et l’invite à le suivre dans sa chambre.
C’est une pièce très grande et joliment décorée dans les tons noirs et bordeaux.
Délila ne s’attarde pas sur le mobilier, s’allongeant rapidement sur le lit moelleux, laissant l’homme debout devant elle la déshabiller lentement. Il fait ensuite voler ses vêtements pour la rejoindre sur le lit, dans sa tenue d’Adam.
Allongé sur elle, il l’embrasse et la caresse comme plus jamais il ne pensait le faire. Il ne l’a pas touchée ainsi depuis qu’elle a été transformée. Leurs corps de vampire ne se sont jamais unis.
Sullivan quitte les lèvres de la jeune femme pour faire glisser sa bouche et sa langue dans son cou, traçant une ligne de feu jusqu’à son sein gauche qu’il prend en bouche alors qu’elle se cambre, le léchant, le mordant, le titillant, réservant ensuite le même traitement au droit.
Délila se consume de désir dans ses bras, caressant son dos, enfonçant ses ongles dans sa peau alors qu’elle s’arc-boute lorsqu’il poursuit sa descente, faisant glisser sa langue jusqu’à son bas ventre, laissant sur elle une trace incandescente. Elle gémit lorsqu’elle la sent contre sa féminité, se mordant pour ne pas jouir instantanément, mais c’est peine perdue quand Sulli la glisse en elle.
Quand celle qu’il chérit a atteint son premier orgasme, Sulli se redresse pour plonger ses yeux dans les siens où se reflètent son plaisir et son désir. Il embrasse son ventre jusqu’à remonter à ses lèvres qu’il emprisonne pour un long baiser passionné. Puis, doucement, il se glisse en elle, la faisant gémir alors qu’il l’épouse parfaitement. Il l’embrasse à nouveau avant d’aller et venir en elle, tout d’abord très lentement, puis de plus en plus vite.
– Tu me manques terriblement, murmure-t-il en nichant sa tête dans le creux de son épaule.
– Toi aussi, répond Délila sans avoir réfléchi au préalable à ce qu’il est préférable de ne pas dire.
Elle est totalement en accord avec lui, perdue dans les flots de son plaisir et d’un bien-être incommensurable. Incapable de réfléchir à ce qu’elle fait, juste à ce qu’elle ressent.
Sulli embrasse sa gorge alors qu’elle est dévastée par un second orgasme, il peut d’ailleurs en apprécier l’ampleur aux ongles qu’elles enfoncent dans sa chair.
Il jouit rapidement après elle, mais ne compte pas mettre fin à ce moment de pur bonheur aussi rapidement. Il ne quitte pas le corps ardent de la jeune femme et mordille le lobe de son oreille avant de recommencer ses pénétrations.
L’acte charnel s’étend encore, doux, tendre, délicieux, plaisant… Aucun d’eux n’a envie d’y mettre fin, désirant savourer la présence de l’autre au maximum.
En atteignant un nouvel orgasme, Sulli se confie à Délila :
– Je t’aime…
Toutes les bonnes choses ont une fin, et à celle de leur moment de passion, Délila reste blottie contre lui, savourant leur promiscuité, en commettant l’erreur de lui confier ses sentiments.
– Je t’aime aussi…
Le vampire s’endort alors qu’elle réfléchit à ce qu’il vient de se passer, à l’impact de cet acte sur sa vie.
N’avait-elle pas dit qu’elle n’aurait jamais voulu le rencontrer ?
N’est-elle pas avec l’homme – le vampire – qui a littéralement brisé sa vie ?
Sans perdre un instant, elle enfile sa robe et quitte l’appartement sans faire le moindre bruit.
Elle regrette instantanément tout ce qu’il vient de se passer. Jamais elle n’aurait dû se laisser aller, elle s’en veut terriblement. Elle ne veut pas de Sulli. Elle veut seulement retrouver son humanité et chasser les vampires de sa vie… tous les vampires.
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