Chapitre 31

 

 

 

Délila se réveille doucement, s’étire, puis constate qu’elle ne ressent plus la moindre douleur. Elle sourit de bien-être. Elle quitte le lit sans difficulté et se regarde dans le miroir de sa chambre. Elle se voit. Des larmes de joie roulent sur son visage alors qu’elle pose sa main sur son cœur… qui bat.

Elle est humaine !

La jeune femme se prépare hâtivement, sa nouvelle vie est à portée de main et elle a plein de projets dans la tête. Elle va enfin revivre…

Quelques minutes plus tard, affamée, elle rejoint Bastian dans la pièce à vivre.

Le vampire est campé sur ses jambes, les bras croisés, la mine triste et perdue.

–    Bonjour, lance-t-elle en regardant ce qu’elle a à manger dans ses placards.

La majorité de sa nourriture est périmée, mais elle trouve toutefois un paquet de biscuits.

–    Je voudrais qu’on discute, annonce Bastian.

Délila pose le paquet sur le plan de travail avant d’aller se placer en face de Bastian. Elle imagine qu’il a des questions plein la tête et compte lui répondre, mettre les choses au clair avec lui.

–    J’ai toujours eu beaucoup de mal à te comprendre, mais là… c’est pire que d’habitude.

–    Que veux-tu savoir ?

–    Où étais-tu hier ?

–    Avec Sulli.

Il le savait, mais n’arrive pas à cacher sa déception.

–    Tu es de nouveau avec lui ?

–    Non. Sulli est parti.

–    Parti ? Comment ça ?

–    Il a quitté le pays. Je ne sais pas où il est allé. C’est juste… terminé.

–    Je suis désolé.

–    Pourquoi ? C’est ce que je voulais.

Là, il ne comprend plus. Il est certain qu’elle est amoureuse de son rival, alors pourquoi avoir voulu qu’il s’en aille ? Elle aurait pu passer l’éternité avec lui.

–    Je… Pourquoi ?

En guise de réponse, elle prend sa main dans la sienne un instant et pose ensuite sa paume sur son cœur… qui bat.

Médusé, Bastian ne trouve rien à dire. Un paquet de questions défilent dans son esprit sans qu’il ne puisse les formuler.

–    Si j’étais avec Sulli, c’était pour lui faire part de la requête d’Illeana. Le corps de sa fille contre mon humanité. Il m’a révélé comment elle est morte et où elle était avant d’accepter de partir. J’ai retrouvé la démone et elle a tenu sa parole.

–    Elle t’a transformée en humaine ? s’ahurit Bastian sans retirer sa main de son cœur.

Elle acquiesce d’un hochement de tête.

–    Maintenant, je reprends ma vie là où je l’ai arrêtée… sans vampire.

Bastian retire sa main, comprenant que c’est terminé avec la femme qu’il aime. Il pourra dire et faire ce qu’il veut, rien n’y fera. Il l’a perdue. Il n’y a aucun avenir possible avec elle parce qu’il est un vampire et qu’elle ne veut pas d’un mâle immortel.

–    Je vais faire un saut au Journal et j’irai sans doute boire un verre avec Anaïs. Quand je rentrerai ce soir, je veux que tu sois parti.

Doit-il se ridiculiser en lui avouant ses sentiments ? Ou doit-il se taire et la laisser s’en aller sans essayer de la retenir ? Il le regrettera toujours s’il ne s’est pas suffisamment battu pour la garder.

Alors qu’elle avale un biscuit, il décide d’être sincère et de tenter le tout pour le tout.

–    Je ne te l’ai jamais dit, mais je crois qu’il est temps… au moins pour que tu le saches.

Elle pivote pour le regarder et attend la suite.

–    Je t’aime Délila.

La jeune femme esquisse un sourire, pose son biscuit et s’approche du vampire. Le cœur battant plus vite, elle caresse son visage.

–    Je t’aime aussi Bastian. Mais ça ne change rien.

–    Et lui ? demande-t-il, les poings serrés.

–    Je l’aime. Je vous aime tous les deux.

Elle attrape le paquet de biscuits et son sac à main avant de quitter l’appartement, les larmes aux yeux. C’était difficile de lui avouer la vérité, mais il devait savoir. Et même si elle l’aime, rien n’est possible avec lui. Elle ne veut pas d’une vie avec un immortel, que ce soit Bastian ou Sulli.

Non. Elle veut une vie normale. Une vie d’humaine.

 

Sentir de nouveau sentir sur le soleil sur sa peau est un véritable plaisir pour Délila, mais ce n’est en rien comparable à l’accueil que ses collègues lui réservent quand elle pénètre dans les locaux. Tout le monde est ravi de la voir et lui demande comment elle va. Elle ignore ce que Claude et Anaïs ont raconté pour justifier son absence, mais elle croit comprendre que c’est lié à sa santé.

Rapidement, elle entre dans le bureau de son amie, plongée dans son travail.

–    Un instant, articule-t-elle sans lever les yeux de son écran.

–    Prends ton temps.

Aussitôt, Anaïs perd le fils de ses pensées, concentrée sur cette voix qu’elle reconnaîtrait entre mille. Ses yeux confirment ce qu’elle pensait, c’est Délila qui se tient en face d’elle. Et elle sourit.

–    Un coup de main de Lilith ? suppose la journaliste.

–    Théoriquement elle est morte, plus pour longtemps cela dit. Non, je le dois à sa mère, Illeana.

–    Combien de fioles as-tu ?

–    Aucune.

–    Ouah ! Serais-tu la première vampire à supporter les effets du soleil ?

–    Du tout. Mais peut-être bien que je suis la seule à être redevenue humaine.

–    Tu quoi ? s’étonne Anaïs.

Délila lui raconte son histoire. Comment elle a fait pour redevenir humaine et ce qu’Illeana désirait plus que tout.

–    Eh bien ! Félicitations. Enfin… je dois le dire ?

Son amie sourit en confirmant que tout va pour le mieux et qu’elle est heureuse.

–    Qu’en dit Bastian ?

–    Il ne m’a jamais comprise. Ce qu’il en pense, franchement je l’ignore. Je n’avais aucune envie de m’attarder en discussion, j’ai rompu.

–    Tu as quoi ? Pourquoi ? Je croyais que ça marchait bien entre vous.

–    Il m’a menti sur plusieurs choses importantes pour moi. Et il n’est pas humain.

–    Ouais ! Dis plutôt qu’il n’est pas Sulli ! lui fait-elle remarquer.

–    Non, il ne l’est pas, je te le confirme. Mais ça n’a rien à voir. Et puis, Sulli aussi est parti.

–    An… commence Drew en entrant dans la pièce avant de se taire, son regard figé sur Délila.

Anxieuse, cette dernière n’ose rien dire. Elle ignore s’il se souvient de quelque chose à propos de la fameuse nuit de l’assassinat de Bradie.

–    Il fait jour, dit-il en regardant Délila avec étonnement.

–    Je suis humaine. C’est une longue histoire.

Il s’approche avec précaution et saisit sa main pour vérifier ses dires. Elle a la peau chaude, ce qui est bon signe. Il aimerait poser sa paume contre son cœur, mais n’ose pas avoir ce geste quelque peu déplacé.

–    Comment ? demande-t-il simplement.

–    Grâce aux pouvoirs d’une démone.

–    C’est temporaire ?

–    Non, c’est définitif.

–    Eh bien, c’est super ! Euh… je te verrai plus tard, Anaïs.

–    Comme tu veux ! répond cette dernière alors que Drew sort du bureau.

Elle enchaîne en racontant à Délila que leur collègue va de mieux en mieux, qu’il ne déprime plus et ne pense plus à régler son compte au meurtrier de Peggy.

Délila est ravie de l’entendre, cela signifie que l’hypnose de Sulli a fonctionné.

Anaïs conduit son amie au bureau de Claude pour parler travail, et surtout de la réintégration de la blondinette qui apprend que Claude a raconté qu’elle avait un cancer pour expliquer son absence. Même si elle pense qu’il aurait pu trouver mieux, elle est bien contente que cela ait fonctionné et que le grand patron ne l’ait pas renvoyée.

Une heure plus tard, la jeune femme retrouve son poste et quitte les locaux avec Anaïs et Drew. Les trois compères vont d’abord manger au restaurant où l’ancienne vampire leur parle d’Illeana et de ses pouvoirs. Ensuite, ils vont prendre un verre dans un bar, et Délila poursuit son histoire avec la sortie des vampires de sa vie, leur confiant son plus grand désir pour justifier le ménage qu’elle a fait.

D’ailleurs, elle les surprend la seconde suivante :

–    Je veux déménager.

–    Quoi ? demandent-ils en chœur.

–    Trop de souvenirs chez moi. Je veux une maison, avec trois chambres. Je veux deux enfants…

–    Trouve-toi déjà un mec capable de t’en faire ! s’amuse Anaïs.

–    C’est prévu, je m’inscrirai sur un site de rencontre dès que je rentrerai.

Drew éclate de rire, n’ayant jamais cru aux pouvoirs de ce genre de sites qu’il qualifie de bidons. Mais Délila ne se laisse pas démonter et leur promet que si elle n’est pas maman d’ici un an, elle sera enceinte.

Les deux autres relèvent le défi.

 

 

 

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