ÉCOUTE ACTIVE
Étym. : écoute, du lat. auscultare, « écouter » ; active, du lat. activus, « qui agit ».
Technique élaborée par les psychologues humanistes (en particulier Rogers) et mise en œuvre par certains sophrologues* lors des dialogues pré- et post-sophroniques. Il s'agit de faciliter l'expression du sophronisant*, sans interférer sur son vécu*, ni l'orienter.
Le praticien se centre sur la personne et reformule ses propos. Les reformulations sont dites « écho » (il reprend les mêmes mots), « reflet » (il emploie des synonymes), « résumé » (il résume les paroles du sophronisant à la fin de son expression), « renversement du rapport figurefond » (il présente de façon inverse le propos exprimé), ou encore « clarification » (la reformulation est telle que le sophronisant conscientise pleinement ce qu'il a exprimé, alors que le sens profond ne lui apparaissait pas).
L'attitude empathique, bienveillante, respectueuse et attentive du praticien et ce type d'écoute laissent toute sa place au sophronisant. De ce fait, peu à peu, ce dernier s'autorise à vivre pleinement ses perceptions*, ses sentiments*, ses pensées et, finalement, son existence*, car il ne se sent ni jugé, ni critiqué pour ce qu'il dit ou présente.
L'écoute active est difficile et exigeante pour le sophrologue, car dans ces moments d'écoute, il n'est plus celui qui sait et qui a le pouvoir. C'est le sophronisant qui sait (il sait ce qu'il a vécu lors de sa pratique*) et qui reprend alors son pouvoir, délégué au sophrologue le temps de la pratique.
Corrélats : contre-transfert – dialogue post-sophronique – dialogue présophronique – écoute participative – humanisme – pouvoir du sophrologue.
ÉCOUTE PARTICIPATIVE
Étym. : écoute, du lat. auscultare, « écouter » ; participative, de participare, « faire participer, partager, répartir ».
Quand le sophrologue achève la séance proposée, il fait une pause. Il écoute le temps de son patient, qui passe d'un niveau à un autre.
Il participe, par son a-tension, à l'éveil renouvelé d'un corps*.
Quand le sophronisant* témoigne de ses valeurs ou de ses douleurs*, de ses errances ou de ses souffrances, il participe par son empathie à la quête de l'autre.
Quand le sophronisant se questionne, demande une aide plus insistante, le sophrologue* s'investit sans fournir de « solutions aux problèmes » et propose parfois des itinéraires possibles.
Quand le sophrologue est formateur pour une équipe en entreprise (par ex., gestion du stress* ou des conflits), quand il est là pour un accompagnement en fin de vie, en présence de la famille, alors, condition sine qua non, il participe et quitte sa fonction d'observateur.
Puisqu'il fait désormais partie du « système », il en est un des membres, actif, parce que sa participation pédagogique ou thérapeutique modifie l'homéostasie* (l'équilibre) du système. Son écoute n'est plus passive, elle devient l'instrument actif d'un processus de changement : il offre des pistes, émet des hypothèses, relate certaines de ses expériences sans rien imposer. Il a aussi le droit de s'indigner ou de s'émerveiller.
Le sophrologue participatif est vivant, simplement humain, en contact étroit avec ses émotions* sans pour autant franchir la ligne blanche d'un « renversement de rôle » ou d'une suppléance qui serait destructrice.
Corrélats : alliance – communication – intersubjectivité – pouvoir du sophrologue – terpnos logos – relation.
ÉMOTION
Étym. : du lat. ex movere, « mettre en mouvement ».
Constitue un état affectif intense, occasionné par un événement ou par des pensées, des représentations, se traduisant par de nombreuses manifestations et perturbations physiologiques et dans lequel la raison n'a guère sa place.
On peut faire la distinction entre émotion « normale » et émotion « pathologique ». L'émotion « normale » est en relation avec un événement présent. Certains considèrent que l'émotion survient lorsqu'il y a rupture entre ce que nous prévoyons et ce que nous percevons d'un événement dans l'instant. Imaginons : je vois une personne marcher dans la rue ; je m'attends (inconsciemment) à ce que cette action se poursuive ; la personne trébuche et tombe : ce que je perçois alors ne correspond plus à ce que j'attendais. J'ai peur, je me mets à rire, par exemple. Cette émotion est « normale ». Quelques jours plus tard, me trouvant dans le même lieu, je vois une personne marcher et je me mets à rire. Cette émotion n'est pas en relation avec ce que je suis en train de vivre, mais avec le souvenir de ce qui s'est passé quelque temps auparavant. Elle n'est pas « normale ».
Il est facile d'imaginer comment nos pensées, souvent irrationnelles, et nos souvenirs (surtout négatifs) peuvent générer des émotions inadéquates, pouvant s'avérer invalidantes si cela devient un mode de fonctionnement habituel.
Par l'investissement du corps* dans le présent*, la sophrologie s'avère un outil très efficace pour apprendre à gérer les émotions et à éviter les émotions inutiles.
Il ne s'agit surtout pas de supprimer les émotions et de faire de nous des robots, mais de savoir stopper la pensée quand elle nous entraîne dans des réactions inadaptées à la situation présente ou de limiter les effets pas le laisser-aller.
La sophrologie permet également d'apprendre à vivre pleinement et sereinement nos émotions, quand cela est possible, plutôt que de les refouler, ce qui s'avère à la longue néfaste pour la santé mentale et physique. L'émotion « juste » n'est pas dangereuse, contrairement à son refoulement.
Corrélats : impression – perception – ressenti.
ÉNERGIE
Étym. : du gr. énergia, « force en action ».
En physique, grandeur mesurant la capacité d'un système à modifier l'état d'autres systèmes avec lesquels il entre en interaction : la transformation d'une forme en une autre.
L'énergie peut être mécanique, thermique, électrique, hydraulique, chimique, géothermique, éolienne, etc.
Ces formes d'énergie sont mathématiquement quantifiables, calculables et mesurables (kilowatt, joule).
Chez l'homme, l'énergie est celle développée par l'activité physique (vitalité, vigueur) ; elle est synonyme de force morale, de volonté.
Contrairement aux formes d'énergie abordées en physique, l'énergie développée par un homme ou un groupe humain n'est pas quantifiable ; elle est de nature subjective, inhérente à notre qualité de sujet*. Toutefois elle peut s'évaluer en termes de résultats ou de performances : réussir et mener à bien ses objectifs matériels ou existentiels, ayant comme corollaires la satisfaction, la gratification et le plaisir.
L'énergie humaine (individu* ou groupe) peut provenir de différents plans :
• physique (musculaire, respiration*, alimentation) ;
• psychique (pensées, souvenirs, qualités, projets, envies, besoins, motivation, aspiration, besoin de reconnaissance et de réalisation, mobilisation des valeurs) ;
• émotionnel, spirituel (activation des valeurs et quête de sens) ;
• vibratoire (énergie développée par le phénomène de champ libéré par les particules constituant la structure de base de la matière (électrons, protons, neutrons, etc.) ;
• environnemental (lieux, ambiance, personnes).
Ces différentes formes d'énergie entrent en interaction les unes avec les autres.
Pendant l’entraînement sophrologique*, le rétablissement d'un lien « démocratique » entre le corps et le mental va progressivement amener un « assainissement » de notre relation interne et une meilleure circulation d'énergie entre nos différents plans de fonctionnement.
La progression des relaxations dynamiques permettra de nous (re)situer à nouveau dans notre environnement et d'en affiner notre conscience.
Le terme d'énergie est présent, dès la fin des années 1960, dans la première version de la relaxation dynamique du troisième degré. La « découverte de l’énergie phronique » apparaît seulement, à partir de 1992, dans la relaxation dynamique du douzième degré. Avec l'évolution des relaxations dynamiques, cette découverte se trouve actuellement dans la relaxation dynamique du cinquième degré.
Pour découvrir l’énergie phronique, Caycedo propose d'utiliser les vibrations générées par des sons autoproduits, dirigés vers chacun des cinq systèmes*.
Corrélats : conscience – énergie epsilon – énergie omicron – énergie ompsilon – relaxation dynamique de Caycedo.
ÉNERGIE EPSILON (OU ÉNERGIE PHRONIQUE EPSILON)
Étym. : énergie* ; epsilon, de la lettre gr. epsilon.
Désigne, avec l’énergie omicron et l'énergie ompsilon, l'une des trois formes d'énergie renforcées en sophrologie et décrites par Caycedo*. La manifestation de cette énergie serait mesurable par l'électroencéphalogramme. Aboutissement de la phylogenèse*, elle serait liée au cerveau et spécifique à l'esprit humain (ou esprit phronique radical – l'origine de notre esprit). Le fondateur de la sophrologie la désigne comme l’« énergie de notre existence* » et souligne en même temps l'importance de prendre soin de notre cerveau. Cette énergie – ou force présente et potentielle – est ciblée ou dynamisée lors du huitième degré de la relaxation dynamique*, avec laquelle la capacité de futurisation est renforcée de manière positive, pour la libre programmation de notre devenir.
Corrélats : énergie – énergie omicron – énergie ompsilon – futurisation.
ÉNERGIE OMICRON (OU ÉNERGIE PHRONIQUE OMICRON)
Étym. : énergie* ; omicron, de la lettre gr. omicron.
Désigne, avec l’énergie epsilon et l'énergie ompsilon, l'une des trois formes d'énergie renforcées en sophrologie et décrites par Caycedo*. Particulièrement liée à notre patrimoine génétique individuel, le fondateur de la sophrologie l'associe à ce qu'il désigne par le corps phronique radical (racines profondes de notre corps*). Présente uniquement dans les matières vivantes, il la situe particulièrement au niveau des cellules osseuses du bassin et du bas du corps (cinquième système*). Cette énergie est abordée de manière explicite à partir du septième degré de la relaxation dynamique* dans lequel la capacité de prétérisation, en lien avec notre phylogenèse, est dynamisée.
Corrélats : énergie – énergie epsilon – énergie ompsilon – ontogenèse phylogenèse – prétérisation.
ÉNERGIE OMPSILON (OU ÉNERGIE PHRONIQUE OMPSILON)
Étym. : énergie* ; ompsilon, des deux lettres gr. epsilon et omicron.
Désigne, avec l’énergie epsilon et l’énergie omicron, l'une des trois formes d'énergie renforcées en sophrologie et décrites par Caycedo*. La manifestation de cette énergie serait mesurable par l'électrocardiogramme. Aboutissement de la phylogenèse* et de l'ontogenèse*, elle serait liée au cœur (et au troisième système*). Le fondateur de la sophrologie la désigne comme l’« énergie de notre vie » et souligne en même temps l'importance de prendre soin de notre cœur. Cette énergie est aussi désignée comme une force d'interaction (des deux autres formes d'énergie) et est abordée de manière explicite à partir de la relaxation dynamique* du huitième degré.
Corrélats : énergie – énergie epsilon – énergie omicron.
ENTRAÎNEMENT SOPHROLOGIQUE
Étym. : entraînement, de l'angl. to train, « former, éduquer une personne » ; sophrologique*
La sophrologie nécessite pour progresser un entraînement régulier. Entre les séances avec le sophrologue, le sophronisant pratique si possible chaque jour. La personne choisit la (ou les) technique(s) dont elle se souvient et qu'elle préfère : techniques spécifiques* plus ou moins orientées selon ses besoins (préparation à une épreuve, amélioration du sommeil*, etc.) ; relaxation dynamique*, en entier ou abrégée, selon le temps dont elle dispose. La durée de la pratique est de dix minutes minimum.
Le meilleur moment pour l'entraînement est celui choisi par le sophronisant, en tenant compte de ses réactions après une pratique* : si elle l'apaise, le soir sera le meilleur moment ; si elle le dynamise, la pratique matinale est alors à privilégier.
Le lieu est indifférent mais, au début, il est utile de s'entraîner dans un endroit calme, où l'on ne risque pas trop d'être dérangé.
En complément de ces temps d'entraînement, il est recommandé d'utiliser des éléments de la pratique sophrologique dans les actes de la vie quotidienne, ce qui permet de prolonger les effets de l'entraînement et d'augmenter l'efficacité de la sophrologie.
Corrélats : capacités de la conscience – sophronisant
ENTREPRISE
Étym. : dérivé du verbe entreprendre daté vers 1430–1440 dans le sens de « prendre entre ses mains » ; vers 1480, il prend le sens actuel de « prendre un risque, relever un défi ».
La nature et la complexité des tâches actuelles dans le monde de l'entreprise ont déplacé l'impact de la charge de travail. Le défi du « travailleur » n'est plus seulement physique mais psychique. La sophrologie propose toute une gamme d'outils et de méthodes pour favoriser l'adaptation :
• concernant la fatigue physique et psychique, elle permet la régulation de l'énergie* d'une journée de travail par la mise en place de réflexes de détente*, une meilleure gestion du stress, une conscience plus précise des gestes, une prise en compte de la respiration* et un apprentissage de la récupération. Parce qu'elle favorise la conscience et l'intégration du schéma corporel*, elle est très utile dans la prévention des troubles musculo-squelettiques ;
•
elle améliore la sécurité par la vigilance sensorielle et le maintien d'un éveil de qualité, fondé sur une meilleure perception des rythmes biologiques. Son apport dans la régulation du sommeil pour le travail posté ou de nuit y contribue ;
• elle renforce l'activité intellectuelle par la conscience de la place du corps* dans les processus de pensée ;
• le mieux-être, le bien-être, l'aisance gestuelle et la maîtrise de la respiration* constituent les supports d'une meilleure communication*.
La législation européenne demande à l'employeur de s'occuper du « bien-être physique et mental » de son personnel : la sophrologie s'impose comme une des réponses les mieux adaptées.
Corrélats : confiance en soi – monde du travail – sommeil – stress.
ÉPISTÉMOLOGIE
Étym. : composé du gr. epistêmê, « science », et de logos, « discours, science, étude ».
Étude historique et critique des sciences dans leurs fondements, leurs méthodes et leurs résultats. Recherche interne à chaque science pour en évaluer la valeur et la portée objective.
Le professeur Caycedo* prétend bâtir les bases épistémologiques de la sophrologie à partir de deux théories. En premier, celle des états de conscience (conscience ordinaire*, conscience pathologique* et conscience sophronique*), des formes de conscience (conscience éveillée, conscience sophro-liminale et conscience endormie) et des niveaux de conscience ; en second, la théorie des cinq systèmes Isocay* de la conscience sophronique*. Depuis la naissance de la sophrologie, certains travaux ont été engagés pour tenter de légitimer scientifiquement cette discipline à partir d'applications cliniques. En nous éloignant des investigations les moins sérieuses, nous pouvons nous appuyer sur un ouvrage ancien et inaugural, Progrès en sophrologie (1969). Ce corpus d'articles, écrit par Caycedo et d'autres médecins, ne devait pas se suffire à lui-même : il promettait d'être suivi de nombreuses publications aujourd'hui attendues.
L'ouvrage collectif Sophrologie, champs d'application (tome 2) (2008) dirigé par le docteur Chéné, les revues Sophrologie caycédienne de la Fondation Caycedo et Sophrologie en médecine et sciences humaines dirigée par le docteur Jacques Raynal proposent des pistes de recherche sérieuses.
La Société française de sophrologie (SFS), institution vieille d'une quarantaine d'années, plus orientée vers la psychanalyse, constitue, par ses démarches et publications, un repère central.
En reconnaissant que la liste n'est pas exhaustive, ajoutons les travaux sur le sommeil conduits à l'Hôtel-Dieu de Paris par le Centre d'études et d'applications de la sophrologie (CEAS), et les efforts du tout jeune Observatoire national de sophrologie (ONS) pour concentrer certaines recherches actuelles.
Même si les travaux impulsés de nos jours par les différentes écoles d'Andorre, France, Suisse, Luxembourg, Belgique, Espagne et Italie sont nombreux, il manque sans doute à la sophrologie un authentique travail d'épistémologie, présent dans d'autres sciences humaines (psychologie, sociologie, etc.).
Une démarche épistémologique de fond et non éparpillée, dans laquelle le sophrologue n'est pas à la fois juge et partie, offre deux avantages à la sophrologie : d'une part la légitimer en la soumettant aux questions, recherches, voire évaluations scientifiques d'esprits critiques totalement désintéressés ; d'autre part lui donner les moyens de résister aux personnes douteuses qui la dispensent sans aucune formation sérieuse ou qui tentent de la récupérer à des fins exclusivement commerciales, l'associant souvent à des pratiques occultes.
Le Groupe d'épistémologie de la sophrologie (GES), récemment créé, totalement indépendant, investit objectivement différents domaines d'application possible de la sophrologie, pour tenter d'en évaluer scientifiquement la portée.
Corrélats : conscience Isocay – historique de la sophrologie – méthodologie.
ÉPOQUÉ
Voir « Phénoménologie » et « Réduction ».
ESPACE PHRONIQUE
Étym. : espace, du lat. spatium, « laps de temps », puis « étendue d'un lieu » ; phronique, terme inventé par Caycedo*, « structure profonde de la conscience ».
Monde extérieur que nos organes sensoriels peuvent percevoir ; espace plein, vécu dans toutes ses dimensions, en pleine conscience.
Les relaxations dynamiques des deuxième et quatrième degrés, la sophrotridimensionnalité spatiale favorisent sa perception* et son intégration.
Corrélats : conscience – intégration dynamique de l'être – organes sensoriels relaxation dynamique de Caycedo – sophro-tridimensionnalité spatiale.
ESPACES D'INTERACTION
Étym. : espace, du lat. spatium, « arène, étendue, distance, durée », en fr. au sens d'étendue, « distance entre deux points », puis terme scientifique « milieu dans lequel ont lieu les phénomènes observés » ; interaction, du lat. inter, « entre », et activus, « qui agit ».
Ces espaces correspondent à cinq lieux du corps* associés aux cinq régions anatomiques désignées par le terme
système, auxquels s'ajoute un sixième espace pour la globalité du corps.
• 1er : au milieu du front ;
• 2e : au niveau de la thyroïde ;
• 3e : au niveau de la base du sternum ;
• 4e : environ 4cm au-dessus de l'ombilic ;
• 5e : environ 4cm au-dessous de l'ombilic ;
• 6e : au niveau de l'ombilic.
Ce sont autant de points de concentration* visant une intégration plus rapide et immédiate et une dynamisation de toute la région corporelle associée. En pratique*, la concentration peut être facilitée par le placement des doigts sur ces différents espaces. Les termes de points d'interaction ou points d'intégration* sont souvent utilisés.
Corrélat : systèmes Isocay.
ÉTAPE POST-SOPHRONIQUE
Étym. : étape, du néerlandais stapel, « entrepôt », et par extension et au figuré, « période, phase » ; post, du lat. post, « après » ; du néologisme sophronique, « structures harmonieuses de la conscience ».
Suit la pratique*. Comporte le dialogue post-sophronique,l'information post-sophronique et la conclusion de la séance. Ce moment est essentiel, car c'est dans cette phase que le ou les sophronisants* expriment leur vécu * et qu'ensuite le sophrologue* donne des indications techniques ou pratiques. La conclusion de la séance est simplement le moment où les personnes prennent congé après que le sophrologue a rappelé le prochain rendez-vous.
Corrélats : dialogue post-sophronique – information post-sophronique.
ÉTAPE PRÉ-SOPHRONIQUE
Étym. : étape, du néerlandais stapel, « entrepôt », et par extension et au figuré, « période, phase » ; pré, du lat. prae, « devant » ; du néologisme sophronique, « structures harmonieuses de la conscience ».
Précède la pratique*. Comporte l'accueil de la ou des personnes, le dialogue pré-sophronique et l’information pré-sophronique. Moment clé, puisque c'est dans cette phase que commence à s'établir ou se rétablit l'alliance.
Corrélats : alliance sophronique – dialogue pré-sophronique – information pré-sophronique.
ÉTAPE RÉDUCTIVE OU FONDAMENTALE
Étym. : étape, du néerlandais stapel, « entrepôt », et par extension et au figuré, « période, phase » ; réductive, réduction* ; fondamental(e), du lat. fundamentum, « fondement ».
Démarche correspondant au cycle dit fondamental, c'est-à-dire les quatre premiers degrés de la relaxation dynamique, appelés par Caycedo* entraînement phronique réductif. Elle sert à découvrir et commencer à conquérir, selon le fondateur de la sophrologie, la région phronique*. Cette conquête se poursuit pendant le cycle radical et existentiel.
Corrélats : cycle existentiel – cycle fondamental – cycle radical – réduction région phronique – relaxation dynamique de Caycedo.
ÊTRE ET ÉTANT
Étym. : être, du lat. esse, « être », « exister ». Esse possède trois étymologies : es dans le sens de « ce qui est authentique, qui subsiste par soi », de l'indoeuropéen bheu dans le sens de « croître » et du sanscrit ues dans le sens de « demeurer ». Le terme être présuppose étymologiquement le fait de subsister, de croître et de demeurer. Étant, participe présent du verbe être.
La philosophie de Heidegger (1889–1976) se fonde sur la distinction radicale dite « distinction ontologique » entre l'être et l'étant.
L'étant est ce qui est là ; il correspond aux « choses qui sont ceci ou cela », c'est-à-dire ce qui est disposé là, ce qui a une certaine manière de vivre. L'étant est une réalité particulière, un être concret ; il est ce qui est en train d'être : une table, un stylo, un homme.
L'être est au fond de chaque réalité ; il est ce qui fait qu'il y a ce qui est : il est ce d'où proviennent les choses, la racine voire l'origine essentielles de chaque chose.
L'homme peut être entendu comme Dasein (être-là, être-existant). Il appartient au monde des étants mais il possède le privilège de pouvoir poser la question de l'être (celle de son sens) et d'accéder à l'authenticité véritable. Les animaux ou les choses ne peuvent pas dévoiler l'être de l'étant ; seul le Dasein en a la possibilité : il faut donc partir de lui et s'inscrire dans une démarche dite « ontologie fondamentale » cherchant à dévoiler le mode d'être dans le temps de l'être humain.
Le Dasein pour Heidegger est la réalité humaine en mesure de s'ouvrir à l'être, en mesure de le révéler dans sa présence, de dévoiler dans l'étonnement le « là » de l'être. Lorsque je me vis, je suis un étant fondu dans la masse des autres étants ; mais l'ouverture à mon existence repose sur mon étonnement devant le fait fulgurant de l'existence.
Le fondateur de la sophrologie, Caycedo*, très inspiré par Heidegger, estime qu'une expérience sophrologique constitue le tremplin d'ouverture à l'être. La dimension technique de la sophrologie n'est pas une fin en soi, comme peuvent le penser parfois les sophronisants débutants et quelques sophrologues ; elle est plutôt un moyen susceptible de « faire apparaître » ce qui ne se révèle qu'implicitement dans toute existence : l'authenticité de l'être.
La sophrologie d'inspiration phénoménologique a pour fonction de « faire apparaître » le phénomène si singulier de l'existence. L'expérience sophrologique me montre que je ne suis pas un simple étant lorsque je m'étonne devant le fait même de l'existence, mais que, par la pratique*, je nais à l'existence en me dévoilant comme un existant authentique.
Corrélats : authentique, inauthentique – « Comme si c'était la première fois » – conscience sophronique – Dasein – différence ontologique – être et étant éveil – existence – Heidegger – intégration dynamique de l'être – on (dictature du) – ontologie – possibilité – présence – temps.
EUPHRONIE
Étym. : du gr. eu, « ce qui est bien, bon », et du radical phron, inventé par Caycedo*, traduisible par « structures de la conscience ».
Pour Caycedo, état d'équilibre d'éveil de la conscience. Cet état peut être transitoire (par exemple lors de l'entraînement sophrologique* ou lors de moments privilégiés que la plupart d'entre nous connaissent : l'émotion* esthétique devant un coucher de soleil, lors d'un concert, etc.) ou constant pour les personnes ayant atteint et maîtrisé l'état de conscience sophronique.
Corrélats : anaphronie – conscience – conscience sophronique – dysphronie éveil – existence.
ÉVEIL
Étym. : du lat. evigilare, « s'éveiller ».
Il est des mots qui traduisent des expériences indicibles ; je vis en moi quelque chose que je ne peux facilement m'expliquer ou expliquer à autrui ; j'éprouve cette expérience, mais je n'arrive pas à la prouver conceptuellement ; mon intelligence se heurte à un bloc ; mon discours ne s'organise pas comme je le voudrais pour décrire ce que je vis, qui m'étonne et me déborde : l'éveil appartient à cette catégorie.
Il est impossible de mettre vraiment l'éveil en mots parce que, lorsque nous analysons et écrivons, nous nous inscrivons dans une logique duelle, à savoir celle d'un sujet* observant un objet qui serait soi, alors que l'expérience de l'éveil n'est pas de cet ordre.
L'éveil correspond au vécu* d'un sujet qui se reconnaît lui-même, non comme objet de connaissance, d'analyse ou d'introspection se réduisant à sa dimension mentale (son esprit) ou physiologique (son corps*), mais comme un être qui naît à lui-même dans sa présence d'être.
Cette ouverture à soi n'est pas possible sans un dépassement de ce que Caycedo* nomme la conscience naturelle ou ordinaire ; cette dernière inscrit la personne dans un ensemble de représentations mentales qu'elle n'a pas nécessairement produites et qui verrouillent l'accès à sa propre présence c'est-à-dire, pour Caycedo*, à la vivance de l'être.
Pour la sophrologie, l'éveil est donc toujours une rupture avec ce que je crois familier ; il est une conversion (métanoïa) de l'attitude faussement « ordinaire » de la conscience ; il constitue ce retour à l'origine, à l’« originaire », à l'essentiel, c'est-à-dire à la vivance de l’être ; il est cette naissance, ce commencement, ce nouveau point de départ qui renouvelle mon présent, passé et avenir, ouvrant le sujet à une perception* différente du monde et de lui-même, à sa liberté*, sa créativité*, son authenticité, voire sa responsabilité* d'être.
Corrélats : caverne de Platon (allégorie de) – « comme si c'était la première fois » – conscience naturelle – conscience sophronique – existence – présence présent – réduction – Soi – vivance.
EXISTENCE
Étym. : du lat. existentia, mot composé de ex, « hors de », « à partir de », et d'un dérivé du participe présent sistens, « se tenant ». L’existens est celui qui se tient ou qui surgit à partir de…
Le mot existence s'adresse en particulier à une vie humaine, parce que l'homme seul existe du fait d'avoir les moyens de prendre conscience de son existence et de poser par et pour lui-même la question de son sens.
Une existence ne se prouve pas, parce qu'elle est irréductible à un objet scientifique : elle ne peut donc s'ériger en dogme ou vérité, mais elle s'éprouve toujours dans une expérience vécue et renouvelée ici et maintenant.
L'homme a cette tentation de vouloir systématiser l'existence, alors qu'elle est la présence d'un sujet qui refuse de se réduire à tout système. Je ne peux expliquer mon existence conceptuellement, en revanche je peux la vivre et reconnaître que ma réalité existentielle est particulière et subjective.
Alors comment concevoir l'existence ? En termes de surgissement, de jaillissement, de fulgurance, d'étonnement, débordant les principes de la logique et de la raison. C'est un peu sous cet angle qu'un homme affirmera qu'il se sent exister, sans pouvoir le justifier rationnellement. Pour aborder l'existence, il s'agit d'envisager l'homme en situation dans le monde, reconnaître son inscription dans le temps, c'est-à-dire sa relation avec son passé, son présent et son propre devenir qui contient l'ensemble de ses possibles qu'il peut essayer de réaliser.
Par l’entraînement sophrologique*, le sophronisant* peut prendre conscience que la visée de la sophrologie est l'existence. Il peut se révéler à lui-même en tant qu'existant, c'est-à-dire en tant qu'être capable, en conscience sophronique, de s'ouvrir à l'expérience originelle du fait d'être là, de se dévoiler dans sa présence. Exister est bien ex-sistere, sortir de… pour s'ouvrir à l'être ; c'est en ce sens que Heidegger*(1889–1976) affirme que « l'essence de l'homme est l'existence ».
Ce dévoilement en toute conscience de l'existence passe, pour le sophrologue*, par le corps*, c'est-à-dire traverse le chemin du schéma corporel vers le schéma existentiel. Si en conscience ordinaire, selon les mots de Caycedo*, « les choses sont comme elles sont », l'être peut se rendre compte qu'elles « peuvent être autrement ». En conscience sophronique, dans son déploiement existentiel et par l'expérience de ses propres valeurs, le sophronisant* peut se rendre compte que « les choses sont autrement ».
Corrélats : authentique, inauthentique – conscience ordinaire – conscience sophronique – corps – Dasein – être et étant – éveil – possibilité – présence schéma corporel – sujet – temps – vivance – valeurs ontologiques.