HARMONIE
Étym. : du gr. harmozein, « ajuster ».
Mot fondamental en sophrologie, puisque l'objectif de la sophrologie est la conscience en harmonie.
Ce mot appartient en premier lieu au vocabulaire musical et concerne l'assemblage, la combinaison des sons de manière agréable à l'oreille. Par extension, on parlera de relations harmonieuses lorsqu'il existe un effet d'ensemble, lorsqu'il y a accord entre des personnes. Il recouvre également les notions d'esthétique, de beauté et d'équilibre.
Il est couramment employé soit lors de la présentation de la méthode (voir « Sophrologie »), soit en cours de pratique, dans le
terpnos logos (par ex. : « harmonie entre le corps et l'esprit »).
Corrélats : conscience – corporalité – corps – pratique – terpnos logos.
HEIDEGGER MARTIN (1889–1976)
Philosophe né le 26 septembre 1889 dans le grand-duché de Bade, au sud-ouest de l'Allemagne, il rédige à Marbourg son œuvre capitale publiée en 1927, dédiée à Husserl, qui intéresse le plus la sophrologie : Être et temps.
Heidegger a posé une question fondamentale pour la sophrologie, celle de l'être, fond de la pensée et origine essentielle de notre existence. La réflexion occidentale est marquée en totalité par « l'oubli de l'être », être auprès duquel la pensée doit se régénérer. Être et temps s'efforce d'éveiller sans relâche l'intérêt pour la question de l'être. La direction méthodologique choisie est phénoménologique, puisqu'il faut décrire comment l'être se dévoile ; elle est aussi herméneutique, puisqu'il faut interpréter la façon dont l'être prend sens.
Lorsque le sujet oublie la question de l'être, il se destine à vivre dans l'inauthenticité et sous la pression subreptice de ce que Heidegger nomme le « On », c'est-à-dire l'être-en-commun ou l'anonymat de la norme. La sophrologie s'intéresse à l'inauthenticité de l'être qui se manifeste dans le comportement normatif, partant du principe que l'accès à la
conscience sophronique, révélée dans sa tridimensionnalité* et unité, constitue l'ouverture à l'authenticité de l'être.
Corrélats : authentique, inauthentique – Binswanger – conscience sophronique – existence – herméneutique – Husserl – on (dictature du) – phénoménologie – présence – temps.
HERMÉNEUTIQUE
(n.f.) Étym. : du gr. hermerneutikè, « art d'interpréter ».
Au sens premier, interprétation des textes anciens, en particulier de la Bible. Généralement, interprétation, à volonté scientifique, des textes difficiles nécessitant une explication.
Pour Caycedo*, ce terme revêt un double sens qui s'entrecroise :
• l'interprétation des textes phénoménologiques (principalement Husserl, Heidegger, Binswanger) pour éclairer, sous certains aspects, la sophrologie dans ses fondements, ses méthodes et ses résultats ;
• l'interprétation des structures profondes de l'être.
Corrélats : analytique existentiale – Binswanger – conscience – Dasein – être et étant – Heidegger – Husserl – intégration dynamique de l'être – ontologie.
HISTORIQUE DE LA SOPHROLOGIE
Étym. : historique, du gr. historia, « enquête » ; sophrologie*.
Intimement liée à l'évolution de son fondateur, Caycedo*. Après ses études de neuropsychiatrie, il s'intéresse à l'hypnose afin de proposer d'autres méthodes thérapeutiques que les électrochocs et les comas médicamenteux, en vogue à l'époque pour soigner les malades mentaux. Mais l'hypnose ne correspond pas à ses attentes. Aussi l'abandonne-t-il pour développer ses propres recherches.
Les premières techniques qu'il met au point en 1960 et expérimente s'inspirent directement de l'hypnose* (en particulier de l'école de Nancy) et du training autogène* de Schultz. Ce sont les sophronisations* qu'il pratique avec les malades psychiatriques dans le service du professeur Lopez Ibor à l'hôpital de Madrid.
Son intérêt pour la phénoménologie l'amène à rencontrer le professeur Binswanger dans sa clinique suisse de Kreutzlingen. À la suite de ces entretiens, il entreprend un voyage de deux ans en Inde et au Japon (1965–1967) afin d'étudier les états de conscience modifiés des adeptes du yoga* et du zen*.
À partir de ses expériences orientales, il met au point les méthodes de relaxation dynamique, d'abord les premier et deuxième degrés, et un peu plus tard le troisième degré. C'est à partir de ce moment-là que la sophrologie « sort » de l'hôpital et commence à intéresser les autres professionnels de santé et hors du cadre hospitalier. Les travailleurs sociaux puis les enseignants s'y intéresseront un peu plus tardivement.
Afin de structurer le développement de la sophrologie, Caycedo crée la Fondation Alfonso Caycedo (FAC) et la Fédération mondiale de sophrologie (FMS) qui deviendra la Fédération mondiale de sophrologie caycédienne (FMCS) dans les années 1990.
En 1977, il inaugure officiellement la sophrologie sociale. Le 25 août de cette même année, il prononce la « Déclaration des valeurs de l'homme » à Recife (Brésil) dans laquelle il pose les bases et les objectifs de la sophrologie. Il y annonce la création de l'Union internationale pour le développement sophrologique de la conscience humaine (UNIDESCH), dont le but est de permettre une large diffusion de la sophrologie auprès du public et des institutions.
Mais en réalité, la diffusion de la sophrologie s'est faite essentiellement grâce à Abrezol, médecin-dentiste suisse. Sans relâche, celui-ci a parcouru le monde pour présenter la sophrologie et former nombre de sophrologues.
En 1985, Caycedo présente le quatrième degré à Paris.
En 1988, il s'installe en Andorre (où il vit toujours aujourd'hui). Constatant de nombreuses dérives dans la sophrologie et pour tenter de remettre de l'ordre, il crée le terme de « sophrologie caycédienne ».
En 1993, il modifie complètement le troisième degré, le trouvant trop difficile d'accès pour beaucoup (car trop proche du zen).
Peu à peu, il se détache de la phénoménologie de Husserl* et s'oriente davantage vers la dimension existentielle de l'être humain, sous l'influence évidente de Heidegger*. Huit degrés supplémentaires sont mis au point progressivement et modifiés régulièrement, jusqu'en 2001, où Caycedo considère sa méthode comme aboutie. Cependant, en 2005, il présente encore une nouvelle actualisation.
Il existe donc douze degrés de relaxation dynamique, répartis en trois cycles : le cycle réductif ou fondamental* (I à IV), le cycle radical* (V à VIII) et le cycle existentiel* (IX à XII).
Parallèlement à cette évolution, un courant d'inspiration psychanalytique s'est développé, emmené par Hubert, chirurgien-dentiste, élève de la première heure de Caycedo. Formé à la psychanalyse et dans l'optique de Lowen, il reproche à Caycedo de faire l'impasse sur l'inconscient. Il crée ainsi la sophrologie analytique qui devient rapidement la sophro-bio-analyse.
Par la suite, plusieurs formes de sophrologie d'inspiration psychothérapeutique sont apparues, sous l'appellation de sophro-thérapie. Ces approches de la sophrologie, pour intéressantes qu'elles soient, sont selon Caycedo très éloignées de ses conceptions, et demandent de la part des sophrologues qui les pratiquent une formation en psychologie clinique, psychanalyse ou psychothérapie.
Nous n'évoquerons pas dans cet ouvrage certaines approches qui n'ont de sophrologie que le nom et constituent de réelles dérives.
En résumé et pour simplifier, nous pourrions dire que la sophrologie s'est d'abord apparentée à une forme d'hypnose, dans laquelle la relaxation* tenait une large part, comme outil thérapeutique. Puis, au fil de son évolution et dans une démarche de type phénoménologique, elle s'est inscrite dans une dynamique existentielle, au point d'être considérée aujourd'hui par son fondateur comme un entraînement existentiel qui, de fait, dépasse largement le simple cadre thérapeutique et concerne toute personne qui souhaite évoluer harmonieusement.
C'est pourquoi les sophrologues, de nos jours, sont soit des professionnels de la santé, des travailleurs sociaux ou des enseignants qui utilisent les techniques sophrologiques dans leur profession, soit des personnes qui ont fait le choix de devenir sophrologue et dont c'est le métier. Ces derniers ne sont pas thérapeutes ; ils enseignent la sophrologie dite sociale.
À ce jour, la sophrologie n'est pas reconnue officiellement en France (il n'existe pas de diplôme ou certificat d'État), même si elle est admise et largement utilisée dans de très nombreuses structures et institutions.
Les sophrologues sont le plus souvent installés en libéral. Ils exercent parfois dans le cadre associatif.
Deux syndicats (le Syndicat national des sophrologues, de stricte obédience caycédienne, et le Syndicat des sophrologues professionnels qui regroupent des sophrologues de toute tendance) œuvrent à la reconnaissance de la profession et défendent les praticiens.
Corrélats : Binswanger – Caycedo – hypnose – phénoménologie – sophrologie analytique – sophrologie pédagogique – sophrologie sociale – sophro-thérapie.
HOMÉOSTASIE
Étym. : du gr. homoios, « égal, semblable à », et stasis « état, position ».
« Tous les mécanismes vitaux, quelque variés qu'ils soient, n'ont toujours qu'un seul but, celui de maintenir l'unité des conditions de la vie dans le milieu intérieur. » Claude Bernard (1813–1878), en 1865, crée ainsi le concept d'homéostasie.
Le concept d'homéostasie se réfère fondamentalement à la notion d'état stationnaire, dont la permanence et les variations sont encadrées par des valeurs relativement strictes et résultent d'un équilibre dynamique sur les plans alimentaire, chimique et thermodynamique. C'est ainsi que, pour survivre, l'être humain réalise un équilibre entre son monde intérieur et le monde extérieur.
Mais, on peut parler aussi d'homéostasie et comportement, dans ce sens que l'organisme réalise son équilibre grâce à son ouverture au monde extérieur, et d'homéostasie des populations, puisque l'existence* de l'homme n'a de sens que par son lien aux autres êtres humains dans son histoire biologique, sa reproduction, son langage* et sa culture.
À la lumière de ces quelques éléments d'approche de l'homéostasie, on peut comprendre comment la sophrologie contribue au bien-être de l'individu* dans toutes ses dimensions, biologique, sociale et universelle :
• biologique : au niveau cellulaire, tissulaire et hormonal, la sophrologie agit comme un régulateur. La relaxation dynamique* du premier degré par exemple, par les effets connus générés par la relaxation*, les sophronisations*, dont celles du présent, procurent un sentiment de bien-être indissociable de la réalité biologique qui le soutient ;
• sociale : dès l'apprentissage de la relaxation dynamique du deuxième degré, puis avec la relaxation dynamique du troisième degré, l'individu fait l'expérience intime d'être présent dans un juste rapport à soi et au monde ;
• universelle : la relaxation dynamique du quatrième degré, comme les techniques de tridimensionnalité* externe et interne, offre la possibilité de découvrir et de conquérir ses propres valeurs existentielles*, dont celle d'universalité.
Corrélats : harmonie – respiration – système neurovégétatif.
HUMANISME
Étym. : du lat. humanitas, « humanité ».
L'approche humaniste, née dans les années 1960, est une certaine conception de l'homme qui s'exprime par la notion de respect de la personne, de responsabilité*, de liberté*, d'authenticité, de croissance, d'expérience, de rencontre. Cette rencontre – relation existentielle entre un praticien et ses clients – revêt trois caractères : elle est vraie, révélatrice et curative.
La sophrologie se reconnaît dans la définition la plus courante du terme humanisme : attitude théorique et pratique qui affirme que la dignité de l'être humain constitue la valeur suprême ; doctrine qui cherche, étant fondée sur le respect de la personne humaine, à lui apporter les conditions du plus grand épanouissement possible.
La reconnaissance de la dimension humaniste de la sophrologie se définit à partir d'une certaine conception de la pratique sophrologique et des valeurs susceptibles de se dévoiler au sujet* pendant l'entraînement* :
• la sophrologie respecte, dans sa pratique*, le concept central de la théorie de Rogers (1902–1987), la « non-directivité ». Le sophrologue* ne dirige pas le sophronisant* : par les techniques qu'il transmet de la manière la plus neutre, il joue à son égard le rôle de médiateur ou de passeur ; il se met à l'écoute de l'expérience d'autrui, partant du principe que tout homme porte en lui les conditions du développement de ses potentialités et possède les moyens d'être l'acteur de son évolution positive ;
• les valeurs existentielles, parfois expérimentées par le sophronisant*, peuvent inscrire la sophrologie dans la définition courante de l'humanisme : il s'agit alors, par l’entraînement sophrologique* et la découverte de ces valeurs, de trouver sens et harmonie* à son existence*.
Corrélats : axiologie – déontologie – dignité – écoute active – sujet – valeurs existentielles – valeurs morales – valeurs ontologiques.
HUSSERL EDMUND (1859–1938)
Philosophe allemand, représentant de l'un des courants de pensée fondamentaux du XXe siècle, au même titre que la psychanalyse. Il se distingue, pour la sophrologie, essentiellement par la méthode ardue et puissante qu'il a mise au point, appelée phénoménologie. Ce courant a influencé un grand nombre de penseurs dans une multiplicité de directions : philosophie, sciences humaines, sciences exactes et de la nature, droit, art, etc.
La phénoménologie ne peut pas se résumer à l'unité d'une même pensée, étant donné le nombre de personnes (principalement Scheler, Heidegger, Binswanger, Merleau-Ponty, Sartre, Ricœur, Rogers, Derrida, Henry… et pour nous Caycedo) qui ont su s'inspirer de Husserl, pour s'imposer parfois en dissidents ; la référence à une même méthode, inaugurée par son fondateur, permet plutôt de la définir.
La phénoménologie se veut, selon les mots de Husserl, « science de l'expérience de la conscience ». Chacune de mes expériences possède pour le phénoménologue une forme particulière, indiquée par la chose avec laquelle ma conscience entre en relation ; si j'accueille et je décris en spectateur désintéressé la structure de cette expérience, je construirai un discours en mesure de répondre aux questions que je me pose sur cette chose.
L'approche de Caycedo s'appuie en partie sur la phénoménologie de Husserl dont « la méthodologie, nous précise le fondateur de la sophrologie, a illuminé surtout [mes] premiers pas et favorisé, avec [mes] adaptations spéciales, [mon] ouverture personnelle à la dimension existentielle de l'être » (Caycedo, éditorial du n° 27 de la revue
Sophrologie caycédienne, décembre 2001).
Corrélats : Binswanger – Caycedo – Heidegger – intentionnalité – MerleauPonty – phénomène – phénoménologie –philosophie – réduction – temps.
HYPNOSE
Étym. : du gr. hupnôtikos, « relatif au sommeil », dérivé de hupnos, « sommeil ».
Désigne à la fois l'état de conscience modifié, les techniques permettant de créer cet état et les pratiques thérapeutiques utilisées dans cet état. L'état de conscience modifiée, dite « transe hypnotique », se caractérise par la dépotentialisation du conscient ; elle laisse la porte ouverte à l'inconscient où siègent les ressources bio-psychologiques du patient susceptibles de délier ses difficultés. Certains phénomènes spécifiquement liés à cet état peuvent être vécus, comme la catalepsie, la distorsion du temps* ou les hallucinations.
Toute l'histoire de l'hypnose, de Mesmer (1734–1815) à Braid (1795–1860), Charcot (1825–1893) ou Bernheim (1840–1919), s'appuie sur la suggestibilité et les modifications psychologiques que la suggestion entraîne.
L'hypnose classique s'est édifiée avec l'ensemble de ces travaux. Dans sa pratique thérapeutique actuelle, on retiendra : l’« attitude directive » du thérapeute détenteur de la solution recherchée par le patient, des « inductions stéréotypées » (la voix* qui peut être douce mais persuasive et répétitive, la fixation sur un objet, la fascination, etc.), l'importance des suggestions directes et de l'approfondissement de la transe, les suggestions directives post-hypnotiques.
L'hypnose ericksonienne se caractérise par une attitude permissive et empathique du thérapeute (le thérapeute s'adapte au patient en utilisant son langage, son attitude et ses croyances), grâce à l'utilisation d'une grande variété d'inductions et de suggestions indirectes visant à faciliter chez le patient l'émergence de ses ressources inconscientes (hypnose conversationnelle, suggestions métaphoriques, saupoudrage, allusion).
L'hypnose devient un art de communication thérapeutique. Pour Erickson (1901–1980), l'inconscient est un grand réservoir de ressources positives, et la transe (qui n'a pas besoin d'être profonde) un état actif pour le patient facilitant la résolution de ses difficultés.
Durant plus d'un siècle, l'hypnose a servi de creuset dans lequel ont été conçues la psychanalyse freudienne en particulier (Freud pratiqua et étudia l'hypnose qui l'amena peu à peu au concept d'inconscient), certaines méthodes de relaxation (le training autogène* de Schultz, la relaxation de Jacobson* par exemple) et la sophrologie.
Caycedo a été formé à l'hypnose classique ; par la contestation de certains de ses aspects, il a inventé la sophrologie. En revendiquant son appartenance au mouvement de la phénoménologie et à la notion vivantielle de la conscience humaine, en créant les techniques originales de la relaxation dynamique*, la sophrologie s'est définitivement éloignée de l'hypnose.
La notion d’
intégration du schéma corporel comme conquête de la conscience*, non développée en hypnose, est fondamentale en sophrologie. En thérapie, si les techniques de sophronisation (avec le
terpnos logos*) et d'hypnose classique (avec ses suggestions directes et intrusives) s'opposent, il existe des points communs avec l'hypnose ericksonienne : non-directivité du thérapeute, appui sur les parties saines du patient, développement de son autonomie* par l'apprentissage, référence au
principe d'action positive*.
Corrélats : Caycedo – histoire de la sophrologie – phénoménologie – schéma corporel.