MÉDITATION
Étym.: du lat. meditari, « s'exercer, réfléchir ».
D'aucuns disent que la méditation ne peut être définie, qu'il s'agit d'une expérience indicible, ce que son étymologie « s'exercer » corrobore. On peut cependant distinguer la méditation analytique, la méditation réflexive et la méditation intuitive. La première engage l'intellect dans un approfondissement de la pensée sur un thème donné. La démarche met plus volontiers le mental en avant. Elle favorise une meilleure compréhension des phénomènes*. La méditation réflexive amène à une forme de retournement de la pensée sur soi et à une plus grande présence à soi et au monde. La méditation intuitive laisse toute la place à l'expérience immédiate ; elle mobilise toutes les structures de l'être et favorise la présence dans l'instant, sans aucune exclusive. Cette forme de méditation est transposable dans la vie de tous les jours, où chaque geste et chaque action sont vécus pleinement, quelle que soit la situation.
On peut considérer que la sophrologie constitue un entraînement à la méditation, du moins en ce qui concerne les relaxations dynamiques (la première version de la relaxation dynamique du troisième degré était qualifiée de méditative : la première partie mettait en œuvre une méditation dite simple, la seconde étant une méditation réflexive). Dès le premier degré, le sophronisant* apprend à vivre pleinement son corps*, à se concentrer. Dans le deuxième degré, il apprend la contemplation. Il apprend à vivre l'harmonie* entre le corps et l'esprit, à laisser de côté tout ce qui n'est pas dans son expérience de l'instant. Il développe ainsi sa capacité à vivre chaque instant de sa vie dans la plénitude.
Corrélats : contemplation – éveil – présence – présent – relaxation dynamique de Caycedo – zen.
MERLEAU-PONTY MAURICE (1908–1961)
Philosophe qui se distingue par son œuvre majeure, La Phénoménologie de la perception (1944). En recevant l'enseignement de Husserl (1859-1938), il décide de décrire le phénomène de la perception et non de l'expliquer ou de l'analyser.
Le projet de La Phénoménologie de la perception consiste à revenir à ce qui se situe avant les opérations de la réflexion, à retrouver ce qui les anime et les soutient, à révéler l'appui irréfléchi de notre perception du monde tout en décrivant notre expérience vécue, et à ressaisir le monde tel qu'il nous apparaît avant toute connaissance ou reconstruction du sujet.
En choisissant de
retourner aux choses mêmes, nous faisons apparaître selon Merleau-Ponty « ce monde avant la connaissance dont la connaissance parle toujours et à l'égard duquel toute détermination scientifique est abstraite, signitive et dépendante, comme la géographie à l'égard du paysage ». Nous décrivons alors la perception et la couche d'expérience vivante qui la compose.
Qu'est-ce qui fonde cette couche d'expérience vivante ? Le corps. Une partie essentielle du projet philosophique de Merleau-Ponty, qui intéresse la sophrologie, consiste à décrire le réel par l'expérience du corps. Il est décisif de retrouver le sens du corps par lequel notre découverte et notre exploration du monde s'accomplissent. Grâce aux descriptions phénoménologiques de Merleau-Ponty, la sophrologie peut mieux saisir, d'un point de vue théorique, pourquoi le corps apparaît au sophrologue* ou au sophronisant* en état de conscience sophronique* comme un foyer de sens ; pourquoi il ne se résume pas à une réalité matérielle et mécanique au sens physiologique, voire à un édifice de molécules interchangeables.
Le corps est le champ primordial qui détermine chaque expérience du sujet tout en incarnant sa conscience. Il est le noyau de l'existence, l'ouverture originaire au monde environnant. Il ne situe pas simplement dans l'espace mais, tout en lui donnant sens, il habite l'espace ; il n'est pas dans le monde comme les choses sont : il est au monde. Merleau-Ponty évoque alors l'existence d'un corps propre ou corps-sujet, défini comme un ensemble de significations incarnées et présentes au monde, partagé avec autrui de manière intersubjective. Sophrologue et sophronisant comprennent ensemble que la sophrologie, pratiquée individuellement ou en groupe, tout en étant une relation de sujet à sujet, est simultanément une relation de corps à corps.
Du fait de sa disparition brutale à l'âge de 53 ans, Merleau-Ponty nous livre une œuvre malheureusement inachevée qui demeure toutefois, dans ses fondements, essentielle pour la sophrologie.
Corrélats : corporalité – corps – existence – Husserl – intentionnalité – intersubjectivité – perception – phénomène – phénoménologie – sophrologie analytique – sujet.
MÉTHODOLOGIE
Étym. : du gr. meta, « après », odos, « voie » ; et logos, « discours, science, étude ».
Étude de la méthode en sophrologie. Terme parfois utilisé dans cette discipline – à tort – à la place de celui de méthode ou de protocole.
Corrélat : protocole (en sophrologie).
MILIEU CARCÉRAL
Étym. : du lat. carcer, « prison ».
Lieu où les détenus, en attente de jugement ou dans l'exécution d'une peine, demeurent des citoyens ayant droit aux prestations ou informations pédagogiques, préventives, sociales ou médicales.
Dans ce lieu de fermeture, le corps et le mental sont mis à l'épreuve. Le détenu subit l'expérience douloureuse de l'isolement (peu ou pas de visites). Il est aussi exposé à la limitation des mouvements (cellule de 9m² pour deux ou trois personnes où l'espace et le déplacement sont restreints), à la réduction des expériences sensorielles (goûts et odeurs formatés, bruit des trousseaux et cris très présents), au désespoir et aux interrogations sur l'avenir.
Le séjour du détenu se situe dans le temps et hors du temps : son passé correspond à son histoire ; sa réinsertion se prépare dans le présent de la détention.
Quelle est la spécificité de la sophrologie dans le milieu carcéral ?
• Proposer un travail d'ancrage et de réappropriation du schéma corporel dans la réalité objective de la détention, en dynamisant la pratique de la respiration abdominale.
• Valoriser une approche sensorielle en remettant les organes des sens en « action ».
• Écouter la personne en souffrance et lui donner le sentiment d'être entendue.
• Établir un trait d'union entre la réalité extérieure et celle qui se vit en milieu carcéral.
• Permettre à la personne « d'ouvrir son champ de conscience » à ellemême, aux autres et à l'environnement.
• Rendre possible en ce lieu et en ce moment de l'histoire de la personne d'envisager l'avenir, la sortie, avec confiance et réassurance.
Dans ce lieu si particulier, la façon dont la personne vit le phénomène* est plus importante que la situation. Le rôle du sophrologue* est alors d'accompagner ce qui se vit et se dit en cet endroit, de découvrir le langage* de l'autre, son univers, comme on peut le faire en son cabinet, sans jugement, avec intérêt, dans un effort d'objectivité et de réalité vécue.
Corrélats : écoute active – respiration – schéma corporel – sensorialité – temps.
MINDFULNESS
Étym. : de l'angl. mind, « esprit », et fulness, « plénitude » ; mindfulness se traduit par « pleine conscience ».
Le projet de « pleine conscience » des phénomènes*, utilisée dans certaines approches d'origine anglo-saxonne, est commun à toutes les approches orientales et occidentales de méditation et à la relaxation dynamique de Caycedo dans sa forme originelle, méthode clé de la sophrologie.
Corrélats : méditation – relaxation dynamique de Caycedo.
MOI CORPOREL
Étym. : moi, du lat. me, « moi » ; corporel, du lat. corpus, « corps ».
En psychanalyse, le Moi est la structure qui s'adapte à la réalité. Lorsque Caycedo emploie ce terme, il veut insister sur la notion d'individualité, de personnalité. En rajoutant « corporel », il montre toute la place que doit prendre le corps dans l'établissement de l'individualité.
Pour y parvenir, il est nécessaire que le sophronisant* apprenne à vivre pleinement son corps, en intègre toutes les parties. Ainsi, le schéma corporel (comme réalité vécue) prend peu à peu de l'épaisseur, de la densité, pour devenir le Moi corporel.
Le corps est alors vécu dans sa dimension existentielle.
La conquête du Moi corporel se fait dans toutes les pratiques sophrologiques, mais surtout dans la relaxation dynamique du premier degré.
Corrélats : corporalité – corps – Moi phronique – Moi corporel – relaxation dynamique de Caycedo – schéma corporel.
MOI PHRONIQUE
Étym. : moi, du lat. me, « moi » ; phronique*.
Grâce à une pratique régulière, le sophronisant* conquiert progressivement les dimensions existentielles du corps*, qui devient Moi corporel, et du « mental », qui devient Moi présentiel.
Au niveau sophro-liminal, le sophronisant peut alors faire l'expérience de la rencontre existentielle entre ces deux pôles de la conscience et vivre ainsi la conscience en harmonie* (ce qui correspond à la définition de la sophrologie). Il est totalement présent à lui-même, dans toutes ses dimensions. Le lieu du Moi phronique est la région phronique.
Corrélats : Moi corporel – Moi présentiel – niveau sophro-liminal – présence – région phronique – relaxation dynamique de Caycedo.
MOI PRÉSENTIEL
Étym. : moi, du lat. me, « moi » ; présentiel, du lat. praesentia, « présence ».
Néologisme inventé par Caycedo*. Façon d'insister sur la présence, mais ici, il s'agit de nommer tout ce qui n'est pas corporel : le mental, l'esprit, l'intellect, l'imaginaire, etc., une fois ceux-ci parfaitement régulés, « maîtrisés ».
Effectivement, le corps* est toujours vécu au présent ; les sensations* sont présentes. En revanche, tout ce qui est de l'ordre du « mental » est susceptible de nous éloigner de la réalité de l'instant. Si nous parvenons à réguler notre « mental », il participe alors complètement à l'action présente. C'est notre être tout entier et harmonieux qui est engagé dans l'action. Les structures mentales peuvent alors être qualifiées de « présentielles ». Elles s'inscrivent dans la dimension existentielle du sujet*.
Le Moi présentiel est activé dans toutes les pratiques*, surtout dans les relaxations dynamiques.
Corrélats : Moi corporel – Moi phronique – présence – présent – relaxation dynamique de Caycedo.
MONDE DU TRAVAIL
Étym. : monde, du lat. mundus, « univers » ; travail, du bas lat. tripalium, « instrument de torture », du lat. classique tripalis, « à trois pieux ».
Peut être défini, d'un point de vue économique, de la manière suivante : tout groupement social partageant une activité laborieuse professionnelle et rétribuée.
Englobe toutes les formes d'activité générant un revenu : l'entreprise, l'artisanat, le commerce, les professions libérales, les institutions (sociales et éducatives entre autres). Ces activités s'exercent individuellement ou en équipe(s). Cela sous-tend des relations intrapersonnelles et interpersonnelles.
La pratique de la sophrologie a fait son apparition dans le monde du travail depuis un quart de siècle.
Ses principaux usages sont d'abord la gestion du stress, la gestion des conflits et la maîtrise des émotions* afin de parvenir à de meilleures relations professionnelles et donc à une meilleure communication*. Viennent ensuite le travail sur l'adaptabilité aux changements, la motivation, l'innovation, la créativité et la poursuite d'objectifs professionnels.
Le chômage est paradoxalement une composante du monde du travail. La pratique* de la sophrologie permet de maintenir ou de retrouver l'estime de soi et la confiance en soi.
La sophrologie s'exerce sous la forme de séance d'une heure en cabinet (en individuel ou en groupe) ou au sein de la structure (plus particulièrement en groupe). Elle peut aussi faire partie intégrante d'un cursus de formation ou d'accompagnement mis en place par et dans l'organisme d'accueil.
La sophrologie dans le monde du travail s'efforce d'harmoniser le savoir-faire et le savoir-être, afin d'amener la personne à plus de légèreté et d'efficacité dans son exercice professionnel.
Corrélats : anxiété – confiance en soi – créativité – entreprise – – stress.
MOTIVATION
Étym. : du lat. movere, « mouvoir, mettre en mouvement, en action ».
Moteur indispensable pour avancer dans toute entreprise. Il en est de même en sophrologie : si la personne ne s'investit pas suffisamment dans sa démarche, il y a de fortes probabilités qu'elle ne s'entraînera pas. Elle attendra du sophrologue* des recettes, espérera ne pas avoir à s'impliquer dans sa propre évolution pour obtenir des résultats. Et il y a toutes les chances pour que ses attentes soient déçues.
Il appartient donc au sophrologue de préciser clairement, et ce dès la première rencontre, que l'entraînement est nécessaire pour progresser. À lui de savoir encourager le sophronisant*, sans le culpabiliser ou porter de jugement si celui-ci ne parvient pas à s'entraîner régulièrement.
Il est évident que si la personne décide de pratiquer la sophrologie pour répondre à une attente de ses proches ou à une recommandation du médecin, d'un entraîneur ou de tout autre prescripteur, elle sera souvent moins partie prenante que si elle le décide d'elle-même, convaincue de l'utilité de sa démarche.
Corrélats : autonomie – entraînement sophrologique – indication – inhibition – pouvoir du sophrologue.