TECHNIQUE CONDITIONNÉE (TC) OU GESTE-SIGNAL
Étym. : technique, du gr. tekhné, « art » ; conditionnée, du lat. condicio, « situation, stipulation » ; geste, du lat. gestus, « attitude, mouvement du corps » ; signal, du lat. signalis, « qui sert de signe ».
Technique de « présentation* » (voir « Présentification ou présentation (techniques de) »), non proposée en sophrologie caycédienne, qui consiste à associer un état particulier (par ex., de calme) au niveau sophro-liminal*, à un geste ou mouvement précis, voire une sensation*, choisi préalablement par le sophronisant*. Cet apprentissage, fondé sur le conditionnement, utilise un ancrage corporel qui doit être répété de nombreuses fois, lors d'autant de séances, avant d'être utilisé à un niveau de conscience plus ordinaire ou dans des situations critiques.
TECHNIQUES DÉCOUVRANTES
Étym. : technique, gr. tekhné, « art » ; découvrante, du lat. discooperire, « découvrir ».
Techniques sophrologiques favorisant la mise en évidence des causes psychologiques profondes, responsables de la problématique de la personne, en opposition avec les techniques recouvrantes qui, elles, vont laisser de côté le symptôme et ses origines.
Il est cependant difficile, sinon impossible, d'établir une liste exhaustive de ces techniques, car ce qui peut s'avérer découvrant chez une personne sera recouvrant chez une autre, et réciproquement.
Citons cependant les techniques de la sophrologie analytique et de la sophro-thérapie.
Étonnamment, les relaxations dynamiques sont souvent découvrantes, alors qu'elles ne s'adressent pas directement aux structures inconscientes du sophronisant*.
Corrélats : relaxations dynamiques de Caycedo – sophrologie analytique sophro-thérapie – techniques recouvrantes.
TECHNIQUES RECOUVRANTES
Étym. : technique, gr. tekhné, « art » ; recouvrante, du lat. cooperire, « couvrir ».
Techniques sophrologiques qui ne s'occupent pas de dévoiler les causes profondes d'un problème. Elles permettent par exemple à la personne de (dé)passer une épreuve, un examen, une période de vie délicate, sans aller chercher les raisons profondes de la difficulté ou des blocages.
Comme pour les
techniques découvrantes, il est difficile d'en établir une liste précise : ce qui est recouvrant chez une personne s'avérera découvrant chez une autre et réciproquement.
Classiquement, les techniques sophrologiques sont plus volontiers recouvrantes, du moins en apparence. Elles présentent ainsi l'avantage de ne pas brusquer les choses. Le sophronisant* chemine à son pas.
D'autre part, rappelons que la sophrologie concerne autant les personnes en bonne santé*, et qui veulent le rester, que les personnes souffrantes.
Corrélats : relaxation dynamique de Caycedo – sophrologie pédagogique sophrologie sociale – techniques découvrantes.
TECHNIQUES SPÉCIFIQUES (OU SOPHRONISATIONS SPÉCIFIQUES)
Étym. : technique, gr. tekhné, « art » ; spécifique, du lat. specificare, « distinguer (une espèce) ».
Il s'agit de l'adaptation en protocoles* plus courts, plus précis ou ciblés, des méthodes fondamentales. Ces techniques complémentaires visent davantage le court terme et sont plus spécialisées (voire davantage sur les contenus* que les capacités*) que les relaxations dynamiques.
Concrètement, elles se réalisent en une dizaine de minutes environ, le plus souvent dans une posture* statique et tonique (posture Isocay*). Le terme de technique est ainsi distingué de celui de méthode sophrologique, ce dernier désignant la relaxation dynamique, méthode clé de la sophrologie selon son fondateur.
Corrélats : entraînement sophrologique – méthodologie – relaxation dynamique de Caycedo.
TEMPS
Étym. : du lat. tempus, « temps ».
Je me trouve dans la salle d'attente d'un sophrologue et je consulte ma montre pour me situer dans ce que j'estime être le temps : en résumant le temps aux mouvements des aiguilles de ma montre, ai-je en l'occurrence affaire à lui ? Je me tourne vers moi et j'observe ce que communément je nomme ma vie intérieure. Je remarque qu'elle est peuplée d'attentes, de désirs, de projets, d'espoirs, de regrets… Toute mon existence est temporelle et ma conscience du temps est un flux de sensations*, d'impressions, d'émotions*, de sentiments*, de pensées qui s'écoulent et se succèdent ici et maintenant.
Je débute ma séance de sophrologie en présence du sophrologue. Je ferme les yeux sans être endormi : mes muscles se détendent doucement, mon rythme cardiaque ralentit ; je suis juste entre veille et sommeil. Sans le savoir, j'expérimente ce que Husserl* (1859–1938), fondateur de la phénoménologie*, nomme la « conscience intime du temps ».
Pour définir théoriquement notre rapport au temps, la sophrologie s'appuie avant tout sur la pensée de Husserl, compte tenu de l'importance que le philosophe a accordée à ce qu'il appelle le « présent vivant » ; elle s'intéresse aussi à celle de Heidegger* (1889–1976) et à son approche du temps originaire. Ces deux philosophes ne traitent pas le temps « en soi » mais « pour nous » : le thème central de la phénoménologie n'est pas le temps en général, mais l'entrecroisement entre le temps et l'être humain. La question n'est pas de savoir de quelle façon l'homme réfléchit ou conçoit le temps, mais comment le temps se donne dans l'expérience vécue.
Que se passe-t-il lorsque ma conscience* éprouve pendant la séance de sophrologie le temps présent ou, selon Husserl, le présent vivant, non réductible aux mouvements des aiguilles de ma montre ? Dans cet instant, j'oublie les repères chronologiques : depuis combien de temps la séance a-t-elle commencé ? Quelle heure est-il exactement ? Je perds des repères communs et, sans m'en rendre compte, tout en m'inscrivant ici et maintenant dans mon propre rythme, je pratique ce que le phénoménologue appelle une « réduction phénoménologique » (
époqué*), c'est-à-dire une « suspension de mon rapport au monde », une « mise entre parenthèses » du sens commun du monde, du temps des horloges, du temps socialisé…
La voix du sophrologue s'interrompt et j'entends au loin une musique qui me décentre un peu par rapport à la conscience de mon corps. Je ne connais pas cet enchaînement de sons et j'en apprécie la mélodie. Ce morceau de musique est d'un point de vue phénoménologique un objet temporel, invisible, intangible, un tout dont les phases sont des parties distinctes mais inséparables. Je saisis cette mélodie comme un ensemble dont j'admire l'harmonie ; toutefois, je n'accède qu'à des moments différents que j'expérimente dans le présent : je ne perçois à chaque fois que le bref instant d'une note ici et maintenant.
Mais comment puis-je réussir à percevoir la mélodie dans sa durée ? Comme saisir le rapport entre ce qui n'est déjà plus et ce qui n'est pas encore ? Pour saisir cette mélodie dans sa durée, il est nécessaire que les trois dimensions du temps, passé, présent et futur s'interpénètrent au moment où je perçois les sons. Pour Husserl, nous vivons toujours dans les trois dimensions du temps à la fois, mais le présent vivant est pour lui prioritaire : le passé et le futur n'ont qu'un statut d'arrièreplan. Le présent est toujours « ma » position, le centre autour duquel les deux autres dimensions se déploient. « Être » et « être présent » sont équivalents ; mais le présent est entouré par le passé et le futur qui lui permettent d'être présent. En effet, lorsque je perçois une note, je me situe sans en avoir conscience entre un passé que je retiens spontanément (rétention), dont les notes ne sont plus pour moi perceptibles, et un futur que j'anticipe spontanément (protention), dont je ne sais pas exactement à quoi ressembleront les notes et si la mélodie s'interrompra brutalement ou non. Sans en être conscient, je retiens donc dans le présent la note précédente que je relie à celle à laquelle je suis spontanément attentif ici et maintenant et j'attends sans m'en apercevoir la suivante. La rétention n'est pas l'acte mental que nous appelons « souvenir », qui nous permet d'entrer dans l'horizon du passé pour revivre ou reproduire par l'imagination une expérience non présente. Rétention et protention nous situent à partir du présent vivant (auquel je suis plus ou moins attentif, dans lequel je suis plus ou moins ancré) dans les trois dimensions du temps (tridimensionnalité). Cette conscience du temps qui dure est donc un présent élargi vers le passé et le futur par une succession de rétentions et protentions. Toute conscience est donc temporalité, parce qu'elle doit son unité au temps.
Pendant ma séance de sophrologie, je n'entends plus maintenant la mélodie ni aucun bruit de l'extérieur. Je perçois seulement la forme, les contours de ma tête et de mon visage, de mes bras, de mes jambes, les mouvements de ma région abdominale, les battements de mon cœur, l'unité, la globalité* de mon
schéma corporel* : je sens dans cet instant présent mon corps vivant. Ma conscience mais aussi mon corps sentant éprouvent le flux du temps. Le rôle du corps est central. Mais le corps physique externe, visible et objectif, n'est pas la même chose que le corps vécu ou corps propre que je sens en me déplaçant, en dansant ou lors d'une séance de sophrologie.
Dans l'expérience sophrologique, la subjectivisation du corps le restitue à sa vie vécue intime. Tout en favorisant cette conscience d'un présent élargi, l'expérience intime du temps en sophrologie correspond à une appropriation du temps, voire à une appropriation progressive de soi. Mais comment le temps s'auto-constitue-t-il ? Temps et conscience coïncident-ils ? Le temps se créerait-il dans et par ma conscience ? Heidegger dans Être et temps (1927) pose ces questions qui intéressent la sophrologie d'un point de vue théorique et pratique.
Heidegger envisage, selon ses mots, un temps à trois « extases » (passé, présent, futur). La question de l'interdépendance et de la détermination réciproque du passé, présent et futur rappelle l'approche husserlienne. Mais Heidegger évoque la priorité de l'avenir, plutôt que celle du présent. Elle s'explique par le caractère projectif de mon existence. L'homme est constamment situé sans en avoir conscience en avance de lui-même ; lorsqu'il se projette dans l'avenir, il se saisit comme possibilité d'être et peut reconnaître ponctuellement la priorité de la possibilité sur l'actualité : je saisis et je comprends l'actualité de mon présent, à la lumière de l'avenir que je projette devant moi ; je vis mon présent en fonction de ce que j'anticipe ; j'agis avec compréhension en regardant mon action en avance du point de vue de sa réalisation. Toutes les techniques de futurisation de la sophrologie (futurisation simple*, technique de projection synchronique des capacités*, sophro-acceptation progressive*, etc.) trouvent leur source dans cette conception du temps. Comment puis-je vivre positivement mon présent si je projette devant moi du négatif ?
L'idée de priorité de l'avenir n'est compréhensible que par la distinction authenticité/inauthenticité de l'être. L'avenir n'est pas un horizon infini, puisqu'il se termine par ma mort. Immergés dans le quotidien, nous fuyons cette révélation pour nous réfugier dans une existence inauthentique, non assumée : le futur est vécu comme un présent à venir que nous attendons passivement, que nous ne prenons pas en charge. À l'inverse, ma reconnaissance authentique de la temporalité inclut celle de ma finitude, c'est-à-dire de ma capacité à regarder ma mort en face, tout en donnant sens au temps de vie qui m'est imparti. Elle présuppose la possibilité de rassembler en un tout les dimensions temporelles de mon existence : à partir de l'avenir que je projette devant moi, que j'assume en le rendant conscient, je saisis mon présent et mon passé comme les parties d'une constitution significative totale. Le temps est le déroulement de mon existence.
Si Husserl rend prioritaire le présent, Heidegger estime que nous pouvons le « dépasser » en interprétant et en assumant notre vie « depuis » l'avenir. L'authenticité est une détermination existentielle qui, compte tenu de la priorité du futur, explore la totalité des dimensions de mon existence. En entrecroisant la conception husserlienne et heideggérienne, les techniques de sophrologie proposées par Caycedo montrent que nous avons les moyens d'agir sur le présent, le futur et le passé de la conscience, en instaurant une unité qui donne sens au concept et à l'expérience sophroniques de la totalisation. Pour la sophrologie, même si bien sûr le présent est central, le problème est plus d'avoir conscience des rapports réciproques des dimensions du temps dans une structure unifiée, plutôt que de valoriser un ordre de priorité.
Corrélats : authentique, inauthentique – corporalité – corps – éveil existence – imagination – perception – possibilité – présence – présent – sujet – tridimensionnalité.
TERPNOS LOGOS
Étym. : du gr. terpnos, « agréable, charmant », et logos, « discours, science ».
Cette expression grecque, utilisée par le fondateur de la sophrologie et les sophrologues, est inspirée de Platon*. Elle désigne la parole utilisée lors de la pratique* en sophrologie. Si le premier terme (terpnos) reprend le sens premier du mot latin carmen, désigne le chant magique, envoûtant, et s'adresse davantage aux couches plus profondes de la conscience*, le second (logos) renvoie davantage à la raison et vise donc la conscience vigile et l'autonomie. Cette première distinction souligne une ambiguïté dans la formule. De plus, on y distingue le contenu (le discours, ce qui est dit), du contenant (la manière de dire). Le contenu, le mot, est un signe qui renvoie à un signifiant (ici, une suite phonétique) et à un signifié (ce dont on parle). C'est ce dernier qui est le plus délicat : il est relié au culturel, aux connaissances, expériences et affects personnels. Ce qui est perçu comme positif* pour l'un peut être vécu de manière négative* pour l'autre, d'où l'intérêt de privilégier des termes le plus neutres et descriptifs que possible (cf. fonctions du langage).
Le terpnos logos sera (devra être) différent en fonction de l'intentionnalité* du sophrologue, du courant de sophrologie, des caractéristiques du ou des sophronisants* et de l'objectif de la séance.
Le fondateur de la sophrologie précise d'ailleurs que le terpnos logos doit évoluer au fil des rencontres. Le discours est d'abord explicatif : il s'adresse à des personnes n'ayant pas encore l'expérience de la technique proposée. Il devient ensuite orientatif, c'est-à-dire plus épuré et discret. Il est plus rarement persuasif, dans des techniques plus proches de l'hypnose* traditionnelle (par ex., la sophro-substitution sensorielle*) ou avec un public particulier. Au final, le silence est un idéal vers lequel le praticien doit tendre : il signe l'autonomie du sophronisant.
Le discours d'une même technique ne doit donc pas être le même lors d'une première expérience et d'autres séances, au risque de passer à côté de l'un des projets importants de la sophrologie : permettre à chaque participant de conquérir son autonomie dans la méthode et son quotidien.
L'analyse linguistique des constituants phonétiques et linguistiques est, en ce sens, une aide précieuse pour le praticien. Elle lui permet de mieux comprendre ce qui se « joue » dans l'expérience, identifier et utiliser les différentes formes de terpnos logos. Elle sert aussi de référence pour déterminer le courant de sophrologie pratiqué.
Corrélats : autonomie – fonctions du langage – langage – signifiant, signifié silence – voix.
TERRITOIRE PHRONIQUE
Étym. : territoire, du lat. terra, « terre » ; phronique*.
Concerne et englobe tout ce qui est au-delà de ce que nos organes sensoriels peuvent percevoir.
On le travaille dans les sophro-tridimensionnalités spatiales et, d'une certaine façon (car cela n'est pas nommé), dans les relaxations dynamiques des deuxième et quatrième degrés.
La difficulté réside dans le fait de ne pas se limiter à l'imaginaire pour le découvrir.
Corrélats : conscience – espace phronique – intégration – organes sensoriels – perception – région phronique – relaxation dynamique de Caycedo – sophrotridimensionnalité spatiale.
TONICITÉ, TONUS
Étym. : du lat. tonus, « tension ».
De ces deux synonymes, on retiendra le second, associé à l'adjectif musculaire, pour caractériser l'état de tension légère et la résistance à l'étirement d'un muscle. Le tonus musculaire constitue la base de toute activité motrice et posturale, permettant ainsi le mouvement, sa régulation, son maintien et son adaptation à toute situation. Sa grande complexité d'organisation fait appel à la plupart des structures nerveuses, centrales et périphériques, comprenant des systèmes d'activation et d'inhibition, et repose sur la présence au sein du muscle de fibres toniques et phasiques en proportion variable selon la fonction de ce muscle.
Le fonctionnement du tonus musculaire est déterminé par l'existence du réflexe d'étirement ou réflexe myotatique de Sherrington, grâce à la présence dans le muscle des fuseaux neuromusculaires, dont l'activité est adaptée en permanence par un système complexe qui comprend le système gamma et ses motoneurones gamma, le système inhibiteur dans la moelle épinière, des éléments périphériques (organes tendineux de Golgi, récepteurs cutanés, articulaires et viscéraux), des structures nerveuses centrales (appareil vestibulaire, cervelet, noyaux gris centraux, cortex, formation réticulaire).
On comprend alors l'importance du tonus musculaire et de ses variations dans la vie de relation puisque tous nos actes, pensées, sentiments* et émotions* retentissent sur lui, et inversement. Autrement dit, le tonus musculaire est lié à la conscience*, et la sophrologie et toutes ses techniques agissent sur lui, soit pour l'activer (préparation à l'effort, au mouvement, à l'action), soit pour l'abaisser (relaxation, détente), soit pour l'harmoniser, c'est-à-dire le rendre plus juste, selon la tâche à accomplir. Par exemple, lors des
relaxations dynamiques*, l'exécution des stimulations déclenche l'adaptation du tonus musculaire au mouvement demandé, au maintien de l'équilibre debout et à celui des différentes postures ; de même, lors de la désophronisation*, par tous les mouvements qu'elle nécessite en conscience, l'augmentation du tonus musculaire est indispensable à une reprise complète du niveau
de conscience ordinaire*.Corrélats : détente – équilibre – posture – proprioception – relaxation schéma corporel.
TOTALITÉ
Étym. : du lat. totus, « tout ».
Mot employé dans la relaxation dynamique du quatrième degré, également appelée « vivance* de totalité ». Dans cette vivance, le sophronisant* rassemble toutes les expériences des vivances précédentes, à chaque instant réactualisées : la rencontre entre le Moi corporel* et le Moi présentiel* (qui permet l'émergence du Moi phronique*), la dynamisation des structures positives de la conscience, la relation entre la région phronique* (monde intérieur) et l’espace phronique* (monde extérieur), auxquelles s'ajoute le dévoilement des valeurs existentielles.
Le sophronisant se vit ainsi dans toutes ses dimensions, prend pleinement sa place et se pose comme sujet* libre et responsable, conscient de sa dignité*.
Corrélats : entraînement sophrologique – relaxations dynamiques de Caycedo – structures de la conscience – valeurs existentielles.
TRAINING AUTOGÈNE
Étym. : training, de l'angl. training, « entraînement » ; autogène, du gr. autos, « de lui-même », et gennan, « qui produit ».
Le training autogène (appelé également auto-hypnose) a été mis au point par le docteur Schultz (1884–1970), médecin psychiatre et psychanalyste allemand, adepte de la pratique de l'hypnose.
Il s'est aperçu que la plupart des personnes hypnotisées présentent les mêmes sensations* et dans le même ordre. À partir de ce constat, il crée une méthode pour induire plus rapidement un état de relaxation* favorisant l'état hypnotique et la verbalisation. Il l'appelle « Méthode de relaxation par auto-décontraction concentrative ».
Il distingue un cycle inférieur et un cycle supérieur.
Le cycle inférieur comprend six exercices visant à la décontraction musculaire, à un meilleur fonctionnement respiratoire et cardiaque. Cette technique est très pratiquée en France.
Une fois le cycle inférieur bien intégré, on peut passer au cycle supérieur. Il consiste en des formulations positives, en direction des organes (formules organo-spécifiques) ou du psychisme (formules intentionnelles).
Après quoi, le sujet s'entraîne à la « méditation autogène », qui tourne autour de questions existentielles et se rapproche de la psychanalyse.
Caycedo* s'est inspiré du training autogène pour construire les sophronisations : après la prise de conscience du corps*, le sophronisant* travaille sur le mental. Cependant, au fur et à mesure que la phénoménologie* et la dimension existentielle* ont pris plus de place dans ses recherches (en particulier dans les relaxations dynamiques*), il s'en est éloigné, le trouvant trop inductif.
Corrélats : hypnose – induire – phénoménologie – relaxation – sophronisation.
TRAM OU TRAINING AUTOGÈNE MODIFIÉ
Inspirée du training autogène de Schultz, cette technique a été mise au point par les docteurs Abrezol et Dumont en 1966. Elle tient tout autant de la prophylaxie* que, par exemple, de la sophro-pédagogie sportive*. Pratiquée en positions debout, assise et couchée, au niveau sophro-liminal*, elle vise non seulement à renforcer la présence du corps*, mais aussi à développer la puissance de la pensée, des émotions* et des symboles.
Corrélats : relaxation – respiration – sport – training autogène.
TRANSFERT
Étym. : du lat. transferre, « porter d'un lieu à l'autre ».
Au sens psychanalytique, le transfert est un phénomène dynamique et inconscient de la cure analytique. Il en est le moteur central, nourri du rapport affectif singulier de la relation entre le psychanalyste et l'analysant. L'analysant reporte sur le psychanalyste ses vécus sentimentaux et affectifs fantasmés ou réels du passé, de son enfance. Le transfert vit de la répétition et de la résistance à la remémoration complète des vécus*.
Le transfert s'établit dans une relation sujet-objet. Le sujet cherche à investir un objet, en l'occurrence l'analyste.
Le contre-transfert est un phénomène analogue ; seulement, ce sont les vécus affectifs de l'analyste qui émergent dans la relation psychanalytique.
Le terme « alliance » apparaît en 1932, lors d'un congrès de psychiatrie aux États-Unis. Aujourd'hui, en thérapie, il désigne le plus souvent une relation relativement rationnelle entre le thérapeute et le client (cf. cadre d'une psychothérapie).
En sophrologie, Caycedo a établi le terme d’
alliance sophronique. Il la décrit comme une affinité, un contrat ou encore une relation* entre le sophrologue et le sophronisant. Dans leur rencontre, le sophrologue et le sophronisant* vivent la
réalité objective, celle du sophrologue et de la connaissance qu'il a de son état de conscience et celle du sophronisant telle qu'elle émerge lors de la séance.
Binswanger*, psychiatre phénoménologue, parle d'un « lien d'amour bienveillant » que l'analyste phénoménologue devrait créer dans l'espace de la rencontre avec son patient. Cet espace de la rencontre se distingue alors par une relation de sujet* à sujet. C'est la rencontre du « Je » et du « Tu », la « nostrité » dans une compréhension subjective et intuitive de l'autre dans sa singularité d'être.
En sophrologie, le sophrologue phénoménologue et le sophronisant créent ensemble l'espace de la rencontre en état modifié de conscience. Ensemble, ils sondent l'inconscient phénoménologique, qui est une conscience élargie chargée de phénomènes* significatifs (images, sensations*, pensées, fantasmes). Le sophrologue phénoménologue et le sophronisant laissent émerger les forces cachées et profondes et leurs significations apparentes qui animent le sophronisant. Ces forces cachées, jaillissant de nos profondeurs, expriment par exemple des tonalités affectives : un sol brûlant, un froid caverneux, une lumière joyeuse, des marécages immondes. Ces tonalités affectives aideront le sophrologue à explorer ces forces profondes et cachées et à dévoiler les schémas imaginaires du sophronisant. Ces schémas imaginaires englobent le passé, le présent* et l'avenir.
Dans le cas d'un sujet-sophronisant qui vit le « temps sans relâche », celui où prédomine la course aux rendez-vous, où le moindre interstice de temps reste à remplir, la découverte des schémas imaginaires, dans un premier temps, peut être infructueuse car uniquement intellectuelle. Le sujet-sophronisant est enfermé dans l'étage du mental. Il est possible de lui proposer un travail de relaxation dynamique* pour arrêter ce « moulin mental ». Ce n'est seulement qu'après ce premier déblayage qu'il est possible d'ouvrir un chemin à l'étage du cœur et de faire parler son monde imaginaire. Le sophrologue accueille et tente alors de se laisser gagner par les schémas imaginaires du sophronisant et à leur façon d'apparaître sans y apporter une valeur critique, qu'elle soit analytique ou autre. Et c'est là que vient se nouer l'alliance phénoménologique entre sophrologue et le sophronisant que Binswanger nomme « nostrité ».
Corrélats : alliance sophronique – contre-transfert – sophrologie analytique sophro-thérapie.
TRIDIMENSIONNALITÉ
Étym. : de l'angl. tridimensional, « qui a trois dimensions ».
Selon Caycedo*, deuxième valeur dite essentielle, parmi la liberté, la responsabilité et la dignité.
D'un point de vue théorique, la notion de tridimensionnalité s'est formée sous l'influence successive de deux philosophes, Husserl* (18591938) et Heidegger* (1889–1976).
Dans la phénoménologie* de Husserl, le présent ne se réduit pas à un instant ou un point. Il est élargi, en tant que « présent vivant », à ses deux dimensions spécifiques : passé et avenir.
Chaque instant présent nous inscrit dans les phases dynamiques de la rémanence du passé, nommée par Husserl rétention (activité spontanée de la mémoire), et dans celles de l'anticipation ou du pressentiment de l'avenir, nommé protention (activité spontanée de l'imagination*).
Caycedo considère que la
région phronique est tridimensionnelle. Il la représente sous la forme d'un hexagone décrivant la tridimension temporelle ; celle-ci ne se résume pas aux paramètres du présent, futur et passé, mais elle inscrit ces trois dimensions dans un processus de totalisation : par l’
entraînement sophrologique*, le sujet* peut avoir conscience d'ouvrir son présent aux dimensions du passé et de l'avenir ; cette conquête d'un nouveau territoire (voir « Territoire phronique »), rendue possible par la rencontre du
Moi corporel* et
Moi présentiel* lors des vivances*, favorise progressivement l'élargissement de la
région phronique.
La temporalité de l'existence constitue, pour le philosophe Heidegger, le fondement de toute historicité : parce que l'existence* est temporalité, elle est essentiellement historicité. Il serait donc absurde de penser le temps comme un cadre délimité et figé, dans lequel l'existence des êtres humains se déroulerait. Caycedo retient de la phénoménologie de l'existence de Heidegger que la tridimensionnalité est inhérente à l'historicité de chaque sujet.
D'un point de vue technique, la notion de tridimensionnalité est principalement présente au cœur de la sophro-tridimensionnalité spatiale*, de la sophro-tridimensionnalité temporelle*, de la sophro-tridimensionnalité axiologique temporelle interne*, de la sophro-tridimensionnalité axiologique temporelle externe*, de la sophro-tridimension interne des capacités* ; ainsi que dans la dixième et onzième relaxations dynamiques, sous les titres respectifs : « Marche phronique de la tridimensionnalité des objets et constitution de la région sophronique » et « Marche phronique de la responsabilité et de la tridimensionnalité des êtres ».
Corrélats : conscience – cycle existentiel – dignité – liberté – présence présent – région phronique – relaxation dynamique de Caycedo – responsabilité – temps – territoire phronique.