Chapitre 14

 

La foule se pressait sur les remparts de Swartaug pour assister aux joutes offertes par Slegur, hartl du Heldmark, qui, en cette occasion, abandonnerait son statut de protecteur pour celui de heyr. On trouvait parfois l’évocation de tels personnages dans les légendes. Le titre renvoyait donc à une époque antérieure à l’instauration des hartolats par Fyrstur, le premier Axe-divin. Par ce biais, Slegur s’arrogeait le droit d’imposer aux hartli placés sous sa « protection » un tribut tant humain que fiduciaire.

Présentées comme un divertissement, les joutes constituaient une démonstration de force de la part de celui qui avait adopté le surnom de Conquérant.

Sur la plaine, devant les portes de la cité, on avait dressé les tribunes où prirent place les invités de marque. Les alliés de Slegur, à vrai dire, arboraient une triste mine. À l’exception notable d’Élyhora, pour qui ce triomphe était aussi un peu celui de ses fils – lesquels avaient pris une grande part aux conquêtes –, tous avaient bien conscience que l’invitation qu’ils avaient reçue constituait en réalité une convocation à ratifier leur assujettissement. Et même à l’applaudir. Le désastre de Svarkettel était bien oublié. Reconstituée, réorganisée, l’armée du Heldmark apparaissait désormais plus nombreuse, plus puissante que celle que le Breitjolk avait presque anéantie. Ils savaient ce que cela leur coûtait déjà et soupçonnaient que l’avenir serait plus sombre encore. Ceux qui au lendemain de la catastrophe l’avaient interprétée comme la désapprobation des dieux n’avaient plus qu’à se taire. Si l’épreuve avait revêtu un sens, il était d’une nature toute différente. Au fond, la destruction de l’ancienne armée avait contribué à faciliter l’ascension de Slegur, en le débarrassant des chefs de clans les plus influents du Heldmark. Nécessité oblige, il avait mené de profondes réformes dans cette armée. Par exemple, la création d’une cavalerie plébéienne, qui avait bien contribué à rabattre la superbe des bardaghi ; pour bien enfoncer le clou, il l’avait placée sous le commandement d’un homme de l’extraction la plus basse, Nyr-l’affranchi. Il n’avait pas hésité non plus à recourir à des mercenaires ; ils avaient contribué aux succès de son armée en y introduisant de nouvelles pratiques, de nouveaux modes de combat.

Les phalanges prirent position dans la plaine, face à la ville. À perte de vue flottaient les étendards frappés de la Lyre. Aux sonneries des trompes répondaient les roulements des tambours de la cavalerie. Slegur en avait introduit l’usage, sur les conseils de Nyr, afin d’acclimater les chevaux aux détonations des traits fusants et des barils à mitraille. Le soleil printanier luisait sur les casques, les armes, les boucliers. Et, bien sûr, sur la cuirasse d’apparat qu’inaugurait le heyr.

Huit ans. Il s’était écoulé huit années depuis que, poussé par l’Inspiré, Slegur avait osé franchir la frontière d’une commanderie voisine.

Un délai à la fois long et bref. Il avait du mal à se souvenir de son état d’esprit à cette époque. Ce qui était certain, c’était qu’alors il ne visait pas beaucoup plus loin que la rive droite du Stor. Et qu’à présent il exerçait son autorité sur à peu près toute la péninsule. Kredfast avait eu raison de prédire que l’Axe-divin, frappé de sidération par l’Unique, ne s’opposerait pas à son expansion. Cependant la personne qui l’avait le plus encouragé, ce n’était pas l’Inspiré. Dans le bleu des bannières sur lesquelles la Lyre était brodée d’or, Slegur voyait moins la couleur choisie par Gæfa pour revêtir les prédicants que celle que sa mère portait, avant qu’elle s’obstinât dans le veuvage.

Huit années. Qu’est-ce, dans la vie d’un homme ? À la fois beaucoup et peu. Un huitième de sa vie. Cette octennie avait changé la sienne. D’un simple hartl d’une commanderie au sol ingrat elle avait fait le maître d’un territoire sans équivalent dans le Monde.

Pénétrer dans le Kupstrand, bousculer ses troupes en rase campagne et prendre le contrôle de ses mines de fer malgré la résistance farouche des sauvages Dwari avait été l’affaire de trois saisons. Les ports avaient tenu plus longtemps, presque deux années. Le plus difficile avait été de venir à bout de la flotte kupstrandee qui, supérieure en nombre à la sienne, en pleine reconstruction, s’opposait au blocus. Mais, là encore, l’audace et l’inventivité avaient payé. Abandonnant la construction de lourds vaisseaux, longue et coûteuse, au profit de celle d’embarcations légères, ses arsenaux lancèrent nombre de galères à faible tirant d’eau. Elles ne résistaient pas aux tempêtes d’hiver ni n’embarquaient beaucoup de combattants, mais elles étaient rapides et bien plus souples que les navires de haut bord qu’elles attaquaient en flottilles de quatre à six unités, tels des loups chassant en meute. Les traits fusants qu’elles tiraient en nombre incendiaient les voiles de l’ennemi, le mettant dans l’incapacité de manœuvrer.

Une nouvelle campagne, lancée au printemps suivant la reddition du Kupstrand, se révéla nécessaire pour conquérir le Tudmark, et une autre pour recevoir sans véritable combat la soumission du Gullstrand et occuper les hautes vallées du Flaksval, dont les fanatiques refusant d’adhérer à la Vraie Doctrine furent repoussés dans les montagnes. Slegur contrôlait désormais tous les ports de la péninsule, tous les cols et les routes côtières qui y menaient. Il avait tout bonnement annexé deux commanderies au Heldmark. Quant à ses alliés Orston et Resnar, il avait depuis longtemps cessé de feindre de les traiter en égaux. À bien y réfléchir, ce titre dont il s’était investi le matin même ne changeait guère la situation. Il visait avant tout à affirmer son indépendance par rapport aux Soixante-quatre, c’est-à-dire l’Axe-divin.

Passant devant la tribune centrale, occupée par les membres de sa maison et Élyhora, Slegur adressa un salut remarqué à la hartlee. Dans les marches, le Solkstrand continuait à occuper une place à part. S’il alimentait l’armée du Conquérant en hommes, en blé et en fourrage, c’était encore la hartlee qui fixait le nombre et la quantité de ces tributs. Elstur avait succédé à Mader. Tveir commandait la phalange du Tétra, la plus prestigieuse des unités regroupant Heldmarki, Solkstrandi et mercenaires issus de commanderies lointaines, dont les Omraï du Fjarmarkt et les redoutables carrés horsti. Quant au troisième fils d’Élyhora, il bénéficiait d’un prestige encore plus grand : protégé notoire de Kredfast-l’inspiré, il partageait son temps entre sa dignité de recteur du collège des prédicants et l’intimité de son maître. Récipiendaire privilégié des révélations de celui-ci, censeur des épîtres produites par le palais du Renard, il voyait de jour en jour son influence croître. Les grandes maisons du Heldmark s’émouvaient parfois des honneurs prodigués aux Svein’ari, mais aucun de leurs chefs n’osait en faire remontrance à celui qui les dispensait.

Slegur se positionna face aux troupes, le dos tourné à la tribune. À sa droite, dans une cuirasse à peine moins ouvragée que la sienne, se tenait Elstur. À sa gauche, Mader. L’ancien connétable faisait moins belle figure. Il avait été convié au dernier moment, sur la suggestion, disait-on, de son successeur. C’est-à-dire en fait d’Élyhora. Tassé sur son cheval, indisposé par la chaleur naissante, le vieil homme dont le bras n’était désormais plus apte à manier le sabre n’en savait pas moins gré à son maître de reconnaître les services qu’il lui avait rendus en lui réservant une place d’honneur.

Pendant près d’une heure, les meilleurs éléments firent étalage de leur dextérité dans des combats simulés. Slegur lui-même donna de sa personne en faisant mordre la poussière à trois lutteurs. Puis l’armée se mit en branle, pour un défilé triomphal. Les bardaghi ouvraient la voie, impressionnants de puissance sur leurs montures dont les caparaçons s’ornaient de pierres fines et d’escarboucles. Sous les heaumes surmontés de figures emblématiques des clans, les traits étaient souvent très jeunes, mais ces guerriers avaient acquis dans les combats une expérience que leurs aînés, qui n’avaient connu que de mesquines querelles de préséance, n’avait jamais eue. La cavalerie plébéienne fermait la marche. Ses chevaux étaient plus minces, plus déliés que ceux des bardaghi. Leur force résidait dans leur vélocité. Aussi, pour rester légers, leurs cavaliers ne portaient-ils qu’une cotte bardée. Les plus valeureux d’entre eux exprimaient leur bravoure en négligeant même cette protection. À leur tête, Nyr chevauchait quasiment nu.

L’ordonnancement régulier des unités comptait au nombre des nouveautés introduite par Slegur. Naguère, chaque clan apportait ses effectifs, regroupés autour de ses bardaghi. Après le désastre de Svarkettel, les disparités s’étaient révélées telles qu’il lui avait fallu adopter une autre organisation. L’unité de base restait l’octon, regroupant huit hommes, mais chaque phalange en comportait désormais le même nombre, regroupés en octogons, demi- cohortes et cohortes. Cela facilitait beaucoup le commandement du chef de bataille.

Gerd avait veillé à ce que les armes et les cuirasses de ses hommes soient astiquées avec soin. Depuis peu, il avait été promu à la tête d’un demi-octogon, ce qui plaçait trente-deux hommes sous son commandement. Sur sa proposition, Alder l’avait remplacé à la tête de l’octon qu’il commandait auparavant.

En passant devant le heyr, les porte-enseignes annonçaient leur unité. En entendant le nom de sa cohorte, le Geai, Gerd bomba le torse. La phalange à laquelle elle était rattachée avait été de tous les combats. De quoi serait fait demain ? Gerd n’avait pas atteint un niveau suffisant dans la hiérarchie pour en être informé. Il serait toujours temps de voir. On l’enverrait probablement en garnison dans une commanderie quelconque, n’importe laquelle sauf le Solkstrand. En attendant, ce soir, pour clore en beauté cette journée de fête, il irait traîner du côté des femmes accortes. Il en connaissait une qui servait avec générosité les chopes et les coups de reins.

***

Un rayon de soleil s’infiltra entre les pans de la bâche qui fermaient le chariot pour se poser sur la joue de Kélia. Elle n’ouvrit pas les yeux mais sourit sous la caresse. Elle hésitait à quitter la tiédeur de la couverture d’ovlaine. Elle voulait prolonger cet état de demi-sommeil où l’on flotte entre le Monde et le rêve, sans chercher à démêler l’un de l’autre. Le seul moyen de retenir quelques bribes des songes qui s’évaporent mais dont on sait qu’ils vous ont rendu heureux. Consciente, Kélia ne conservait aucun souvenir du Laxdal où s’était déroulée la première année de sa vie, avant que la guerre les jette, elle et sa mère, sur les chemins de l’errance. Pourtant les paysages de la haute vallée des monts Rothfjoll avaient resurgi avec netteté dans son rêve. Le temps passe, mais chacun des instants que l’on a vécus demeure tapi au fond de soi, prêt à jaillir à l’improviste. De son rêve, à vrai dire, il ne lui restait plus grand-chose, juste ce décor montagneux et la sensation de quiétude qu’elle ressentait à son réveil.

Elle se pelotonna davantage sous la toison bouclée. Elle n’était pas pressée. Varka avait décidé de rester quelques jours à la lisière de ce village dont Kélia avait oublié le nom, dans l’espoir d’échanger quelques provisions contre un peu de travail. Tout ce qu’elle en savait, c’était qu’on y respectait encore les dieux anciens. Et, par conséquent, les lois de l’hospitalité. Même pour des proscrits.

Pour combien de temps encore ? Les Bleus étaient arrivés jusque-là, et les méchantes rumeurs concernant les Enfants des étoiles se répandaient dans leur sillage.

Sur son visage le soleil était déjà chaud. Elle se décida enfin à quitter le chariot. Ulfdòttir l’accueillit avec un jappement joyeux. Son sang de louve l’empêchait peut-être d’aboyer ainsi que les autres chiens, mais pas de remuer la queue.

Hòggni revenait avec un fagot d’au moins une demi-cordée sur le dos.

— Ta mère est partie chasser, annonça-t-il en apercevant la fillette. Et d’ajouter : Il y a de cela un bon moment.

Il laissa tomber le bois qui se dispersa avec fracas.

— Et voici de quoi faire cuire ce qu’elle rapportera. Auparavant, je suis allé puiser de l’eau.

Il ne lui reprochait pas d’avoir paressé, mais il ne se montrait pas léger dans ses allusions.

— Cette nuit, j’ai rêvé de mon père, lança-t-elle.

L’idée venait de lui en traverser l’esprit. Elle n’en avait aucune certitude. Il s’agissait plutôt d’un défi. Hòggni et Kelt avaient été amis. Pourtant, elle avait très tôt ressenti l’agacement que l’évocation de ce dernier provoquait quelquefois chez le Horsto. Cela ne l’avait jamais empêchée de lui poser maintes questions à son sujet, auxquelles, elle devait le reconnaître, il avait davantage répondu que sa propre mère, dont les yeux se mouillaient souvent quand elle en parlait, si bien que la fillette n’avait pas le cœur d’insister et changeait d’elle-même de conversation. Le Horsto, lui, ne se dérobait pas. Elle aimait plus que tout l’entendre narrer telle ou telle anecdote, un souvenir de voyage, un épisode aventureux, dont il ressortait que Kelt Bouche-d’or était un personnage prodigieux, plus proche des Preux de la légende que des hommes ordinaires.

Hòggni soupira. Plus exactement, il souffla par les narines, ce qui, chez lui, trahissait une sombre humeur. Plus d’un, qui s’était cru autorisé à brocarder sa laideur, avait regretté d’avoir négligé à temps cet avertissement. Kélia, elle, ne s’en inquiéta pas. Jamais le Horsto ne porterait la main sur elle.

— Va chercher le glaive, dit-il. Il y a longtemps que tu ne t’es pas entraînée.

Elle se renfrogna.

— Je n’ai pas déjeuné, objecta-t-elle.

— Tant mieux, tu seras plus légère.

Elle détestait ces leçons. Surtout depuis qu’au bâton des débuts Hòggni s’était mis en tête de substituer le glaive de Kelt. Elle ne repensait jamais sans frémir à la sensation qu’elle avait éprouvée la première fois qu’elle l’avait utilisé, même si ce sentiment d’être possédée par l’arme ne l’avait jamais effleurée au cours de l’entraînement.

— Allons, dépêche-toi !

Elle obéit à contrecœur.

— Le voilà, ton glaive ! dit-elle

— Ce n’est pas mon glaive, rectifia Hòggni, et tu le sais très bien.

— Mon père n’était pas un guerrier !

— En effet. Il ne savait pas s’en servir. Ce qui ne l’a pas empêché de briser mon sabre avec.

— Briser ton sabre ? Vous vous êtes battus ? Oh, s’il te plaît, oncle Hòggni, raconte !

— Une autre fois. Aujourd’hui… En garde !

Elle soupira. L’arme pesait lourd à son bras.

— Oncle Hòggni, je n’ai pas envie… J’en sais assez pour me défendre des importuns. Je ne serai jamais une guerrière, moi non plus.

— Peut-être. Sait-on jamais. Moi, je voulais être bûcheron. Il y avait deux colporteurs, hier soir, à l’auberge. Ils rapportaient de bien tristes nouvelles du Sanglier. Les Uniciens ne connaissent plus de frein à leur audace. Un jour peut-être, la guerre que nous fuyons nous rattrapera.

— Les colporteurs sont tous des menteurs.

— Certes. Mais il se pourrait que ceux-là aient raison. Essaie de m’atteindre ! Allons !

Elle porta un coup d’estoc que le Horsto évita en reculant d’un pas, sans même se presser.

— La lame est courte. C’est une arme de proximité. Tout ton corps doit l’accompagner. Essaie encore.

Il pivota et donna une tape sur le bras de Kélia.

— Un peu plus de conviction, par les quatre couilles de Gorth !

— Mais tu n’as aucune protection. Si je te blesse…

— Quelle prétention ! Attaque, je te dis. Imagine que je suis un zélateur de l’Unique décidé à te pendre par les pieds au-dessus d’un brasier !

Elle essaya de nouveau, de taille cette fois. Sans plus de succès. Encouragée par son instructeur, elle enchaîna les passes. Curieusement, plus elle se prenait au jeu, plus l’arme devenait légère à son poignet.

— Allons ! Plus méchant ! Tu es habile, fillette. Mais tu ne te bats pas, tu danses.

— Je fais comme tu m’as dit !

Quand elle se rebiffait ainsi, en relevant le menton, comme elle ressemblait à sa mère !

— Tes pas se succèdent avec précision, malheureusement tes enchaînements sont convenus. Tes mouvements sont trop prévisibles. Je pourrais dessiner au sol les huit horizons rien qu’en me fiant aux traces que tes pieds ont laissées. Ce n’est pas ta faute. Après tout, c’est ce que Varka t’enseigne depuis ta tendre enfance, cette façon de bouger ton corps, d’occuper l’espace. Mais si tu veux vaincre, oublie ce qu’elle t’a appris. Enfin, tout ce qui te rend vulnérable.

Il ramassa un rondin de sa récolte de bois, qu’il dut tenir à deux mains car il était plus épais que son bras.

— Attention, fillette ! Cette fois, je vais parer et il se pourrait que je riposte.

Elle bondit sur lui, bras levé. L’abattit. L’acier rencontra le bois. Et le trancha net.

De stupéfaction, elle lâcha son arme.

— Oncle Hòggni ! Je ne t’ai pas fait mal ?

— Ne t’inquiète pas, mon chevreuil, je m’y attendais. Tu demandais, tout à l’heure… C’est comme ça que Kelt a brisé ma lame. Rien ne résiste à ce glaive. Il est forgé avec l’acier des Preux ! Ah, voici ta mère. On dirait que la chance lui a souri et que nous allons faire bombance.

Il ramassa le glaive et le remisa dans son fourreau. Varka n’aimait pas voir sa fille le manipuler, quand bien même elle reconnaissait qu’il pourrait lui être utile un jour.

Plus tard, tandis que le gibier rôtissait, Kélia demanda :

— Est-ce que les adeptes de l’Unique font réellement ça ?

— Quoi ?

— Pendre les gens par les pieds au-dessus d’un feu.

— Ça et bien pis, mon abeille. Ça et bien pis. Voilà pourquoi tu dois apprendre à te battre. Pour ne jamais être obligée de faire ce dont tu n’auras pas envie.

— Pourtant je t’ai dit que je n’avais pas envie d’apprendre à me battre, et tu m’as forcée.

Il rit. Elle avait l’art de le mettre face à ses contradictions.

— Eh bien, tu me désobéiras. Mais pas avant que je t’aie appris ce que je sais.