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– Mademoiselle Dekhran !

Je sursaute, me retourne, fébrile. Le surveillant… celui que j’avais rencontré lors de mon premier jour.

– Mon maquillage a coulé, c’est ça ?

Les mots qui sortent de ma bouche me surprennent. Jamais je n’aurais pu dire ce genre de chose avant.

– Ha, ha ! Mademoiselle fait dans l’humour, mais ça ne va pas durer. Il semblerait que tu sois partie du lycée un vendredi après-midi, le mois dernier.

Le jour du pichet d’eau, un souvenir que je préférerais oublier. Qu’est-ce que ça peut bien lui faire ? Dans mon ancien lycée, on ne nous embêtait pas pour une journée d’absence, alors une demi-journée…

– Comme il est stipulé dans le règlement intérieur, toute absence doit être justifiée dans les quinze jours qui suivent. Au-delà, il y a sanction.

– Quoi ?

Et il attend justement que le délai des quinze jours soit passé pour m’en avertir ? Décidément, je ne l’apprécie vraiment pas.

– Quoi quoi ? Tu n’es pas capable de prononcer une phrase grammaticalement correcte ? Sujet, verbe, complément ?

– Je ne le savais pas ! À mon ancien lycée…

– Justement, tu n’y es plus. Et dans cet établissement, il y a des règles à suivre. Pas de justification, sanction ! Mais rassure-toi ! Ici, on aime les punitions… utiles.

– Et c’est censé me rassurer ? C’est quoi une punition utile ? je lui réponds sur un ton un peu trop cassant.

– Oh, mais c’est qu’elle va mordre la petite ! Ça veut dire que demain tu rejoins Kimberley en salle Aristote à 13 heures précises. C’est elle qui gère l’organisation du bal, alors tu l’écoutes religieusement, et tu lui obéis sans rechigner.

– Le bal ? Mais…

– Et arrête de me répondre, tu me fatigues ! Tu prépareras la salle avec les autres, les décors, les affiches, tu balayeras les sols, tu feras tout ce qu’il faudra faire, et avec le sourire ! Puis, rassure-toi, Cendrillon, rien ne t’empêchera de te rendre au bal, une fois que tout sera prêt.

– Mais je m’en fous de ce fichu bal !

– Tu préfères peut-être débarrasser les plateaux de la cantine et faire la vaisselle tous les jours ? Ou mieux encore, récurer les toilettes ? Remarque, vu l’odeur, ce ne serait peut-être pas une si mauvaise idée…

Rien qu’à l’entendre j’en ai la nausée.

– C’est bon ! Demain, 13 heures, salle Aristote…