Prologue

Elle se tenait assise, figée, les mains couvertes de sang. En fermant les yeux, elle en eut encore la vision. Elle contracta les paupières et poussa un soupir au milieu du silence. Mais la vision persistait. Le blanc devenu rouge. Les yeux morts.

Elle plongea ses mains tremblantes dans l’eau, et des volutes de sang se répandirent aussitôt dans la bassine auparavant immaculée. Elle s’y enfonça jusqu’aux avant-bras, puis jusqu’aux coudes, jusqu’à ce que l’eau se ternisse, puis qu’elle la change et qu’elle se ternisse à nouveau. Même lorsque ses bras furent redevenus blancs, que l’eau sale eut été vidée et qu’elle eut cessé de trembler, le rouge demeura dans son esprit.

Comment cela avait-il pu advenir ? Comment le mal survient-il ? Était-ce l’œuvre des dieux ? Une punition pour un autre acte malveillant ? Ou bien se tenaient-ils au-dessus, impavides, observant comment une pierre venait en frapper une autre, puis une autre ? Simples visages de marbre clignant des yeux dans la poussière projetée par l’avalanche.