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Immuabilité, irrationalité

ENVERS ET CONTRE TOUT

Pourtant, ce qui frappe, avec le recul, c’est la continuité exceptionnelle de notre politique d’immigration et d’intégration. Chaque étape a progressivement revêtu un caractère définitif.

Le changement de nature de l’immigration n’a pas été affecté par les alternances électorales. Le tableau retraçant l’évolution de la part des immigrés dans la population française ne porte aucune trace de la succession des gouvernements. Le pourcentage de naissances de deux parents étrangers a atteint son pic à cheval sur les présidences de Valéry Giscard d’Estaing et de François Mitterrand ; son augmentation récente enjambe les quinquennats de Nicolas Sarkozy et de François Hollande. C’est entre 1997 et 2007, tandis que se relayaient à Matignon Lionel Jospin, Jean-Pierre Raffarin et Dominique de Villepin, que le pourcentage de naissances d’un parent français et d’un parent étranger a doublé.

Le constat est identique en ce qui concerne le passage du modèle républicain d’assimilation ou d’intégration des immigrés au modèle multiculturel. S’il a toujours été contesté – parfois violemment – dans les mots, il n’a jamais été remis en cause dans les faits.

La même continuité a fini par s’observer, en dépit de quelques différences minimes montées en épingle, en matière d’immigration illégale. La droite revenue au pouvoir en 2002 n’a certes pas consenti de régularisation massive, contrairement à la gauche, mais elle a procédé à des régularisations « au fil de l’eau » – environ 30 000 par an1 – aboutissant au même résultat. Le nombre annuel et le taux d’exécution des mesures d’éloignement n’ont crû que faiblement : le premier s’est stabilisé autour de 20 000, le second autour de 20 %2. La rupture était si bénigne que la gauche revenue à son tour au pouvoir en 2012 a mis ses pas dans ceux de la droite : après une hausse conjoncturelle en 2013, le nombre de régularisations est redescendu aux alentours de 30 000 à partir de 2014 ; nous ne disposons d’aucun chiffre récent pour le taux d’exécution des mesures d’éloignement, mais leur nombre est demeuré globalement stable jusqu’en 20153.

Un fait prouve que nos gouvernements récents se sont tous, quelle que soit leur orientation politique, accommodés de l’immigration illégale : aucun d’entre eux n’a engagé de lutte réelle contre l’emploi d’immigrés illégaux. Soulignons d’abord que de très nombreux immigrés illégaux travaillent de manière déclarée, alors qu’il serait facile de vérifier le numéro de sécurité sociale des salariés au moment de leur déclaration. Les contrôles sont par ailleurs dérisoires : selon les calculs effectués en 2011 par une économiste française, « les entreprises de moins de dix salariés ne seront jamais contrôlées ; celles de plus de dix salariés, étant donné le nombre d’inspections visant le travail clandestin, le seront en moyenne une fois tous les 70 ans »4. Notons enfin que la durée de séjour requise pour réclamer sa régularisation a dernièrement été abaissée à trois ans « dès lors que l’intéressé pourra attester d’une activité professionnelle de vingt-quatre mois dont huit, consécutifs ou non, dans les douze derniers mois »5. L’emploi d’immigrés illégaux est donc considéré comme une composante normale de l’économie nationale.

 

Mais après tout, demandera-t-on, où est le problème ?

Le consensus n’est pas un mal, bien au contraire, et pourquoi nous serait-il interdit de modifier notre politique d’immigration et d’intégration ? Nous sommes en démocratie. Ce que le peuple a fait, il peut le défaire. S’il estime qu’une politique, ou même un projet politique dans son ensemble, a montré ses limites, il est libre d’en changer. La chose est aisée : il suffit que certains de ses membres exposent publiquement cette proposition et parviennent à convaincre la majorité de leur confier le mandat de la mettre en œuvre.

Le problème est qu’il n’en a rien été. Ainsi que le notait Marcel Gauchet dès 1990, « [la transformation de la France en société multiculturelle] présente cette particularité intéressante d’avoir totalement échappé, de bout en bout, au débat et à la décision démocratique ». Le peuple français n’a jamais été consulté sur le changement de nature de l’immigration : ni lorsqu’il s’est amorcé, dans les années 1960 et 1970, ni lorsqu’il a entamé sa seconde phase, dans les années 1990. François Hollande n’a même pas été capable de tenir sa promesse, pourtant insignifiante au regard des enjeux, d’organiser chaque année au Parlement un débat visant à fixer les flux d’immigration économique. Le peuple français n’a pas davantage été consulté sur le passage au modèle multiculturel : ni par la gauche, lorsqu’elle s’est convertie au multiculturalisme dans les années 1980, ni par la droite, lorsqu’elle a décidé, selon les cas, de s’y rallier ou de s’y résigner, on ne sait quand exactement.

À vrai dire, le peuple français n’a même jamais été officiellement informé. Beaucoup, à gauche notamment, se sont longtemps accrochés au mythe d’un arrêt de l’immigration en 1974, en omettant de signaler les conséquences, pourtant capitales, du développement de l’immigration familiale. Aujourd’hui encore, certains soutiennent contre toute évidence que notre immigration n’est pas massive. Voici comment le ministre de l’Intérieur décrivait la « situation de l’immigration en France » dans un document remis au Parlement en avril 2013 : « Si les immigrés ne représentaient qu’à peine 3 % de la population française au début du siècle dernier, le niveau actuel est stable depuis 1975. […] Si la France a connu au siècle dernier deux grandes vagues d’immigration (durant les deux expansions économiques majeures de l’entre-deux-guerres et des Trente Glorieuses), elle n’est plus à proprement parler aujourd’hui un très grand pays d’immigration. »6 La part des immigrés dans la population française augmente depuis 1999, et le ministre de l’Intérieur prétend qu’elle est stable depuis 1975 ; cette part augmente à un rythme similaire à celui des Trente Glorieuses, et le ministre de l’Intérieur prétend que, si la France connaissait alors une grande vague d’immigration, elle n’est plus aujourd’hui un très grand pays d’immigration.

Quant au passage du modèle républicain au modèle multiculturel, nous avons vu qu’il n’avait pas été assumé comme tel, mais emmailloté dans la rhétorique rassurante de l’intégration par les valeurs républicaines.

 

Serait-ce alors que la consultation du peuple français ait été rendue superflue par son assentiment tacite ? Non plus. Tous les sondages d’opinion indiquent depuis longtemps que la majorité du peuple français est opposée à la poursuite d’une immigration de cette nature dans le cadre d’un modèle multiculturel. Cette majorité a d’ailleurs porté au pouvoir des hommes qui s’étaient engagés à infléchir notre politique.

Il y eut bien une réponse, mais seulement dans l’ordre de la communication.

Pendant un temps, disons entre le milieu des années 1980 et le début des années 2000, le champ du débat avait paru voué à se rétrécir parallèlement à l’évolution de notre politique d’immigration et d’intégration. Chaque étape semblait devoir, en cette matière aussi, revêtir un caractère définitif.

Combien de ténors de la droite se seraient permis, au tournant du millénaire, alors que les flux d’immigration augmentaient considérablement, d’évoquer l’existence d’un « seuil de tolérance » aussi tranquillement que l’avait fait un président de gauche une décennie auparavant, alors que les flux d’immigration étaient relativement stables7 ? Bien peu, en tout cas, se seraient risqués à s’exprimer aussi abruptement que le Premier ministre de ce président, à une époque où le nombre d’entrées annuelles était pourtant deux fois moindre : « Nous ne pouvons plus […] recevoir un flux massif et incontrôlé sans que cela n’hypothèque gravement et tout ensemble d’abord l’équilibre social de la nation, ensuite les chances d’intégration des étrangers installés, enfin l’avenir même de nouvelles vagues d’arrivants et des pays d’où ils viennent. »8

Cependant les faits sont têtus et les élections régulières, de sorte que, après le « séisme » du 21 avril 2002, certains ressentirent la nécessité – ou pressentirent l’intérêt – d’aménager leurs discours. Nous vîmes ainsi un ministre de l’Intérieur, ministre d’État, affirmer qu’il fallait absolument réformer notre politique d’immigration et d’intégration, sans le faire, puis, après cinq années de ce drôle de manège, s’engager à rompre avec sa politique s’il était élu président de la République, une fois élu n’en rien faire, tout en répétant qu’il fallait le faire, puis, après cinq autres années de ce drôle de manège, promettre une rupture encore plus radicale s’il était réélu.

L’immigration devint par ailleurs, sous son impulsion, l’un des outils de communication favoris d’une fraction de la droite, résolue à « briser les tabous de la société française ». Tandis que les mises en scène martiales se multipliaient, il se disputait une espèce de concours Lépine de la petite phrase. Un jeu de rôles s’organisa. Le même numéro reparaissait à intervalles réguliers : un politicien de droite faisait une déclaration tapageuse, la gauche feignait de s’en indigner, la droite feignait de s’indigner de cette indignation, chacun retournait à sa place et tout le monde était content. De ce point de vue, le « grand débat sur l’identité nationale » fut un franc succès : pendant de longs mois, le numéro s’entretint de lui-même à la manière d’une série à épisodes. L’incohérence était totale. On disait une chose et on faisait le contraire. On disait une chose et on disait le contraire. Aucune ligne ne se dessinait.

Depuis lors, le système a repris son rythme de croisière, avec des bouffées de chaleur à l’approche de chaque élection.

 

L’attitude de nos dirigeants a bien entendu produit, et continue bien entendu de produire, des conséquences néfastes pour la cohésion nationale.

Est-il besoin de préciser que l’absence de consultation sur le changement de nature de l’immigration et le passage au modèle multiculturel a attisé les réactions de rejet suscitées par ces deux phénomènes ? Nul ne s’étant jamais enquis de l’avis du peuple à son sujet, l’immigration est devenue, pour beaucoup, le vivant témoignage d’un recul de la souveraineté populaire. En outre, les dénégations récurrentes d’une partie des élus, qui oscillent entre le mensonge par omission et le mensonge caractérisé, ouvrent la voie à toutes les inquiétudes et à toutes les exagérations.

Les petites phrases de nombreux politiciens de droite jettent aussi de l’huile sur le feu. Peut-être ont-elles eu d’abord un léger effet cathartique, en mettant des mots publics sur des constats et des aspirations populaires, mais il n’en est resté, lorsqu’il fut acquis – et ce le fut rapidement – que nulle politique ne viendrait s’y substituer, qu’un motif d’aigreur supplémentaire. Est-il conduite plus irritante que d’attirer brusquement, grossièrement, à grand renfort de raccourcis démagogiques, l’attention de la population sur des problèmes que l’on ne compte pas résoudre ?

Quant aux immigrés, il va de soi que ces déclarations ne peuvent que les heurter, puisqu’ils en sont la cible directe. On imagine sans peine que beaucoup d’entre eux ressentent une certaine lassitude, pour dire le moins, devant cette instrumentalisation de leur situation à des fins politiciennes. Ils se trouvent du jour au lendemain, sans justification autre qu’un coup médiatique ou une manœuvre électoraliste, jetés à la une de l’actualité sous leur aspect le plus défavorable. Pour comble de désagrément, certains leur reprochent le soir d’avoir fait ce que d’autres leur ont demandé de faire le matin : tout cela se déroule sur fond de multiculturalisme ambiant.

 

Serait-ce au moins que des arguments décisifs aient été avancés à l’appui de notre politique, des arguments si puissants qu’ils compenseraient ses inconvénients du point de vue de la cohésion nationale, des arguments si irréfutables qu’ils autoriseraient les gouvernements à passer outre la volonté du peuple afin de faire son bien malgré lui ?

La réponse est encore négative : le discours qui soutient notre politique est fondamentalement irrationnel.

LE DÉNI DE RÉALITÉ

La première manifestation de cette irrationalité est le déni de réalité.

Les contre-vérités de certains responsables politiques seraient impossibles sans le concours d’un grand nombre de journalistes et la complaisance de la majorité des démographes. Trois procédés principaux sont utilisés pour minorer l’ampleur de l’immigration en France.

Le premier est la diversion : on argue du niveau plus élevé des flux d’immigration dans la majorité des pays de l’OCDE pour soutenir que la France n’est pas un pays d’immigration massive9. C’est un peu comme si, un 15 août, on soutenait qu’il fait froid en France sous prétexte que le thermomètre n’affiche chez nous que, mettons, 28 °C contre 36 °C en Italie du Sud et 42 °C en Arabie saoudite.

Le deuxième procédé est l’exploitation biaisée des chiffres. On affirme par exemple que les 200 000 entrées annuelles ne représentent que 0,3 % de la population française10. Le calcul est exact, mais doublement malhonnête : d’une part, il revient à comparer un flux à un stock, comme si l’immigration était un événement ponctuel ; d’autre part, et surtout, il oublie les naissances engendrées par l’immigration familiale. Mentionnons également la construction de séries longues pour dissimuler que la part des immigrés dans la population française augmente depuis 1999 à un rythme similaire à celui des Trente Glorieuses11.

Le troisième procédé est la manipulation du concept de solde migratoire. Écoutons ce « spécialiste des migrations » enseignant aux universités de Liège et de Versailles ainsi qu’à Sciences Po : « Le solde migratoire de la France est stable depuis plusieurs années, autour de 54 000. Ça représente moins de 1 pour 1 000 de la population française. Chacun tirera ses conclusions : est-ce que c’est ça la limite maximale ? »12 Il suffit cependant de consulter la définition du solde migratoire pour comprendre que son interprétation dépend de la part respective des natifs et des immigrés parmi les personnes qui entrent et sortent chaque année. Si le nombre de natifs sortant de France est supérieur au nombre de natifs rentrant en France, le solde migratoire diminue alors que la part des immigrés dans la population augmente. Un solde migratoire nettement inférieur aux flux d’immigration peut donc signifier à la fois que beaucoup d’immigrés repartent et que beaucoup de natifs s’en vont. Par exemple, une étude de l’INSEE publiée en octobre 2015 évaluait, pour l’année 2013, le solde migratoire total à 33 000 personnes et le solde migratoire des immigrés à 140 000 personnes13.

On observe, plus généralement, une étonnante « préférence pour l’ignorance »14 parmi les démographes français. On chercherait en vain, dans les rapports officiels, une analyse du changement de nature de l’immigration et de son impact sur la composition à long terme du peuple français. Hervé Le Bras et Emmanuel Todd n’en soufflent mot non plus dans leur Mystère français, publié en 2013, qui dresse un bilan des évolutions intervenues depuis la parution, une trentaine d’années plus tôt, de leur Invention de la France.

François Héran, directeur de l’INED pendant dix ans, illustre l’aveuglement de son milieu. En 2015, dans un numéro spécial des Cahiers français dont il ouvrait le dossier central, il affirmait d’abord que « tous les indicateurs de flux [convergeaient] vers la même conclusion : si la France a été un pays d’« immigration massive » depuis les années 1950 jusqu’au début des années 1970, ce n’est plus le cas à présent ». Il ajoutait ensuite qu’« une [naissance en France] sur six environ [était] issue d’un ou deux parents immigrés » depuis dix ans15. Or, dès 2005, on était plus proche d’un nouveau-né sur cinq ayant au moins un parent étranger, et, en 2014, on avait dépassé les 22 %. Encore ces chiffres excluent-ils les enfants dont le ou les parents immigrés ont été naturalisés. Mais une citation plus ancienne en dira plus encore. Voici comment il défendait notre régime migratoire en mars 2012 : « La France a passé son temps à accueillir des surcroîts de population inattendus : les enfants du baby-boom (dont un quart n’étaient pas désirés), un million de rapatriés d’Algérie, sept millions de personnes âgées supplémentaires liées à l’allongement de la vie depuis les années 1970. On n’a pas objecté les capacités d’accueil pour refuser de les absorber. Simplement, le pays s’est agrandi et renforcé. »16

Le pire est que ceux qui s’adonnent à une entreprise de désinformation prétendent rétablir la vérité. C’est à ce titre que s’expriment les démographes. C’est ainsi que les journalistes annoncent leurs dossiers : de la rubrique « Désintox » de Libération aux « Décodeurs » du Monde, en passant par le mensuel Alternatives économiques, on se propose toujours de « désamorcer » les « postures et les impostures », de « bousculer » les « idées reçues » ou de soumettre « les fantasmes à l’épreuve des faits ».

 

La même irrationalité se retrouve dans les arguments avancés à l’appui de notre politique : on essaie de la justifier, alternativement ou simultanément, par des considérations culturelles, économiques et démographiques.

Il n’est pas question de contester que l’immigration puisse être bénéfique à ces trois niveaux : il s’agit là d’une évidence, confirmée à la fois par notre histoire et notre présent, puisque l’immigration a contribué à nos réussites du siècle dernier et continue, aujourd’hui encore, à nous apporter beaucoup. Cependant, ni la culture, ni l’économie, ni la démographie n’apportent la moindre justification rationnelle à notre régime migratoire.

L’ARGUMENT CULTUREL

Le premier argument, que nous avons déjà rencontré, car il constitue le soubassement du multiculturalisme, est donc l’argument culturel : l’immigration serait la condition de notre dynamisme culturel, ou, a minima, une source d’enrichissement culturel.

La première assertion est absurde, tandis que la seconde est valide mais ne justifie en rien notre régime migratoire.

La culture étouffe dans les pièces closes, elle se nourrit d’échanges et a besoin, pour prospérer, de contacts réguliers avec ses extérieurs ; sur le plan collectif comme au plan individuel, le soliloque entraîne immanquablement l’assèchement de la créativité. La chose est entendue. Mais l’ouverture aux cultures étrangères n’implique nullement l’immigration de populations étrangères.

L’humanité n’a-t-elle été qu’une juxtaposition de tours d’ivoire jusqu’au développement de l’immigration dans le sillage de la révolution industrielle ? Les peuples européens étaient-ils fermés les uns aux autres au Moyen Âge ? Par quel mystère, alors, les arts roman et gothique ont-ils pu se répandre d’un pays à l’autre ? On loue souvent les apports de l’Andalousie musulmane à la civilisation européenne ; elle n’a pourtant envoyé aucun immigré hors d’Espagne. Le caractère infime de l’immigration n’empêcha pas la Renaissance de se propager à l’ensemble du continent. Qui oserait soutenir que la France était moins ouverte à la culture italienne au XVIe siècle qu’au XXe siècle ? Les regards de nos rois et de nos artistes étaient-ils moins tournés vers Rome parce qu’ils ne côtoyaient que très exceptionnellement un immigré italien ? Nous fermons-nous à la culture italienne aujourd’hui que nos voisins transalpins sont moins nombreux à nous rejoindre ? Sommes-nous plus ouverts à la culture chinoise qu’à la culture indienne au motif qu’il nous arrive davantage de Chinois que d’Indiens ? Sommes-nous fermés à la culture des États-Unis sous prétexte que notre pays n’est qu’une terre d’immigration marginale pour leurs ressortissants ?

La France en tout cas n’a pas été culturellement stérile – c’est le moins que l’on puisse dire – jusqu’au XIXe siècle ; voilà qui devrait normalement suffire à ridiculiser l’idée que nous aurions un besoin culturel d’immigration.

Il est juste, en revanche, d’affirmer que l’immigration est source d’enrichissement culturel. Mais pourquoi devrait-elle être familiale ? Elle ne l’était guère auparavant et, à nous entendre, elle nous enrichissait tout autant. Pourquoi cette immigration familiale devrait-elle être massive ? Un nombre inférieur d’immigrés ne nous permettrait-il pas d’entrer en contact avec le même nombre de cultures ?

Brisons là l’enchaînement des questions rhétoriques : il devrait aller de soi, pour toute personne sensée, que les bénéfices culturels de l’immigration ne nécessitent aucunement la permanence de flux familiaux massifs.

L’ARGUMENT ÉCONOMIQUE

Venons-en à l’argument économique : l’immigration stimulerait notre croissance.

Ce n’est pas le lieu d’expliquer pourquoi la croissance économique ne saurait être considérée comme une fin en soi, indépendamment de ses conditions et de ses conséquences – que vaut, par exemple, une croissance obtenue au prix d’une paupérisation des salariés et entraînant une dégradation irréversible de l’environnement ? Admettons donc qu’il nous faille plus de n’importe quelle croissance ; notre politique d’immigration ne s’en trouverait pas justifiée pour autant.

Soulignons d’abord que, si la doxa économique nous enseigne que l’immigration est bénéfique, elle nous enseigne également que ses bénéfices sont relativement mineurs. Une étude réalisée en 2009 pour le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) estimait par exemple qu’« un accroissement de 5 % du nombre d’immigrés entre 2010 et 2020 dans les pays à hauts revenus augmenterait le revenu des habitants déjà présents (natifs et anciens immigrés) ou nés depuis dans ces pays, en moyenne, de 24 milliards de dollars en 2025 (dollars constants 2006), soit l’équivalent de 0,06 % du PIB de ces pays »17. Voici, plus généralement, comment Le Point concluait en 2013 sa synthèse des travaux récents : « L’immigration présente le plus souvent un impact positif, très rarement et provisoirement négatif, mais […] cet impact est dans tous les cas toujours très limité, qu’il s’agisse de la croissance, du chômage, des salaires ou des finances publiques. Il n’y a donc aucune raison objective, sur le plan strictement économique, pour l’angéliser et encore moins pour la diaboliser. Comme le résument bien Xavier Chojnicki et Lionel Ragot, “les véritables enjeux de l’immigration ne se situent pas dans le champ économique”. »18

Surtout, notre politique ne suit pas les préconisations des économistes. Nous ne fixons pas davantage nos flux en fonction de besoins économiques identifiés que nous ne sélectionnons nos immigrés selon des critères économiques. Ce sont notamment l’importance des flux familiaux et le pourcentage élevé d’immigrés peu qualifiés qui nous éloignent des bonnes pratiques internationalement reconnues. Notre politique ne s’adapte même pas à la conjoncture : la période de croissance atone qui a débuté en 2008 s’est accompagnée d’une augmentation des entrées annuelles.

En somme, la doxa économique ne fournit aucun argument décisif en faveur de l’immigration, et les arguments qu’elle fournit plaident pour une politique bien différente de la nôtre. La justification de notre régime migratoire par l’économie n’a donc aucun fondement rationnel.

L’ARGUMENT DÉMOGRAPHIQUE

Reste l’argument démographique : nous aurions besoin d’immigration pour accélérer l’augmentation et ralentir le vieillissement de notre population. De ce point de vue, notre politique peut sembler idéale, puisqu’elle fait la part belle à des flux familiaux en provenance de pays au taux de fécondité élevé.

L’argument démographique n’en souffre pas moins de failles béantes.

Il présuppose d’abord que l’augmentation de la population est un bien. Serions-nous plus heureux si nous étions plus nombreux ? Notre qualité de vie en serait-elle améliorée ? N’y aurait-il pas des répercussions écologiques ? N’est-il pas contradictoire de souhaiter à la fois l’augmentation de la population et la réduction des émissions de gaz à effet de serre, de la pollution et de la production de déchets, ainsi que le recul de l’élevage industriel et d’une agriculture intensive fondée sur l’abus de pesticides ? Une augmentation plus rapide de la population ne contribuerait-elle pas à aggraver la pénurie de logements, en particulier dans le parc social ? L’obligation de construire vite et à bas coût n’a-t-elle pas déjà, au cours du dernier demi-siècle, contribué à l’enlaidissement de quartiers entiers de nos villes ?

Si nous étions plus nombreux, serions-nous du moins plus puissants ? Peut-être. Ou peut-être pas. Que représentent quelques millions de Français supplémentaires par rapport à la population de la Chine et de l’Inde, ou même des États-Unis et du Brésil ? Les limites que la nature et l’histoire nous ont fixées nous empêcheront toujours d’intégrer le club des mastodontes démographiques. De toute manière, c’est moins le nombre que la maîtrise technologique, source ultime de la richesse, qui détermine les rangs dans le monde actuel.

Admettons cependant que l’augmentation de la population soit un bien. Ne serait-il pas préférable qu’elle soit relativement lente, pour limiter les effets pervers susmentionnés ? Ne nous suffit-il pas dès lors d’avoir un solde naturel positif ? Si nous souhaitons malgré tout une augmentation plus rapide, l’immigration n’est pas l’unique moyen d’y parvenir. Nous pourrions intensifier le soutien public à la natalité ; c’est ce qu’a fait la Russie à partir de 2007, avec des résultats probants19. Le fait qu’une telle possibilité ne soit jamais envisagée par ceux qui promeuvent notre régime migratoire pour des raisons démographiques atteste que leur position n’est pas rationnelle mais idéologique.

Qu’en est-il maintenant du vieillissement de la population ? Pourquoi serait-il un mal ? N’est-il pas la conséquence de l’allongement de l’espérance de vie ? En tout état de cause, il est inévitable à moins d’une dégradation de nos conditions d’existence ou d’un retour des grandes épidémies. Ce vieillissement est par ailleurs universel : entamé dans les années 1970 en Occident, il s’est étendu dès les années 1990 aux pays émergents ; la jeune Afrique elle-même a désormais commencé sa transition démographique – le monde ne compte plus que six pays où la population continue à rajeunir20. Pourquoi dès lors chercher à repousser l’échéance au lieu de nous adapter dès maintenant à ce qui semble voué à devenir une caractéristique définitive des sociétés humaines ?

On objectera peut-être que, le vieillissement compromettant l’équilibre de notre système de protection sociale, il serait souhaitable de le ralentir. À quoi on peut répondre, d’une part, que l’immigration n’est pas la seule possibilité – ce qui nous ramène à l’absence d’examen de l’hypothèse nataliste –, et, d’autre part, que l’immigration ne concourt au financement de la protection sociale que si elle se transforme en individus employés – ce qui nous ramène à l’absence de sélection de nos immigrés selon des critères économiques. En France, le taux de chômage des immigrés et enfants d’immigrés est supérieur à la moyenne nationale21. Tant qu’il en sera ainsi, l’immigration ne pourra être présentée comme une solution au déficit de la sécurité sociale.

L’argument démographique ne permet donc pas plus que les arguments culturel et économique de justifier notre régime migratoire. Lui aussi donne à voir, sous des dehors faussement rationnels, le même postulat idéologique.

UN BESOIN VITAL

D’aucuns vont plus loin encore : ne s’embarrassant pas de simulacres d’arguments, ils affirment que l’immigration est un besoin vital pour notre société22.

Nous retrouvons le glissement illogique observé dans l’argument culturel. Le point de départ est irréfutable : l’ouverture à l’autre est nécessaire au progrès, tout renfermement durable sur soi entraînant la stagnation, voire le déclin. Mais il est extravagant d’en déduire que l’immigration – ne parlons pas d’une immigration familiale massive et permanente de populations culturellement distantes de la population historique – le serait également.

Il a existé de grandes civilisations caractérisées par une forte hétérogénéité interne, telles que l’Empire romain, l’Andalousie musulmane ou l’Empire austro-hongrois, mais il a aussi existé de grandes civilisations caractérisées par une relative homogénéité interne, telles que la Grèce antique, les nations européennes modernes ou le Japon contemporain. Athènes s’en tint toujours à sa conception restrictive de la citoyenneté ; elle n’en opéra pas moins ce qui est peut-être le plus important saut qualitatif de l’histoire humaine, en inventant la philosophie et la démocratie. Les nations européennes modernes n’étaient assurément pas « métissées » ou « diverses » au sens actuel de ces termes. Cela ne les empêcha pas de connaître une expansion sans précédent, ni de se renouveler constamment. Songeons aussi, dans l’ordre politique, à la Révolution française : cette fameuse assemblée qui se constitua en représentante du genre humain correspondait à la définition que l’on donne aujourd’hui de la « consanguinité ». Quant au Japon, il entra soudainement dans l’ère Meiji, à partir de 1868, sans que la composition de son peuple ait bougé d’un iota.

Il est même arrivé que l’essor d’une civilisation soit concomitant de la réduction de son hétérogénéité interne. Les Musulmans et les Juifs ont été expulsés d’Espagne à l’aube du Siècle d’or – celui du Nouveau Monde et de Cervantès. L’ascension du Royaume-Uni, de la fin du XVIe au XVIIIe siècle, s’accompagna d’une répression systématique des minorités religieuses. Le forgeron de l’unité allemande, Bismarck, fut également l’homme du Kulturkampf. Il est également arrivé que le déclin d’une civilisation soit concomitant de l’augmentation de son hétérogénéité interne : l’édit de Caracalla, qui a accordé la citoyenneté romaine à tous les habitants libres de l’Empire, précède de peu la crise du IIIe siècle, généralement regardée comme la première étape d’un lent déclin.

Répétons-le, il ne s’agit pas de critiquer l’immigration, dont les bénéfices potentiels ne sont plus à démontrer. Mais que l’immigration puisse s’avérer fructueuse à de nombreux égards n’empêche pas qu’il soit irrationnel d’affirmer qu’elle est nécessaire – ni qu’il soit plus irrationnel encore d’affirmer qu’une immigration telle que la nôtre est nécessaire.

LA MORALE

Cependant les promoteurs de notre régime migratoire ne s’arrêtent pas en si mauvais chemin : ils osent accuser leurs contradicteurs d’immoralité. Ce serait faire preuve de racisme ou de xénophobie que de vouloir réduire les flux, ou même seulement certains flux d’immigration.

Ici aussi, il importe d’insister sur la rupture qui s’est opérée. La maîtrise de l’immigration, qui implique la possibilité de moduler – et donc, le cas échéant, de réduire – les flux d’immigration, était naguère considérée par tous comme une prérogative normale de l’État. Personne n’établissait de lien entre l’exercice de cette prérogative et un quelconque racisme ou une quelconque xénophobie.

Écoutons ce que déclarait Pierre Mendès France, figure unanimement admirée et modèle de modération, à la tribune de l’Assemblée nationale lors du débat relatif au traité de Rome : « Si le mouvement des capitaux et des biens peut à première vue ne pas paraître toucher aux concepts de nation et de patrie, il n’en est pas de même pour les migrations de populations. Il n’est pas indifférent pour l’avenir de la France ni que, pendant une période, les Italiens affluent en France, ni que, simultanément ou pendant une autre période, les Français du Languedoc, de l’Auvergne ou de la Bretagne soient conduits à chercher de meilleures conditions de travail dans une Allemagne qui, en cours de développement rapide, offrirait des emplois à des travailleurs menacés par le chômage. »23 Il va sans dire que, à l’époque, ces propos n’ont pas déclenché la moindre réprobation.

Remontons encore dans le temps. En 1939, l’un des fondateurs de la Ligue internationale contre l’antisémitisme, par ailleurs futur résistant, Lazare Rachline, déplorait la suppression du sous-secrétariat à l’Immigration, « solution humaine, et avantageuse pour le pays, solution qui [aurait ménagé] à la fois les intérêts de la France et des Français et qui [aurait aussi donné] des possibilités d’existence pour les étrangers dignes de vivre chez nous » : « Un statut allait être créé, une commission consultative était déjà organisée, une doctrine enfin allait s’établir : définissant les droits et les devoirs de l’étranger, délimitant avec précision les possibilités d’absorption du pays, d’assimilation, et rejetant d’une manière définitive ceux qui ne pouvaient, en aucun cas, être reçus chez nous. »24

Publiés aujourd’hui, ces propos d’un pionnier de l’antiracisme vaudraient à leur auteur un procès en racisme de la part de ses successeurs, pour lesquels aucune action sur les flux d’immigration n’est admissible. Témoin la violence des réactions lorsque Claude Guéant émit l’hypothèse, fort timide, de réduire de 20 000 unités le nombre d’entrées annuelles25. Quelques années plus tôt, une indignation comparable avait répondu à la légère augmentation des reconduites à la frontière par Nicolas Sarkozy. Le principe même de ces reconduites est contesté par les associations dites « antiracistes », qui militent pour la régularisation de tous les immigrés illégaux et promeuvent une liberté d’installation intégrale.

 

Les conséquences des justifications irrationnelles de notre politique d’immigration et des accusations d’immoralité portées à l’encontre des récalcitrants ne sont pas meilleures que celles de l’attitude de nos dirigeants.

La « préférence pour l’ignorance », voire pour la désinformation, de nombre de démographes et journalistes aiguise les inquiétudes suscitées par les lacunes, voire les mensonges, de la communication politique, tandis que le manque de chiffres fiables et l’exploitation biaisée des éléments disponibles amènent certains Français à douter par principe de l’ensemble des publications officielles – ce qui ne peut que les incliner davantage à l’exagération.

De son côté, l’affirmation que notre pays aurait, à tous niveaux et de manière permanente, besoin d’une immigration familiale massive n’incite guère les immigrés à l’intégration. Elle sous-entend en effet qu’ils ne sont pas redevables envers la société qui les accueille : c’est cette dernière qui leur est redevable d’avoir daigné la rejoindre. Les immigrationnistes répètent constamment que l’immigration est une chance pour la France, mais leur est-il arrivé ne serait-ce qu’une fois d’affirmer que la France est une chance pour les immigrés ? Bien loin de conseiller aux immigrés de redoubler d’efforts pour s’intégrer, ils les invitent au contraire à exiger des efforts de la société d’accueil : « Ne vous demandez pas ce que vous pouvez faire pour votre nouveau pays, mais ce que votre nouveau pays peut, que dis-je, doit faire pour vous ! »

Il va de soi que, en pratique, seule une infime minorité d’immigrés suit cet autre conseil empoisonné : quelques contre-exemples médiatisés ne doivent pas faire oublier que la quasi-totalité d’entre eux travaillent dur sans rien réclamer à personne. L’effet du discours n’en est pas moins désastreux : il a introduit dans l’imaginaire national la figure, en réalité rarissime, de l’immigré venu en France dans le but d’accéder à notre système de protection sociale, aussi avide de faire valoir ses droits qu’insoucieux de son apport à la collectivité.

Les justifications irrationnelles de notre politique d’immigration accentuent également la dévalorisation des habitants historiques. Si la permanence d’une immigration familiale massive constitue un besoin à tous niveaux pour la France, le seul antidote à un déclin autrement inéluctable, cela signifie que, par eux-mêmes, les Français d’origine française ne valent pas tripette.

Observons par exemple comment le site Internet de l’Élysée a présenté l’inauguration officielle du Musée de l’histoire de l’immigration : le président de la République a exprimé « la reconnaissance de la France à l’égard des immigrés qui l’ont construite », afin que les Français n’oublient jamais que « la France est le résultat de ces cultures venues d’ailleurs » ; sans immigration, « il n’y aurait pas eu de révolution industrielle », « il n’y aurait pas eu de redressement après la Première Guerre mondiale », « il n’y aurait pas eu les Trente Glorieuses et la France ne serait plus une des principales puissances politique et économique dans le monde » ; mieux, « l’histoire de l’immigration, c’est l’histoire de la République » ; en résumé, « les immigrés ont fait l’Histoire de France »26.

Enfin, la diabolisation, par assimilation au racisme ou à la xénophobie, de toute réticence envers notre régime migratoire ne peut qu’excéder les individus concernés : non seulement ils se voient imposer un bouleversement sans avoir jamais été consultés, mais en outre ils se font copieusement insulter s’ils ont le malheur de protester. Voilà qui n’est pas vraiment de nature à entretenir, même chez des êtres ordinairement affables, l’esprit de tolérance et le goût de l’hospitalité27.

 

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En résumé, nous avons laissé se développer des flux d’immigration qui contrarient l’intégration des immigrés ; comme si cela ne suffisait pas, nous avons renoncé à l’objectif d’intégration culturelle et négligé l’objectif d’intégration civique ; cette politique déraisonnable du point de vue de la cohésion nationale a été poursuivie sans discontinuer, malgré une opposition populaire avérée, par l’ensemble de nos gouvernements successifs, le tout dans un déluge de justifications irrationnelles et d’accusations infondées.

Il s’agit maintenant de comprendre comment nous en sommes arrivés là.

Notre situation résulte de la convergence de deux phénomènes distincts : le premier, d’une portée quasi universelle, est la progression, parmi les élites métropolitaines, de ce que l’on pourrait appeler un libéralisme intéressé ; le second, propre à l’Europe occidentale, est la propagation, dans des pans entiers de la société, d’une forme de désamour de soi inspirée par une névrose de culpabilité.

1. « Sans-papiers : hausse de 50 % des régularisations avec les règles Valls », Le Parisien, 10/04/2014.

2. Le chiffre de 30 000, dont Nicolas Sarkozy avait fait un totem, était obtenu en ajoutant les retours volontaires aidés aux éloignements. Le pourcentage est tiré de l’avis no 116 tome XI, « Sécurité — Immigration, asile et intégration », rédigé par les sénateurs Jean-Patrick Courtois et François-Noël Buffet sur le projet de loi de finances pour 2011, p. 62.

3. Chiffres de la Direction générale des étrangers en France (DGEF) du ministère de l’Intérieur. Le nombre de mesures d’éloignement a nettement baissé (− 17,5 %) en 2016, mais cette baisse s’explique, selon Bernard Cazeneuve, par « le fait que, depuis la décision du gouvernement de rétablir les contrôles aux frontières intérieures Schengen au soir du 13 novembre dernier, une part plus importante de l’action menée contre l’immigration irrégulière s’effectue désormais à nos frontières » (discours à Calais, 02/09/2016).

4. Emmanuelle Auriol, « Ces précieux sans-papiers », Le Monde, 21/02/2011.

5. Circulaire du 28 novembre 2012 relative aux conditions d’examen des demandes d’admission au séjour déposées par des ressortissants étrangers en situation irrégulière dans le cadre des dispositions du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile.

6. « Les données de l’immigration professionnelle et étudiante », document préparatoire au débat au Parlement, avril 2013, p. 13.

7. François Mitterrand : « Le seuil de tolérance, il a été atteint dès les années 1970, puisque le nombre n’a pas augmenté. » (Antenne 2, 10/12/1989.)

8. Discours de Michel Rocard sur la politique d’immigration et d’intégration à l’Assemblée nationale le 22 mai 1990 (Journal officiel Assemblée nationale du 23 mai 1990, p. 1590-1591).

9. Voir par exemple « Immigration, les fantasmes à l’épreuve des faits », AlternativesÉconomiques.fr, 02/04/2014, ou « Immigration : postures et impostures », Libération.fr, 22/05/2015.

10. Idem, ou encore « 7 idées reçues sur l’immigration et les immigrés en France », LeMonde.fr, 06/08/2014.

11. Voir à nouveau « 7 idées reçues sur l’immigration et les immigrés en France », art. cit.

12. « On a soumis les idées reçues sur l’immigration à celui qui a mouché le FN », Rue89, 05/11/2013.

13. L’analyse des flux migratoires entre la France et l’étranger entre 2006 et 2013 ; Un accroissement des mobilités, INSEE Analyses, no 22, octobre 2015. Soulignons par ailleurs que notre solde migratoire est calculé de façon très approximative (voir notamment ces deux tribunes de Laurent Chalard : « Les chiffres de l’INSEE ne sont pas fiables », Slate.fr, 15/01/2013 ; « La France ne connaît pas son solde migratoire », Libération, 05/02/2013).

14. Michèle Tribalat, Les yeux grands fermés. L’immigration en France, Denoël, 2010, p. 209.

15. « L’immigration en France : des chiffres en débat », Cahiers français, no 385, mars-avril 2015.

16. « La vision de Sarkozy sur l’immigration nuit gravement à la nation », LeNouvelObs. com, 09/03/2012.

17. Michèle Tribalat, Les yeux grands fermés. L’immigration en France, op. cit., p. 70.

18. « Immigration, l’enquête qui dérange », Le Point, no 2149, 21/11/2013.

19. Le solde naturel, négatif depuis 1992, est redevenu positif en 2013 (Svetlana Russkikh, « L’impact de la nouvelle politique démographique russe sur la solidarité », publié sur le site Internet du Centre de recherches internationales de Sciences Po, 05/09/2014).

20. « L’Afrique à la veille d’une grande transition démographique », LeMonde.fr, 18/11/2014.

21. On trouvera des informations détaillées dans le tome 1 du second volume du rapport annuel 2012 du Haut Conseil à l’intégration (Intégrer dans une économie de sous-emploi ; L’emploi des immigrés et de leurs descendants directs).

22. Ainsi s’est exprimé Bernard Cazeneuve lors du conseil des ministres du 23 juillet 2014 : « La France est une terre d’immigration et une terre d’asile. Elle doit le demeurer : les pays refermés sur eux-mêmes sont condamnés au déclin. » Encore le ministre de l’Intérieur demeurait-il sobre, comparé aux envolées de certains immigrationnistes : « Non, l’Europe ne doit pas se fermer à l’immigration ! Sa prospérité en dépend. […] Construite comme un espace de prospérité et de paix, l’Union européenne ne peut se concevoir sans immigration. » (« Non, l’Europe ne doit pas se fermer à l’immigration ! Sa prospérité en dépend », Philippe Fargues, Le Monde, 14/07/2014.) « Nous ne pouvons bénéficier de la démocratie et d’un haut niveau de protection sociale sans les apports de l’immigration. Nous avons besoin de plus d’immigration si nous ne voulons sacrifier ces deux autres éléments qui fondent l’identité européenne. » (« Front national, les raisons d’un funeste succès », Benjamin Abtan, LeMonde.fr, 26/04/2012.) Le terme « immigrationniste » semble avoir été forgé par Pierre-André Taguieff (voir notamment « L’immigrationnisme, dernière utopie des bien-pensants », Le Figaro, 09/05/2006).

23. Séance du 18 janvier 1957, Journal officiel Assemblée nationale du 19 janvier 1957, p. 159.

24. « Donnez-nous un ministère de l’Immigration », Le droit de vivre, 25/02/1939. Cité par Emmanuel Debono dans « La gauche antiraciste des années 1930 et l’immigration », blog Au cœur de l’antiracisme, 17/11/2014.

25. Maxime Tandonnet en a rassemblé un florilège sur son blog : « attaque contre les immigrés » (Fabius) ; « discours de stigmatisation » (Sopo, SOS Racisme) ; « vision nationaliste et raciste » (Kader Arif, PS) ; « bas instinct de l’électorat d’extrême droite » (Voynet) ; « concours des propositions les plus stupides » (Dartigolles, PCF) (« Les eaux troubles de l’hypocrisie », 08/04/2011).

26. « L’histoire de l’immigration en France est notre histoire à tous », 15/12/2014.

27. Le politologue Giovanni Sartori remarque justement que « les gens qui sont qualifiés de racistes alors qu’ils ne le sont pas se mettent en colère et finissent parfois par le devenir véritablement » (Pluralisme, multiculturalisme et étrangers. Essai sur la société multiethnique, Éditions des Syrtes, 2003, p. 46).