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— Est-ce que tu peux attraper cette branche ? Celle qui est là-bas, un peu sur la droite… Parfait.

Knox regarda Trudie depuis l’épicéa où il était perché, prêt à couper la branche qu’elle avait choisie. Elle l’avait accompagné à l’élevage de bisons dans la matinée. A présent, il l’aidait à trouver la « matière première » pour ses compositions florales.

Le bonnet à rayures bleues et vertes qu’elle portait était recouvert d’une fine couche de neige. Dans la lumière déclinante, ses joues étaient roses.

Cela faisait très longtemps que le soleil n’avait pas brillé aussi fort, que la neige n’avait pas été aussi blanche, ni l’air aussi doux. Il aurait pu en jurer. Et, toute la journée, il s’était abreuvé, jusqu’à l’ivresse, de la présence de Trudie à ses côtés, de ses yeux étincelants, de son odeur, de sa chaleur. C’était comme si une espèce de fièvre l’avait gagné. Comme convenu, il avait accompagné Elsa à un dîner la veille au soir, mais il s’était montré peu patient envers ses questions et son bavardage.

Trudie, l’image de Trudie, son désir pour elle, l’avaient obsédé depuis qu’ils s’étaient quittés sur le parking. Il s’était tourné et retourné dans son lit toute la nuit, sans jamais fermer l’œil, torturé par son envie d’un autre baiser, torturé par son envie d’elle. Dans son imagination tourmentée, il lui avait fait l’amour plusieurs fois et de plusieurs façons durant la nuit. Cela n’avait toutefois pas calmé son désir. Au contraire, il s’était encore accru au cours de la journée.

Il sectionna la branche et la lui tendit. Apparemment, Jessup se trouvait dans le même état fébrile que lui, même si c’étaient surtout les vacances qui lui faisaient cet effet. L’animal avait surmonté son aversion pour la neige et s’y roulait avec furie.

— Ton chien a perdu la tête, dit Trudie, en riant de ses cabrioles.

Knox savait ce que son chien pouvait ressentir. Lui-même n’était pas loin de sauter de son arbre pour l’imiter.

— Peut-être. Mais en tout cas il a l’air sacrément content.

— On dirait qu’il essaie de dessiner un ange dans la neige. Mais un ange-chien. Ou un chien-ange, si tu préfères.

— Si tu le dis.

C’était Trudie qui lui avait appris à dessiner des anges en s’allongeant dans la neige et en agitant bras et jambes, au cours du premier hiver qu’il avait passé chez Mormor. Sa grand-mère serait heureuse de voir qu’ils s’étaient retrouvés.

— Merci de m’avoir accompagné ce matin.

Trudie brava la bourrasque pour aller ajouter cette nouvelle branche au tas qui commençait à s’amonceler à l’arrière du camion.

— Tu plaisantes ? J’ai adoré.

Puis, en revenant vers l’arbre, elle ajouta :

— La visite était très intéressante, et le décor, merveilleux.

Ils avaient atterri juste au moment où le soleil avait point à l’horizon, offrant à leurs yeux émerveillés le majestueux spectacle des animaux à la toison laineuse se découpant sur fond de paysage immaculé.

— C’était impressionnant à voir, non ? demanda-t-il. Tous ces bisons dans la neige.

Le vrombissement de plusieurs motoneiges se fit entendre dans le lointain. Une mésange s’envola en piaillant d’un arbre à un autre. Une légère odeur de fumée de bois flottait dans l’air.

— Oui, c’était vraiment incroyable. Merci de m’avoir invitée. Dwight est quelqu’un de très sympathique.

Sympathique ? Qu’entendait-elle par là ? Knox sentit la jalousie l’étreindre. Que lui arrivait-il ? D’abord cette désagréable sensation lorsqu’elle lui avait parlé de ses parties de pêche avec ce Jeremy quelque chose, et puis ensuite ce vif déplaisir qu’il avait ressenti quand il avait eu l’impression, le matin même, qu’elle souriait un peu trop à Dwight, le propriétaire de la ferme.

Et alors ? Elle était libre… et sympa… et belle à croquer… et drôle. Dans ces conditions, pourquoi ne pourrait-elle pas s’intéresser aux hommes ? Et pourquoi les hommes ne devraient-ils pas s’intéresser à elle ? D’ailleurs, il avait bien l’impression que Dwight l’avait vraiment trouvée à son goût.

Cela ne lui avait jamais posé de problème auparavant. Mais maintenant, si, se rendit-il compte tout à coup. Un énorme problème, même.

Il la voulait. Elle avait été là, juste devant lui, pendant toutes ces années, et il avait été trop bête et trop aveugle pour voir quoi que ce soit. Maintenant, il voyait, mais était-il trop tard ? Etait-elle vraiment partante pour réapprendre à le connaître ? Voudrait-elle de lui comme amoureux et comme amant, et plus seulement comme ami ? Malgré l’explosivité de leur baiser — ou peut-être précisément à cause de celle-ci —, elle s’était montrée amicale, mais sur ses gardes, toute la journée.

— Tu vas rester perché là-haut toute la journée ? demanda-t-elle avec un grand sourire.

— Fais ta maligne, va, répondit-il en riant. Si tu continues à te moquer de moi, je vais peut-être rester encore un peu dans mon arbre.

— Fais comme tu as envie. En ce qui me concerne, je vais attendre dans le camion, parce que je suis quelqu’un de sensé.

En ricanant, elle se tourna vers le 4x4, qui était garé sur le bas-côté de la route.

— Mais tu es tout à fait libre de rester là-haut à te geler si ça te chante.

Il sauta à terre. Malgré l’épais tapis de neige qui amortit son bond, il perdit l’équilibre à la réception. Il tendit le bras pour se raccrocher à la première chose qui se trouvait devant lui — en l’occurrence Trudie — en même temps qu’elle tendait le bras pour l’aider à rester debout.

Il tomba en arrière dans la neige, et Trudie atterrit sur lui. Il eut l’impression que ses poumons se vidaient d’un coup de tout l’air qu’ils contenaient. Ce n’était pas à cause de l’impact de sa chute, mais bien à cause de la présence de Trudie tout contre lui. Elle écarquilla les yeux et entrouvrit les lèvres. Son souffle chaud et parfumé se mêla au sien. Leurs deux corps s’épousaient intimement. Le désir s’insinua en eux et les lia irrésistiblement l’un à l’autre.

Il gisait sur un lit de neige, et il se consumait pour elle. Il avait attendu ce moment pendant toute la journée.

— Trudie…

Il passa ses bras autour d’elle, et la serra encore plus fort.

— Knox…, souffla-t-elle.

Il aurait pu jurer qu’il sentait le cœur de Trudie cogner contre sa poitrine malgré toutes les épaisseurs de vêtements, ce qui était fou… Presque aussi fou que ce qu’il s’apprêtait à faire, ou plutôt que ce qu’ils s’apprêtaient à faire.

Il posa sa main gantée à l’arrière de sa tête. Elle avait eu beau répéter qu’elle ne voulait plus qu’ils s’embrassent, elle n’esquissa pas le moindre mouvement pour se dégager. Il approcha son visage du sien. Leurs souffles fumants se mêlèrent. Elle était si proche que son haleine chaude caressait son visage. Elle avait les cartes en main à présent : ils allaient bientôt savoir tous les deux ce qu’elle voulait vraiment. Il laissa sa main posée derrière sa tête, mais ce serait à elle d’abolir — ou pas — les quelques centimètres qui les séparaient encore.

Il la regarda dans les yeux. Ses pupilles sombres lui renvoyaient sa propre image. Il s’ouvrit à elle, lui faisant voir à quel point il la désirait, et lui faisait voir qu’il la laissait maîtresse de son choix.

Leurs lèvres étaient glacées mais leur baiser fut brûlant. Le froid commença à se dissiper jusqu’à ce qu’il ne reste plus que la chaleur de sa bouche douce et généreuse contre la sienne.

Cette fois, ce fut Trudie qui caressa ses lèvres du bout de la langue, cherchant à les écarter pour s’insinuer plus avant. Il étouffa un grognement et colla son visage au sien lorsque leurs langues se rencontrèrent enfin. Il sentit le feu le dévorer et les embraser tous les deux.

Rien d’autre n’existait plus. Il n’y avait plus que le contact de Trudie, la sensation de leurs deux corps collés, la pression de son bassin contre le haut de ses cuisses, sa saveur, les répercussions de ses gémissements, la caresse veloutée de sa langue.

Et ce n’était pas assez. Vraiment pas. Un désir frénétique s’était emparé de lui. Il voulait la connaître intimement. Il la voulait nue dans son lit, où il pourrait explorer le grain de sa peau de ses mains et de sa bouche, connaître la saveur de chaque parcelle de son corps, l’entendre murmurer son prénom dans le déchaînement de la passion. Il voulait voir ses yeux briller d’un feu allumé et nourri par lui-même. Il la voulait tout entière. Le feu, le désir et le besoin le dévoraient.

Soudain, un aboiement les fit sursauter. Jessup les regardait, l’air inquiet et surpris par la position de Trudie, ainsi que par les soupirs et les gémissements qu’il avait dû entendre.

Trudie leva la tête, mettant fin à leur baiser. Puis elle s’écarta. Il adorait son chien, mais cela faisait déjà deux fois qu’il les interrompait…

Elle se leva, visiblement secouée. Knox l’imita. Il n’était guère plus vaillant, comme s’il était ivre de l’avoir embrassée. Ses jambes tremblaient légèrement, et cela n’avait rien à voir avec le froid, bien au contraire.

Trudie le regarda, la panique dans les yeux, les lèvres rouges et gonflées.

— Pourquoi est-ce que tu as… On n’aurait pas dû… C’était une erreur.

A ces mots, son sang ne fit qu’un tour. Il ne pouvait pas lui laisser dire cela, ni laisser leur relation prendre ce chemin.

— Non, je ne suis pas d’accord. Il y aurait sans doute beaucoup de choses à en dire, mais ce n’était pas une erreur.

Elle ne pouvait pas avoir changé à ce point en un an et demi. La femme qu’il connaissait ne distribuait pas ses baisers au petit bonheur la chance et elle ne l’aurait certainement pas embrassé avec une telle passion si ce n’était pas ce qu’elle ressentait au fond de son cœur. Certaines femmes embrassaient par réflexe, sans réfléchir, comme les enfants coloriaient des dessins en remplissant des cases numérotées.

Il avait fini par se rendre compte qu’Elsa fonctionnait de cette façon. Leur relation n’avait jamais été vraiment personnelle ni intime, ce qui avait rendu la rupture plus facile. Elle n’avait pas spécialement eu l’air de marquer le coup quand il lui avait dit qu’il ne voulait plus la voir. Tout ce qu’elle voulait, c’était un homme assez séduisant pour qu’elle n’en ait pas honte, et prêt à lui obéir au doigt et à l’œil. Si elle lui avait demandé de l’accompagner à Good Riddance, c’était juste pour qu’il tienne son rôle.

Trudie, elle, ne procédait pas de cette façon. Elle ne faisait rien sans y avoir mûrement réfléchi auparavant. Elle prenait tout personnellement, au contraire. Alors, quand elle l’embrassait ainsi, quand il sentait le contact de ses cuisses tout contre les siennes, ce n’était pas juste qu’elle obéissait à une frénésie sexuelle aveugle, mais parce qu’elle le désirait, lui. Il ne savait peut-être plus grand-chose d’elle, mais de cela il était absolument certain.

Elle croisa les bras sur sa poitrine et, le temps d’une seconde, il crut qu’elle allait lui tourner le dos. Mais non. Elle était plantée devant lui, et le foudroyait du regard.

— C’était une erreur pour plein de raisons, mais avant tout parce que tu es en couple, et que je n’ai pas pour habitude de me jeter au cou des petits amis des autres dès qu’elles ont le dos tourné.

Il vit ses yeux se mettre à briller. Etaient-ce des larmes de frustration, de colère, de culpabilité ? Il n’aurait su le dire. Mais ce dont il était certain, c’était qu’il ne supportait pas l’idée qu’elle pleure alors qu’il avait facilement de quoi dissiper son chagrin. Tant pis pour Elsa. Il l’avait déjà fait passer avant Trudie une fois, sacrifiant pour elle l’amitié qui les liait depuis si longtemps. Il lui avait fait énormément de mal, et jamais plus il ne la ferait souffrir de la sorte.

— Je ne suis pas en couple avec Elsa, dit-il.

— C’est ça.

Les bras toujours croisés, elle tourna les talons.

Il la rattrapa et posa les mains sur ses épaules contractées pour la forcer à le regarder de nouveau.

— Trudie, j’ai bien conscience que je t’ai fait souffrir, mais tu sais que je n’ai jamais été un menteur… ni un joueur. Même en mettant de côté ce que je ressens pour Elsa, je ne t’aurais jamais manqué de respect à ce point. Je ne suis pas comme ça. Je ne t’aurais pas embrassée si j’avais encore été avec Elsa.

Elle lui décocha un regard méfiant.

— Dans ce cas, pourquoi est-ce que tu es ici avec elle ? Cela n’a aucun sens. Aide-moi à comprendre ce qui se passe, parce que pour moi c’est la confusion la plus totale, et j’ai vraiment besoin de tout sauf ça.

Elle recula, le forçant à la lâcher.

— J’ai dit à Elsa il y a un peu plus d’une semaine que c’était terminé entre nous, dit-il en fourrant ses mains dans ses poches. Elle l’a plutôt bien pris, mais elle a voulu que je l’accompagne ici.

Il haussa les épaules. Ce qu’Elsa lui avait demandé ne lui avait pas beaucoup coûté : il était tout à fait disposé à retourner à Good Riddance pour Chrismoose.

— J’avais envie de venir, de toute façon. C’était un peu court pour qu’elle trouve quelqu’un d’autre que moi. J’ai accepté de l’accompagner et de garder notre rupture secrète pour éviter les commérages.

Ses lèvres se mirent à trembler et de nouvelles larmes lui montèrent aux yeux, avant qu’elle ne détourne le regard. Interdit, il se massa la nuque. Il ne savait pas de quoi il s’agissait, mais il avait dit ou fait quelque chose qu’il ne fallait pas. Ce n’était pas la réaction à laquelle il s’était attendu.

— Quel est le problème, Trudie ?

— Donc, tu lui as dit il y a un peu plus d’une semaine que tout était fini entre vous ?

Pourquoi semblait-elle si hors d’elle ? Il pensait lui avoir appris une nouvelle dont elle aurait été ravie. Décidément, il ne comprenait pas toujours les femmes, même si c’étaient des amies de longue date.

— Oui, rétorqua-t-il. Et tu n’as jamais aimé Elsa, de toute façon, donc je trouve ta réaction assez disproportionnée.

— Disproportionnée ? dit-elle d’une voix qui avait grimpé d’une octave.

D’accord, il n’avait peut-être pas choisi le meilleur mot.

— Vraiment ?

Maintenant, c’était une certitude : il n’avait pas choisi le meilleur mot. Au passage, il s’adressa une petite note : surtout ne jamais redire à Trudie que son comportement était disproportionné. Jamais. Même quand cela semblait le terme approprié.

— Tu romps avec elle, reprit-elle. Tu ne me préviens pas. Je n’existe plus pour toi. Et tout d’un coup tu m’aperçois, et tu te dis que je ferais un bon produit de remplacement. Ce n’est même pas comme si tu étais venu jusqu’à moi. Non, tu m’as vue, et tu t’es dit : « Pourquoi ne pas profiter de cette bonne vieille Trudie pendant que je l’ai sous la main ? »

— Trudie, tu sais bien que ça ne s’est pas passé comme ça.

— On dirait pourtant. Même pas un coup de fil pour me prévenir de ta venue.

Il y avait pensé. Il avait hésité à l’appeler ou à lui envoyer un message, mais il savait qu’elle serait là. Il savait qu’ils se croiseraient fatalement. Il avait juste choisi la facilité en ne l’appelant pas. Et, apparemment, il avait eu tort.

— Tu te rues sur moi et tu penses que je vais facilement me laisser faire parce qu’on se connaît depuis toujours. Eh bien, tu peux aller te faire cuire un œuf, Knox Whitaker.

Elle était si belle avec ses yeux qui lançaient des éclairs qu’il répondit la première chose qui lui passa par la tête.

— J’aimerais bien. J’ai justement un petit creux. Tu m’accompagnes à mon chalet ?

Elle resta un instant bouche bée et, une seconde, il crut qu’elle allait se mettre à rire. Mais il se passa exactement l’inverse, et ses yeux se mirent à crépiter de rage. Elle ouvrit la bouche, sans doute pour lui livrer le fond de sa pensée, mais il la devança :

— OK. Désolé. Ce n’était pas drôle. J’essayais juste de te faire rire.

— C’est raté.

— Oui, j’ai remarqué.

— Ne t’approche plus de moi. De toute évidence, nous ne serons plus jamais les amis que nous avons été, et de toute évidence tu ne me respectes pas assez pour me traiter comme le mériterait une femme à laquelle tu t’intéresserais. Je ne suis pas une vieille chaussette.

— Bon sang, Trudie, je n’ai jamais pensé que tu étais une vieille chaussette.

— Alors, bon sang, Knox, ne me traite pas comme si c’était le cas. Maintenant, tu peux me ramener chez moi.

Ils grimpèrent dans le 4x4 et une sourde tension s’installa, s’érigeant entre eux comme un fil barbelé infranchissable. Même Jessup semblait morne et abattu. Une fois de plus, Knox voyait très bien ce qu’il pouvait ressentir.

Au bout de quelques kilomètres, il arriva au chalet où logeait Trudie. En silence, il l’aida à transporter la verdure qu’ils avaient ramassée dans sa voiture.

Il aurait dû s’en aller à présent. Au lieu de cela, il s’attardait devant l’entrée de la maison. Il savait maintenant qu’il avait fait n’importe quoi un an et demi plus tôt. Apparemment, il faisait toujours n’importe quoi. Il voulait que cela cesse.

Il voulut lever les mains pour les poser sur les épaules de Trudie, mais il interrompit son geste. La vérité, c’était qu’il avait tellement envie de la toucher qu’il n’était pas certain de réussir à la prendre par les épaules sans ensuite l’attirer à lui. Il enfouit alors ses mains dans ses poches.

— Tu m’as dit de ne plus t’approcher. Tu m’as dit aussi que je ne te respectais pas. Pour te prouver le contraire, je vais te demander si tu veux vraiment que je disparaisse. Ce n’est pas ce que je veux. Je ne pense pas non plus que ce soit ce que tu veux. Mais, si c’est le cas, alors je te laisserai tranquille.

Elle croisa les bras sur sa poitrine et détourna le regard.

— Tu as déjà disparu de ma vie une fois. Apparemment, ça ne t’a pas posé de problème. Ça a failli me tuer. Je ne veux pas revivre ça. Je ne peux pas, et je ne veux pas revivre ça. Est-ce que tu comprends ce que je suis en train de te dire ?

Il n’en était pas certain, mais il se sentait tellement désemparé qu’il répondit :

— Je crois, oui.

— Alors, explique un peu pourquoi tu ne m’as pas appelée quand tu as su que c’était terminé entre Elsa et toi.

— Bon sang, Trudie…

Cette fois, il posa bien ses mains sur ses épaules, mais elle le repoussa.

— Lâche-moi, Knox.

Il savait dans quel état d’esprit elle se trouvait. Il était temps de battre en retraite. De toute façon, elle avait soulevé plusieurs points importants et il fallait qu’il y réfléchisse à tête reposée.

En silence, il remonta dans son camion. En mettant le contact, il essaya de faire le point. Elle avait dit beaucoup de choses, mais pas qu’elle voulait qu’il la laisse tranquille.

Il avait donc toujours ses chances.