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Eric plongea ses yeux dans ceux de Jess et son corps se raidit en croisant la flamme qui brillait au fond de ses prunelles d’un brun intense. Elle n’avait pas beaucoup d’efforts à fournir pour le séduire : elle pouvait le faire d’un simple regard. D’une simple caresse. D’un simple mot. D’un simple sourire.

Un désir impérieux s’empara de lui, et une envie irrépressible de prendre Jessica dans ses bras et de passer ces quelques jours à lui faire oublier tous ces mois et ces heures de stress mobilisa tout son être. Il ne voulait qu’une seule chose : se perdre en elle.

Même s’il vivait pendant cent ans, il n’oublierait jamais la première fois qu’ils avaient fait l’amour. C’était un soir après le dîner. Ils étaient d’abord allés au cinéma avant d’aller chez lui. Un vent froid de mars soufflait dehors et formait un contraste saisissant avec leur désir brûlant qui le consumait. Aucune femme ne lui avait jamais fait un tel effet. N’avait éveillé en lui un mélange aussi complexe d’émotions, le laissant à la fois plus vulnérable et plus fort que jamais. Une nuit avec elle lui avait fait oublier toutes ces aventures passées. Il avait alors eu la certitude qu’il ne désirerait plus jamais toucher une autre femme de sa vie.

En la regardant maintenant, il fut envahi par une puissante vague de tendresse. Cette femme signifiait tout pour lui. Et il avait besoin de le lui montrer, de lui rappeler à quel point ils étaient faits l’un pour l’autre. A quel point ils s’appartenaient mutuellement.

— Jess.

Sa voix rauque contenait tout l’amour et le désir qu’elle lui inspirait. Dès que leurs lèvres se touchèrent, il perdit la tête. Sa bouche se mêla à la sienne dans un long et profond baiser qui catalysait à lui seul toutes ses envies de se perdre en elle. Sans cesser de l’embrasser, il l’entraîna avec lui près du lit. Les jambes de Jessica touchèrent bientôt le matelas pendant que sa bouche traçait un chemin brûlant le long de son cou. Sa peau avait un goût délicieux. Un mélange chaud d’épices et de vanille qui ne faisait qu’attiser encore plus son désir. Il n’avait jamais rien éprouvé de tel avec aucune autre femme. La première fois qu’il l’avait touchée, elle l’avait laissé frémissant et pantelant.

Eric s’arrêta de l’embrasser uniquement pour ôter son pull. Jessica ne portait pas de soutien-gorge, et la vue de ses seins ronds et de leurs pointes roses et dressées lui arracha un grognement.

Il embrassa de nouveau ses lèvres pleines puis descendit le long de son cou et de ses frêles épaules. Pendant ce temps, ses mains s’attelaient à défaire les boutons de son jean. Il lécha et aspira langoureusement son mamelon gonflé de désir tout en passant une main sur la douce courbe de ses fesses. Jessica gémit et se cambra dans le but de mieux s’offrir à lui. Eric répondit aussitôt à l’invitation. Tandis que ses lèvres et sa langue attisaient ses seins, il finit de la déshabiller. Puis il parsema son buste de baisers brûlants avant de s’agenouiller devant elle. Son long corps voluptueux s’offrit à son regard tandis que les prunelles de Jessica brillaient d’excitation.

Eric tendit les mains vers ses seins fermes pour les caresser de nouveau. Elle gémit en enfouissant les doigts dans ses cheveux. Puis il pressa son visage sur son ventre et traça les contours de son nombril du bout de la langue. Le souffle court, il sentait les effluves de désir de Jessica embraser ses sens et lui donner le vertige. Il saisit ses hanches et la coucha au bord du lit.

Puis, d’un geste presque solennel, il écarta largement ses cuisses, avide de se délecter du spectacle de son sexe luisant. Il passa ensuite les cuisses de Jessica par-dessus ses épaules avant de lécher lentement ses plis humides et intimes.

— Eric…

Jessica murmura son prénom en soupirant de bonheur, puis gémit lorsqu’il introduisit deux doigts dans son intimité. Lentement, il la caressa pendant que ses lèvres et sa langue la léchaient et l’aspiraient pour son plus grand plaisir.

De sa main libre, il saisit la pointe de son sein pour la faire rouler entre ses doigts, passant de l’un à l’autre. Jessica souleva les hanches et se tordit sous lui, haletante de plaisir. Il sentit son corps se tendre, son excitation s’intensifier, jusqu’à ce qu’elle pousse un cri aigu. Alors que son corps frémissait encore, il introduisit un troisième doigt et aspira dans sa bouche son petit bouton si sensible. Elle retint de nouveau son souffle et se cambra, tandis qu’un nouvel orgasme l’emportait.

Cette fois, lorsque ses tremblements s’apaisèrent, il remonta le long de son corps. Puis il se mit à genoux pour ôter sa chemise.

— C’est mon tour, maintenant, déclara-t-elle, les joues roses et le regard brillant. Mets-toi debout.

Il suivit son regard et vit qu’elle se léchait les lèvres, geste qui n’était pas fait pour apaiser son désir.

Eric obéit et Jessica se leva pour lui faire face. Puis elle fit passer son pull par-dessus sa tête et l’aida à se débarrasser de son pantalon. Un désir profond s’était emparé de lui depuis qu’il avait compris qu’elle ressentait le même besoin impérieux que lui.

Jessica fit ensuite glisser son boxer le long de ses hanches, libérant ainsi son sexe dur et bandé. Son soupir de soulagement se mua en un long gémissement lorsqu’elle s’accroupit devant lui pour le prendre tout entier dans sa bouche. Sans préliminaires, sans caresses, de façon aussi soudaine qu’inattendue.

Un aiguillon ardent de plaisir le traversa tout entier. Baissant les yeux, il grogna en se délectant du spectacle érotique des lèvres de Jessica qui glissaient le long de son sexe. Elle enroulait sa langue autour de lui en gémissant de plaisir, pendant que ses mains habiles s’égaraient partout. Entre ses cuisses. Sur ses fesses. Le long de ses jambes et de ses hanches. Il glissa ses doigts dans la masse de ses boucles brillantes et désordonnées. Bientôt, Jessica se concentra sur la partie la plus sensible de son sexe, et la stimulation soyeuse de sa langue associée à ses caresses expertes l’amena rapidement au point de non-retour.

— Je ne vais pas tenir très longtemps si tu continues comme ça, dit-il, pantelant.

Mais au lieu de s’arrêter, elle émit un faible son approbateur et continua de plus belle. Eric ferma les yeux, frémissant au rythme de son lent et long va-et-vient, jusqu’à en perdre la tête. Par sa force de volonté, il se retint le plus longtemps possible, mais chacune des aspirations érotiques de Jessica, chaque caresse de sa langue, le conduisait plus près du gouffre. Lorsqu’il ne tint plus, il comprit qu’il voulait qu’elle jouisse avec lui. Qu’il voulait la sentir contre lui.

Il l’aida doucement à se relever et la prit dans ses bras. Son regard plongé dans le sien, il l’allongea sur le lit et se coucha entre ses cuisses ouvertes. Doucement, il fit glisser son sexe entre ses plis soyeux et humides avant de la pénétrer d’un seul coup de reins. La chaleur de son corps l’étreignit comme un étau et lui arracha un grognement.

Eric serra les dents sous l’intensité du plaisir, puis se retira presque entièrement avant de plonger de nouveau en elle en frottant lentement ses hanches contre les siennes. Son sexe étroit lui arracha des frissons et chaque mouvement déclenchait des vagues de plaisir jusqu’au bout de ses extrémités. Puis son rythme plus rapide, plus profond, l’amena au bord de l’explosion. Jess enroula ses jambes autour de sa taille pour le pousser plus loin en elle. Elle enfonça ses doigts dans ses épaules tendues pour mieux aller à sa rencontre. Et, lorsqu’elle s’arc-bouta sous lui, il enfouit son visage dans son cou et s’abandonna à son plaisir en gémissant.

Lorsque son pouls reprit un rythme normal, il l’embrassa sous l’oreille puis leva la tête. Jessica cligna lentement les yeux et Eric croisa le plus beau regard qu’il ait vu. Et, comme chaque fois, il en retomba amoureux.

— C’est comme ça que ça devrait toujours être entre nous.

— Oui, répondit-elle en lui caressant la nuque.

Sa caresse déclencha une série de frissons dans son dos.

— Je me sens tellement mieux, ajouta-t-elle.

— Moi aussi, grâce à toi.

— Tu sais, j’avais une dette envers toi, dit-elle avec un sourire en coin.

— Considère qu’elle est réglée.

— C’est bon à savoir. Mais, si l’on compte les points, je suis toujours en avance de trois orgasmes par rapport à toi. Ce qui veut dire que je t’en dois deux.

— Ça me va.

Elle lui lança un regard faussement sévère.

— A ce rythme, je ne remonterai jamais le score. Tu vas devoir te tenir tranquille et me laisser payer mes dettes.

— Non, impossible, dit-il en laissant courir ses doigts sur ses seins avant de caresser leurs pointes soyeuses. Ces trente-deux jours sans toi ont failli me tuer. Je ne veux plus jamais vivre ça. En plus, c’est beaucoup trop agréable de te caresser. Même si je pars animé de bonnes intentions, je suis certain de ne pas m’y tenir.

— Hm. Il va falloir y remédier et je tiens la solution.

— Ah oui ? Laquelle ?

— C’est une surprise. Qui va avec une autre surprise que je te réserve.

— Parfait. Parce que moi aussi, j’ai une surprise pour toi. Qui s’accompagne d’une bouteille de champagne et d’un pique-nique au coin du feu.

Elle lui pinça légèrement les fesses et roula de grands yeux.

— En voilà, une façon de gâcher ma surprise.

Il sourit en croisant son regard brillant de malice et elle lui sourit en retour. Les fossettes qu’il aimait tant creusèrent ses joues. Voilà comment il aimait la voir. Rieuse. Heureuse. Détendue. Les yeux pleins d’amour et d’espièglerie. Et non le visage couvert de larmes, les yeux mouillés, l’air triste, inquiet et abattu, comme il l’avait trouvée lorsqu’il était entré dans leur chambre. La voir ainsi lui transperçait le cœur et, à l’avenir, il ferait tout son possible pour que cela n’arrive plus.

Après avoir embrassé chacune de ses fossettes, il se leva et lui tendit la main.

— Pourquoi ne pas aller prendre une douche pendant que j’allume la cheminée ? Je te rejoins dans une minute. Pour t’aider à te laver le dos.

— Juste le dos ?

— Pour commencer.

— Tu essaies de me faire dire oui.

— Tout à fait. Et ça marche ?

— Tout à fait.

Ils échangèrent un rapide baiser puis il la suivit du regard tandis qu’elle se dirigeait vers la salle de bains. Cette femme avait sans aucun doute la démarche la plus incroyablement sexy qu’il ait vue. Si la médaille olympique du plus merveilleux fessier avait existé, elle aurait été décernée à Jessica.

Eric, qui se sentait enfin beaucoup plus détendu que ces dernières semaines, alluma rapidement le feu et sortit de son sac tout ce qu’il avait prévu pour le pique-nique : une couverture qu’il étendit près de la cheminée, une bouteille de champagne qu’il plongea dans un seau à glace, plus un assortiment de friandises qu’il avait ramené du restaurant. Satisfait du résultat, il partit pour la salle de bains où Jessica fredonnait sous la douche. Elle chantait faux, mais il ne l’en aimait que plus, songea-t-il le sourire aux lèvres. C’était lui qui chanterait des berceuses à leurs enfants. Il aimait la taquiner à ce sujet.

Les enfants… Ils représentaient un point lumineux dans leur avenir, chose qu’il n’avait jamais été capable de voir clairement avec d’autres femmes. Mais, en contemplant Jess, il se projetait dans le futur. Une fois mariés, ils avaient prévu de fonder une famille. Et d’avoir deux, peut-être même trois enfants. Elle ferait une mère formidable.

Elle poussa une note particulièrement fausse et un bruit entre le grognement et le rire s’échappa de ses lèvres. Il fallait qu’il intervienne vite avant que les occupants des chalets voisins appellent la réception de l’hôtel pour se plaindre.

Il savait justement comment la distraire.

Tout sourire, il s’apprêtait à ouvrir la porte de la salle de bains quand son téléphone sonna. Il fronça les sourcils en regardant l’appareil et se morigéna de ne pas avoir fait renvoyer tous les appels vers sa boîte vocale. S’il s’agissait d’une autre personne que Helen ou Roland Krause qui appelait pour savoir s’il ne leur manquait rien, il risquait de se mettre sérieusement en colère. Car il ne pouvait pas s’agir de l’une de ses sœurs ou d’un membre de la famille de Jess. Il décrocha brutalement à la troisième sonnerie.

— Allô ?

— Eric, c’est Kelley. Je voulais te dire que…

— Je t’arrête tout de suite. Quelqu’un est blessé ?

— Non, mais…

— Quelqu’un est à l’hôpital ?

— Non.

— Dans ce cas, je ne veux pas…

— C’est justement pour cela que je t’appelle, Eric. Personne n’est en route pour nulle part. La tempête est trop violente et il est devenu trop risqué de prendre la route. L’aéroport a annulé tous ses vols et les routes secondaires sont fermées. Il y a également eu un carambolage sur l’autoroute.

Kelley émit un petit reniflement d’impatience avant de poursuivre.

— La mauvaise nouvelle, c’est que je suis bloquée ici. A l’hôtel de l’Heureux Mariage. Génial. Je viens de retenir une chambre et elle se trouve à deux pas de la tienne. Et, avant que tu puisses te plaindre, sache que cette idée ne m’enchante pas plus que toi. Si l’on en croit le bulletin météo, je risque de rester ici toute la journée de demain, et peut-être même jusqu’à lundi.

— Tu as d’autres bonnes nouvelles ?

— Non. En fait, elles sont pires. Au cas où tu ne l’aurais pas encore compris, cela veut dire aussi que Carol et Marc sont également coincés ici.

Eric prit une profonde inspiration. Bon sang ! Leur petit week-end romantique en tête à tête était très mal parti.

— Tu as raison. C’est pire que ce que je croyais.

— Et, cerise sur le gâteau, je viens de dépenser cinquante dollars dans la boutique de l’hôtel en produits de première nécessité.

— Lesquels ? Ta chambre devrait contenir tout le nécessaire pour la toilette.

— Du chocolat. Des barres chocolatées, des truffes, des bretzels, du caramel et des brownies faits maison. S’il y a des moments où le chocolat est nécessaire, c’est bien celui-ci.

— Je croyais que le chocolat était ta façon de soigner tes peines de cœur ?

Quelques secondes de silence suivirent sa réponse. Puis Kelley émit un rire qui sonnait faux.

— Les peines de cœur, et les problèmes de mariage, de famille : le chocolat résout tout. Qu’importe : je voulais juste que tu saches que je suis là. Je vais essayer de ne pas te croiser mais, puisque nous avons tellement de choses à régler et que je suis bloquée ici, ça risque d’être difficile.

— Je t’invite à ne pas prendre ce risque. Colle-toi du sparadrap sur la bouche si c’est trop dur. Je t’aime beaucoup, grande sœur, mais je ne veux vraiment rien savoir de toi ce week-end.

— Je sais. Je t’aime aussi. La plupart du temps. Je vais faire passer mon envie de chocolat et ne pas céder à l’envie de t’appeler.

Puis elle ajouta d’une voix plus douce :

— Je sais que je peux être parfois…

— Envahissante ? répondit-il sur le ton de la plaisanterie.

Elle rit.

— Oui, parfois. Mais, crois-moi ou non, je ne veux que ton bonheur. Et celui de Jessica, aussi.

— Je sais.

— Je te l’ai déjà dit mais je suis navrée que Jessica se soit fâchée. Et je pense que c’est surtout à cause de Carol, mais qu’importe. Si tu me trouves envahissante et autoritaire, à côté de cette femme, je suis une débutante.

Elle ajouta d’une voix plus hésitante :

— En parlant de personne autoritaire… comment ça s’est passé avec Marc ?

— Je pense que le qualificatif qui lui convient le mieux est « surprotecteur ». Le fait qu’il soit séparé de ses frères était très… instructif. Je pense même qu’il peut être humain.

— Oh ? Serais-tu en train de me dire que tu l’aimes bien ?

— Le mot est sans doute un peu fort, mais je pense que c’est un garçon honnête, travailleur, soucieux de sa famille. Apparemment, il fait fausse route en ce qui me concerne mais, même si ça m’agace, il le fait par amour pour sa sœur. Et, étant moi-même ton frère, je peux le comprendre. Je ne suis pas d’accord avec lui, mais notre conversation m’a laissé entrevoir quelques améliorations dans nos relations.

— Je comprends. C’est… très intéressant.

— Tu vas bien ? Tu as une voix bizarre.

— Non, je vais très bien.

— Parfait. Je raccroche. Inutile de m’appeler, c’est nous qui le ferons.

— Des mots en l’air. Je vais essayer de m’en contenter. Mais attention : Carol et Marc ne seront pas aussi arrangeants. Il vaut mieux que tu verrouilles ta porte et que tu décroches ton téléphone.

— Merci du conseil. Au revoir.

Il raccrocha puis éteignit la sonnerie de son téléphone. Mais, avec sa sœur à quelques pas et sa belle-famille toute proche, il n’était pas certain que ce geste lui serait d’une grande aide. A noter : leur prochain week-end romantique en tête à tête se ferait très loin de leur famille. Et de préférence dans un pays sans neige.

Miami lui paraissait une destination judicieuse. Mais ces bonnes résolutions ne lui servaient plus à rien maintenant. Bon sang. Ils étaient coincés avec leurs belles-familles. La situation pouvait-elle être pire ?

Dès que la question s’imposa à son esprit, il la chassa d’un haussement d’épaules.

— Inutile de défier le sort, murmura-t-il en se dirigeant vers la porte d’entrée pour s’assurer qu’elle était fermée.

Il se demanda s’il devait informer Jess des dernières nouvelles, puis il décida qu’il était préférable de ne rien lui dire, sauf si la situation l’exigeait. Si sa mère venait tambouriner à leur porte, par exemple. Il avait des milliers d’autres sujets de conversation pour elle.

Il était temps de penser à leur couple et à ces myriades de choses à faire avec elle, songea-t-il en se dirigeant de nouveau vers la salle de bains.