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Comme elle n’avait pas l’intention de couler les poteaux dans du ciment, Hayden termina son enclos avant la nuit. Elle rentra ensuite chez elle pour se changer. Elle était curieuse de savoir ce que Riley et Damon fabriquaient dans le garage de l’autre côté de la rue. Jusqu’à présent, ils n’avaient rien installé sur la pelouse à l’exception des supports de bois qui laissaient supposer qu’une structure plus importante était en cours de fabrication. Hayden sentait de chez elle les relents de peinture qui émanaient du garage.

Un peu plus tôt dans la journée, Damon avait essayé de découvrir ses projets car il avait remarqué qu’elle avait ajouté des accessoires à son dortoir. Elle ne lui avait rien dit de plus mais Riley avait deviné qu’elle avait l’intention d’installer des chevaux vivants. Sauf qu’il ignorait que ce n’était qu’un début.

Un peu plus tard, après sa douche, elle était occupée à se sécher quand le téléphone sonna. Enveloppée dans une serviette, elle se dirigea vers la chambre à coucher et regarda le numéro qui s’affichait sur le combiné. C’était Riley. Une femme plus volontaire aurait attendu qu’il laisse un message.

Hayden était forte, mais c’était trop lui demander. Dès la première sonnerie, elle avait senti son pouls s’accélérer. Elle avait pressenti qu’il s’agissait de Riley. Et elle espérait vivement qu’il pensait encore à son short en jean.

Prenant une profonde inspiration, elle décrocha le combiné.

— Salut, Riley.

— Tu as toujours ma part de gâteau au fromage blanc, déclara-t-il.

Elle y avait pensé plusieurs fois dans la journée mais elle avait décidé d’attendre de voir s’il se servirait de cette excuse pour l’appeler.

— Je l’ai peut-être mangée.

— Les deux parts ?

— Pourquoi pas ? J’ai eu une longue journée.

— Que tu as passée en petite tenue. Ce n’est pas du jeu.

Hayden ne put réprimer un sourire.

— C’est toi qui m’as dit qu’en amour comme à la guerre tous les coups étaient permis.

— Tu risques de t’en mordre les doigts lorsque tu me verras demain après-midi, torse nu dans mon jardin.

— J’imagine que tu n’as plus les mêmes muscles qu’autrefois, Kinnard.

— Comment en es-tu aussi sûre ?

— Parce que tu as failli me laisser tomber en me portant jusqu’à mon lit.

Cette conversation lui faisait-elle le même effet qu’à elle ? songea Hayden.

La voix rauque de Riley lui donna la réponse.

— As-tu vraiment mangé tout le gâteau ? s’inquiéta-t-il.

— Non, susurra-t-elle d’une voix volontairement sensuelle. Tu veux venir chercher ta part ?

— Tu me mets au supplice, Manchester.

Ainsi, elle venait de marquer un point.

— Pas assez, apparemment, puisque tu as été capable de partir, la nuit dernière.

— Tu n’imagines pas à quel point ça a été dur.

Cette fois, elle ne put s’empêcher de rire.

— Oh si, j’imagine très bien. Tu n’as pas arrêté de te frotter contre ma cuisse.

Riley émit un grognement de frustration.

— Je devrais depuis longtemps savoir qu’il ne faut pas se lancer dans une joute verbale avec toi. Ecoute, cette proposition est aussi romantique qu’une soirée au McDo, mais que dirais-tu de partager les restes chez moi ?

— J’ai comme l’impression que cette invitation sous-entend bien de plus de choses.

Un frisson d’excitation parcourut le corps de Hayden lorsqu’elle imagina tout ce qu’impliquait l’offre déguisée de Riley.

— Tu porteras peut-être des sous-vêtements sexy, avança-t-il.

Avec ce genre de conversations, ils n’étaient pas près de dîner.

— Ou pas de sous-vêtements du tout.

Riley retint son souffle.

— Tu arrives bientôt ?

— Dans une minute.

— Je laisserai ma porte ouverte.

— Où seras-tu ?

— Sers-toi de ton imagination, Manchester. Je suis certain que tu me trouveras.

Aussi simplement que ça, ils venaient de se donner rendez-vous. Hayden était au comble de l’impatience. Jetant sa serviette à terre, elle s’aspergea de parfum. En revanche, elle ne s’encombra pas de maquillage. Elle se contenta de passer un coup de brosse dans ses cheveux mouillés et décida que c’était suffisant.

A la hâte, elle sortit d’un tiroir un pantalon de survêtement gris, l’enfila et savoura le contact sensuel du tissu partout sur ses jambes. Le sweat-shirt qu’elle passa était jaune mais il aurait pu être de n’importe quelle couleur. Lorsqu’il y avait urgence, les effets de mode n’avaient plus leur place.

Elle mit des chaussons, saisit ses clés et parcourut une bonne partie de l’allée avant de s’apercevoir qu’elle avait oublié les Tupperware. Avec un soupir de frustration, elle revint les chercher. Soudain, le téléphone se mit de nouveau à sonner.

Hayden décrocha en riant le combiné qui se trouvait dans la cuisine, certaine d’entendre Riley lui demander pourquoi elle n’était pas encore dans son lit.

— Tu ferais mieux de contrôler tes hormones, Kinnard, lâcha-t-elle.

— Hayden ?

La voix confuse de sa mère résonna à l’autre bout du fil.

— De quel Kinnard parles-tu ? ajouta-t-elle.

Hayden sentit sa gorge se serrer. C’était une chose de se laisser séduire par un ancien amant. Mais c’en était une autre de l’expliquer à sa mère, elle qui l’avait soutenue tout le temps qu’elle avait sangloté dans ses bras à cause de ce même amant. A cette époque, Hayden déclarait à qui voulait l’entendre qu’elle préférait mourir plutôt qu’adresser de nouveau la parole à Riley.

— Eh bien, expliqua-t-elle très vite, gênée, Riley est de retour pour la semaine. Il passe des entretiens d’embauche dans plusieurs cabinets d’architectes de la région.

Sa mère s’adressa à elle avec méfiance. Sans doute hésitait-elle à lui demander des explications sur son entrée en matière.

— Ce serait formidable pour ses parents. Je suis certaine qu’ils sont heureux de le savoir de retour.

Hayden ne pouvait qu’approuver mais ses propres parents allaient revenir dans trois semaines et ils passeraient du temps avec les Kinnard. Ces derniers leur parleraient sans aucun doute de leur croisière.

— Ils ne sont pas là cette semaine, répondit précipitamment Hayden. Ils ont gagné un voyage en croisière et ils sont partis.

— Je vois, répondit la mère de Hayden d’une voix hésitante. Tu croyais donc que c’était Riley qui t’appelait, n’est-ce pas ?

— Eh bien…

— Ecoute, tu as longtemps vécu seule à Los Angeles et je ne voudrais pas insinuer que tu ne sais pas ce que tu fais.

— Tout va bien, maman.

Quelle conversation étrange ! Sa mère avait certainement deviné qu’elle avait l’intention de coucher avec Riley ce soir. Comment aurait-elle pu interpréter autrement son allusion à ses hormones ?

— Je me souviens juste à quel point tu étais malheureuse lorsqu’il y a eu cette histoire avec cette autre fille. Peut-être sommes-nous loin de toi, ici, à Washington, mais… d’habitude, tu es tellement indépendante, et Riley semble être le seul homme à avoir le pouvoir de te blesser. Je ne voudrais pas qu’il te brise le cœur une deuxième fois.

— Nous sommes deux.

— Fais attention à toi, Hayden.

— J’y veillerai, maman. Merci. Au fait, pourquoi appelais-tu ?

— Oh ! J’ai failli oublier. Ton père a dit qu’il serait dommage de revenir pour Noël et de ne pas décorer le jardin. Voudrais-tu avoir la gentillesse de faire quelque chose ? Peut-être accrocher un Père Noël ou quelques rennes ?

— Bien sûr, avec plaisir.

— Surtout, il ne faut pas que ce soit un problème.

— Crois-moi, cela ne me dérange pas.

Son problème se trouvait plutôt de l’autre côté de la rue.

— Sinon, quelles sont les nouvelles ? Tu dois partir bientôt faire des repérages pour ton prochain film ?

— Vers le 15 janvier.

Hayden n’était pas d’humeur à bavarder. Il fallait qu’elle raccroche et qu’elle réfléchisse à l’attitude à adopter vis-à-vis de Riley. Sa mère avait raison : coucher avec lui était dangereux. Mais était-elle capable de lui résister ?

— Je pensais que, lorsque nous serions de retour, nous pourrions partir en excursion du côté de Bisbee et de Tombstone. Qu’en penses-tu ?

— Oui, c’est une très bonne idée.

Comment pouvait-elle raccrocher sans donner l’impression à sa mère d’avoir une folle envie de traverser la rue pour s’envoyer sauvagement en l’air avec Riley ?

— Oh ! et il faut absolument que nous allions déjeuner à Tohono Chul, ajouta sa mère. J’adore leur salon de thé.

Hayden roula les yeux au ciel. Elle soupçonnait sa mère de la retenir délibérément dans le but de protéger sa vertu.

— J’aimerais beaucoup, maman. Ecoute, je…

La sonnette de la porte d’entrée retentit soudain.

— On sonne à la porte.

Et Hayden avait sa petite idée du visiteur.

— Va ouvrir. Je t’attends.

Non, il ne fallait pas qu’elle attende ! Mais sa mère avait toujours eu un sixième sens pour ces choses.

— Je reviens tout de suite, lança Hayden.

Elle ne fut pas du tout surprise de découvrir Riley de l’autre côté de la porte, vêtu d’un survêtement et d’un sweat-shirt. Il portait un petit sac à commissions.

— Je t’attends depuis une éternité, déclara-t-il. J’ai décidé de venir te rejoindre. Après tout, un lit est tout aussi confortable qu’un autre…

Hayden plaqua une main sur la bouche de Riley pour le faire taire et désigna du doigt la cuisine.

— Je suis au téléphone avec ma mère, chuchota-t-elle.

— Oh ! répondit-il en baissant la voix. Et elle me déteste, n’est-ce pas ?

— Oui, elle te déteste. Et, lorsque j’ai décroché, j’ai cru que c’était toi et j’ai dit quelque chose d’assez compromettant.

— Elle sait que nous étions sur le point de nous envoyer en l’air ?

— Je le crains.

— C’est ennuyeux.

— Sans blague. Bon, il faut que j’y retourne et que je lui dise…

— Dis-lui que ce qui s’est passé avec Lisa Trenton n’était qu’un malentendu.

Hayden lui lança un regard dubitatif.

— Oui, bien sûr.

— Je te jure que ça l’était, Hayden. J’ai essayé de te l’expliquer, mais tu n’as rien voulu entendre.

— Rectification : tu as essayé de t’excuser pour avoir embrassé et tripoté une autre fille. Comment as-tu pu faire une chose pareille après toutes les nuits que nous avions passées ensemble ? J’étais peut-être juste celle avec laquelle tu as fait tes premières armes, celle avec laquelle tu as testé différentes positions pour avoir l’air expérimenté avec des filles comme Lisa.

— Tu t’emportes, Hayden. Ta mère risque de t’entendre.

— Eh bien, ce n’est pas un problème parce que je sais ce que je vais lui dire.

Hayden se dirigea d’un pas furieux vers la cuisine.

— C’était Riley, maman, mais ne t’inquiète pas. Je le renvoie chez lui, de l’autre côté de la rue.

— Bon choix, ma fille. Je n’ai pas confiance en ce garçon.

Mais le garçon était devenu un homme. Et elle le désirait plus que jamais.

— Moi non plus, répondit-elle. Bon, je dois raccrocher.

— Rappelle-moi si tu as besoin de parler, ma chérie.

— Bien sûr, merci et embrasse papa de ma part.

Hayden raccrocha le combiné. Lorsqu’elle se tourna, Riley l’avait rejointe dans la cuisine. Il était debout à quelques centimètres d’elle.

— Tu dois partir, dit-elle sans oser le regarder dans les yeux. Ceci est une très mauvaise idée. Va-t’en.

— Il y a dix ans, je t’ai obéi, mais aujourd’hui j’ai le courage de te tenir tête.

Riley la prit dans ses bras et saisit son menton pour l’obliger à lui faire face.

— Dis-moi que tu n’as pas envie de ça.

Puis il l’embrassa.

Elle lui résista pour la forme avant de lui céder. Désolée, maman, songea-t-elle. Car, contrairement à sa mère, Riley était là, en chair et en os. Elle s’en débarrasserait demain.

*  *  *

Riley prenait des risques et il le savait. Car, même après toutes ces années, Hayden était prête à le crucifier à cause de Lisa Trenton. Et apparemment sa mère aussi. Il pouvait très bien être rejeté de nouveau.

Pourtant, le baiser de Hayden n’avait rien d’un rejet. Il avait un goût d’abandon. Vu la manière dont elle plaquait son corps voluptueux contre le sien, elle avait certainement de grands projets pour eux avant cet appel téléphonique, de grands projets où les sous-vêtements n’avaient pas leur place.

Dire que vingt minutes plus tôt il attendait Hayden nu comme un ver. Mais l’impatience l’avait poussé à enfiler une tenue confortable, à passer des chaussures et à traverser la rue. Il se félicitait à présent d’avoir eu une aussi bonne idée.

Car quelques minutes plus tard, après avoir parlé avec sa mère, Hayden aurait certainement annulé leur soirée. Il était arrivé juste à temps.

Lorsqu’elle le tira par la manche pour sortir de la cuisine, Riley avait déjà passé les mains sous son sweat-shirt. Peut-être voulait-elle le conduire vers la chambre mais leurs pas ne les guidèrent pas beaucoup plus loin. Dire qu’il avait toujours rêvé de lui faire l’amour enveloppé dans la bonne odeur de sève d’un arbre de Noël. Le moment était bien choisi.

Il prit en coupe le visage de Hayden et s’arracha à son puissant baiser.

— Ici, souffla-t-il.

— Par terre ? répondit-elle d’une voix rauque de désir.

— Oui, près du sapin.

— D’accord.

Elle envoya valser ses chaussons.

Il l’allongea avec lui sur le tapis berbère au prix de quelques contorsions. Puis, à tâtons, il trouva le préservatif dans sa poche et s’agenouilla entre les cuisses de Hayden.

La lumière qui filtrait par la porte de la cuisine lui offrait assez de clarté pour dérouler le préservatif mais sa motivation était telle qu’il aurait pu le faire les yeux fermés.

Hayden avait le souffle court mais elle trouva la force de lui lancer une pique.

— Je vois que tu n’as pas oublié, cette fois.

— J’apprends vite.

— Tu dois alors savoir à quel point j’ai envie que tu me fasses l’amour, Kinnard.

— Je crois oui, surtout que tu as accepté de le faire par terre.

— Ça ne peut pas être pire que l’arrière de ta camionnette.

Riley était piqué au vif.

— J’avais mis de la mousse sous la couverture.

— D’un centimètre d’épaisseur.

— Il fallait que je sauve ta réputation ! Si elle avait été plus épaisse, tout le monde aurait su à quoi elle servait !

Hayden caressa son torse nu.

— Ils le savaient quand même. Alors, on passe à l’action ou pas ?

— On passe à l’action.

Riley glissa la main entre ses cuisses et grogna en découvrant son entrejambe trempé de désir.

Dès qu’il la pénétra, le bonheur d’être en elle le frappa de plein fouet. Et il comprit son erreur.

Aujourd’hui, Hayden lui permettait de lui faire l’amour, mais rien ne lui garantissait qu’elle le ferait encore. Soudain, Riley se projeta dans l’avenir. Et il voulait que Hayden en fasse partie.

Son ancienne petite amie haletait à présent sous le poids de son corps.

— Quelque chose ne va pas ? s’inquiéta-t-il.

Il était prêt à lui faire l’amour avec passion mais peut-être n’était-elle pas aussi bien disposée à subir ses assauts.

— Non, répondit-elle d’une voix étranglée.

— Cela fait si longtemps, et c’est bon, merveilleusement bon. Je n’ai pas envie de te faire mal.

— Tu ne me fais pas mal.

Il se pencha vers elle et effleura ses lèvres.

— Je n’ai jamais voulu te faire du mal, Hayden.

— Si tu le dis.

Il y avait quelque chose d’étrange dans sa voix.

— Tu ne vas pas pleurer, quand même ?

— Mais non, dit-elle en reniflant. C’est juste que… tu m’as manqué.

La réponse était plutôt prometteuse.

— Toi aussi, tu m’as manqué, Hayden. Ne pleure pas, ma chérie.

— C’est à cause de mes allergies, répondit Hayden. Peux-tu simplement continuer, s’il te plaît ?

— Bien sûr.

Mais Hayden pleurait, alors il embrassa ses paupières, ses joues, sa bouche, qui toutes avaient le goût des larmes.

— Hayden…

— Ne t’inquiète pas ! Continue !

Il obéit, dans le seul but de lui donner tellement de plaisir qu’elle en oublierait ses larmes. Mais les événements ne se déroulèrent pas comme prévu. Car plus elle approchait de l’orgasme et plus ses larmes coulaient abondamment. La connaissant, il supposait qu’elle était gênée que leurs retrouvailles provoquent en elle un tel déferlement d’émotions. Mais lui était ravi. Il aimait savoir qu’elle éprouvait encore des sentiments pour lui.

Il allait lui montrer à quel point elle comptait pour lui, et le lui montrer comme elle l’aimait. Lorsqu’elle souleva ses hanches, il se positionna de manière à lui donner un maximum de plaisir. Ils avaient découvert ensemble l’existence du point G et il savait exactement où se trouvait le sien.

— Oh ! Riley, gémit-elle.

Elle enfonça profondément ses ongles dans les muscles de son dos et se cambra pour aller à sa rencontre.

— C’est ça, Hayden, continue, c’est bien.

Elle pleurait peut-être, mais elle était aussi concentrée que lui sur son orgasme. Dix ans plus tôt, il avait appris que sa jouissance déclenchait la sienne. Il attendait donc son signal.

Ils y étaient presque. Riley sentit son cœur s’emballer à cette perspective. Dire qu’il avait oublié les frissons du sexe avec elle. Mais elle avait beau lui donner tout ce qu’elle avait, elle pleurait toujours, et de plus en plus fort.

Il trouva à peine la force de l’interroger tant son souffle était court, mais l’attitude de Hayden l’inquiétait.

— Tout va bien ? s’enquit-il.

— Tout va bien ! haleta-t-elle sans perdre le rythme. Oui, comme ça, continue. Plus vite, oui ! Oui !

Elle monta en orbite en sanglotant.

Il la suivit aussitôt dans la stratosphère et son orgasme le propulsa au sommet du plaisir comme les réacteurs d’une fusée. Hayden était la seule à lui offrir de telles sensations. La seule.