DU PG ET PRINCIPALES INTERACTIONS

Soumission et RH

Les deux plus grandes entités physiopathologiques que sont les comportements de type Hypo/Hyper et les troubles de type PG (notamment la soumission) nous paraissent impliquées dans les comportements d’évitement social :

Nous proposons le tableau récapitulatif suivant, qui établit une comparaison entre comportement Hyper et soumission du PG, tous deux générateurs d’anxiété sociale :

Hyper

Soumission (PGS)

Objectif apparent

À valence positive : l’individu tend à aller vers toujours plus de plaisir, de beauté, d’intérêt suscité, etc.

À valence négative : l’individu a pour objectif de ne pas déranger, ne pas usurper, s’effacer, disparaître, etc.

Diagnostic -différentiel

• Obsessivité    du    désir-

(toujours plus)

  • ■  Anxiété d’anticipation (peur de l’échec)

  • -  Survalorisation de soi-

alternant     avec     des

déceptions amères (RH)

  • -  Ambivalence par rapport-à l’objet de désir

  • ■  Insatisfaction paradoxale malgré un bon résultat Conscience des troubles

  • ■  Obsessivité de la culpabilité

  • -  Propension à toujours se mettre au service des autres

  • -  Dévalorisation totale de soi

  • ■  Désincarnation,     volonté

de « don de soi » sacrificiel

  • -  Irrationalité majeure peu

ou pas accessible à la raison           (tendance

prépsychotique)

  • -  Stéréotypie totale des symptômes (indépendante de la culture)

Dangers

Dépression plus ou moins Autodestruction, auto-agressive et surtout automutilation, suicide hétéro-aggressive

(amertume, sensation d’être victime)

Thérapie

Traitement des évitements-sociaux    (Hypos)    par

pédagogie et affrontement comportemental du trouble cause de la compensation ;

■ Travail cognitif provisoire-qui est rendu possible sur l’Hyper (mais dont l’effet est de courte durée car symptomatique)

  • -  Pédagogie et affrontement

comportemental de la soumission    par    des

exercices antidotes de « dominance »

  • -  Insensibilité du PG au travail cognitif, même à court terme

Précautions

Suivi simple possible excepté lors     de     dépressions

réactionnelles massives (RH)

Suivi      médical      et/ou

psychiatrique recommandé

Tableau 2.3

Synthèse des comparaisons possibles entre Contenants d’Hyper et de PGS

Points communs observables entre la soumission et la RH

Éléments distinctifs de la soumission et de la RH

Le diagnostic différentiel entre PGS et RH s’avère particulièrement crucial, pour les raisons suivantes :

Dominance et Marginalité

la dominance et la marginalité

Les deux Contenants peuvent générer de la violence ordinairement, la dominance incite l’individu à l’attaque, tandis que la marginalité le met en posture de défense. Dans le cas où un individu dominant est « attaqué », alors les deux types de PG se ressemblent encore davantage.

et de la marginalité

Si les deux types de PG peuvent être violents et, dans de plus rares cas pour la dominance, en position de défense, une différence notable est cependant le fait que le PGD redoute l’humiliation, une notion qui ne relève pas des préoccupations du PGM. En effet, l’humiliation d’un individu dominant amène celui-ci à déchoir de son statut, à perdre son pouvoir social. Aussi, celui-ci défend son orgueil et ses privilèges, tandis que l’individu marginal préserve son intégrité de toute intrusion potentielle. En d’autres termes, le premier attaque et le second défend ses terres et ne devient parfois dangereux que si on va le chercher dans sa « tanière ».

Sachant que le PGD est la bête noire du PGM, un individu présentant les deux Contenants est susceptible de présenter des attaques de panique, ce d’autant plus qu’il aura conscience de sa dominance. Dans ce cas, le thérapeute doit engager une thérapie cognitive de prise de recul préalable, précautionneuse, longue, itérative et interactive. Il pourra ensuite traiter les deux Contenants dans l’ordre qui génère le moins d’angoisse chez le patient.

Soumission et personnalité dite « Stratège »

À l’instar de nombreux autres modèles, nous distinguons ce que nous appelons des « personnalités » ou « structures de personnalités » (cf. Fradin et Lemoullec, 2006, op. cit., annexe 2).

Comme nous l’avons vu plus haut, ces personnalités sont en réalité des ensembles homogènes et relativement cohérents de valeurs. Nous supposons que ces ensembles ou personnalités sont sous-tendus par des structures cérébrales Néolimbiques, plus évoluées d’un point de vue phylogénétique que celles relatives au Paléolimbique. Parmi les types de personnalité que nous avons identifiés, apparaît la personnalité dite ordinairement « Stratège » ou encore nommée « Lutte Réussie » dans notre modèle. Même si cela paraît contre-intuitif, celle-ci peut présenter des points communs avec la soumission.

la soumission et la personnalité « Stratège »

La soumission tend à faire que l’individu se voue totalement au service des autres et notamment des dominants. De façon quelque peu similaire mais pour des raisons différentes, l’individu présentant une personnalité Stratège (aussi appelée Personnalité Lutte Réussie, cf. Annexe 2) se mettra au service du développement des jeunes talents, des personnes chez qui il soupçonnera des capacités particulières. Il est susceptible de consacrer à ceux-ci toute son énergie, au détriment de sa vie privée, tout comme peut le faire l’individu soumis.

Si la personnalité Stratège possède une vraie capacité à entraîner les autres, elle en est cependant fragile à la critique : sa focalisation sur les autres et sa tendance à vouloir systématiquement s’adapter aux autres pour satisfaire son but global la conduit à ne plus savoir réellement ce qu’elle peut penser d’elle-même. Elle peut avoir une forme de vide mental dès lors qu’elle se retrouve questionnée sur elle-même, en situation d’échec ou de remise en cause. La soumission, de la même façon, rend l’introspection difficile, car le soumis, à ses propres yeux, ne mérite pas de perdre du temps à s’occuper de lui. Sa capacité à endosser la faute des autres le rend également particulièrement fragile à la critique.

L’engagement est également une notion impliquant à la fois la soumission et la personnalité Stratège. Cette dernière est en effet très sensible à la traîtrise puisque celle-ci rompt l’harmonie sociale et la solidarité. Dans ce cadre, un manquement à l’engagement peut lui apparaître comme une trahison potentielle. Aussi, ce type de personnalité peut se considérer « engagé » vis-à-vis de certaines personnes ou actions, même de façon informelle, et même s’il n’en a jamais été question pour son entourage. La personnalité Stratège y met son « honneur » en jeu. La soumission est également, de fait, dans un processus d’engagement vis-à-vis des dominants, puisqu’elle leur est servile.

Malgré leurs similarités, les deux types de Contenants présentent des différences assez nettes :

En effet, le PGS pousse à la servilité et à l’activité besogneuse, tandis que la personnalité Stratège insuffle du leadership et un goût pour le faste.

Par ailleurs, le Stratège fait montre d’une certaine forme de fierté et de répulsion quant au fait de dévoiler ses faiblesses (sentiment de devoir être « digne » en toutes circonstances). L’individu soumis, en revanche, s’avère totalement dépourvu d’une quelconque forme de fierté, se considère comme étant en soi une faiblesse et ne prétend à aucun sentiment de dignité quelconque, bien au contraire.

La soumission est encline à « contrer » la tendance directive de la personnalité Stratège. Cet effet peut être relativement positif lorsque le niveau de soumission de l’individu est léger. Dans ce cas-là, le caractère quelque peu autoritaire du versant « Stratège » peut être adouci par la soumission (une main de fer dans un gant de velours). Malheureusement, il arrive très souvent que les deux Contenants créent une sonnette. Celle-ci peut se traduire par le fait que cette tendance directive et fière soit rendue insupportable par la soumission, tandis que le manque de dignité de la soumission peut apparaître comme un affront aux yeux de la personnalité leader.

Les deux Contenants peuvent par ailleurs entrer en synergie lorsque la personnalité Stratège doute d’elle-même (notamment en cas d’échec ou de rejet social) ou cherche à s’individualiser (car elle aura été remise en cause dans ses valeurs, qui sont généralement plutôt conformistes). La soumission aggrave, dans ce cas, ce sentiment de doute dans lequel l’individu peut avoir l’impression de se noyer. En psychopathologie, ce duo est un des standards que l’on retrouve dans le modèle TNC derrière les tableaux de forte « centration externe » ou de dépersonnalisation.

Dans tous les cas, il est possible de faire un travail de prise de recul et de relativisation autour des intolérances supportée par la personnalité Stratège et de ses interactions possibles avec la soumission. On peut ensuite, parallèlement, traiter la soumission à l’aide d’exercices comportementaux (cf. chapitre 2.4.).

Soumission et Hypo-Méta

Ce duo donne lieu à des problématiques très comparables à celles présentées précédemment. La synergie entre ces deux Contenants est aggravée et potentialisée lorsque s’y ajoute, de surcroît, une personnalité Leader.

la soumission et l’Hypo-Méta

La soumission génère une incapacité décisionnelle, basée sur un sentiment profond de dévalorisation de soi voire d’indignité, une crainte de la faute impardonnable et une absence de motivation à œuvrer pour soi-même.

L’Hypo-Méta, quant à lui, est un Hypo dans le domaine métapsychologique. Il génère une incapacité à émettre une opinion ou un acte sur un sujet donné, par peur du ridicule ou de la honte. Son prolongement, l’Hyper-Méta, constitue une tentative de substitution, se traduisant par une attente active ou passive que d’autres fassent pour nous ce qui nous est impossible. Cette dépendance émotionnelle à cette substitution est forte et l’échec ou son anticipation mettent l’individu en position de « manque » (RH), producteur d’un état agressivo-dépressif de type réactionnel. L’Hyper-méta ajoute de l’indétermination à l’Hypo-Méta en ce sens qu’il rend l’individu très dépendant de la reconnaissance d’autrui.

Les deux Contenants font ainsi part d’une relative difficulté à pouvoir émettre une opinion, à l’affirmer et à l’assumer, et ce pour des raisons différentes.

et de l’Hypo-Méta

L’Hyper-Méta engendré par l’Hypo-Méta implique une dynamique où l’individu agit dans son propre intérêt, et produisant une attente à l’égard des autres. Par opposition, la soumission est, encore une fois, au service des autres. L’Hyper-Méta conduit à vouloir plaire à autrui, et dans cet objectif peut parfois nous pousser à rendre quelque service, mais ce ne sera pas pour autant dans le but de se placer au service de l’autre. Le diagnostic différentiel se teste donc au niveau des situations d’échec : dans ce cas, l’individu soumis se culpabilise et craint pour l’autre, tandis qu’un individu en Hyper-Méta redoute de perdre l’autre et d’en souffrir.

Dominance, Marginalité et personnalité dite

« Compétitrice »

La personnalité dite Compétitrice (et que nous nommons plus usuellement « Lutte Empêchée », cf. annexe 2) que nous avons pu isoler présente une appétence pour la concurrence, le défi, le challenge, le dépassement de soi et des autres. Par souci d’élitisme, ce type de personnalité a également besoin de cultiver sa différence et son esprit critique, de défendre sa liberté et celle des opprimés.

a) Points communs observables entre

la dominance, la marginalité et la personnalité dite « Compétitrice »

Les trois types de Contenants peuvent se montrer méfiants ou agressifs.

La dominance se rapproche plus particulièrement de la personnalité Compétitrice dans sa dynamique prompte à surpasser les autres, bien que la première le fasse dans un but d’asservissement de son entourage, et la seconde dans un principe de challenge, de dépassement de soi. Les deux Contenants peuvent inciter l’individu à raconter ses exploits, l’un dans l’objectif d’intimider son entourage, l’autre dans le but de montrer sa bravoure et son intelligence.

La marginalité est également comparable à la personnalité compétitrice, au sens où un individu marginal est attaché à se démarquer des autres. S’il le fait par méfiance, la personnalité compétitrice le fait par défi, pour montrer sa distinction, sa perspicacité. Les deux Contenants peuvent montrer une aversion pour la dominance.

La différence la plus essentielle entre les trois Contenants réside dans les raisons de leur agressivité respective. L’individu dominant se montre agressif car il craint avant tout de se faire destituer de sa position dominante. L’individu marginal a peur d’être la victime préférée (car insoumis) d’un pervers dominant (perçu comme le monstre absolu qui ne pense qu’à lui nuire), et pour prévenir cela, il est prêt à mettre en place tous les moyens de défense nécessaires. La personnalité compétitrice, quant à elle, tend à se poser en justicière, et en cela peut faire montre d’une certaine agressivité. Par ailleurs, l’esprit de concurrence apparaissant dans la dominance comme dans la personnalité compétitrice peut donner forme à une certaine attitude agressive. Cependant, si la première considère que « tous les coups sont permis et pire encore », la seconde adhère à la compétition dans une conception méritocrate, en jouant à « que le meilleur gagne ».

Les trois Contenants que sont la dominance, la marginalité et la personnalité compétitrice peuvent apparaître chez un même individu, deux à deux ou tous les trois. La cohabitation de ceux-ci donne très souvent lieu à des sonnettes.

Intégration et personnalité dite « Philosophe »

Nous avons identifié une structure de personnalité que nous pourrions principalement considérer comme Philosophe, mais que nous avons également appelée « Activation Réussie » dans notre modèle (cf. Annexe 2).

Les deux Contenants que sont l’intégration et la personnalité Philosophe peuvent générer des vécus de positivisme inébranlable, allant jusqu’à la naïveté et la crédulité, rendant inapte à tirer des leçons de ses (mauvaises) expériences. Dans les deux cas, l’individu affiche une attitude boniface, tend à profiter de façon très spontanée et détendue de la compagnie d’autrui et rejette assez aisément tout comportement qu’il qualifierait de négatif ou pessimiste.

Le PGI procure une confiance irrationnelle en les autres. Cette confiance est globale, dépourvue de discernement et de prudence, même vis-à-vis d’étrangers ou de personnes paraissant a priori « peu dignes de confiance ». L’individu présentant une personnalité Philosophe présente une naïveté qui est davantage orientée sur certains thèmes (la nature et la nature humaine) et sur certaines personnes. Mais à la différence de l’intégration, elle permet un certain degré d’apprentissage sans toutefois bousculer sa vision humaniste et optimiste de la vie. On peut également l’identifier par sa tendance à philosopher, son goût pour la gastronomie, etc.

En TNC, on nomme « Sonnette » un conflit structurel entre deux Contenants et/ou Méta-Contenants incompatibles, i.e. qui déclenchent des modes réactionnels opposés et autorégulés. Ce conflit aboutit à un emballement du système, à l’image d’une attaque de panique classique (qui est considérée en TNC comme un cas particulier de la Sonnette). En termes de cybernétique, on parle de régulation « en tendance », pour laquelle le symptôme amplifie le mécanisme causal, par opposition à un système autorégulé simple.

Nous présentons ici les principales interactions négatives entre Contenants, pourvoyeuses de sonnettes et autres refoulements :

Sonnette entre Extraversion et RH

L’extraversion, de quelque nature qu’elle puisse être, tend à aggraver la RH. La sonnette produite par ces deux entités est sans doute la plus spectaculaire ou la plus facilement observable.

À titre d’exemple, la pratique des exercices thérapeutiques pour traiter le PGS demande à jouer des personnages particulièrement extravertis. Ceux-ci peuvent alors très nettement aggraver l’état de l’individu s’il est à ce moment-là en RH. Cela entrave de surcroît l’action de ces exercices sur la soumission. Dans ce type de cas, il est vivement conseillé de traiter en premier la RH (soit identifier et traiter l’Hypo de l’Hyper) avant de pouvoir (re)prendre les exercices de traitement du PGS.

De façon plus générale, cette sonnette apparaît plus largement lors de toute combinaison de type « comportement extraverti + RH ». Ainsi, pousser quelqu’un en RH à être créatif, à improviser un rôle théâtral un peu excentrique, à affronter un Hypo (qui conduit à jouer un rôle à part entière et à sortir de son marasme de façon brutale), à se confronter au bruit généré par « la vie », par les enfants, les personnes semblant heureuses, aggravent très nettement sa RH.

De fait, les individus en RH semblent renfermés, ternes, gris et de mauvaise compagnie, pourrait-on croire pour se protéger de tout contact, de l’action ou même du bruit et de la lumière.

Sonnette entre PG et Méta-Contenant

Néolimbique

Une sonnette entre l’un ou les deux axes du PG et une gouvernance12 néolimbique (NL) forte peuvent survenir. Dans ce cas, le PG conduit le comportement de l’individu dans une orientation (par exemple soumission et/ou marginalité) tandis qu’un Méta-Contenant Néolimbique « tire » l’individu vers un autre objectif.

Nous avons pu voir plus haut que les personnalités compétitrice et leader, par exemple, pouvaient présenter un fort antagonisme avec le PGS, le PGD ou même le PGM. Dans le cas particulier de la personnalité compétitrice, chaque gain réalisé sur le PG (par exemple marginal ou soumis) par des exercices thérapeutiques est immédiatement « consommé » par « l’ambition » de cette personnalité. Fort de son mieux-être, l’individu « risque » d’en profiter pour lancer de nouvelles conquêtes et se mettre davantage en avant socialement. De cette façon, il risque de mettre prématurément son (ou ses) PG sous tension, la marginalité (trop méfiante) comme la soumission (trop indigne d’être centre d’attention) étant toutes deux réactives à la confrontation sociale. Cette mise sous tension peut, de plus, s’inscrire dans un effet rebond de PG faisant suite aux exercices, et potentialiser ainsi celui-ci. Ordinairement, plus l’effet rebond se montre intense et rapide, plus cela doit faire suspecter l’existence d’une sonnette entre un PG et des structures sus-jacentes, qu’elles soient Néolimbiques ou même préfrontales.

Plus généralement, dans l’objectif de clarifier les cas cliniques et limiter les risques de sonnettes, il est recommandé de traiter les symptômes cliniques de la superficie vers la profondeur, autrement dit du plus visible, volumineux, envahissant et/ou gênant, au plus discret, qui est sous-jacent. Ou encore, du plus symptomatique (comme le stress ou la RH) au plus « profond », c’est-à-dire au plus étiologique, causal. On peut également commencer à partir du trouble le plus aigu pour ensuite aller vers le plus chronique.

En effet, ce sont les Contenants symptomatiques, comme le stress ou la RH, qui ont le plus de chance, à la fois :

On dit encore, en TNC, que l’on commence toujours par traiter une sonnette par son « pôle faible ».

Notons enfin que la production d’un stress aigu (attaque de panique ou sonnette) lors d’une action thérapeutique (et non en raison d’un refus ou d’une appréhension de cette action) et en proportion de l’intensité de l’exercice ou de l’engagement de la personne dans celui-ci, indique que la stratégie thérapeutique est erronée. Dans ce cas, cela signifie que la stratégie appliquée met en œuvre une sonnette qui n’aura pas été identifiée au préalable, ou encore qu’elle comporte une erreur de diagnostic. Quelle qu’en soit la raison, il convient donc de l’arrêter immédiatement et d’identifier la cause de ce dysfonctionnement avant toute reprise (prudente) de l’action envisagée ou commencement d’une autre. Classiquement, s’il s’agit d’une sonnette, il faut attaquer le pôle faible de la sonnette. Tant que le stress aigu observé survient pendant l’affrontement ou le traitement, alors même que la personne ne vit pas consciemment de retrait par rapport à l’exercice, le thérapeute peut considérer que la sonnette n’est pas correctement analysée et gérée.

Les exercices de PG proposés par la TNC se présentent sous la forme de jeux de rôles à cinq personnages interprétés successivement et de manière stéréotypée. Au cours de ces exercices, nous nous servons notamment d’un mécanisme « d’inversion interne des discours ». Le patient doit formaliser ses commentaires intérieurs et pathogènes à l’aide d’un jeu de rôle, ce qui lui permet entre autres de prendre du recul par rapport à ceux-ci. De ce fait, il n’a généralement pas de difficulté à trouver les attitudes, émotions et vocabulaire de « l’anti-délire ».

Encadré 2.3

Le mécanisme d’inversion du discours interne

Ce mécanisme de « l’inversion du discours interne » par rapport à la « réalité observable » nous semble constant chez les vieux « niveaux cérébraux », instinctif, PL et même NL. Prenons un exemple de niveau instinctif : devant un précipice, on a la sensation d’être attiré par le vide, c’est ce que l’on appelle le vertige des hauteurs. Mais à l’analyse, cette sensation est paradoxale : selon la loi de la gravitation universelle, le vide n’attire pas ! Tout se passe donc comme si notre cerveau nous donnait une information erronée (le vide attire) pour nous faire reculer et échapper au danger. Utiliser une fausse information pour provoquer la bonne réaction, telle pourrait être la manœuvre mise au point par les cerveaux anciens que nous qualifierons de coercitifs. Plaisirs, déplaisirs ou peurs sont ainsi des coercitions positives ou négatives.

En pratique, le soumis se sent coupable sans fin pour « réparer » éternellement... et servir ainsi, sans raison autre que celle du plus fort, le dominant. Le vécu de culpabilité n’est psychologiquement pas fondé, il est coercitivement utile pour créer l’attitude soumise. On observe bien sûr le même type de phénomène pour les trois autres polarités du positionnement. Dans les structures mentales primitives, la biologie fait donc « l’économie » d’un discours intérieur spécifique : dupliquer le discours du dominant dans la tête du soumis suffit pour entraîner l’auto-assujettissement à l’attitude de soumission. Le bricolage de l’évolution montre cependant ici particulièrement ses limites : l’efficacité se fait au détriment du sujet soumis, sacrifié le plus souvent à vie certes par les dominants mais aussi par son propre cerveau. Au niveau du PL, l’individu et particulièrement le soumis est gravement abandonné « sans anesthésie » (il souffre le martyre en dépression mélancolique, par exemple) comme ce sera le cas au niveau du NL (cf. la personnalité IE par exemple, qui prend plaisir à aider les autres et y voit une « valeur » supérieure) au profit du groupe et de l’espèce.

À propos de l’inversion des sensations et de l’usage que la biologie fait de ses programmes en les dupliquant tout en les déformant, citons encore la faim. Elle n’est pas simplement le constat du « manque de sucre » et autres nutriments dans le corps, mais un processus actif et organisé où le corps fait baisser lui-même à heures fixes le taux de sucre dans le sang pour créer la sensation de faim. Ainsi, un mécanisme primitif (la faim qui devait répondre au manque direct de nutriment) a été détourné au profit d’un mécanisme plus complexe et il est vrai plus anticipateur : utiliser la sensation de manque pour faire manger, indépendamment du réel besoin biologique immédiat (on peut ainsi constituer des réserves). Mais aussi être obèse, si les régulations sont trop décalées, à force d’être méta-régulées !

Si nos hypothèses sont exactes, tout individu en crise aiguë de PG, soumis notamment, se trouve dépossédé de sa volonté ordinaire, en un état que l’on pourrait qualifier de délirant, irrationnel. Les TOC, les attaques de panique ou même certains troubles de l’assertivité, vont selon nous en direction de ce rapt de conscience propre au délire. Alors que les crises instinctives (colère et anxiété passagères) sont essentiellement défensives, donc réversibles, et permettent plus facilement les remords ou la reprise en main de l’individu, la régulation du PG est, dans le temps, terriblement stable. En fait, de façon plus générale, le comportement stéréotype du PG (quel qu’il soit) constitue sans doute le socle de la personnalité dite « difficile » voire pathologique. Celle-ci est périodiquement aggravée par des effets rebonds qui viennent sanctionner les efforts de contrôle ou de normalisation du sujet. De surcroît, chaque PG a l’impérieuse nécessité de céder périodiquement voire quotidiennement à son rituel (pensée négative irrationnelle, superstitieuse, « actes manqués », ridiculisation d’autrui, etc.), de façon à « dépressuriser » le système (cette pression se traduisant par exemple chez le soumis par une forte anxiété).

Concrètement, les exercices de PG sont d’abord la résultante d’une vision théorique qu’il est important d’appréhender pour appliquer au mieux ces exercices. Les cinq jeux de rôles que constituent les exercices de PG durent environ une minute chacun, et sont basés sur les principes suivants :

Premier personnage : « je caricature mon PG »

Le premier personnage (P1) constitue globalement une caricature de soi-même dans son PG et plus particulièrement dans ses crises. Le personnage doit être suffisamment décalé de la réalité de ce que vit l’individu pour que celui-ci ne rentre pas dans une crise et pour qu’il puisse surtout prendre du recul par rapport à ce qu’il vit ordinairement. Un des artifices de jeu permettant ce décalage est notamment d’indiquer à l’individu de jouer la caricature de son PG comme s’il était une personne qui avait de base le PG opposé au sien. Pour traiter la soumission, par exemple, on demandera à l’individu d’avoir en tête qu’il joue un dominant qui lui-même surjoue et éventuellement se moque de la soumission en la caricaturant. Le fait de jouer une caricature façon Commedia Dell’Arte (ou encore à l’image de certains personnages de Molière, ou du théâtre de Guignol) permet à l’individu de mieux se distancer par rapport à la crise qui est jouée, tout en traitant déjà le PG puisque l’individu n’est déjà plus vraiment dans son propre rôle. Cette exagération « ludique » tend en effet à faire tomber la peur que le sujet a souvent de ses propres crises, en se jouant de la crise au lieu de la redouter. Malgré ces précautions, et notamment pour des grades de PG supérieurs au niveau 2, ce P1 est à surveiller lors des premières exécutions. Le jeu de ce premier personnage peut même être parfois reporté à plus tard lorsqu’il se révèle difficile à faire jouer avec recul (notamment chez les PGS et PGM) et tend alors parfois à produire ou aggraver une crise que les personnages suivants ont du mal à faire totalement retomber.

Deuxième personnage : « je joue mon antidote »

Le deuxième personnage (P2) est tout simplement un « antidote » du PG de l’individu. Il est le PG situé à l’autre extrémité de l’axe considéré. Il est un dominant pour un soumis, un soumis pour un dominant, etc. L’importance de la réalisation du personnage 1 s’observe particulièrement à cette étape de l’exercice. En effet, le jeu de P1 semble permettre comme un effet rebond « positif », un effet balançoire générant un élan (à partir d’une « pseudo-crise caricaturale » pour générer son inverse) qui facilite dans un deuxième temps le jeu de P2. Nous avons souvent remarqué que P2, lorsqu’il était proposé en premier, était bien plus difficile à faire jouer à l’individu que lorsqu’il est précédé de P1.

De façon plus subtile, ce personnage caricature la vision qu’il peut avoir de P1. Ainsi, pour traiter la soumission, P2 correspond au fait que l’individu joue un dominant qui se moque du soumis joué en P1. Il nous semble qu’est ici le « cœur du réacteur ».

Si le diagnostic est bien posé, au-delà de quelques frissons dans certains cas (notamment chez le Soumis, qui a sans doute le vécu d’une souris à qui on demanderait de jouer le rôle d’un chat), P2 doit commencer à faire tomber le vécu de PG. Si ce n’est pas le cas, outre le diagnostic à vérifier (diagnostic différentiel), il faut également suspecter une interférence possible avec une RH. En effet, comme nous l’avons vu plus haut si la personne est en crise de RH, le jeu des exercices de PG peut activer potentiellement une sonnette, ainsi aggraver l’état (la RH) du patient et empêcher toute action bénéfique sur le PG de l’individu. Dans ce cas, il convient d’arrêter les exercices de PG et de traiter d’abord l’(les) Hypo(s) de la RH. Une fois la RH traitée ou disparue, on peut reprendre les exercices de PG, lors de séances ultérieures.

Troisième personnage : « mes commentaires intérieurs »

Le troisième rôle (P3) personnifie les commentaires intérieurs PG que peut avoir l’individu. Ce jeu nous a été inspiré de la voix intérieure du PGS, telle que décrite dans les délires mélancoliques (voix de Dominant terrorisant et agressif, qui commente tout ce que fait la personne en la culpabilisant et en la condamnant). En créant ce personnage, nous sommes partis du principe que l’influence de telles cognitions existe même pour les niveaux de PG inférieurs aux délires mélancoliques. Nous supposons que pour des niveaux plus légers, ces commentaires sont moins directement perceptibles sous forme de voix, mais sont tout de même présents. Les quatre PG paraissant symétriques sur la plupart des symptômes, alors cette voix ou ces commentaires intérieurs devraient probablement exister chez tous, y compris chez ceux dont il est difficile d’obtenir de telles confidences (PGM et PGD).

Comme pour le P1, cette voix intérieure n’est pas jouée à l’identique de ce à quoi elle pourrait ressembler. Elle est caricaturée, de façon grotesque, par le personnage issu du PG miroir. Sans cet aspect caricatural, ce personnage peut également dérouter l’individu, et notamment créer une certaine angoisse chez l’individu soumis. La transformation de ce rôle en personnage de bande dessinée le rend plus aisément jouable et distancié.

Ce personnage revêt une certaine importance quant à l’efficacité des exercices : nous avons testé et comparé, de façon clinique, l’effet de la réalisation des personnages P1-P2-P5 à celui de l’exécution des personnages P1-P2-P3-P4-P5 (P4 étant équivalent à P2). Bien que cette différence doive être vérifiée expérimentalement, il semblerait, à l’observation, que la version « complète » des exercices de PG ait nettement plus d’impact que la version allégée. Nous supposons que cela puisse être dû à la cible du troisième personnage, qui pourrait désamorcer les commentaires intérieurs en les isolant aux yeux de l’individu, en l’aidant à se représenter ceux-ci comme un mécanisme autonome dont il peut parvenir à se détacher, et qui ne tient pas compte de la réalité de ce que cet individu est (au sens où ce mécanisme engendre une autocritique infondée).

Quatrième personnage : « je joue mon antidote »

Ce quatrième rôle (P4) est équivalent à P2. La différence entre les deux personnages est que P4 commente cette fois-ci P3. D’un point de vue neuropsychologique, nous supposons que P2 comme P4 stimulent, théoriquement, le circuit miroir du PG spontané du sujet/patient. Nous faisons par exemple l’hypothèse que les rôles P2 et P4 destinés à traiter la soumission puissent activer le circuit de la dominance dans l’amygdale et rétro-inhiber celui de la soumission (Fradin & Fradin, 2006, op. cit.).

Cinquième personnage : « mon bilan et mes engagements »

La cinquième étape de l’exercice n’est pas à proprement parler un « jeu de rôle » et ne demande pas d’adopter une attitude caricaturée en lien avec le PG. L’individu doit simplement faire un bilan de l’exercice (différences entre avant et après exercice), recenser les engagements qu’il tente de tenir (comme en ACT), se les approprier et prendre du recul par rapport aux commentaires qu’il peut se faire et qui lui causent du trouble. Il prépare également une éventuelle répétition d’un cycle de cinq personnages, intégrant les commentaires résiduels mis en évidence dans cette cinquième étape. Cette stratégie se révèle particulièrement efficace pour venir à bout des tendances aux attaques de panique induites par les méta-commentaires.

Il est généralement conseillé de réaliser ces exercices soit une fois par jour le matin, soit matin et soir, et éventuellement jusqu’à trois fois par jour par séries de trois cycles selon les besoins. D’après notre expérience, nous conseillons de réaliser ces exercices à un rythme régulier et soutenu pendant au moins 6 mois, sauf exception. Ces exercices peuvent être également exécutés ou leur fréquence augmentée en prévention ou en traitement lors d’une période de crise ou d’effet rebond. Cependant, il arrive que ces exercices ne suffisent pas et doit parfois y être ajouté un traitement médicamenteux (notamment des neuroleptiques et des antidépresseurs pour les patient(e)s soumis(es)). On note toutefois que la pratique massive d’exercices de PG à cinq personnages est synergique avec les traitements médicamenteux. La principale limite de cet effet est le caractère parfois irrégulier de leur pratique.

Les exercices de PG destinés notamment à traiter la soumission peuvent évoquer certaines techniques d’affirmation de soi proposées par le courant des TCC, dans lequel s’inscrit la TNC (Cottraux, 2004). Ces méthodes consistent à observer, reproduire au travers de jeux de rôles et intégrer un comportement assertif selon un apprentissage par imitation d’un modèle (Bandura, 1977). L’individu acquiert ainsi des compétences sociales et modifie ses pensées relatives à la situation abordée lors du jeu de rôle. Fanget & Rouchouse (2007) décrivent plusieurs types de jeux de rôles (« standard », « personnel », « tournant »...) dont celui qualifié d’« inversé » et lors duquel le patient occupe le rôle du sujet modèle et le thérapeute celui du patient. D’autres techniques TCC suggèrent également de jouer un rôle de dominant au sens plus classique du terme, à savoir quelqu’un qui manifesterait en quelque sorte beaucoup d’orgueil. Les exercices de PG traitant la soumission se distinguent quelque peu de cette pratique dans la mesure où l’on demande au patient non seulement d’adopter l’attitude d’un individu assertif (c’est-à-dire qui disposerait d’habiletés sociales particulières et qui serait neutre d’un point de vue du PG), mais d’outrepasser la position neutre pour jouer des rôles de dominance telle que celle-ci ne soit pas tant orgueilleuse que moqueuse, voire presque perverse. En effet, selon nous, le comportement miroir de la soumission n’est pas tant l’orgueil ou la fierté (qui seraient davantage d’ordre néolimbique) que la perversité. Ainsi, il se pourrait que traiter directement la cible que peut être la tendance à la perversité soit plus efficace sur des troubles plus sévères de soumission, ou pour le moins complémentaire des traitements classiques. En effet, à l’image d’un élastique, il faut sans doute le tendre au-delà de ce qui peut sembler être sa limite pour pouvoir espérer l’élargir un peu. Nous nous posons plus exactement la question de savoir si le fait d’adopter une attitude de dominance pourrait éventuellement permettre d’activer les circuits de la dominance, lesquels rétro-inhiberaient quelque peu ceux de la soumission ? Quel que soit le mécanisme sous-jacent, nous n’avons jamais observé que les exercices de PG pouvaient conduire à acquérir les troubles du PG opposé au sien. La seule exception à cette règle que nous pourrions soupçonner concerne la bipolarité. Mais de ce fait nous considérons que les exercices de PG ne sont justement pas applicables, selon nous, à ce type de trouble, en raison du risque de bascule systématique vers la polarité opposée.

Notons que globalement les patients que nous avons eu l’occasion de faire travailler expriment, après les exercices de PG, le sentiment d’échapper à une véritable prison intérieure. Par ailleurs, nous avons exclu l’idée d’un effet placebo : l’un de nos patients, dont nous présentons le cas dans le chapitre 3.6., a tout d’abord été diagnostiqué comme soumis, en raison, entre autres, d’une tendance dépressive et d’une réserve apparaissant comme une forme de timidité et de manque d’affirmation de soi. Le patient a alors été invité à réaliser des exercices de PG destinés à traiter la soumission. Au terme d’une semaine, celui-ci a commencé à manifester des accès de colère importants. Nous avons donc interrompu les exercices. Après un meilleur travail d’investigation et de mise en confiance du patient, nous avons pu mettre en évidence que le patient n’était non pas soumis mais dominant. Il présentait en revanche des hypos sur ses symptômes de dominance et de ce fait n’assumait absolument pas ceux-ci, le conduisant ainsi à tenter de les dissimuler jusqu’à apparaître comme soumis. Dès lors que nous avons pu traiter la dominance à l’aide des exercices de PG appropriés, les accès de colère du patient ont disparu. Sa dépression a par ailleurs été traitée à l’aide d’un travail sur l’Hypo.

Les trames de scénario d’exercices PG permettent de définir l’état d’esprit des rôles à jouer au patient. Celui-ci gagnera à s’affranchir de ce patron en y introduisant les éléments de sa vie susceptibles de déclencher des accès de PG.

Dans un premier temps, ces scénarios ou trames peuvent être lus comme un rôle d’acteur, ce qui ne présente généralement aucun problème pour le patient. Le PG n’ayant pas d’objet précis (pour rappel, son impact est global et flou), le patient peut jouer un rôle stéréotypé sans définir de contenu ciblé. Cela lui permet de s’approprier quelque peu les différents rôles vis-à-vis desquels il peut, au début, se sentir égaré. Ceux-ci constituent en effet des antirôles qu’il ne connaît qu’à travers le prisme (incompatible avec le sien) du PG considéré comme opposé. Le fait de disposer d’un texte avec des indications scéniques lui donne un support nécessaire pour pouvoir le jouer et plus encore pour s’autonomiser.

Le patient peut vouloir s’affranchir, dans un second temps, de ces trames de textes, notamment parce qu’il commence à s’ennuyer de leur caractère itératif, mais aussi parce qu’il tend à maîtriser le « ton » des personnages de PG (impression à confirmer cependant par le Thérapeute). Il devient ainsi possible pour lui d’introduire dans son jeu le Contenu psychologique de sa vie, centré bien sûr sur ce qui semble relever de comportements de PG. Il revient au thérapeute de s’assurer que l’esprit des Personnages, leur ton, leurs attitudes sont respectés, faute de quoi l’essentiel de l’efficacité thérapeutique risquerait d’être perdu.

Scénario 1 de traitement de PGS : basique

a) Premier personnage (P1)

Discours :

« Je ne vaux rien, Je ne fais que des bêtises. Je porte la poisse à tous ceux qui voudraient m’aider. J’ai brisé la vie et le cœur de mes parents et... (à compléter, notamment avec le nom de ceux qui sont plutôt dominants à son égard).

Je ne mérite pas de vivre. »

Attitude et intonation de voix :

La posture idéale pour ce personnage est quelque peu recroquevillée, et ses mouvements exagérément agités. Son intonation (aiguë) doit traduire un affolement caricatural (à la façon d’un dessin animé pour enfants). Nous rappelons que ce personnage se joue avec l’idée que l’on est un individu dominant qui imite et se moque d’un individu soumis (qu’est en réalité le patient lui-même).

à P1

Discours :

« Quel pedigree ! Pour une flaque comme tu es, tu te débrouilles pas mal ! Chapeau ! Tu es une arme de destruction massive !

Enfin bon, le pétard est un peu mouillé à mon goût. Mais bon, pour un(e) soumis(e), c’est pas mal ! Ah Ah ! (expression ironique)

Non mais, comme si je me culpabilisais moi ? ! MOI, MOI, MOI ! Plutôt mourir ! Ah Ah !

Foutaise que cette culpabilité !

Ah Ah H! MOI, MOI : (prénom du patient), MOI, MOI !

Je suis au-dessus de tout ça U! »

Attitude et intonation de voix :

Ce personnage doit de préférence avoir le torse exagérément bombé, le menton élevé, le regard descendant (sur un éventuel soumis imaginaire joué en P1), la démarche ferme et assurée. La voix doit être grave et doit porter loin.

à P1

Discours :

« Oui, grâce à moi, tu es encore et toujours dans le pétrin. Tu ne t’en sortiras jamais. Je te ferai avoir toutes les maladies et tu deviendras complètement fou(folle).

Grâce à moi ! Grâce à moi ! »

Posture et intonation de voix :

Voix inspirant, de façon caricaturale, un personnage typiquement mesquin et méchant que l’on peut trouver dans les dessins animés13. La posture peut être recroquevillée, bien qu’elle n’illustre pas, cette fois-ci, la soumission, mais la manigance.

à P3

Discours :

« Ah ! Le monstre tout droit sorti des contes pour enfants !

Ah ! Si j’avais 2 ans, je crois que j’aurais peur ! Ah Ah !!! (ton ironique, suivi d’un rire).

Ah ça me fait plutôt roter d’aise, maintenant !

Et hop, le souffle d’air que ça produit l’a écrasé contre un mur !

Je rigole, la vie est belle quand on n’a pas ce genre d’ânerie dans la tête mais un cire pompe comme j’en ai un (i.e. le soumis joué caricaturé en premier personnage) !

MOI, MOI, MOI! Ah Ah!»

Attitude et intonation de voix :

Elles doivent être similaires à celles de P2.

Discours :

Ce rôle n’est pas un « personnage » à proprement parler. L’individu doit recenser les engagements qu’il souhaite tenir pour mener à bien ses objectifs de vie. Il construit là une forme de « méta-motivation » destinée à l’aider à suivre un traitement tel que la thérapie PG. Ce peut être par exemple :

« S/ je souhaite profiter pleinement de ma vie sans être pollué par mes commentaires intérieurs qui me torturent/si je souhaite profiter de mon entourage et lui être pleinement bénéfique/si... alors je dois continuer à faire mes exercices/ prendre du recul lorsque je sens que je prends à mon compte tous les malheurs et toutes les fautes du monde, etc. »

Attitude et intonation de voix :

Celles-ci sont normales et correspondent à celles du patient.

Nous pouvons constater que certains personnages, à savoir P2 et P4, peuvent volontiers apparaître grossiers. La vulgarité est une caractéristique assez symptomatique du PG dominant lorsque celui-ci n’est pas policé par d’autres Contenants, et peut ainsi renforcer l’impact du jeu. Par ailleurs, cela peut amener à dédramatiser le rôle au regard du patient, bien qu’il ne faille toutefois le choquer, s’il n’est pas d’un tempérament à tolérer ce genre de chose.

Le thérapeute ou le patient doivent prendre garde à ce que les différents rôles ne soient pas dénaturés. Comme nous l’avons vu précédemment, une subtile modification de l’intention imaginaire du rôle peut aisément diminuer, voire annuler l’impact de l’exercice. Un exemple typique de piège à éviter est le fait de considérer que le P2 du traitement du PGS est en rivalité avec le P1, ou en train de démontrer ses forces et compétences. En réalité, il s’en moque et se vanterait presque de s’en moquer. Ainsi, on ne fera pas dire au P2 « je suis le meilleur, je sais tout faire mieux que toi », par opposition au P1 qui pourrait dire « je ne suis rien, je n’arrive à rien, je ne fais que des erreurs c’est une catastrophe ». En revanche P2 pourra déclarer « Ah Ah Ah, moi je fais bien n’importe quoi et je m’en moque, ce sont les autres qui ramassent les miettes et qui rattrapent mes erreurs, d’ailleurs je m’amuse à faire toujours plus d’erreurs pour voir ensuite comment les autres paniquent et paient pour mes pots cassés, ahahah ». P2 caractérise avant tout un personnage prédateur, qui se moque des autres et de leur scrupulosité, les exploite, et n’a pas d’égard vis-à-vis d’une forme de méritocratie quelconque.

De la même façon, nous attirons l’attention du lecteur sur le fait que le P1 du traitement du PGS évoque ce qu’il croit être ses échecs et l’impact déplorable que ceux-ci pourraient avoir sur autrui. En revanche, son discours ne doit pas montrer qu’il aspire à être particulièrement meilleur (d’un point de vue des compétences) qu’il n’est. Son discours ne doit donc pas laisser transparaître des éléments tels que : « il faut que je sois meilleur, je suis beaucoup trop nul(le), il faut que j’y arrive, etc. ». Ce rôle doit plutôt s’orienter vers des phrases telles que : « je suis bon(ne) à rien, à cause de moi le monde entier va s’effondrer, etc. ». On notera que le patient, dans le personnage P1, est tenu d’aller au-delà de ses craintes réelles et évoquer des situations qui ne sont pas crédibles même à ses propres yeux, de façon à lui éviter un amalgame avec la réalité de ce qu’il vit.

Il est important de savoir que ces exercices peuvent être réalisés de façon beaucoup plus discrète que ne laissent entrevoir les différentes attitudes et intonations évoquées précédemment. En effet, l’entourage (voisinage, famille) du patient est selon les cas plus ou moins enclin à pouvoir accepter ces exercices sans considérer ce dernier d’une façon singulière qu’il ne pourrait assumer ou qui ne serait pas souhaitable pour lui. Dans ce cas, l’individu peut tout à fait réaliser ces exercices à voix basse, voire dans sa tête, sans adopter de posture particulière. Ces exercices sont bien évidemment moins efficaces de cette façon, mais ont malgré tout, d’après notre expérience et celle de nos patients, un minimum d’impact, surtout lorsque l’individu s’est bien approprié chaque rôle et n’éprouve pas de difficulté à les jouer essentiellement dans son imaginaire. Il peut ainsi effectuer les exercices en parallèle d’une autre tâche simple (par exemple sous la douche) ou en s’isolant quelque peu.

Scénario 2 de traitement du PGS, ciblant la tendance aux Attaques de Panique

Discours :

« Je deviens fou(folle). Je sens que je deviens fou(folle). Et ce mal de tête inquiétant, cette agitation en moi... Tout m’échappe ! Ces exercices fonctionnent mais je suis certain(e) que ces exercices ne me feront aucun effet, parce que je fais tout mal, même mes exercices !

Je suis une vraie catastrophe, je vais provoquer des malheurs, je ne sais pas quoi mais je vais forcément en provoquer et untel va faire un infarctus ou un cancer à cause de moi ! ».

Attitude et intonation de voix :

Cf. Scénario 1 du traitement du PGS, P1.

à P1

Discours :

« Ah ! Ah ! Ah !!! Quel Attila de la psychologie tu fais ! Après toi, rien ne repousse ! Pas mal ! (expression ironique)

Attends, on va faire équipe ensemble et monter une association de malfaiteurs ! Tu passeras en première ligne. Tu feras le gros du boulot et moi je me contenterai de faire les finitions ! Ah ! Ah ! Ah ! On va se faire un pognon H! Eh ! Eh ! ».

Attitude et intonation de voix :

Cf. Scénario 1 du traitement du PGS, P2.

à P1

« Hihihi ! C’est un grand moment ! C’est le “grand soif’ ! Je te l’avais dit, je te l’avais dit, tu ne t’en sortiras jamais ! Et encore, ça n’est que le début ! Tout ça grâce à moi, grâce à moi qui te torture les méninges ! Je t’aurai ! Je t’aurai ! »

Attitude et intonation de voix :

Cf. Scénario 1 du traitement du PGS, P3.

à P3

Discours :

« Oh là là H! Quel monstre terrifiant, j’ai peur ! (expression ironique)

Dis donc, poulet(te), si tu veux travailler aux Guignols, j’ai une place pour toi ! Ca va faire rire les enfants, c’est sûr ! Ah ! Ah ! Ah !

Ah ! Ah ! Ah ! Le monde m’appartient ! Je suis Dieu sur terre ! Ah ! Ah ! Ah ! Et les autres ne sont les appariteurs de ma mise en scène.

Ah ! Ah ! Moi, Moi, Moi, Moi ! »

Attitude et intonation de voix :

Cf. Scénario 1 du traitement du PGS, P4.

Pour le discours, l’attitude et l’intonation de voix du scénario 2 du traitement de PGS, voir le Scénario 1 du traitement du PGS, P5.

Scénario basique du traitement du PGD

Discours :

« Je suis un héros, je suis grand et beau comme le jour, je suis courageux et je vaincs tout ce qui surgit devant moi, je n’ai peur de rien, j’enfourche les nuages et défie les Dieux. »

Attitude et intonation de voix :

Le patient doit adopter, pour ce personnage, un ton wagnérien, une attitude digne du « grandiose », à savoir une posture droite accompagnée de gestes amples.

à P1

Discours :

« Mon Seigneur, vous êtes si grand... mais ne défiez pas les dieux, ils pourraient se fâcher. De jalousie sûrement, mais nous tenons tous tellement à vous. Vous êtes notre vie et notre protecteur. Préservez-vous, n’irritez pas les dieux ! ».

Attitude et intonation de voix :

Le personnage a une attitude exagérément déférente, inquiète et soumise par rapport au dominant auquel il s’adresse. Il a une posture recroquevillée ou courbée inspirant la vulnérabilité.

à P1

Discours :

« Monseigneur, vous avez toujours raison en tout. Brisez le col de ceux qui vous regardent, ils ne le méritent pas. Ils doivent baisser les yeux et sinon le payer. Leur mort n’efface pas leur affront, que le diable les emporte ! Même les Dieux tremblent à croiser votre regard. »

Attitude et intonation de voix :

Ce personnage a également une attitude exagérément déférente vis-à-vis du dominant auquel il s’adresse, mais à la différence de P2, il fait montre de davantage de malice et de complicité vis-à-vis du dominant en l’encourageant à avoir un comportement digne « d’Ivan le Terrible »14.

Discours :

« Mais qui es-tu toi qui le pousses ainsi à l’imprudence ! Notre Seigneur, si bon et grand, ne mérite pas qu’on le pousse à la faute. Nous devons l’aider à rester parmi nous et ne pas écouter le seul élan de son courage !

Aide-moi, prie avec moi pour lui éviter d’enfreindre les lois de Dieu ! »

Attitude et intonation de voix :

Comme le texte l’indique, ce personnage montre de l’inquiétude pour P1 et fait un sermon à P3 qui pousse P1 « à la faute ». Cela doit se traduire dans l’intonation de voix du personnage. La posture reste globalement soumise, courbée.

Pour le discours, l’attitude et l’intonation de voix du scénario 2 du traitement de PGS, voir le Scénario 1 du traitement du PGS, P5.

Remarques générales :

Nous attirons l’attention du lecteur sur le fait que P1 doit être considéré et joué comme étant à l’image de la représentation que se fait un individu soumis d’un individu dominant (c’est-à-dire impitoyable mais fort, beau, juste et protecteur), et non de ce que la dominance peut réellement conférer comme attributs. Cette nuance est importante car d’après notre expérience, si P1 est joué de telle façon qu’il soit trop proche, dans les intentions, d’un véritable dominant (/.e. plutôt cruel et injuste), cela peut avoir l’effet inverse de celui escompté.

Scénario basique du traitement du PGM

a) Premier personnage (P1), lequel s’adresse (de façon imaginaire) à la (aux) personne(s) inspirant de la méfiance au patient

Discours :

« Oui, vous voulez me rouler !

X (la ou les personnes vis-à-vis desquelles le patient éprouve une méfiance), tu veux dresser tout le monde contre moi !

Tu es mauvais et tu ne songes qu’à faire le mal. Mais je t’ai à l’œil. Je te surveille !

Espèce de salopard ! »

Attitude et intonation de voix :

Le personnage doit avoir une attitude de méfiance, il peut être légèrement courbé, avoir une posture fermée sur lui-même et frôler les murs comme pour protéger ses arrières, montrer du doigt des ennemis imaginaires qu’il menace et met au défi de l’attaquer. L’intonation de voix traduit de l’agressivité (défensive), les phrases sont dites de façon saccadée et tonique.

Discours :

« Cher(ère) Y (indiquer son propre prénom), X (la personne inspirant méfiance) est l’amour même. L’esprit du seigneur est en lui(elle). Il resplendit comme la rosée du matin. Et toi-même, laisse-toi habiter par l’amour universel, l’énergie cosmique, rejoins-nous. Aime chacun et tous, aime X, aime-toi, aime la nature, le ciel et le cosmos, et ils t’aimeront ! »

Attitude et intonation de voix :

Le personnage a ici une posture droite et ouverte : il peut par exemple ouvrir les bras comme s’il embrassait le monde. Sa voix est calme, la prosodie est lente, douce et paternaliste.

Discours :

« Ne l’écoute pas (le personnage P2), tu n’aimes personne, toi (Y), c’est pour cela que personne ne t’aime. Tu as un cœur sec et un esprit stérile qui n’ont jamais pu sécréter autre chose que de la méfiance. Alors tu récoltes la haine ! Tu seras banni car il nous faut nous protéger de toi ! »

Attitude et intonation de voix :

Le personnage peut par exemple avoir une posture droite, rigide et éventuellement montrer du doigt un P1 imaginaire, qui serait en face de lui. Son intonation est sèche et traduit des paroles sentencieuses et accusatrices.

Discours :

« Que dis-tu, comment peux-tu ainsi juger Y? Tu ne connais pas son histoire et la souffrance de sa vie. Il(elle) a besoin d’amour et de réconfort, pas de leçon de morale. Aime-le (la) comme moi je l’aime, comme nous t’aimons toi, ouvre-lui tout grand ton cœur et la voie pour l’énergie du cosmos. Fais-le (la) accéder au ciel et à l’amour. Prions tous : Y, sois bienvenu(e) dans l’énergie céleste. »

Attitude et intonation de voix :

La posture de ce personnage est comparable à celle du P2 du traitement de PGM. L’intonation de sa voix, en revanche, manifeste plutôt de l’inquiétude. Ce personnage « prie » le P3 d’être tolérant à l’égard de P1.

Pour le discours, l’attitude et l’intonation de voix du scénario 2 du traitement de PGS, voir le Scénario 1 du traitement du PGS, P5.

Nous informons le lecteur que les exercices destinés à traiter le PGM n’ont été appliqués, jusque-là, que sur des patients présentant des symptômes paranoïaques sub-cliniques. S’ils pouvaient, en théorie, constituer un bénéfice pour des patients pleinement paranoïaques, il serait sans doute beaucoup plus difficile de faire en sorte qu’ils les réalisent, étant donné la méfiance que ces derniers pourraient manifester vis-à-vis des exercices eux-mêmes et du thérapeute. Selon l’expression, « l’outil à décoller est ici pris dans la colle ».

Scénario basique du traitement du PGI

Discours :

« Je suis le canal de /'Énergie du ciel, je suis le passage du divin vers toi. Viens à moi, viens en moi, je suis toi, tu es moi, nous ne sommes qu’un ! »

Attitude et intonation de voix :

Le personnage a ici une posture droite et ouverte : il peut par exemple ouvrir les bras comme s’il embrassait le monde. Sa voix est calme, la prosodie est lente, douce et paternaliste.

à P1

Discours :

« Tu es vraiment tombé sur la tête, ta niaiserie est fort plaisante à regarder... et affligeante ! Je pense que quelque prédateur se chargera bientôt de te manger. Comment peux-tu être si bête ! On t’a frappé sur une joue ? Tends l’autre ! »

Attitude et intonation de voix :

Ce personnage a une attitude à la fois méprisante et teintée de méfiance en regard de la naïveté de P1. Sa posture est plutôt courbée.

à P1

Discours :

« La menace des Forces du mal est partout. Appelle tes forces cosmiques à la protection, il te les faudra toutes. Ne te détourne pas, seule /'Énergie Universelle peut nous sauver, partage-la... »

Attitude et intonation de voix :

Bien que le discours soit orienté vers la gestion d’une « menace » imaginaire, l’attitude de ce personnage reste ouverte, droite, à l’image de P1.

à P3

Discours :

« Ah en voilà un duo (P1 et P3) de choc : le problème est bien posé... mais pas la solution ! Surveille tes arrières, ne fais Jamais confiance à personne, point d’autre salut que par toi-même ! »

Attitude et intonation de voix :

Celles-ci sont comparables à celles du P2 du traitement de PGI.

Pour le discours, l’attitude et l’intonation de voix du scénario 2 du traitement de PGS, voir le Scénario 1 du traitement du PGS, P5.

De la même façon que pour le PGM, ces exercices n’ont été testés que sur des patients sub-cliniques. Nous n’avons pas encore eu l’occasion d’expérimenter ceux-ci sur des patients présentant des délires mystiques, bien que cela fût à l’ordre du jour.

Des fiches synthétiques et pratiques du diagnostic et du traitement du PG sont présentées en annexe 9.

CHAPITRE 3