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DANS LES COLS

Danseur s’éveilla d’un profond sommeil dans le calme qui précède l’aube et retint son souffle. Il avait pris l’habitude de dormir hors du camp, dans un hamac accroché aux branches des arbres, afin d’y passer les nuits étouffantes de la lune de sang du mois d’août. Il resta un instant immobile, toujours lié au réseau de la forêt. Puis une brise vint lui caresser le visage, lui apportant l’odeur du métal et des chevaux des plaines, des épices étrangères et de la sueur du Sud.

Il se glissa hors du hamac, se laissant tomber gracieusement au sol, et courut jusqu’au camp.

Il fut accueilli par des bruits de courses, les aboiements des chiens et des cris d’alerte. Le camp était en pleine effervescence, les gens avaient les bras chargés de paquets, empilant sur les poneys tout ce qu’ils pouvaient emporter. Les marchands attachaient d’une main experte leurs articles aux traîneaux, et leurs apprentis remplissaient les paniers jusqu’à les faire déborder.

Les guerriers demonai étaient déjà à cheval, l’arc bandé et prêt à tirer, le visage sombre et déterminé.

Main-Miracle passa en courant, portant des dizaines de bandages, des sacs de voyage jetés sur l’épaule.

— Que se passe-t-il ? demanda Danseur en se mettant sur sa route.

— Les sentinelles demonai ont rapporté qu’une armée des plaines traversait le col, répondit Main-Miracle. Ils seront sur nous d’ici une heure.

— Des soldats des plaines ? Qui ? s’enquit Danseur.

Il avait déjà tant de problèmes à gérer, cela ressemblait à une plaisanterie cruelle.

— Nous l’ignorons, dit Main-Miracle. Et nous n’avons pas le temps de le découvrir. Saule Chant d’Eau a ordonné l’évacuation du camp.

— L’évacuation ! Ne peut-on les arrêter ?

— Pas avant qu’ils ne nous aient submergés. Ils sont trop nombreux, et nous avons été pris par surprise.

Danseur chercha sa mère du regard et aperçut sa haute et mince silhouette près des paddocks, organisant la répartition des poneys pour ceux qui n’en avaient pas. Il se précipita vers elle, contournant des groupes d’enfants armés d’arcs d’entraînement.

— Que puis-je faire ? demanda-t-il lorsque le regard de Saule se posa sur lui.

— Attribuer un poney à chacun, dit-elle. Leur faire comprendre qu’ils ne peuvent pas tout prendre avec eux. Lorsque nous devrons marcher, les poneys ne s’en sortiront pas avec un trop gros chargement. On peut remplacer des affaires.

— Des renforts sont en route ?

— Nous avons envoyé des cavaliers à la Marche-des-Fells ainsi qu’au camp Demonai, mais cela ne nous sauvera pas.

Elle se détourna de Danseur.

— Fil d’Argent ! lança-t-elle. Tu vas devoir abandonner ton métier à tisser. De toute manière, tu ne pourras pas l’utiliser là-haut dans les montagnes.

Elle se dirigea d’un pas décidé vers un jeune tisserand qui essayait d’attacher le cadre de bois de son métier à tisser sur le dos d’un poney à l’air malheureux.

Déjà les plus matinaux partaient du camp, chacun, même les petits enfants, les bras chargés.

Il était risqué d’user de magie sur Hanalea, juste devant les Demonai, mais Danseur s’en servit pour calmer les poneys, endormir les bébés agités, nouer rapidement des nœuds et conduire des moutons à l’esprit embrouillé sur les sentiers des montagnes. Tout en travaillant, il songeait à Cat, se demandant où elle se trouvait et si elle savait ce qui se passait. Au moins, en ville, elle était certainement plus en sécurité qu’ici.

Et où était Chasse-Seul ? Avec la reine, à la Marche-des-Fells ? Enchaîné dans un donjon quelque part ? ou en chemin, entre un lieu et un autre ?

Danseur conservait une prise légère sur la pulsation de magie qui s’écoulait de la pierre, de la poussière et de chaque être vivant. Lorsque le dernier des habitants du camp fut parti, il ressentit la déchirure dans la structure naturelle qui indiquait que des hommes approchaient en grand nombre. Il sentit le sang qui serait bientôt versé, et de la haute magie non contrôlée.

Des magiciens ? Venant des plaines ?

Il ouvrit les yeux et tomba sur le visage d’Oiseau de Nuit.

— Que fais-tu ? demanda-t-elle, les sourcils froncés.

— Ils sont là, annonça Danseur en désignant le col au sud.

Il dénoua les rênes de son poney et sauta en selle.

 

 

 

Cette nuit-là, ils campèrent haut dans les montagnes, là où les plaques de neige diminuaient en été, sans jamais disparaître complètement, et où personne ne savait se diriger, à part les clans. Bien plus bas, ils distinguaient la fumée indiquant que le camp des Pins Marisa brûlait.

— Au moins, il y a peu de chances pour qu’ils aillent au camp Demonai, dit Shilo l’Éclaireuse en jetant un os sur un tas de déchets. Ce sont des gens des plaines : ils voudront s’emparer des villes et des terres agricoles du Val.

— Nous aurions dû les arrêter dans les montagnes, où nous avions l’avantage, dit Oiseau de Nuit. Une fois dans le Val, ils marcheront droit sur la Marche-des-Fells. Nous aurions dû anticiper cela. La reine nous a prévenus que cela risquait d’arriver.

— Nous l’avons anticipé, rétorqua l’Éclaireuse. Mais nous ne pouvons pas être partout en même temps.

— Trop de Demonai se trouvent en ville, à surveiller les porte-poisse, dit Oiseau de Nuit. Du coup, il en reste trop peu à patrouiller dans les montagnes.

— Tu ne penses pas qu’il est important de garder un œil sur les porte-poisse ? demanda l’Éclaireuse, sans regarder Danseur.

— Peut-être que si. Mais c’est là le problème : nous usons nos ressources à nous battre les uns contre les autres. Si nous n’apprenons pas à travailler ensemble, nous finirons par nous incliner devant les rois des plaines.

— Au moins, les soldats du Sud pourront peut-être nous débarrasser des porte-poisse, dit l’Éclaireuse sans quitter le feu des yeux.

MarcheNuit et elle étaient tels des silex issus du même rocher mère.

— Prends garde à ce que tu désires, l’avertit Oiseau de Nuit. Rappelle-toi que les gens des plaines nous traitent de sauvages, et nos reines de sorcières.

— Quoi qu’il en soit, intervint Danseur, coupant court à la dispute, les soldats des plaines ont amené leurs propres magiciens avec eux.

— Comment le sais-tu ? s’enquit l’Éclaireuse, sceptique. Les gens des plaines haïssent les porte-poisse.

— Il semblerait qu’ils aient trouvé un moyen de travailler avec eux, répliqua Danseur.

— Et il vaudrait mieux que nous fassions de même, conclut Oiseau.

Danseur appréciait les changements qu’il constatait chez sa cousine. Bien qu’elle soit toujours fascinée par MarcheNuit, elle ne répétait plus ses opinions tel un oiseau moqueur. Elle pensait par elle-même.

Tout au long de la journée suivante, les habitants du camp des Pins Marisa attendirent des nouvelles, tandis que les Demonai partaient en reconnaissance et harcelaient l’armée ennemie. Les éclaireurs rapportèrent que les envahisseurs étaient bien des Ardenins, accompagnés des mercenaires qui travaillaient pour eux. Comme ils s’y attendaient, l’armée descendit des montagnes du Sud et marcha droit sur la Marche-des-Fells.

Un peu plus tard, des renforts arrivèrent du camp Demonai, dont Averill et Elena Demonai. Mais les cavaliers partis pour la Marche-des-Fells s’en revinrent, disant qu’ils n’avaient pu atteindre la ville. Une autre armée bloquait la route.

— D’où vient-elle, cette armée ? demanda Saule lors du conseil de guerre improvisé. Comment a-t-elle pu passer sans se faire remarquer ?

— Il s’agit de notre propre armée, répondit Averill. Le général Klemath a trahi, et ses mercenaires l’ont suivi. Ils font le siège du château de la Marche-des-Fells. (Il se tut un instant, le visage empreint d’inquiétude.) Nous n’avons donc pas d’armée pour contrer Montaigne, à part les Demonai. Églantine l’avait vu venir. Elle comptait remplacer Klemath au poste de général des armées. Mais il semblerait qu’elle ait agi trop tard.

— Et la reine ? demanda Saule. Où se trouve-t-elle, maintenant ?

Averill secoua la tête. En quelques jours, il semblait avoir vieilli de plusieurs années.

— Étant donné qu’ils encerclent le château, je pense qu’elle doit être à l’intérieur, mais nous n’avons aucun moyen de nous en assurer. Si elle est dans la ville, au moins MarcheNuit est avec elle, ajouta-t-il doucement, la voix chargée d’émotion.

— Qu’en est-il du Conseil des Magiciens ? reprit Saule. Subissent-ils le siège en ville, avec la reine ? Sont-ils sur la Dame Grise ?

Personne ne le savait.

Saule regarda Danseur, et il savait qu’ils partageaient la même interrogation : « Où est Chasse-Seul ? » Le début d’une idée germa dans son esprit. S’il se trouve en ville, je pourrai peut-être découvrir ce qui se passe. Je pourrai peut-être voir où est Cat, et si elle est en sécurité.

Une fois la réunion terminée, Danseur porta son couchage un peu à l’écart et l’étendit sur le sol. Il songea à demander à sa mère de monter la garde, mais elle discutait toujours avec Averill. Il s’allongea, saisit son amulette et…

— Que fais-tu ? s’enquit Oiseau de Nuit en se dressant au-dessus de lui, sa silhouette dissimulant l’entrelacs de branches.

— De la magie, répondit Danseur en se redressant sur ses coudes.

Elle s’installa à côté de lui.

— N’est-ce pas là l’amulette qu’Elena Cennestre a faite pour Chasse-Seul ?

Elle tendit le doigt, presque jusqu’à toucher l’amulette du Chasseur Solitaire.

— Oui, répondit Danseur, ne voyant pas l’intérêt de le nier. Nous… euh… avons fait un échange.

Oiseau de Nuit se rassit sur ses talons, et Danseur attendit qu’elle lui rappelle que la magie était interdite sur Hanalea, qu’elle lui dise de faire attention, que les Demonai le surveillaient.

Au lieu de cela, elle lui dit :

— J’aimerais discuter avec toi de la façon dont nous pourrions travailler ensemble.

Il cligna des yeux, incapable de dissimuler sa surprise.

— Qui ? Toi et moi ?

Elle hocha la tête.

— Pour commencer. Mais… à terme, j’espère que les Demonai, du moins certains d’entre nous, pourraient apprendre à travailler avec les por… avec les jeteurs de sorts, du moins certains d’entre eux.

Danseur se rassit, lâchant son amulette pour entourer ses genoux de ses bras.

— Je suis surpris. Qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis ?

— Je suis en train d’apprendre que les choses ne sont pas aussi simples qu’elles l’étaient autrefois, répondit Oiseau de Nuit. Qu’il y a du bon en des gens que je croyais maléfiques. Et du mauvais… en d’autres. (Elle se pencha en avant, les mains sur les genoux.) Pense à tout ce que nous pourrions accomplir si nous travaillions ensemble au lieu de nous combattre. (Elle se frotta le nez.) Étant donné ce qui s’est passé, je ne pense pas que nous ayons vraiment le choix.

— MarcheNuit est d’accord ? demanda Danseur.

Elle secoua la tête.

— Il serait furieux s’il apprenait que j’ai dit une telle chose, répondit-elle avec honnêteté, regardant par-dessus son épaule comme s’il avait pu faire tout le chemin depuis la ville et se glisser derrière eux.

Bien que Danseur songe à de nombreuses répliques, il se tut. Sa cousine prenait un risque immense, et il allait honorer cela.

— Très bien, dit-il. Veux-tu commencer ce soir ?

Elle pencha la tête sur le côté.

— Qu’est-ce que tu…

— Je vais essayer de parler à Chasse-Seul en utilisant la magie, dit Danseur. Je vais entrer dans une sorte de transe et me retrouver sans défense. Pourrais-tu monter la garde pour moi ?

Elle écarquilla ses grands yeux sombres.

— Tu m’accorderais une telle confiance ?

— J’ai toujours eu confiance en toi, cousine, répondit-il.

Il s’allongea, serrant son amulette entre ses mains, et entra en Aediion.

Danseur savait que les chances que Han soit en Aediion, à sa recherche, étaient infinitésimales. Mais, en même temps, leurs chances de l’emporter contre deux importantes armées en menant une attaque surprise n’étaient pas plus élevées.

Il choisit la Tour Mystwerk, où ils s’étaient déjà retrouvés, se disant que si Han devait être quelque part ce serait là.

Le clocher était poussiéreux, désert, et les cordes des cloches pendaient mollement dans la chaleur. C’était une soirée de fin d’été dans le Sud, et le tonnerre grondait au loin. Danseur inspira l’air chaud et humide, sentant l’odeur de la pluie.

Il attendit, dansant d’un pied sur l’autre, impatient. Il baissa les yeux et s’aperçut qu’il portait des vêtements des clans, son amulette par-dessus, et l’étole des Bayar. Il fronça les sourcils et fit disparaître ce dernier élément.

— Han ? appela-t-il à voix haute, comme si cela pouvait aider à faire venir son ami à lui. Chasse-Seul ?

Telles des gouttes de pluie interceptant la lumière du soleil, l’air scintilla et se solidifia. Mais ce n’était pas Han qui se trouvait devant lui. C’était Corbeau, pâle, hagard et angoissé.

— Vous ! s’exclama Danseur. Que faites-vous ici ?

— Je passe quasiment tout mon temps ici, vous vous rappelez ? rétorqua Corbeau. En réalité, je vous attendais. Alister a besoin de votre aide.

— Vraiment ? dit le jeune homme, sans pouvoir s’empêcher de regarder autour de lui. Où est-il ?

— Dans le donjon de la Maison du Nid d’Aigle, répondit Corbeau en grimaçant, comme si prononcer ces mots lui faisait du mal.

— Comment ? souffla le jeune homme. Comment est-ce arrivé ? Et comment le savez-vous ?

Corbeau avait le regard fuyant.

— C’est une longue histoire, mais j’étais… euh… avec lui lorsqu’il a été capturé.

— Comment cela, vous étiez avec lui ? (Un terrible doute s’empara de Danseur.) Vous voulez dire que vous le possédiez ?

Il imaginait très bien Corbeau se servant de Han pour se venger des Bayar, et l’attaque tournant mal.

Corbeau secoua la tête.

— Non, il s’est fourré dans les ennuis tout seul. Je… le guidais, dans les tunnels sous le Val.

— Que faisait-il là-bas ? s’enquit Danseur en croisant les bras.

— Il s’y cachait, et les Bayar l’ont attrapé.

L’image de Corbeau s’effilocha en lanières déchiquetées, avant de se solidifier de nouveau.

Pour un démon, Corbeau ne ment pas très bien, songea Danseur. Il laissait de côté certains détails, c’était évident. Han lui avait dit qu’il était difficile de mentir en Aediion, car les émotions se révélaient bien plus facilement sur un visage invoqué.

— Je n’ai pas le temps de répondre à vingt questions, reprit Corbeau, s’agitant comme Danseur ne répondait pas. Ils le torturent. Ils le tortureront jusqu’à ce qu’il leur dise ce qu’ils veulent savoir, puis ils le tueront. Vous devez aller le sauver. (Corbeau se reprit soudain, comme conscient de l’ironie de la situation.) Je n’arrive pas à croire que je demande à un Bayar de sauver un Waterlow d’un autre Bayar.

Danseur hésita. Peut-être Corbeau ne disait-il pas toute la vérité, mais il semblait réellement bouleversé. Mais, même s’il décidait d’aller au secours de Han, comment pouvait-il espérer pénétrer dans la Maison du Nid d’Aigle ? Sans oublier qu’il devrait passer devant deux armées.

— Je peux vous aider à entrer dans la Maison du Nid d’Aigle, proposa Corbeau.

— Tout comme vous avez aidé Chasse-Seul, ne put s’empêcher de dire Danseur.

Corbeau tressaillit comme s’il venait de prendre un coup.

— Écoutez, dit-il. Je vous supplie de le faire. Alister… il est tout ce que j’ai pour attester d’une vie qui autrement s’est terminée par un désastre. Il est tout ce qui reste de ce que j’ai eu avec… avec Hanalea. Le voir… (Sa voix mourut.) Je ne possède pas de brasillant. Je ne peux offrir que du savoir. Je vous apprendrai tout ce que vous désirez savoir sur la magie. Je ne vous cache rien.

Danseur secoua la tête.

— Je n’ai pas besoin de conclure un marché pour aider mes amis. Ce qui est difficile, c’est de décider s’il faut vous faire confiance. (Il soupira.) Comment puis-je entrer dans la Maison du Nid d’Aigle ?

— Vous pouvez pénétrer dans les tunnels près du camp des Pins Marisa, répondit Corbeau avec excitation. Ils vous permettront de traverser le Val jusqu’à la Dame Grise. Mais… (Il hésita et détourna les yeux.) Vous rencontrerez de nombreux tours et pièges en chemin. Vous aurez du mal à traverser sans danger si je ne vous aide pas.

— Ce qui signifie ? s’enquit Danseur, sentant son ventre se nouer.

— Ce qui signifie que je peux vous aider, mais vous devez accepter de…

— Non, le coupa le jeune homme. Je ne retirerai pas mon talisman. Je ne vous laisserai pas me posséder.

— Je ne veux pas vous posséder, répondit rapidement Corbeau. Seulement être présent dans votre tête, et vous parler. Être… une sorte de guide.

Danseur secoua la tête.

— Non. Le courage est une chose, la témérité en est une autre.

Corbeau se mit à faire les cent pas.

— C’est une route dangereuse, et c’est moi qui l’ai établie. Il est impossible que vous vous souveniez de tout, et vous ne pouvez transporter des notes d’Aediion dans le monde réel. (Il fit volte-face pour regarder Danseur, les joues ruisselantes de larmes.) Je vous en prie. Je l’ai aidé, l’ai soulagé quelque peu, mais j’ignore combien de temps il pourra tenir seul.

— Vous l’avez aidé ? Comment cela ?

— En le possédant, je peux le remplacer et le soulager un moment de la douleur, expliqua Corbeau, les yeux caves et hantés. Ce n’est pas grand-chose, mais…

— Vous… le remplacez, répéta Danseur.

— Imaginez que vous vous trouviez dans un donjon, prisonnier de vos ennemis, sachant que personne ne viendra à votre secours, dit Corbeau. Je ne voulais pas le laisser, mais j’ai pris ce risque, espérant vous trouver ici et que vous puissiez l’aider. Maintenant, je ne peux pas y retourner.

Cet homme, songea Danseur, sait de quoi il parle. Cet homme, plus que quiconque, voudrait que je réussisse à sauver Chasse-Seul.

— Très bien, dit-il. Vous pouvez m’accompagner comme guide. À une condition.

— Le Créateur me garde des marchands des montagnes, murmura Corbeau. Quelle est votre condition ?

— Je veux emmener une amie, répondit Danseur.