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AUX ORDRES D’ABELARD

Han se réveilla brutalement, en proie à des sueurs froides, cherchant le couteau qu’il gardait toujours sous son oreiller. Il lui fallut un moment pour reprendre ses esprits, se souvenir d’où il était. Pour se rendre compte qu’il ne se trouvait plus au Pavillon de la Matriarche au camp des Pins Marisa, ni dans sa chambre minuscule du Gué-d’Oden. Pour se rappeler que Rebecca n’était pas morte mais bien vivante, quoique devenue quelqu’un d’autre, quelqu’un d’inatteignable.

Il s’agita sur son matelas de sang-bleu (pas de la paille remplie de tiques) et fit rouler la couture du dessus-de-lit en lin léger entre son pouce et son index. Voilà. Il était de retour dans ses appartements du château de la Marche-des-Fells, et quelqu’un tambourinait à la porte.

Complètement nu, il se glissa hors de son lit, serrant son couteau entre ses doigts.

— Qui est là ? demanda-t-il.

— Darby, mon seigneur. J’apporte un message urgent.

Han enfila la robe de chambre en velours qu’il avait jetée au pied du lit, et se dirigea vers la porte.

— Qu’y a-t-il de si urgent ? dit-il. Le château est en feu ? La reine a donné naissance à des jumeaux démons ?

Darby resta silencieux un long moment.

— Je vous demande pardon, mon seigneur ?

Han appuya son front contre le bois. La veille, il s’était rendu au Marché-des-Chiffonniers. Quand finirait-il par comprendre qu’il était inutile d’essayer de noyer sa peine et ses inquiétudes dans une taverne ? Cela ne faisait qu’empirer les choses.

— De qui vient ce message ? demanda-t-il.

— Le garçon a dit qu’il était urgent, mais pas de qui il provenait, seigneur.

Han entrouvrit la porte, juste assez pour voir un des deux yeux bleus et inquiets de Darby. Il ouvrit un peu plus, et tendit la main.

Darby lui donna l’enveloppe scellée en s’inclinant.

— Je m’excuse de vous avoir réveillé, mon seigneur. Puis-je… puis-je vous apporter de quoi vous sustenter ? Un peu de poisson salé et de la bière ? ou bien du boudin ? (Darby dut voir dans l’expression de Han que son ventre n’était pas au mieux de sa forme.) Du pain et du porridge, peut-être ? suggéra-t-il. Ce serait bon pour votre estomac.

Han déglutit difficilement.

— Je… je crois que je vais attendre un peu, dit-il avant de refermer la porte délicatement pour ne pas qu’elle claque.

Il déchira l’enveloppe. Le message était court et tendre, rédigé d’une écriture aux lettres carrées et régulières. « Venez immédiatement. Je suis à la Maison Kendall. M. Abelard. »

Par les os ! songea Han. Il redoutait depuis longtemps l’arrivée de la doyenne. Une complication de plus, et il en avait déjà suffisamment à gérer. Il avait l’impression de jongler avec des matous des rues. Il avait espéré pouvoir l’éviter jusqu’à la première réunion du Conseil.

Puisqu’il avait reçu l’ordre de venir, il savait qu’il avait intérêt à obéir dans les meilleurs délais. Il farfouilla sans entrain dans ses nouveaux vêtements et finit par choisir les moins élégants, avec un manteau gris sobre et un pantalon quelconque. Il laissa également de côté son étole de magicien. Abelard risquait de reconnaître les symboles, et il ne voulait pas qu’elle croie qu’il cherchait à se donner de l’importance. Pour le moment.

C’était la première fois de sa vie qu’il avait le choix entre six tenues différentes.

Han regarda son reflet dans le miroir accroché au-dessus du lavabo et se coiffa avec ses doigts, regrettant d’avoir de tels cernes sous les yeux. Il devait pouvoir tenir son rôle devant Abelard.

Son esprit était rempli de scènes de la fête au camp des Pins Marisa : Raisa se faufilant entre les ombres et la lumière du feu, ses jupes tourbillonnant autour de ses jambes minces, les bracelets à ses chevilles et poignets, sa voix chantant les airs ancestraux. Une princesse des clans, issue d’une lignée plus ancienne encore que celle d’Hanalea.

Reid MarcheNuit, dans ses vêtements de danse. Tournant autour du feu, observant Raisa comme si elle était un daim et lui un féligre à l’affût.

Son imagination l’emporta plus loin : Raisa et MarcheNuit sous les couvertures, enlacés, les yeux verts de la jeune fille rivés au visage de MarcheNuit, ses mains plongées dans les tresses de ce Demonai. Aah ! Han secoua la tête, essayant de chasser cette image de son esprit. MarcheNuit rêvait peut-être d’un mariage mais, contrairement à Han, il ne dirait pas non à quelques galipettes entre-temps.

Mais qu’est-ce qui avait bien pu lui traverser l’esprit, au camp des Pins Marisa ? Et que devait penser Raisa, désormais ? Sans parler d’Averill et Elena.

Lorsque Han avait entendu annoncer que MarcheNuit serait le prochain Patriarche Demonai, il avait compris où voulait en venir Averill : une union entre Raisa et le jeune homme, une victoire décisive des clans sur les magiciens. Il avait senti dans sa bouche le goût amer de ses espoirs réduits en cendres.

Je dois garder les idées claires, songea-t-il. Je ne peux pas perdre tout contrôle comme ça. Cela pourrait me coûter la vie.

L’idée que Raisa se trouvait non loin faillit le distraire. Mais il n’emprunterait pas les couloirs secrets. Hors de question de réchauffer le lit de Raisa pour MarcheNuit.

La Maison Kendall était située dans l’enceinte du château, juste derrière les murs qui en délimitaient le périmètre. Elle abritait les sang-bleu qui ne faisaient pas partie des favoris proches de la reine, ainsi que ceux qui requéraient des quartiers plus vastes que les appartements disponibles dans le château lui-même.

La doyenne Abelard logeait au premier étage, dans une suite luxueuse qui donnait sur les jardins. Une servante conduisit Han dans une petite cour au centre de laquelle se dressait une fontaine dont les jets éclaboussaient le sol. Abelard était installée à une petite table en fer forgé et parcourait des documents, griffonnant parfois des notes dans la marge. Ses cheveux lisses, brun-roux aux mèches argentées et coupés court, lui obscurcissaient le visage comme elle se penchait sur son travail. Ses robes de doyenne avaient disparu. Au lieu de cela, elle était vêtue aussi élégamment que n’importe quel sang-bleu de la cour, avec sur les épaules son étole aux symboles de livres et de flammes.

Han regarda autour de lui. L’endroit était bien choisi pour un rendez-vous : à l’extérieur, avec les bruits de la fontaine pour noyer leur conversation et empêcher d’éventuelles oreilles indiscrètes de les entendre.

Lorsque Abelard arriva à bout de sa pile de papiers, elle la mit de côté et désigna la chaise en face d’elle.

Han s’assit, les mains posées sur les genoux, la tête un peu penchée en arrière, espérant qu’il avait l’air alerte et impitoyable malgré son mal de crâne.

Abelard l’observa, les coudes sur la table et le menton posé sur ses mains croisées.

— Eh bien, Alister, vous avez été occupé, murmura-t-elle. Moi qui m’inquiétais de vous savoir seul au milieu de tous les prédateurs de la cour, je découvre que vous êtes le plus grand de tous.

Pourquoi ai-je l’impression d’être une proie, alors ? songea Han.

— Ne vous méprenez pas. J’ai beaucoup d’adversaires.

— Oui, c’est vrai, acquiesça Abelard en éclatant de rire. Mais tout de même. Trois mois après avoir quitté le Gué-d’Oden, vous vous retrouvez garde du corps de la princesse Raisa, et elle vous désigne pour être son représentant au Conseil des Magiciens. Vous gagnez un titre et une maison de campagne. Et, par-dessus le marché, vous vous installez dans la chambre juste à côté de la sienne. Impressionnant.

Han haussa les épaules, songeant qu’Abelard en avait beaucoup appris en quelques jours. Ou peut-être disposait-elle d’un informateur depuis le début.

— Qu’avez-vous fait d’autre ? demanda-t-elle. Qu’avez-vous appris ?

Ah ! oui. Han était venu dans les Fells en prétextant être les yeux et les oreilles d’Abelard.

— Ce que je pense savoir, ou ce que je peux prouver ? dit-il.

— Que pensez-vous savoir ?

— Le seigneur Bayar a essayé, à plusieurs reprises, d’assassiner la princesse héritière, qui est maintenant la reine. Elle est trop indépendante à son goût. Il soutient plutôt la princesse Mellony. Micah entretient l’espoir d’attirer la reine dans son lit et à l’autel. (Han refusait de laisser échapper quelque information qu’Abelard puisse ignorer.) Vous m’avez dit d’empêcher l’un comme l’autre. J’ai songé que le meilleur chemin pour y arriver me conduisait à me placer entre eux et Sa Majesté, en me rapprochant d’elle au maximum.

— Au maximum, en effet. Couchez-vous avec elle ? demanda Abelard en se penchant en avant.

Han grogna, bien qu’il sente un pincement douloureux au cœur.

— Cela n’a aucune chance d’arriver, dit-il.

— Je n’en suis pas si sûre, Alister, répliqua Abelard en tendant la main pour lui effleurer la joue. Vous êtes beau, et vous possédez une bonne dose de charme. De plus, la nouvelle reine semble avoir hérité des mœurs débauchées de sa mère, Marianna.

Han se força à réprimer ses souvenirs de Raisa dansant avec MarcheNuit au camp des Pins Marisa. Il ne répondit pas, espérant ne rien laisser paraître.

— On raconte que la princesse se cachait au Gué-d’Oden alors que Micah et Fiona Bayar y étaient, ajouta Abelard sans le quitter de son regard gris-vert acéré.

Han fronça les sourcils, jouant la surprise.

— Vraiment ? Pourquoi irait-elle là-bas ?

— Là est la question, dit Abelard. Se pourrait-il que Micah Bayar et la princesse Raisa aient prévu de se retrouver au Gué-d’Oden ?

Han interrompit sa réflexion sur les mensonges inextricables et se concentra sur ce que disait la doyenne.

— Quoi ?

— Je me demandais si Raisa avait succombé au célèbre charme de Micah Bayar, répondit Abelard d’une voix sèche. Je sais qu’elle le voyait avant de s’exiler soudainement. Peut-être se sont-ils enfuis ensemble.

Elle ignore que le seigneur Bayar et la reine Marianna comptaient unir Raisa à Micah Bayar, songea Han. Elle est persuadée que Marianna s’y serait opposée.

— Je l’ignore, dit-il prudemment, réfléchissant à toute allure. J’ai exercé une surveillance étroite sur Micah. Je suis entré et sorti de sa chambre une centaine de fois. Micah a fréquenté beaucoup de jeunes filles, mais rien n’indiquait que la princesse Raisa et lui sortaient ensemble.

— Sortaient ensemble ? répéta Abelard avec l’ombre d’un sourire amusé.

— Qu’ils entretenaient une relation, répondit Han en y songeant.

Était-ce possible ? Il l’aurait su, certainement. N’est-ce pas ?

En même temps, il avait passé de nombreux mois au Gué-d’Oden avant de commencer à retrouver régulièrement la jeune fille qu’il connaissait alors sous le nom de Rebecca. Et si Micah traversait la rivière pour la voir ? Et si elle lui avait fait la même proposition qu’à Han, d’être des amants clandestins, et que Micah avait accepté ? Raisa était douée pour les secrets : elle lui avait dissimulé son identité pendant près d’un an.

Les mots de Fiona lui revinrent tout à coup à l’esprit. « La princesse héritière a autorisé mon frère Micah à la courtiser. En secret, bien sûr. »

— J’imagine que c’est possible, continua Han. Mais il aurait fallu qu’il le cache à Fiona, ce qui n’aurait pas été simple. Si elle l’avait découvert, elle aurait tout rapporté à leur père en un clin d’œil.

Ou elle aurait assassiné Raisa elle-même, songea-t-il.

Abelard étudia le visage de Han un peu plus longtemps.

— Vous insinuez qu’il y aurait un point de discorde dans la famille Bayar, entre Micah et son père, et entre Micah et Fiona ?

— Ils ne s’entendent pas, répondit le jeune homme. Fiona n’apprécie pas que son père veuille marier Micah à une représentante de la lignée du Loup Gris. Elle se dit : « Pourquoi pas moi ? »

— Pardon ? dit Abelard en haussant un sourcil. Comment cela pourrait-il fonctionner ?

— D’après Fiona, nous devrions complètement oublier la lignée du Loup Gris, expliqua-t-il. Elle soutient l’ascension d’une reine magicienne. Et vous imaginez à qui elle pense.

— En effet, murmura la doyenne en frottant son pouce contre son index, comme si elle comptait déjà l’argent. Mais vous n’en avez pas la preuve ?

— Je n’ai que ses paroles, dit Han en secouant la tête.

— Comme ça, Fiona se confie à vous ? releva Abelard avec un sourire. Comment cela se fait-il ?

Han ne lui rendit pas son sourire.

— Elle espère m’utiliser contre Micah. Elle sait que nous ne nous apprécions pas.

Abelard se mit à pianoter sur la table.

— Que faire de ces informations, désormais ?

— Vous n’êtes pas d’accord ? demanda Han. Pour laisser tomber la lignée du Loup Gris ?

Il parlait d’un ton égal, d’un air indifférent, bien que la réponse soit des plus cruciales.

Abelard regarda autour d’elle avant de se pencher en avant.

— Je pourrais l’envisager, Alister, si je savais que le massacre de magiciens qui en résulterait en vaudrait la peine. Je préfère voir la lignée d’Hanalea sur le trône plutôt que les Bayar. Pour le moment, trop de questions restent sans réponses. Nous ignorons toujours si l’Arsenal des Rois Magiciens existe toujours et, si c’est le cas, qui le détient.

Encore ? songea Han, essayant de ne pas laisser transparaître son scepticisme. Depuis qu’il avait quitté le groupe d’Abelard et le Gué-d’Oden, il avait presque tout oublié de cet arsenal. Toutefois, la doyenne semblait toujours obsédée par ce sujet.

— S’il existe, et que ce sont les Bayar qui le détiennent, pourquoi ne s’en sont-ils pas encore servis pour prendre le pouvoir ? demanda Han.

— Jusqu’ici, la Maison du Nid d’Aigle a semblé se contenter de dominer les magiciens, comme c’est le cas depuis la Rupture, répondit Abelard. Nombreux sont les membres de l’Assemblée et du Conseil qui suivent les Bayar parce qu’ils l’emportent toujours, et les lâches ne veulent pas payer le prix pour avoir soutenu les perdants. (Elle s’interrompit un instant.) Et pourtant vous risquez votre vie en vous opposant au seigneur Bayar. Pourquoi ? Qu’espérez-vous en retirer ?

Han haussa les épaules, essayant d’ignorer son malaise.

— Disons que les événements se sont enchaînés.

— Je vous conseille de bien verrouiller votre porte et d’engager un goûteur, dit sèchement Abelard. Et emmenez une armée sur la montagne de la Dame Grise, ou vous risquez de ne pas y arriver vivant.

Je ne possède pas d’armée, pensa Han. Je n’ai que Corbeau. Et encore, peut-être pas. Corbeau n’était pas revenu en Aediion depuis que Han l’avait surpris en arrivant avec Danseur de Feu.

— Le seigneur Bayar compte faire élire Micah Haut Magicien à sa place, reprit Abelard après un silence morose. Puis il fera entrer Fiona au Conseil afin de reprendre le siège des Bayar. L’influence de Micah sur la reine en sera renforcée, et il aura constamment accès à elle, si ce n’est pas déjà le cas. Au fil du temps, il sapera son autorité. Et nous ne voulons surtout pas voir cela se produire.

— Il faudrait quelque chose, un événement, pour qu’ils aient l’air de perdants, murmura Han. Quelque chose qui remettrait leur infaillibilité en question. Quelque chose qui leur ferait perdre leurs alliés des jours heureux.

— Ne vous mêlez pas de cela, répondit la doyenne en fronçant les sourcils. Je ne vous ai pas engagé pour établir des stratégies politiques. (Elle rejeta ses cheveux en arrière.) Dolph deVilliers fait partie du Conseil, et il hait profondément les Bayar. Il y a vous, et moi. Cela fait trois personnes sur six. Il nous faut gagner un autre membre à notre cause si nous voulons contrecarrer le vote de Gavan Bayar.

— Notre cause ? releva Han.

— Je compte devenir Haute Magicienne, expliqua Abelard.

Après tout, songea Han, mieux vaut Abelard plutôt que Micah Bayar au côté de Raisa. Mais je préférerais y être moi-même. Existe-t-il une façon d’y arriver ?

Il se perdit dans ses pensées, jusqu’à ce que la voix d’Abelard l’en sorte.

— Tant que nous n’en savons pas davantage, notre but est de garder la reine Raisa en vie et d’empêcher un mariage avec Micah. Je veux que vous enquêtiez sur la possibilité qu’ils se fréquentent en secret. Si c’était le cas, dit-elle après une courte pause, seriez-vous prêt à éliminer Micah ?

Plus que je ne saurais l’admettre, pensa Han en se remémorant les jours de sombre désespoir qui avaient suivi la disparition de Raisa du Gué-d’Oden.

— Si vous le désirez, répondit-il en se renversant dans sa chaise, comme si cela lui importait peu. Si vous faites en sorte que ça en vaille le coup.

Abelard hocha énergiquement la tête, apparemment satisfaite.

— Pendant ce temps, je m’attacherai à trouver un autre prétendant à la reine. Quelqu’un qui me conviendra mieux.

Han se racla la gorge, se forçant à rester calme et détendu.

— Vous pensez à quelqu’un en particulier ?

— Moi, si j’étais un homme, railla Abelard. Le mariage n’est qu’une affaire de politique, après tout. La clé, c’est de se marier, de concevoir un héritier, puis d’agir comme bon nous semble. (Elle réfléchit un instant à la question de Han.) Je préférerais qu’elle épouse quelqu’un d’inoffensif. Le plus tôt sera le mieux. J’avais envisagé le prince Tomlin, mais ça me semble plutôt mal parti. Le général Klemath n’a-t-il pas deux idiots de fils ?

Il arrivait toujours un moment où Han ne supportait plus la présence de la doyenne Abelard. Et c’était le cas à cet instant. Il leva les yeux, les abritant de sa main, et observa la position du soleil.

— Il se fait tard, dit-il. On va m’attendre. Y a-t-il plus… ?

— Avez-vous fini par retrouver cette fille que vous cherchiez ? demanda Abelard tout à trac. Celle qui avait disparu du Gué-d’Oden ? Vous pensiez que les Bayar avaient quelque chose à voir dans cette affaire.

Alors qu’on croit qu’Abelard n’écoute pas, il se révèle que c’est tout l’inverse, songea Han.

— Non, répondit-il. Je pense l’avoir perdue pour de bon.