L’Italie du Sud aujourd’hui


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Renouveau culturel

Afflux de demandeurs d’asile

Une Italie du Sud en quête d’emplois


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SUPERFICIE : 84 339 KM2

POPULATION : 17,5 MILLIONS (2017)

SITES INSCRITS AU PATRIMOINE MONDIAL DE L’UNESCO : 15

CONSOMMATION ANNUELLE DE CAFÉ PAR HABITANT : 5,7 KG


Malgré sa beauté saisissante et son riche patrimoine, l’Italie du Sud reste le talon d’Achille du pays. Son taux de chômage est plus de deux fois supérieur à celui de l’Union européenne et ses côtes sont devenues le théâtre de la désolante crise migratoire. Mais des éclaircies existent avec notamment les investissements privés, le programme de réhabilitation urbaine et les prémices d’un renouveau culturel qui donnent au Mezzogiorno un nouvel élan salutaire.


À voir

Il Postino (Le Facteur de Michael Radford, 1994). Le poète exilé Pablo Neruda débarque sur une île du Sud, où il fait découvrir la poésie et la passion à un jeune facteur.

I Cento passi (Les Cent Pas de Marco Tullio Giordana, 2000). La vie de Peppino Impastato, journaliste sicilien engagé dans la lutte contre la Mafia et assassiné en 1978.

Cinema Paradiso (de Giuseppe Tornatore, 1988). Un cinéaste retourne en Sicile et redécouvre ses vraies amours.

Passione (John Turturro, 2010). Documentaire sur le riche héritage culturel de Naples.

Terraferma (d’Emanuele Crialese, 2011). À Linos, au sud de la Sicile, une confrontation entre habitants, vacanciers et immigrés venus d’Afrique.

À lire

Montedidio (Erri De Luca, 2001, Gallimard, 2002). Roman d’apprentissage dans un quartier populaire des hauteurs de Naples.

Le Christ s’est arrêté à Eboli (Carlo Levi, 1945, Gallimard, 1948). Les souvenirs d’un écrivain exilé par les fascistes dans un village de Basilicate.

Dictionnaire amoureux de Naples (Jean-Noël Schifano, Plon, 2007). La vie napolitaine, loin des clichés, décrite par un passionné.


Renouveau culturel

Naples et Matera bénéficient d’un essor touristique certain. Rien de surprenant au vu des efforts fournis ces dernières années avec notamment une meilleure gestion des musées napolitains comme le Museo Archeologico Nazionale et le Palazzo Reale di Capodimonte, ou les initiatives culturelles telles que les circuits street art. Le tout a redonné à Naples un certain éclat. Les sassi (habitations troglodytiques) de Matera, autrefois synonymes de pauvreté sont aujourd’hui inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco, et sont largement reconvertis en restaurants, bars et hébergements tendance. Sans oublier que Matera, où Pasolini tourna une partie de son Évangile selon saint Matthieu, sera, en 2019, la capitale européenne de la culture.

Palerme jouit elle aussi d’une nouvelle aura culturelle. La capitale sicilienne accueillera l’édition 2018 de Manifesta, une Biennale européenne d’art contemporain de grande envergure. Quoi de plus normal pour une ville nommée capitale italienne de la culture la même année ? Les choses se présentent donc plutôt bien. Les projets de renouvellement urbain, comme la piétonisation de la Via Maqueda, ont donné au centre-ville une nouvelle dynamique et les initiatives culturelles telles les portes ouvertes annuelles, Le Vie dei Tesori (rues des Trésors) réveillent la fierté légitime des habitants. En outre, l’assassinat en mai 2017, de Giuseppe Dainotti, un des chefs de Cosa Nostra, qui a fait craindre un regain de violence a, pour l’heure, apaisé le climat.

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Afflux de demandeurs d’asile

Alors que les côtes d’Italie du Sud sont régulièrement vantées pour leur beauté, elles font aussi l’objet, depuis quelques années, d’une couverture médiatique moins réjouissante. En effet, les images de migrants recueillis en mer et ramenés dans les ports sont devenues courantes dans la presse nationale et internationale.

L’Union européenne (UE) et la Turquie ayant conclu un accord en 2016 pour stopper l’arrivée de ceux qui pénétraient en Grèce à partir de la Turquie, l’Italie est alors devenue la porte d’entrée principale du continent européen. Au cours du premier trimestre de l’année 2017, 46 000 réfugiés ont gagné l’Italie du Sud depuis l’Afrique, soit 30% de plus que l’année précédente. La plupart fuient la guerre, les persécutions ou la misère qui sévissent en Afrique subsaharienne et au Moyen-Orient, confiant leur vie à des passeurs sans scrupules qui les entassent sur des bateaux vétustes mettant le cap au nord.

Les migrants débarquent le plus souvent sur la minuscule île italienne de Lampedusa, coincée entre l’Italie et la Libye, à seulement 113 km de la côte tunisienne. Si la plupart des migrants continuent leur périple vers le nord pour atteindre d’autres pays européens, ils sont de plus en plus nombreux à demander asile en Italie – 121 185 en 2016 d’après Eurostat, contre 84 085 en 2015 et 64 625 en 2014. Ceux qui choisissent de rester sont confrontés à la pénurie d’emplois, au fléau de la corruption et à une hostilité de plus en plus marquée.

Au prix d’accords controversés en Libye qui ont limité les arrivées, le second semestre 2017 a marqué un tournant : l’Italie est passé d’un flux toujours plus massif aux prémices d’une immigration choisie. À suivre…

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Une Italie du Sud en quête d’emplois

Le marasme économique italien continue de faire des ravages dans le Sud. Si le taux de chômage national a reculé un peu ces dernières années pour s’établir à 11,2% (chiffres d’octobre 2017), il atteint environ 20% en Campanie, 19% dans les Pouilles et 23% en Calabre et en Sicile. La situation de la jeunesse est particulièrement préoccupante, surtout en Calabre et dans les Pouilles, où presque 60% des jeunes sont sans emploi. Ces deux régions comptent d’ailleurs au nombre des dix bassins d’emploi les plus touchés par le chômage en Europe (statistiques Eurostat de l’Union européenne).

On entrevoit cependant des lueurs d’espoir. En 2016, le géant Apple inaugurait sa première iOS Developer Academy dans la périphérie de Naples, un centre destiné à former les développeurs et à stimuler le marché de l’emploi. En Basilicate, la ville de Matera est l’une des cinq villes italiennes pressentie pour l’implantation du réseau mobile 5G, afin de la rendre plus attractive aux yeux des entreprises.

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