Jack Ebner se grattait distraitement le nez. Il n’était ni excité ni angoissé. Sentiments partagés par les autres occupants du wagon blindé. Ils savaient que la décision prise par le comité de Turing était sans appel.
Trente-trois heures auparavant, le long des coursives glacées du QG de Cheebar, Guerre et Paix avait délivré ses conclusions : « L’Eurocentre ne peut plus rester étranger au conflit. Une attaque ennemie est imminente. »
— Mais quel ennemi ? s’était écrié Jack en arrachant le dériveur synaptique qui calottait son crâne… Nous ne sommes pas encore en guerre !
Il avait secoué la tête, l’air affligé.
— Ça devait arriver… Notre hideux bébé vient de piquer sa crise comme les autres.
Puis il avait recoiffé le dériveur synaptique. Le froid cybernétique. De gigantesques puces préhistoriques conservées dans la glace des pôles informatiques.
Guerre et Paix avait lâché de nouvelles informations : « Le Bloc 17 prépare une attaque géoclimatique sur le front Est, mais un vecteur demeure indécidable, un leurre peut-être, j’aimerais envisager les conséquences d’une erreur sur ce point avec Anton Ravon. »
Guerre et Paix avait réclamé sa nourrice favorite, comme de bien entendu…
Derrière les vitres blindées, d’une épaisseur de quinze centimètres, des montagnes laiteuses défilaient, monotones. Un paysage de neige, virginal, saupoudré çà et là de quelques reliefs pierreux et d’anciens poteaux télégraphiques à moitié rongés par les intempéries. Avant-scène frontalière caractéristique : des campements militaires savamment disposés dans des poches de terrain qui se dérobent aux regards, et quelques fermettes parasites du manteau neigeux, aux occupants indéracinables, trop familiers de la région pour être appréhendés et expulsés de force.
— Vous me paraissez songeur, lieutenant Ebner… Le mal du pays, déjà ?
Le lieutenant-colonel Heïbootz laissa tomber son lourd postérieur sur le canapé d’angle, juste en face de Jack. Il écarta une feuille de yucca qui tombait des hauteurs pour se terminer en une étrange mèche verte au milieu de son front.
— La nostalgie du libre arbitre, plutôt.
Ebner observait toujours le paysage lacté, il aurait tout aussi bien pu répondre à une question qu’il s’était lui-même posée. La présence du pachyderme gradé n’avait qu’une importance relative dans ce qui s’annonçait plus comme une discussion-miroir que comme un véritable débat sur les états d’âme de Jack.
— Qu’insinuez-vous par là ? maugréa Heïbootz en avalant une grande rasade de scotch-benzédrine.
Jack avait très vite admis que le lieutenant-colonel Heïbootz et les autres officiers n’étaient pas du tout sur la même longueur d’onde que lui. Il tourna lentement la tête, examinant les sculptures humaines plantées dans ce décor de boiseries lustrées et de plantes grimpantes. Le colonel Brandorni, commandant la première brigade d’intervention alternative frontalière – curieuse appellation. Squelettique et rassis, il s’accrochait des deux mains aux montants d’une rambarde en chêne, pour ne pas s’envoler sous le souffle puissant du capitaine Fatland, ressemblant à une poire de mozzarella, blanchâtre et gluant, dangereusement saucissonné dans sa tenue crème, prêt à exploser. Le capitaine Fatland débitait un discours insane sur les volte-face crapuleuses du Bloc 17, largement ponctué de ricanements rocailleux symptomatiques d’une faiblesse cardiaque. Brandorni ne l’écoutait même pas, observait le reflet de son visage dans la boule de cuivre qui chapeautait son perchoir. Il s’attendait probablement à le voir disparaître, atteignant enfin la maigreur ultime, l’aigreur terminale d’une vie insipide.
Il y avait enfin le sous-lieutenant Ribouin, l’éternel cireur de bottes, le sempiternel optimiste, limeur d’angles, coupeur d’ongles et de crocs, tiré à quatre épingles, gominé, bombé, talqué, prêt à défaillir à la moindre alerte.
Et moi, comment me voient-ils, ces sinistres passagers du convoi de la mort ? songeait Jack. Moi, le militaire par procuration, la nourrice du général de fer. Un homme d’âge moyen, taille moyenne, corpulence moyenne. Signes particuliers : néant. Un monstre à leurs yeux. Un monstre qui n’arrête pas de s’interroger et, pire que cela, comble de la tératologie, qui se permet d’interpréter les ordres de Guerre et Paix, le commandeur suprême !
Jack se tourna enfin vers le lieutenant-colonel Heïbootz qui avait probablement déjà oublié sa question. Certainement moins importante à ses yeux qu’un verre de scotch-benzédrine ou le bon moral de ses troupes : un jeu complet de soldats, rangés comme des quilles dans les fourgons blindés, maintenus en stase cellulaire par un flux de dépolarisation neuronique. De gentils militaires, respirant à peine, ne mangeant pas, ne déféquant pas, ne jurant pas, n’ayant peur de rien, dans l’attente du combat, de la repolarisation de l’influx qui les ferait passer du stade de momies à celui de combattants vociférants. Il espérait que Peter et Samanta n’avaient pas subi le même sort. Aux dernières nouvelles, Peter avait été nommé lieutenant et Samanta avait obtenu le grade de major. Était-ce suffisant pour les mettre à l’abri de la robotisation des troupes ? Quant à Karen, il aurait bien aimé l’oublier, mais c’était impossible…
Il se rendit soudain compte qu’il n’avait toujours pas répondu à Heïbootz qui affichait un air profondément débile, ridicule chef indien coiffé d’une plume de yucca.
— Vous ne pouvez pas comprendre, vous êtes bien trop englué dans la toile du déterminisme, se contenta de dire Jack.
L’instant que choisit la diode témoin pour pulser : rouge/vert/rouge. Ordre silencieux.
Jack contempla un court instant les flashes colorés qui striaient le clavier de poche posé sur la console, entre ses jambes. Il coiffa machinalement le dériveur synaptique. La liaison s’établit aussitôt. Code d’accès. Signes clés. Il franchit toute une série de leurres, artefacts informatiques jetés en rafales par Guerre et Paix sur le parcours d’éventuels intrus. La combinaison des signes clés le conduisit rapidement vers la première balise. Il s’y arrima. Anton Ravon l’attendait.
Ce dernier vérifia le contact. Décrocha. Laissa Jack en tête à tête avec Guerre et Paix.
« L’ennemi vient d’attaquer. Premières bombes géoclimatiques lâchées. Cinq mille soldats actuellement parachutés au point 500. Tous équipés de modulateurs d’adaptation physiologique permettant d’absorber sans problème une variation de température comprise entre moins quatre-vingt et plus quatre-vingt degrés. Il convient donc de lancer le plan Ivan Ilitch ! »
Jack ôta lentement le dériveur synaptique. Ils s’étaient tous approchés de lui, suspendus à ses lèvres. Même la momie avait réussi à se décoller de son perchoir.
— Au point 500… La ville frontière de Warchee. L’attaque vient d’avoir lieu. Bombes géoclimatiques. Plan Ivan Ilitch.
Derrière les vitres plombées, la neige fondait à vue d’œil.
Ils étaient à deux cents kilomètres de Warchee. Apparemment, l’ennemi utilisait les grands moyens.
Le colonel Brandorni avala discrètement un bumper-gel de coke. Les quelques muscles qui végétaient encore sur son squelette se durcirent aussitôt. Il grandit instantanément de vingt centimètres.
— Jack, programmez tout de suite la repolarisation des troupes. Activez les prises-poignets. Fatland, ordonnez au machiniste d’arrêter le train au point 650. Heïbootz, enclenchez la conversion des modules-wagons.
— Et moi, colonel ? grommela Ribouin en se tortillant une mèche de cheveux.
Brandorni réfléchit un court instant puis émit un soupir de dépit.
— Allez préparer une vasque d’amphécafé. Cela me paraît indispensable.
En observant la soudaine vitalité du colonel Brandorni, Jack conclut qu’il était en présence d’un habitué de la défonce. Son profil de poisson desséché n’était pas une conséquence de l’âge, mais plutôt d’un abus de speed. Brandorni avait éliminé le superflu, graisse, muscles, cheveux, pour ne conserver que l’indispensable : une charpente osseuse et un cerveau capable de se déchaîner sous les premières excitations biochimiques venues.
Tout en combinant les codes de repolarisation, il se disait aussi que le processus était maintenant définitivement enclenché. Guerre et Paix, cette putain d’IA couvée avec amour, se libérait peu à peu de ses tuteurs pour fonctionner à plein régime. Ce que Jack acceptait toujours avec difficulté, mais comment réfuter ses conclusions sans assumer la responsabilité d’une catastrophe ? Certes, un programme d’intelligence artificielle destiné à épargner un maximum de vies humaines en cas de conflit devrait conduire à l’utilisation minimale des armes nucléaires. Mais que signifiait exactement le concept de vie humaine pour une intelligence artificielle ? Le comité de Turing était un leurre : seule l’IA avait un véritable pouvoir décisionnel.
À la suite de ses consœurs du Bloc 17 et de la Transamérique, Guerre et Paix avait choisi la guerre. Certainement inévitable. Mais n’aurait-il pas fallu éviter plutôt un excès de logique ?
Coiffé de son dériveur synaptique, Jack suait à grosses gouttes. Dans les wagons blindés, les soldats commençaient à remuer, maugréant de vagues paroles inintelligibles. Les pommettes se teintaient de rose, les paupières clignaient. Certains ne purent s’empêcher de libérer quelques gouttes d’urine, la reprise de l’activité physiologique devançant de quelques secondes le retour à la conscience des forces armées de la première brigade d’intervention frontalière.
Le train ralentit. Finit par s’immobiliser. Les grappins magnétiques claquèrent, séparant les lourds wagons blindés les uns des autres. Les ailerons stabilisateurs jaillirent telles des lames de rasoir géantes sur les flancs métalliques maculés de graisse.
Jack venait de programmer le code Ivan Ilitch. Les prises-poignets des soldats grésillèrent à l’unisson. Guerre et Paix pouvait enfin s’infiltrer dans les cellules nerveuses, aller engorger les relais implantés dans les corps calleux, engrammer les dernières informations concernant Warchee et les mouvements des troupes adverses.
Un plan autonome pour chaque soldat : un programme d’adaptation au terrain pouvant tripatouiller les neurones, chatouiller les synapses, triturer les hélices génétiques en vue de modifications organiques rapides permettant de réagir aux bouleversements provoqués par les bombes géoclimatiques.
*
Les modules-wagons étaient prêts à décoller. De gigantesques insectes bruns, vrombissants. Une épaisse fumée grise s’échappait de leurs ventres chauds plongés dans la neige. Les soldats étaient tous chargés. Jack fit un signe au colonel Brandorni. Ce dernier avala un nouveau bumper-gel, sans aucune discrétion cette fois-ci, puis bondit sur le marchepied pour s’adresser à Heïbootz.
— Faites décoller le premier appareil, lieutenant. Si tout se passe bien, programmez un décollage toutes les deux minutes.
Heïbootz acquiesça puis se dirigea vers le module de tête, son visage joufflu entouré d’un voile de vapeur bleutée. La neige continuait à fondre rapidement. La température s’élevait d’un degré toutes les cinq minutes. Les combinaisons isothermes devraient bientôt être abandonnées, même les sous-vêtements thermorégulateurs deviendraient insupportables… Mais d’ici là, les soldats seraient tous au front, et les officiers de nouveau à l’abri dans leur module-wagon climatisé.
Jack allait retirer le dériveur synaptique fiché sur son crâne lorsque son geste fut stoppé par un brouillage de toutes les coordonnées graphiques. L’image mentale des vingt-cinq modules-wagons, losanges jaunes piquetés de cinq cents points bleus représentant les soldats activés, se transforma en un immonde tas de gelée tremblotante.
— Guerre et Paix, que se passe-t-il ?
Jack envoya toute une série de signes clés, sans succès : la gelée tremblotait de plus en plus et semblait même se couvrir de moisissure.
*
Le premier module-wagon s’élevait lentement. Heïbootz regardait tour à tour l’ascension du scarabée de métal et son chrono lorsqu’un bruit assourdissant ébranla l’ensemble du convoi. Aussitôt suivi par une série de cris et de gémissements. La première image qui vint à l’esprit d’Heïbootz fut celle d’un ours gigantesque venu se ruer contre les flancs de métal, laissant sur les parois des traînées de chair sanguinolentes. Un énorme plantigrade en furie dans chaque wagon.
Je rêve, se dit Heïbootz, c’est impossible ! Les parois blindées des modules-wagons paraissaient légèrement bombées. Le métal s’incurvait sous la poussée d’une force interne incroyable.
Brandorni avait sauté du wagon des officiers et s’approchait d’Heïbootz en courant.
— Que se passe-t-il ?
Heïbootz bredouilla une suite de mots incompréhensibles. Passa nerveusement une main dans ses cheveux, cherchant peut-être sa mèche-yucca.
Agacé, Brandorni se tourna vers le wagon de tête.
— Déverrouillez immédiatement les serrures magnétiques de tous les sas-diaphragmes ! hurla-t-il à l’adresse de Fatland.
Fatland sortit du wagon climatisé, l’air hébété, tenant l’activateur magnétique dans sa main gauche, comme s’il s’agissait d’un serpent venimeux venant juste de le piquer.
— Eh bien, qu’attendez-vous ? vociféra Brandorni.
Fatland s’exécuta. Les sas-diaphragmes chuintèrent.
Et chaque wagon cracha cinq cents soldats ensanglantés, désarticulés. Hommes-canons propulsés par un carburant invisible. Les corps s’écrasèrent dans la neige boueuse et continuèrent leur course folle. Hommes-serpents animés d’une reptation insensée. En moins d’une minute, ils disparurent tous derrière l’horizon brumeux.
Le capitaine Fatland, couleur blanc d’œuf, regardait, éberlué, les restes du colonel Brandorni. Un petit tas d’os brisés. Littéralement pulvérisé par le passage éclair de cinq cents soldats-obus.
Il hésitait entre le rire et les larmes. Incroyable, tout cela était incroyable. Au sein de cette succession d’événements en rafale, il avait tout de même eu la chance de ne pas se trouver face à un sas-diaphragme.
Il parvint enfin à détacher son regard des débris de Brandorni. Pour croiser celui d’Heïbootz. Qui regardait fixement, la mâchoire prête à se décrocher, un point situé au-dessus de sa tête.
Fatland actionna lentement ses globes oculaires, les fit rouler vers le haut. Il ne voyait rien. Il fléchit alors le cou et aperçut le module numéro un, à la verticale, pansu et ventru, engrossé d’une portée de soldats qui ne demandaient qu’à naître.
Le sas-diaphragme explosa brutalement, libérant une giclée de corps entremêlés.
Le module-wagon tomba comme une pierre.
Fatland n’eut même pas le temps de vomir, mitraillé par des giclures de chair et de sang.
L’essaim de soldats atterrit une centaine de mètres plus loin et continua sa course, laissant un gigantesque sillage dans la neige boueuse.
*
Jack nageait en pleine moisissure. Des coulées rouille sur devantures vert-de-gris. Il avait essayé toutes sortes de codes destinés à actionner des balises-relais conçues pour parer à d’éventuelles agressions virales ou à des bombardements de programmes cancers. Aucun résultat. Il avait entendu, loin, très loin, les cris et les bruits de l’univers extérieur. Il se doutait que, là-bas, la situation n’était pas brillante. Mais s’il ne parvenait pas à retrouver Guerre et Paix, ils étaient tous foutus. Les couleurs s’organisèrent. L’ensemble avait maintenant l’allure d’une devanture de boutique, ou plutôt d’un hangar. Métal sale et rouillé. Un effet de zoom le projeta vers la façade cramoisie. Il la voyait comme s’il en était séparé par deux ou trois mètres.
Un graffiti avait été bombé à la peinture blanche :
TU AS LE BONJOUR DU PETIT POUCET
Jack essayait de trouver un sens à tout ça lorsqu’il perçut une ombre grise à l’angle supérieur gauche de sa vision synaptique. Les graffitis tremblèrent. Une autre phrase apparut subitement.
TRACEUR ! VITE ! DÉGAGE !
Jack arracha brutalement le dériveur synaptique.
Il eut juste le temps de le lâcher avant que les coussinets tympaniques ne commencent à fondre. Il préféra ne pas imaginer sa tête encore harnachée dans le casque.
— Putain… mais que signifie toute cette merde !?
Il se rua vers le sas et buta contre Heïbootz, assis sur les marches du wagon.
Jack s’accroupit. Le visage d’Heïbootz était blanc avec deux traînées rouges de sang à la commissure des lèvres.
— J’en ai pris un en pleine poitrine, Jack. C’est con, tu ne trouves pas ? Un seul enfoiré de troufion qui a rebondi sur Dieu sait quoi pour venir s’encastrer dans mon bide. J’étais même pas sur la trajectoire, c’est con, non ?
Jack agrippa Heïbootz qui commençait à glisser sur les marches, se vidant lentement de son sang.
— Je ne comprends pas ce que tu me racontes ! Que s’est-il passé ?
— L’autre con de Fatland a rien à regretter, lui, il a pris un wagon sur la tronche. Il ne comptait pas s’en tirer tout de même, hein ?
Ebner pencha alors la tête vers l’avant et l’ampleur du désastre le terrassa. Les modules éventrés. Les sillages laissés dans la neige boueuse…
— Tu me diras, Fatland non plus n’a pas eu de chance. Il avait fait du slalom entre mille soldats. Il s’en était tiré sans une égratignure, pour finir avec un module en guise de chapeau !
Heïbootz se mit à rire, puis à tousser. Un gros paquet de sang dégoulina sur sa veste.
— Arrête de parler, Heïbootz. Surtout ne bouge plus ! Je vais t’installer dans le caisson chirurgical. Guerre et Paix va te remettre sur pied…
Tout en disant cela, Jack essayait de comprendre ce qui avait bien pu se passer, ce qui avait apparemment réussi à transformer des soldats en bombes humaines.
Un peu plus tard, il dut se rendre à une triste évidence : Guerre et Paix avait disparu. Et un caisson chirurgical déconnecté pouvait tout juste servir de four à micro-ondes.
De toute façon, cela n’avait plus grande importance puisque Heïbootz venait de cracher son dernier sang. Jack tenait dans ses bras un cadavre.
Un traceur pirate avait failli lui faire fondre le crâne.
Une armée entière venait de disparaître après avoir labouré le paysage à main nue.
Et maintenant, le sous-lieutenant Ribouin sortait du bloc-cuisine en souriant, brandissant deux litres d’amphécafé.
Jack arracha nerveusement les bioreillettes plongées dans les conduits auditifs du sous-lieutenant. Une musique aigrelette épousa le silence.
— Pour deux personnes tu as vu large, non ? murmura Jack en esquissant un curieux sourire.
Puis il s’affala mollement dans un fauteuil d’angle.