Le lendemain, en toute innocence, Régis demande à Carla si elle connaît un patient un peu spécial du nom de Mister Monk.
— Non, ça ne me dit rien, mais pourquoi tu me poses cette question ?
Régis réalise un peu tard qu’il n’aurait jamais dû mettre le sujet sur le tapis.
— Eh bien, nous avons échangé quelques mots hier, et…
— Tu as discuté avec un résident ? Mais tu sais bien que c’est strictement interdit !
— C’est lui qui est venu me voir. Je ne pouvais tout de même pas l’ignorer !
— L’ignorer, non. Mais tu aurais dû lui dire que le règlement de la clinique t’interdisait de…
— Je trouve ça totalement impoli.
— Le règlement, c’est le règlement. Je vais être obligée de le signaler.
— Tu plaisantes, j’espère ?
— Si je ne le fais pas et que ça se sait, nous serons virés tous les deux. Alors que là…
— Je serais le seul à être renvoyé. Belle mentalité !
— Ceci dit, il y a peut-être moyen de s’arranger… Tu as tracé quoi, hier, dans le sable ?
Régis se sent pris d’un soudain vertige.
— Dans le sable… hier…
— Tu sais, je suis plutôt directe et je te trouve séduisant. Et puis j’aime ça.
— De quoi tu parles ?
— De sexe, bien sûr.
— Je crois qu’il y a méprise…
— Ne perdons pas de temps. De toute façon, tu n’as pas le choix. Sinon, tu es viré. Si tu en as envie, tant mieux, et si ce n’est pas le cas, n’évoque pas le harcèlement sexuel, personne ne te croira. En général, c’est plutôt les femmes qui en pâtissent. Un homme, un vrai, ça doit être capable de se défendre. Mais là, faut avouer que tu es un peu coincé.
Carla lui prend la main et l’entraîne dans une cabine.
— Méfiez-vous, lui souffle-t-elle à l’oreille, vous avez déconné pendant des siècles et on a envie de s’amuser un peu nous aussi, alors si un jour on prend le pouvoir, vous allez en chier.
Régis est comme dans un état second. La situation lui échappe totalement. Il se retrouve assis sur la banquette. Carla lui déboutonne la braguette puis elle ôte son jean et s’assoit à côté de lui.
— Uniquement les mains et la bouche. Pas de pénétration. Une petite amusette. J’ai vu son nom dans le sable. Tu auras moins l’impression de la tromper…
Lorsque les lèvres de Carla frôlent l’extrémité de sa verge, Régis se dit qu’elle n’a pas forcément tort, et il sait aussi qu’il n’a plus les moyens de réagir autrement.
C’est alors qu’il voit les reflets dans le mur. Les petites taches de verre opaque.
— Du verre lent, murmure-t-il en posant sa main sur le sexe moite de Carla.
Et la porte de la cabine s’entrouvre.