Dès qu’il vit les gros nuages de l’orage s’éloigner vers l’est, Creed se hâta de rassembler son matériel. La foudre venait encore déchirer le ciel sombre de temps à autre, le tonnerre grondait toujours dans le lointain, mais il sentait qu’une éclaircie était proche.
Il était en train de harnacher Bolo lorsqu’il reçut un appel de l’agent Alonzo.
— Je l’ai trouvée ! s’écria l’homme du FBI d’un ton triomphal, avant que Creed n’ait prononcé le moindre mot.
— Otis a une cabane ?
— Non, pas Otis…
Alonzo lui expliqua ce qu’il avait appris sur John Howard Elliott et sur les rapports entre les deux hommes.
— L’homme que nous recherchons possède un terrain qui borde la Blackwater River, à la lisière de la forêt d’Etat. Ça fait des dizaines d’années que ce terrain appartient à sa famille. Mais les registres fiscaux ne font pas état d’une habitation sur ce terrain.
— Ce n’est pas étonnant, dit Creed, qui sentait l’adrénaline lui monter à la tête. La plupart des constructions dans ce secteur sont des cabanes de pêcheur, sans électricité ni eau courante. Ce ne sont donc pas, officiellement, des habitations. Vous pouvez me donner les coordonnées de localisation GPS de cet endroit ?
Alonzo les lui dicta. Creed demanda à Alonzo d’appeler les gardes-côtes pour leur transmettre les mêmes indications géographiques et leur demander d’envoyer un hélicoptère sur place.
— La qualité de réception des portables risque d’être aléatoire, dans ce secteur, ajouta-t-il. J’aurai sans doute du mal à vous joindre, quand j’y serai.
— Pourquoi n’attendez-vous pas les gardes-côtes ? Le jour ne va pas tarder à se lever. De leur hélico, ils devraient pouvoir repérer la cabane…
Creed ne put retenir un sourire.
— Agent Alonzo, répliqua-t-il, vous avez déjà observé une forêt du ciel ?
Il y eut un silence à l’autre bout du fil.
— Dites-leur que mon chien porte un gilet jaune vif. Je ne veux pas qu’ils me prennent pour un criminel et qu’ils se mettent à me canarder.
— Entendu.
Juste avant de raccrocher, il entendit Alonzo lui dire :
— Bonne chance, Creed.