« On veut du green green green green green green washing
C’est nous les as, les pinocchios du marketing
On veut du green green green green green green washing. »
Évidemment le qualificatif « semi-naturelles » est destiné à attirer la cliente consommatrice, à dissiper ses peurs. En effet, de plus en plus de femmes ont compris que la pilule est constituée d’hormones non naturelles, synthétiques, exogènes à leur corps qui sont données pour être en compétition avec les hormones fabriquées par le corps féminin, au niveau des ovaires et des surrénales.
Les laboratoires fabricants parlent astucieusement d’estrogènes « bio-identiques ». La résonnance « Bio » est bien présente. Le marketing du greenwashing1 a fait son tour de passe-passe. Les images publicitaires, comme sorties de la « petite maison dans la prairie », nous montrent des femmes radieuses allongées dans l’herbe… En réalité, ces hormones, même si elles sont les copies des hormones naturelles, ne sont pas naturelles, elles n’ont rien, absolument rien de BIO ! Et pourtant, même le ministère de la Santé y croit puisque sur le tableau qu’il met à la disposition des femmes sur Internet, ces pilules apparaissent dans la catégorie Estrogène « naturel »…
Le 2 février 2012, le laboratoire Théramex (groupe allemand Merck KGaA), membre du groupe de Teva Pharmaceutical Industries Ltd, a annoncé le lancement en France de Zoely®, la première pilule monophasique à l’estrogène naturel.
L’annonce est magnifiquement présentée. Qu’on en juge :
La pilule contraceptive, l’une des avancées médicales majeures du 20e siècle, représente le moyen de contraception le plus utilisé en Europe. Pour répondre aux besoins des femmes en termes d’efficacité, de sécurité d’emploi et de simplicité d’utilisation, la pilule a constamment évolué. Des enjeux majeurs relatifs aux contraceptifs oraux perdurent : l’amélioration de la tolérance et de la sécurité, notamment par rapport au risque thromboembolique veineux, tout en garantissant aux femmes la simplicité d’utilisation. Conscient de ces enjeux et fort d’une expertise dans la santé de la femme, le laboratoire Théramex s’est investi dans la recherche et le développement de contraceptifs hormonaux et met à disposition des femmes la première pilule monophasique à l’estrogène naturel.
À la recherche de Zoely®, une pilule à l’estrogène naturel…
Au cours des 50 dernières années, la contraception orale a évolué en vue d’améliorer sa tolérance et sa sécurité d’emploi. La nature du progestatif contenu dans les contraceptifs estroprogestatifs a varié parallèlement à la diminution des doses d’éthinylestradiol. Dès 1970, les scientifiques ont cherché à remplacer l’estrogène de synthèse, l’éthinylestradiol (EE), par l’estrogène naturel, l’estradiol, identique à celui produit par la femme, afin d’améliorer la tolérance et la sécurité d’emploi des contraceptifs oraux. Mais les nombreux essais cliniques conduits se sont révélés infructueux en raison d’un effet contraceptif trop faible et de profils de saignements mal contrôlés.
Le défi majeur reposait sur le choix du progestatif qui permettrait de développer une pilule efficace, monophasique, présentant un profil de saignements acceptable, et bien toléré.
La présence d’estrogène naturel dans Zoely® permet de préserver les grands acquis de la contraception en termes d’efficacité et de tolérance. Elle permet également d’avoir des résultats biologiques intéressants dont les conséquences cliniques seront évaluées dans une étude à venir. Aussi, les règles sont de courte durée, de faible intensité, et parfois moins fréquentes.
En clair cela veut dire que l’utilisation par le plus grand nombre de femmes permettra de voir quels sont effets secondaires éventuels de cette pilule, dont l’estrogène ne comprend pas le fameux radical éthinyl.
Et voilà les femmes cobayes du laboratoire :
Une étude européenne de tolérance clinique, portant notamment sur l’incidence de la thrombo-embolie veineuse, sera initiée en 2012 et menée sur 30 000 femmes suivies pendant 5 ans et permettra d’apporter des données cliniques complémentaires.
Quelle femme sensée choisira de participer en connaissance de cause à cette étude, sauf si elle est rémunérée ? Les laboratoires encore une fois sont généreux !
Tout est pensé, y compris un des grands sujets d’inquiétude à savoir les oublis qui, de fait, rendent la pilule pas aussi sûre que l’on veut bien nous le dire2.
C’est donc un contraceptif oral qui contient un estrogène et un progestatif, le Gestodène à 75 µg par comprimé. Il est dit « minidosé » (moins de 0,04 mg d’estrogène, soit à 20 ou 30 µg par comprimé) et monophasique (tous les comprimés contiennent la même quantité d’hormones et sont donc de la même couleur).
Zoely® offre également aux femmes une plus grande simplicité d’utilisation, avec un schéma monophasique 24/4 – 24 comprimés actifs et 4 placébo – qui permet une gestion de la conduite à tenir en cas d’oubli de pilules simplifiée.
De plus, le schéma 24/4 conduit à une prise en continu des 28 comprimés, sans interruption entre la plaquette finie et la nouvelle.
Enfin, les femmes peuvent (si elles le veulent) avancer ou retarder leurs règles.
Dans sa grande générosité, le laboratoire spécifie qu’il a
« souhaité stopper l’escalade des prix en mettant à disposition une pilule qui bien que non remboursée, ait un prix soit équivalent, soit inférieur aux pilules de dernière génération. »
La concurrence commerciale fait rage !
Les contre-indications du médicament sont comme toujours bien spécifiées, mais les femmes les connaissent d’autant moins que les médecins ne leur en parlent pas. Elles considèrent que c’est au médecin de les informer. Ils n’en disent rien la plupart du temps, bien que depuis peu, face aux scandales médiatiques, ils commencent à se méfier. Mais il faut bien se rendre compte que si les femmes savaient, beaucoup ne consommeraient pas un médicament aussi puissant dans ses effets dits « secondaires ».
Ainsi est-il écrit dans la petite boîte de pilules:
–accident thromboembolique (phlébite, embolie pulmonaire…) ancien ou survenant au cours de la contraception ;
–maladie cardiovasculaire (hypertension artérielle, angine de poitrine, lésion des valves cardiaques, anomalie de la circulation sanguine cérébrale ou rétinienne) ;
–cancer hormono-dépendant (même guéri) ;
–diabète avec lésions vasculaires ;
–saignement génital intermittent (l’origine de ce saignement doit être déterminée par des examens avant la mise en route du traitement) ;
–maladie du foie, grave ou récente.
Des précautions de suivi sont même données, mais très rarement respectées par les consommatrices.
Une consultation médicale s’impose avant de débuter la contraception. Par la suite, un examen médical annuel est habituellement recommandé pendant la contraception. Certaines situations nécessitent un suivi particulier : diabète, obésité, excès de cholestérol, de triglycérides ou de prolactine dans le sang, affection bénigne du sein ou de l’utérus, ictère (jaunisse) chronique ou survenu lors d’une grossesse, épilepsie, migraine, otosclérose, asthme, varices, dépression, calcul biliaire, herpès“gestationis”, ou antécédents familiaux de cancer du sein ou d’accidents thromboemboliques.
Si vous avez plus de 35 ans et si vous fumez, le risque d’accidents thromboemboliques liés à la prise d’hormones augmente fortement. Un autre mode de contraception est généralement préconisé.
Arrêtez la prise de ce contraceptif et consultez votre médecin en cas d’apparition de l’un des symptômes suivants : maux de tête violents et inhabituels, troubles de la vision, élévation importante de la tension artérielle, douleur inhabituelle à la jambe.
La survenue d’un léger saignement entre les règles (spotting) est fréquente chez les femmes pendant les premiers mois d’utilisation de la pilule. Vous devez informer votre médecin si les saignements se prolongent ou s’ils apparaissent en cours de contraception.
L’oubli d’un comprimé ou sa mauvaise ingestion, du fait de vomissements par exemple, peuvent rendre la contraception inefficace.
En cas d’intervention chirurgicale programmée ou d’alitement prolongé, votre médecin jugera de l’opportunité d’interrompre votre contraception orale.
Cette pilule contient aussi l’estradiol semi-naturel associé au progestatif Diénogest.
Les comprimés doivent être pris chaque jour, au même moment de la journée, éventuellement avec un peu de liquide, en respectant l’ordre indiqué sur la plaquette.
Non remboursée par la Sécurité sociale, elle est fabriquée par le laboratoire Bayer, encore lui. De nombreuses précautions sont précisées par le fabriquant :
– La prise des comprimés doit se faire de façon continue. Prendre un comprimé, dans l’ordre, pendant 28 jours consécutifs.
– Entamer une nouvelle plaquette le jour suivant la prise du dernier comprimé de la plaquette précédente. Une hémorragie de privation débute généralement lors de la prise des derniers comprimés de la plaquette et peut ne pas être terminée au moment d’entamer la plaquette suivante. Chez certaines femmes, le saignement peut débuter après la prise des premiers comprimés de la nouvelle plaquette.
La concurrence est aussi prise en compte, puisqu’il est suggéré :
en cas de relais d’un anneau vaginal ou d’un patch transdermique, prendre le 1er comprimé de Qlaira le jour du retrait.
Avec une complication supplémentaire :
Dans tous ces cas, il sera recommandé aux femmes d’utiliser une méthode de contraception mécanique complémentaire pendant les 9 premiers jours de prise de Qlaira.
Sans oublier :
la conduite à tenir en cas d’oubli d’un ou plusieurs comprimés : l’oubli des comprimés placébo (blancs) n’a pas de réelle importance. Cependant, les comprimés oubliés doivent être jetés pour éviter toute prolongation non intentionnelle de l’intervalle entre les prises de comprimés actifs.
Les conseils suivants s’appliquent uniquement en cas d’oubli de comprimés actifs : un retard de moins de 12 heures dans la prise d’un comprimé ne modifie pas l’efficacité contraceptive. Il sera conseillé aux femmes de prendre le comprimé oublié dès que cet oubli est constaté ; la prise des comprimés suivants s’effectuant à l’heure habituelle.
Si le retard est supérieur à 12 heures, la sécurité contraceptive peut être diminuée. La patiente doit alors prendre le comprimé oublié dès qu’elle s’en aperçoit, même si cela implique de prendre deux comprimés en même temps. Elle poursuivra ensuite le traitement à l’heure habituelle.
Selon le jour du cycle où le comprimé a été oublié, des mesures contraceptives complémentaires (par exemple, une contraception mécanique de type préservatif) doivent être utilisées.
Une nouvelle étude danoise présentée fin mai 2013 à Copenhague dans le cadre de la conférence mondiale sur la reproduction, la sexualité et la contraception par Ojvind Lidegaard de l’hôpital Universitaire de Copenhague vient de conclure que ces pilules semi-naturelles présentaient aussi des risques et multipliaient par 4,7 le risque de phlébites et de thromboses veineuses responsables d’embolie pulmonaire.
Evidemment le recul de trois ans de cette étude est considéré insuffisant pour tirer des conclusions définitives sur les effets secondaires de ces pilules dites « naturelles » et qui sont abusivement qualifiées de « BIO ». Continuez mesdames, peu importe votre santé !
Le laboratoire Majorelle s’occupe des femmes qui ont besoin de changer de pilule. Il présente donc une nouvelle gamme de pilules combinées de 2e génération au Lévonorgestrel en schéma continu.
Il s’agit donc :
- pour Optilova 20 de 21 comprimés blancs et de 7 comprimés rouges dans une seule plaquette.
- pour Optilova 30 de 21 comprimés jaunâtres et de 7 comprimés rouges.
Les risques thromboemboliques sont bien précisés, surlignés en jaune pour que les prescripteurs ne les oublient pas.
Ces deux pilules sont présentées en publicité chaque jour dans Le quotidien du médecin ! Un vrai bourrage de crâne pour généralistes et spécialistes.
1. Le terme greenwashing peut se traduire par « éco-blanchiment », ou « verdissage » : « il s’agit d’un procédé de marketing ou de relations publiques utilisé par une organisation dans le but de se donner une image écologique responsable. La plupart du temps, l’argent est davantage investi en publicité que pour de réelles actions en faveur de l’environnement. » (Source : Wikipédia.)
2. L’efficacité théorique de la pilule ne résiste pas à l’examen des faits puisque il y aurait en pratique entre 5 et 15 % d’échecs dus à des « oublis ou autres accidents ». Source : le magazine Elle lui-même !