« Des tocs, des tics et des trucs, voilà toute notre vie. »
Les laboratoires pharmaceutiques se sont vite rendu compte que les femmes n’étaient pas toutes prêtes à prendre la pilule par voie orale et qu’un marché risquait ainsi de leur échapper. Il fallut donc trouver d’autres moyens contraceptifs, d’autres trucs, d’autres voies d’administration, toujours en utilisant les hormones synthétiques si efficaces par voie orale.
Nombre de femmes ne la supportaient pas bien physiquement, du fait de leurs effets secondaires, d’autres ne l’acceptaient pas facilement psychiquement, intellectuellement, philosophiquement, spirituellement…
Il fallut donc chercher d’autres modes d’administration et qui soient aussi efficaces. Les laboratoires, comme nous allons le voir, ne manquent pas d’idées, d’autant plus qu’il y a beaucoup à gagner.
Il y avait la peau, sous la peau, les muqueuses (génitales en particulier) mais aussi la voie nasale.
Laissons de coté le stérilet, déposé dans l’utérus (dit aussi matrice), que nous verrons plus loin.
C’est un dispositif qui fonctionne par voie transcutanée. Il s’applique toutes les semaines pendant trois semaines consécutives. Il est constitué des deux hormones : éthinylestradiol et norelgestromine. Il n’est pas remboursé par l’Assurance maladie, coûte 24 € pour 3 timbres.
Le patch une fois collé délivre une dose quotidienne pendant une semaine. Il est donc collé pour une semaine et, comme pour la pilule, il y aura un traitement de trois semaines puis une semaine de repos pour obtenir les règles et ainsi de suite.
Évidemment le laboratoire donne son mode d’utilisation qui n’est pas si simple. Il faut une peau bien sèche, sans pilosité, ne jamais le coller (un seul patch)3 au même endroit successivement et vérifier chaque jour qu’il reste bien collé. Il est donc assez souvent défectueux et pas indiqué chez les femmes trop fortes (autour de 90 kg) ou qui transpirent la nuit en particulier.
Le nouveau cycle commence la semaine suivant l’intervalle libre, même si aucun saignement n’est apparu, ou si celui-ci n’est pas terminé.
Il diffuserait comme le patch précédent au travers de la peau, en utilisant là encore sa capacité d’absorption, par l’intermédiaire de micro ou macro-pilules… Il n’est pas encore commercialisé.
La pose se fait le plus souvent au niveau de la face interne d’un bras et demande au maximum une petite anesthésie locale. Elle ne fait pas plus mal qu’une piqûre d’abeille sans l’inflammation. L’implant hormonal peut rester en place pendant trois ans (garantie !) et joue un rôle contraceptif pendant tout ce temps.
Disponible en France depuis mai 2001 et distribué par les laboratoires Organon, l’Implanon se présente sous la forme d’un petit bâtonnet de la taille d’une petite allumette.
L’implant libère chaque jour dans le sang une hormone progestative, l’étonorgestrel, qui va assurer la contraception en bloquant les ovulations et en rendant la glaire cervicale4 hostile à la pénétration de spermatozoïdes.
L’implant est mis en place par le gynécologue à l’aide d’un inserteur prévu à cet effet. La durée d’efficacité de l’implant est de trois ans. On peut le faire retirer avant si nécessaire, toujours à l’aide d’une anesthésie locale. La réversibilité est bonne puisque la fécondité est de nouveau présente généralement dans les trois semaines qui suivent le retrait.
Mon expérience avec cet implant est intéressante parce qu’elle démontre certaines difficultés relationnelles entre cancérologues et gynécologues.
J’ai en effet vu en consultation une dizaine de cas de jeunes filles de moins de 15 ans ayant développé dans le sein un fibroadénome, c’est-à-dire une petite tumeur (bénigne) parfaitement palpable de la grosseur allant de la cerise à l’abricot. Dans tous les cas, ces jeunes filles étaient porteuses de l’implant. J’ai demandé à ce qu’il soit enlevé sans tarder par celui ou celle qui l’avait posé. Curieusement, il a fallu que je réalise une ordonnance pour que l’implant soit retiré, le médecin spécialiste me faisant comprendre que s’il s’ensuivait une grossesse non désirée, je serais directement responsable de l’interruption de grossesse qui en découlerait…
Les inconvénients de l’implant ne sont pas négligeables :
–troubles du cycle,
–saignements en dehors des règles,
–absence de règles, dans près de 20 % des cas,
–règles très espacées dans près de 30 % des cas,
–saignements prolongés dans près de 15 % des cas,
–acné dans 15 % des cas,
–tension des seins dans 9 % des cas,
–maux de tête dans 8 % des cas,
–prise de poids dans 6 % des cas.
Le Norplan est commercialisé en Europe du Nord et aux États-Unis. Ce sont 6 petits implants en silicone (comme des mines de crayon) mis en place sur la face interne d’un bras. Ces capsules libèrent un progestatif. Il s’agit ni plus ni moins d’une micropilule sous cutanée avec ses avantages et ses inconvénients. En raison de sa constitution en silicone, ses ventes ont chuté de 90 % aux États-Unis dès 1992, car le silicone a été accusé de provoquer des maladies auto-immunes graves.
Norplan n’est pas commercialisé en France.
Elle est exceptionnellement utilisée sous la forme d’une injection tous les trimestres. C’est essentiellement un progestatif réservé aux femmes pour lesquelles les estrogènes sont considérés comme dangereux. Les injections du contraceptif DepoProvera® peuvent éliminer les menstruations le temps de leur efficacité, sur trois mois le plus souvent.
Cet anneau placé dans le vagin est capable de libérer ses hormones chaque jour au travers de la muqueuse vaginale, à petites doses pendant trois semaines consécutives. Ces hormones passent dans la circulation sanguine pour aller bloquer les ovaires.
Cet anneau en silicone est placé pour un ou trois mois dans le vagin d’où il délivre soit de la progestérone, soit des estrogènes associés à de la progestérone.
Il ne s’agit là que d’une variante des pilules absorbables par voie orale.
L’estroprogestatif est donc apporté dans l’organisme par voie transvaginale. Il passe dans le système circulatoire, « sang bleu » (vers le cœur) sans passer par le foie, puis « sang rouge » (pour atteindre les ovaires et inhiber l’ovulation).
En général après trois semaines, l’anneau est retiré et l’organisme se trouve privé d’hormones estroprogestatives exogènes, ce qui correspond (si l’on veut comparer) à la semaine de nonprise de pilules, ou à la prise des comprimés « placébo ». C’est pendant cette semaine de repos que les règles ou hémorragies de privation surviendront. Après cette semaine de repos, on replace un anneau pour trois semaines et ainsi de suite.
La contraception par cette voie, en spray, est encore à l’étude.
Les laboratoires se sont engagés dans cette voie « nasale » pour le traitement de la ménopause. Ce nouveau procédé permet donc d’administrer par le nez l’estrogène dit « naturel » utilisé dans le traitement substitutif de la ménopause. Il serait très vite et mieux absorbé car les voies nasales sont bien vascularisées, tout en étant plus discret et pratique que l’application cutanée…
Cette innovation permettant de délivrer l’estrogène par voie nasale est issue des laboratoires Servier. Le 17-bêta-estradiol est, dans ce cas, simplement pulvérisé une fois par jour dans chaque narine grâce à un aérosol. Le produit se nomme Aérodiol, il est commercialisé depuis mai 2001.
La dose d’estrogène atteint 150 microgrammes par pulvérisation, soit un dosage important. Après son absorption, l’estrogène passe dans la circulation sanguine pour atteindre les deux ovaires.
Le principal atout de cette nouvelle voie d’administration est qu’elle permet à l’estrogène d’être très vite absorbé, par la muqueuse nasale. À titre d’exemple, la concentration maximale du 17-bêta-estradiol est obtenue dans le sang en 10 à 30 minutes. En outre, l’utilisation de l’estrogène est plus discrète que dans le cas des applications cutanées. Autre intérêt plus théorique de ce mode d’administration : contrairement à ce qui se passe après l’ingestion orale, l’estrogène ne parvient pas immédiatement au foie, ce qui évite la transformation par cet organe de l’estrogène et, peut-être, certaines conséquences métaboliques défavorables au niveau des cellules du foie.
3. Le laboratoire s’est servi des athlètes aux Jeux olympiques de Pékin pour montrer dans les grands médias des jeunes femmes porteuses du patch collé sur l’épaule. Curieusement une dose élevée d’hormone anabolisantemasculinisante comme les dérivés des progestatifs, apportée au corps féminin des athlètes n’est pas considérée comme dopage, alors qu’une surdose de testostérone n’est pas acceptée pour les hommes.
4. La glaire cervicale est la glaire fabriquée par le col de l’utérus pendant les 4 à 5 jours par mois de fécondité de la femme et du couple. Elle joue le double rôle de milieu nutritif pour les spermatozoïdes et de « route » en quelque sorte permettant au spermatozoïde de rejoindre l’ovule et de le féconder pour démarrer une vie humaine nouvelle.