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PILULE ET STÉRILITÉ

« Un jour viendra où le principal avantage d’apprendre
la médecine sera de se protéger contre les médecins. »

Jacques Ferron

Un petit test…

Faites ce petit test : allez voir sur la Toile si la pilule peut rendre stérile…Vous aurez beau chercher, vous n’entendrez principalement parler que de stérilité des chattes et des chiennes. Tout simplement parce que certaines pilules remboursées sont en réalité utilisées par les femmes – qui se le disent entre elles – pour éviter les gestations animales non désirées par leur propriétaire. Sur les forums, on vous parlera donc de la contraception des chiens et des chats !

Soulignons au passage que les médecins vétérinaires observent des tumeurs bénignes et malignes des mamelles chez les chattes et chiennes qui reçoivent une contraception hormonale identique à celle utilisée par les femmes. Mais c’est sans doute là pure coïncidence !

En attendant, nombre de femmes ne savent ni comment la pilule fonctionne, ni qu’elle rend stérile de mois en mois et même sur de longues années… et parfois définitivement.

La durée de consommation de la pilule

L’objectif des laboratoires est évidemment que les femmes consomment la pilule le plus longtemps possible.

La moyenne de consommation pour la femme française est actuellement de 11 ans, car les femmes commencent à connaître les dangers de l’utilisation prolongée. Nous voyons encore assez souvent des femmes atteintes au niveau des seins de lésions cancéreuses ou précancéreuses qui l’ont consommée 20 ans ou plus !

Les laboratoires ont fixé une norme de 30 ans par un calcul très simple : la fécondité féminine va en général de 15 à 50 ans soit 35 années consécutives. Les années pour avoir des enfants ne dépassant pas 5 ans, il faut donc rendre la femme stérile pendant 30 ans !

Certaines d’entre elles décrivent une réduction de la fertilité pendant quelques mois après l’arrêt de la pilule. On l’observe notamment chez les femmes de plus de 30 ans ayant pris longtemps ce contraceptif. D’autres au contraire, rapportent une diminution des problèmes d’infertilité après utilisation de la pilule.

Les risques de stérilité prolongée expliquent l’augmentation considérable du nombre de procréations médicalement assistées (PMA) chez des femmes qui désirent tardivement une grossesse. Leurs études intellectuelles, très utiles et nécessaires à leur équilibre, retardent d’autant les désirs de grossesse et la création d’une famille5.

Ce que disent les laboratoires, ce que « répètent » les spécialistes comme des perroquets : « la pilule ne réduit pas votre fertilité », elle « la boosterait même »…

En Angleterre, quelque 8 500 couples choisis au hasard ont été interviewés. On a interrogé les femmes sur leurs anciennes habitudes contraceptives, alors qu’elles étaient enceintes de 18 semaines.

L’analyse des données recueillies6 a pris en compte toutes sortes de paramètres qui auraient pu modifier les résultats comme l’âge, le poids et la taille, l’existence d’un tabagisme maternel, la consommation d’alcool ou le niveau d’éducation.

Globalement, 74 % de ces couples sont parvenus à avoir un bébé en moins de 6 mois, 14 % en 6 à 12 mois et 12 % après plus d’un an. Ces résultats apparaissent tout à fait « normaux », c’est-à-dire correspondent au temps moyen trouvé chez des couples ne souffrant pas de problèmes d’infertilité.

Cependant, les femmes qui avaient pris la pilule pendant plus de 5 ans, ont été enceintes plus rapidement que les femmes n’ayant jamais utilisé cette forme de contraception ou l’ayant pris moins longtemps. Ainsi, les trois quarts d’entre elles ont réussi à devenir mères en moins de 6 mois contre 70,5 % des femmes n’ayant jamais utilisé la pilule.

Remarquons enfin que les femmes qui ont été interrogées avaient été enceintes, mais que ne figurent pas dans l’étude celles qui auraient souhaité avoir un enfant et ne l’ont pas eu. Elles auraient peut-être changé les résultats. Cela s’appelle un biais méthodologique qui réduit la valeur de l’étude à zéro !

Une autre étude européenne (Euras-OC) va dans le même sens, elle est intéressante à analyser.

Elle porte sur 60 000 femmes utilisatrices de pilules contraceptives. Parmi elles, 2 064 ont stoppé leur contraception pour avoir un enfant et ont été alors suivies pendant au moins deux ans. Le temps d’un cycle menstruel après l’arrêt de la pilule, 21,2 % des femmes sont tombées enceintes, ce qui est comparable au taux naturel de grossesse par cycle qui oscille entre 20 et 25 %.

Un an après avoir mis au placard leur pilule, 79,4 % des femmes attendaient un heureux événement, une proportion qui est encore tout à fait comparable à celle des non-utilisatrices de contraceptifs.

Le temps moyen de conception était de trois mois : la moitié des femmes sont tombées enceintes avant et l’autre moitié après.

À noter que cette étude présente un biais majeur : elle ne nous dit pas combien parmi les 60 000 femmes ont désiré avoir un enfant et ont dû passer par la PMA pour l’avoir ou n’ont pas pu l’avoir. Là encore valeur nulle de l’étude ou mieux résultats manifestement orientés.

Les conclusions cherchent surtout à rassurer les femmes et même à les pousser à consommer la pilule le plus long temps possible. Évidemment si l’on interroge celles qui sont enceintes, on ne peut que trouver les résultats ci-dessus.

Comment la pilule augmenterait-elle la fertilité ?

L’hypothèse que les femmes prenant la pilule sont naturellement plus fertiles que les autres femmes, est tout de même écartée par les auteurs. Restent deux hypothèses.

Hypothèse 1 : la pilule optimise les capacités de reproduction en contribuant à maintenir le stock de fer de l’organisme.

Cette explication est évidemment très bien construite pour amener à faire considérer le flux menstruel, mensuel, comme une hémorragie dangereuse qui réduit le taux de fer de l’organisme. C’est la route parfaitement construite pour la suppression définitive des menstruations et la pilule en continu, étudiée pour, dont nous avons déjà parlé.

Hypothèse 2 : la prise de pilule pourrait diminuer le risque d’endométriose. Cette maladie est due à la présence anormale de tissu utérin à l’intérieur des organes du bas-ventre féminin, voire parfois de la cavité abdominale.

La théorie mécanique est à notre avis la plus solide : en effet le tampon intra-vaginal, souvent oublié chez les jeunes filles, crée un obstacle à l’évacuation du sang des règles.

Résultat : les fines particules cellulaires du tissu de l’endomètre (qui s’est décollé de l’intérieur de l’utérus), au lieu d’être évacuées par la voie naturelle, refluent vers les trompes et vont se déposer dans le bas-ventre. Là, les cellules de l’endomètre en amas se greffent dans des zones où elles ne devraient pas être présentes. Ce sont les menstruations rétrogrades qui sont à notre avis la cause principale des nombreux cas d’endométriose.

Au lieu de bannir le tampon intra-vaginal qui ne devrait pas être utilisé, ou seulement le dernier jour des règles quand le flux sanguin est moins abondant, on laisse se développer les publicités.

Cet argumentaire, qui n’est pas faux, va évidemment dans le sens des laboratoires qui prônent la pilule en continu, mais ils ne l’ont pas encore trop utilisé.

Des assistances à la procréation (PMA) de plus en plus fréquentes

Pas moins de 15 % des couples en âge de procréer consultent de nos jours pour infertilité. Le nombre de PMA en France est en constante augmentation et va atteindre 70 000 tentatives par an : la création du Comité consultatif national d’éthique, les débats, les trois lois successives de bioéthique (1994, 2004, 2011) ainsi que la mise en place de l’Agence de biomédecine sont censés réguler cette activité.

En 2010, 22 401 enfants sont nés de la PMA, dont 1 331 avec un tiers donneur (don de gamètes ou accueil d’embryons). Le coût de la PMA est évalué à environ 200 millions d’euros par an.

Notre collègue René Frydman qui mit à contribution Jacques Testart – biologiste spécialiste de procréation naturelle et artificielle chez l’animal puis chez l’homme – pour la naissance d’Amandine en 1982, propose en 2013

le dépistage du statut de fertilité lié à l’âge. Autour de 33-35 ans, une étude de la « réserve ovarienne » par une prise de sang et une échographie permettrait un état des lieux et éviterait de dire : « Je ne savais pas. » La constatation d’une infertilité progressive pourrait permettre à certaines femmes de reconsidérer leur projet de vie jusqu’à conserver leurs propres ovules si elles ne peuvent avoir un enfant avant 35 ans.

C’est ce que certaines associations commencent à proposer aux étudiantes afin qu’elles terminent leurs études sans le souci de risques d’infertilité tardives du fait de la consommation prolongée des pilules contraceptives.

La Science n’est pas à un délire près !

5. font famille 3 états : le mariage, la filiation et l’autorité parentale.

6. Human Reproduction, octobre 2002 ; 17, 10 : 2754-2761.