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COMMENT FABRIQUER UN CANCER
AVEC UN ESTROGÈNE SYNTHÉTIQUE :
LE CAS D’ÉCOLE DU DISTILBÈNE (DES)

« Si la matière grise était plus rose,
le monde aurait moins les idées noires. »

Pierre Dac

L’exemple du Distilbène1 est typique du cancer hormonodépendant induit pendant le 1er trimestre de la grossesse. Le cancer sera diagnostiqué 7 à 25 ans plus tard.

Le Distilbène est un estrogène de synthèse qui a longtemps été prescrit pendant le premier trimestre de la grossesse :

entre 1960 et 1971 aux États-Unis et jusqu’en 1977 en France ;

avant d’être purement et simplement interdit, car décrété « poison cancérigène de la cellule » aux États-Unis en 1971 et en 1977 en France.

Le cancer est induit pendant les trois premiers mois de la vie embryonnaire.

Le cancer est diagnostiqué entre les âges de 7 et 25 ans.

Il constitue une « belle » démonstration scientifique du temps de latence nécessaire pour voir apparaître le cancer.

Une femme enceinte pendant le premier trimestre de sa grossesse reçoit donc pour des troubles gynécologiques qui font penser qu’une fausse couche est possible, un médicament hormonal dont la formule chimique est un estrogène artificiel, le diéthylstilboestrol (DES) dénommé Distilbène.

En octobre 2006, le tribunal de grande instance de Nanterre a condamné le laboratoire UCB Pharma à verser 334 000 € d’indemnités à la famille d’une femme de 33 ans décédée d’un cancer à cause de ce médicament pris par sa mère, pendant que l’enfant était au 1er trimestre de sa vie embryonnaire.

Les risques pour l’enfant perdurent de 7 à 25 ans et plus, après l’administration du DES pendant la grossesse de la mère

L’initiation se fait pendant la vie embryonnaire au niveau de l’appareil génital et urinaire en formation. Les cellules souches de l’appareil génito-urinaire reçoivent un message chimique estrogénique qui est « cancérigène ».

La promotion-progression peut durer de 7 à 25 ans…

L’estrogène artificiel, le Distilbène :

passe la barrière du placenta et atteint l’embryon par le cordon ombilical ;

est responsable de cancer du vagin (dit à « cellules claires ») et/ou d’anomalies congénitales urinaires ou génitales, visibles à la naissance chez filles et garçons mais aussi de risques de cancers du sein, des ovaires, du rein à l’âge adulte.

C’est le temps de l’initiation temps T qui fait passer un message au niveau du noyau de la cellule destinée à la formation du système génital, du futur petit garçon ou de la future petite fille.

Préconisé très largement durant la période 1940-1970 aux États-Unis et jusqu’en 1977 en France, ce médicament a dû être abandonné, considéré comme un « poison cancérigène et tératogène »2 pour l’enfant mais aussi pour la mère.

En effet, les enfants, filles comme garçons, présentaient des modifications des organes génitaux à l’origine de stérilité et plus rarement (une fois pour 1 000 enfants exposés) se développe entre 7 et 25 ans un cancer du vagin dit « à cellules claires » dont l’évolution est grave si le diagnostic et le traitement ne sont pas précoces. Il n’est pas exclu que les garçons soient atteints de cancer du testicule et même de cancer du rein plus tard.

Quant aux mères ayant reçu le traitement hormonal, elles sont plus exposées que d’autres à avoir un cancer du sein, de l’utérus ou des ovaires comme leur fille ayant reçu le DES pendant leur vie embryonnaire.

Ce sont des preuves supplémentaires de l’hormono-dépendance du cancer du sein, des cancers des voies génitales et du temps long existant entre l’initiation et le diagnostic du cancer.

L’initiation a lieu pendant le temps de la grossesse et le temps de latence varie entre 7 et plus de 30 années.

Chez les mères, d’autres facteurs se surajoutent, prises hormonales supplémentaires, mauvaises habitudes alimentaires, pollution, que nous avons traitées dans nos deux livres : Comment enrayer l’épidémie des cancers du sein et des récidives et Stress et cancer du sein.

Chez l’homme, le Distilbène prescrit dans le traitement du cancer de la prostate est responsable :

– de freination testiculaire réduisant la fabrication de testostérone par les testicules.

– de gynécomastie, c’est-à-dire de formation des glandes mammaires qui peuvent se transformer en cancer du sein de l’homme.

1. Nous l’avons largement traité dans notre livre « Femmes si vous aviez – les hormones de la puberté à la ménopause » – Éd. François-Xavier de Guibert 2009 – à la « Question 32 », p.138-142. Selon l’Association Réseau DES France (44 rue Popincourt, 75011 PARIS, tél/fax 01 40 21 95 13), 160 000 enfants auraient été exposées en France.

2. C’est-à-dire à l’origine d’anomalies congénitales d’origine non génétique. D’autres médicaments pris pendant la grossesse ou autour de la grossesse, en particulier au cours du premier trimestre sont suspectés d’être responsables d’« anomalies de naissance » qui ne sont pas génétiques, donc non liées à un gène : naissance sans thyroïde, surdité, anomalies oculaires graves ou dentaires ou du voile du palais, naissance sans bras due à la Thalidomide qui provoquait aussi des anomalies cardiaques…