« La pilule du lendemain serait plus efficace prise la veille »…
En cas de « raté » de la contraception, les scientifiques ont d’abord inventé la pilule du lendemain, entendez du jour fatidique d’une éventuelle conception : la Norlevo.
En réalité, Norlevo n’est pas la première pilule du lendemain car il y a eu des précédents. Ces premières pilules étaient une combinaison estroprogestative (Tétragynon) qui a été retirée du marché en 2004 en raison du grand nombre de contre-indications à sa prescription et de sa tolérance médiocre.
Incroyable mais vrai, le dictionnaire Vidal précise sur la fiche de Norlevo :
Le mode d’action exact de Norlevo est inconnu. Aux doses utilisées, le lévonorgestrel pourrait bloquer l’ovulation, empêchant la fécondation, si le rapport sexuel a eu lieu dans les heures ou jours précédant l’ovulation, c’est-à-dire à la période où le risque de fécondation est le plus élevé. Il pourrait également empêcher l’implantation. En revanche, il est inefficace dès lors que le processus d’implantation a commencé.
En clair, cela signifie que cette pilule du lendemain, qui apporte à l’organisme une dose massive de progestérone artificielle sur une seule journée (lévonorgestrel 1,5 mg), est difficile à comparer à la dose de progestatif présente dans la pilule classique car la molécule progestative n’est pas la même.
La pilule du lendemain est particulièrement utilisée comme contraception d’urgence pour les étudiantes qui sont 36% à y avoir eu recours en 20121. Notons au passage que près de 60% des étudiantes (chez qui l’on enregistre 3% d’interruptions de grossesse) ne se sont jamais fait dépister pour une ou plusieurs infections sexuellement transmissibles tandis que 35% se sont soumis au dépistage du VIH.
La Norlevo agit de différentes manières :
– contraceptive si elle est prise peu avant ou dans les 7 heures qui suivent un rapport sexuel qui aurait des chances (ou des risques2) d’être fécondant, donc un des cinq jours de fécondité de la femme…
– contragestive, au-delà des 7 heures et jusqu’à 3 jours après le coït fécondant, ce qui signifie qu’elle empêche la nidation au fond le l’utérus de l’œuf humain3 que représente la jonction de l’ovule et du spermatozoïde. Affirmer que « ce n’est pas une méthode d’interruption de grossesse » est à moitié vrai, car cela dépend du moment de la prise suite au rapport sexuel éventuellement fécondant.
Cette pilule peut être obtenue sans prescription à tout âge. Elle ne sera remboursée que si elle est prescrite (7 € et 4 € pour les génériques).
Elle peut être délivrée aux mineures (moins de 18 ans) anonymement et gratuitement avec conseils du pharmacien. De même pour l’infirmière scolaire qui en dispose sous forme d’échantillons dans sa pharmacie.
Ainsi la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) a créé un patient fictif : prénom = « Contraception » – nom = « URGENCE ». Un numéro spécial permet au pharmacien d’être remboursé au maximum dans les 3 mois.
Le fabriquant reste prudent en affirmant :
Cette contraception d’urgence n’est pas totalement efficace : une grossesse peut survenir malgré le traitement. Elle est destinée à un usage exceptionnel et ne peut constituer une méthode de contraception régulière. Elle n’a pas d’effet préventif pour les rapports ultérieurs, et une contraception locale doit être utilisée jusqu’à la fin du cycle en cours avant la reprise éventuelle d’une pilule contraceptive (le premier jour des règles).
Ce qui est sûr, c’est qu’avec cette pilule plus d’une femme sur quatre présente des nausées, voire des vomissements dans les heures qui suivent la prise.
« La pilule du lendemain serait plus efficace prise la veille »… twittait4 le 17 février dernier l’inénarrable Dr Michel Cymès qui se dit indépendant des laboratoires. À prendre au second degré ? Pas si sûr.
Début juin, certains gynécologues, sous la poussée des laboratoires, ont proposé à grand renfort médiatique la solution qui évite l’angoisse du lendemain d’une relation amoureuse éventuellement fécondante. Ils prescrivent maintenant, sans en connaître les conséquences, de faire prendre la pilule du lendemain la veille du rapport prévu. Là encore, peu importe les risques pour la santé !
Et là aussi, sans doute ira-t-on plus loin encore d’ici peu. À l’instar de ce qui se passe outre-Atlantique où, le 5 avril 2013, la justice américaine a ordonné à l’agence américaine du médicament de rendre la « pilule du lendemain » accessible sans ordonnance à toutes les jeunes filles en âge de procréer.
Le jugement rendu par le juge Edward Korman, à Brooklyn, constitue une victoire pour les associations qui militaient en faveur de la suppression de la limite d’âge pour l’obtention des contraceptifs d’urgence, les « pilules du lendemain ». En attendant l’application de cette décision, aux États-Unis, seules les femmes de plus de 17 ans peuvent l’obtenir sans ordonnance.
1. Source : Enquête de l’Union nationale des mutuelles étudiantes régionales sur 8 535 jeunes entre 10 janvier et 14 mars 2012.
2. Aujourd’hui on parle de « risques de grossesse » et de « chances de cancer du sein ».
3. Nous sommes tous la première semaine de notre vie « un œuf humain », puis à partir de là un « embryon » jusqu’au début du 3e mois pour devenir « fœtus » jusqu’au 6e mois de la grossesse et au-delà « enfant viable ».