Des bonnes manières
dans la conversation

Des hommes d'esprit et de jugement, et bien élevés, se trompent parfois et offensent en concevant de ceux avec lesquels ils conversent une meilleure opinion qu'ils ne devraient. Ainsi j'ai souvent vu la plus innocente raillerie, et même de ces railleries qui cachent un éloge, être prise pour une attaque et une méchanceté.

De la raillerie et de la manière dont les railleurs devraient être traités.

Des ergoteurs, contradicteurs perpétuels, longs discoureurs, distraits en compagnie, interrupteurs, inattentifs, rieurs bruyants.

De ces hommes et femmes qui ont toujours le sourire sur les lèvres, qui vous parlent avec un sourire, vous plaignent avec un sourire ; etc.

La discussion, telle qu'on la pratique communément, est la pire sorte de conversation ; comme c'est généralement dans les livres la pire sorte de lecture.

Une bonne conversation n'est pas à espérer dans beaucoup de compagnies, parce que peu de gens écoutent, et que l'interruption est continuelle. Mais les bonnes ou mauvaises manières se découvrent, si grande que soit la compagnie.

Viser perpétuellement à l'esprit est un très mauvais genre de conversation. On le fait pour soutenir un rôle ; on échoue généralement ; c'est une sorte d'insulte à la compagnie, et une gêne pour celui qui parle.

Parler de son métier, affaire ou faculté, est un grand manque de bonnes manières. Les ecclésiastiques, les médecins, les hommes de loi, les soldats, les poètes en particulier, sont fréquemment coupables de cette faiblesse. Un poète s'imagine que le royaume tout entier…

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